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Le terme de villa est ambigu. D’origine latine, il désigne soit un domaine à la campagne, soit une résidence urbaine. En ville, le terme est le plus souvent utilisé pour désigner une belle maison avec jardin. Mais à Issy-les-Moulineaux, quatorze rues sont qualifiées de villas.

En fait, le terme est donné par extension à un lotissement majoritairement composé de pavillons de part et d’autre de la petite rue ainsi appelée. Les noms des villas ont différentes origines.

Les Villas d'Issy-les-Moulineaux : Noms et Origines

Cela peut être le nom de l’ancien propriétaire comme Marguerite ou Sergent, rappeler un lien avec un lieu comme le Lycée ou le Parc (Henri Barbusse), un bienfaiteur comme Telles de la Poterie ou simplement le rappel de la rue sur laquelle débouche la villa comme par exemple : Kléber ou Jean-Jacques Rousseau.

Il existe aussi une évocation de la nature avec les villas des Cerisiers ou des Tilleuls. Quant à la villa Haussmann, ensemble d’immeubles résidentiels de style néoclassique, c’est un hommage à celui qui a métamorphosé Paris sous le Second Empire.

Si dix rues sont des impasses, il y a quatre villas qui sont des rues étroites, à sens unique et souvent limitées à 20 km/heure pour une raison de sécurité. Ce sont la villa Chevreuse, la villa du Lycée (Michelet) à la limite de Vanves, les villas Marguerite et Sergent.

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En revanche, la rue Sergent dans le prolongement de celle-ci est paradoxalement une impasse !

Portail décoratif de la villa Chevreuse donnant sur la rue du Moulin de Pierre. Les lettres ont été découpées dans une élégante plaque métallique Villa Sergent entre les rues Tolstoï et Verdi.

Le Témoignage d'Emma : 85 Années d'Histoire Locale

Emma a vécu 85 années près de la Place Nationale. Elle a connu le front populaire, les glacières, les luttes ouvrières, les russes blancs et les deux bombardements. Elle a bien voulu se confier au Village de Billancourt pour deux articles exclusifs.

La Seconde Guerre Mondiale à Billancourt : Souvenirs d'Emma

En 1940, la guerre arrive et, avec elle, les privations. Emma se souvient des queues interminables pour récupérer le quart de litre de lait écrémé auquel elle a droit une fois par semaine, avec ses tickets. Le marché de Billancourt est bien maigre. Il faut recourir au marché noir pour certains produits, comme le beurre ou les pommes de terre, ce qui changeait de la margarine et des rutabagas. L’école fournit un biscuit vitaminé chaque jour. Certains jours, Emma a faim. Durant ces années, l’usine Renault travaille pour l’ennemi.

A Billancourt, on sait que l’usine est une cible possible pour des bombardements alliés.

Le Bombardement du 3 Mars 1942

Le 3 mars 1942, vers 9 heures du soir, la famille est au salon, Emma est alors une jeune fille de 17 ans. Son père Ferdinand entend un grondement. Il se lève, écarte le rideau, puis se rassoit. Quelques instants plus tard, il retourne à la fenêtre et distingue des fusées éclairantes rouges et vertes qui déchirent la nuit. Il se retourne : « Je crois qu’il va falloir descendre à la cave ».

Les sirènes se mettent aussitôt à hurler. La famille attrape rapidement la valise qui est toujours prête, au cas où, et descend se mettre à l’abri, avec les voisins. A minuit, le bombardement terminé, tout le monde quitte la cave. Il n’y a plus d’électricité, il faut allumer les bougies et les lampes à pétrole. Les escaliers, les pièces, les lits sont jonchés de débris de verre, les fenêtres ont toutes explosé. Mais les bâtiments sont intacts. On apprend que c’étaient des avions anglais.

Le Bombardement du 4 Avril 1943

Une année plus tard, c’est un beau dimanche ensoleillé en ce 4 avril 1943 vers 14 heures. Emma a maintenant 18 ans, elle est montée chez sa voisine du dessus pour l’aider à poser des bigoudis. Son père Ferdinand est à la pêche au bord de la Seine avec ses amis, comme tous les dimanches.

Elle jette un œil machinalement par la fenêtre de la cuisine, une pluie de bombes tombe au-dessus du pont de Sèvres ! Elle presse sa voisine, un peu sourde « Il faut descendre, vite ! ». Au passage, elle passe prendre sa mère et toutes trois descendent à la cave. La sirène ne s’est pas déclenchée.

Pendant ce temps, son père, courant sous les bombes, traverse le pont de Billancourt et se réfugie à Issy-les-Moulineaux. Une fois les avions partis, les dégâts sont là : une bombe est tombée sur la façade de l’immeuble, heureusement sans exploser. Des traces y sont encore visibles aujourd’hui.

L’immeuble de l’autre côté de la cour, côté rue Heinrich est, lui, durement touché. Un jeune couple gît sur les décombres. « Ce bombardement est plus brutal que le précédent, Les américains ont bombardé de très haut sans aucune précision ». Partout des destructions, des pans de murs abattus, des rues encombrées de gravats. L’église de la place Bir Hakeim est durement touchée, les Glacières également, l’immeuble de la place Solférino n’est que ruines. On rapporte de nombreux morts du côté du pont de Sèvres.

117, rue du Vieux Pont de Sèvres. La guerre continue.

La Libération et l'Après-Guerre

En 1944, son père Ferdinand est convoqué pour faire le STO (Service du Travail Obligatoire) en Allemagne. « Faut pas y aller » lui dit un de ses amis, bien informé. Le jour dit, il part avec sa valise à la gare mais il se « trompe » de gare, au lieu de la gare de l’Est, Ferdinand se rend à la gare du Nord, direction l’Oise. Il part se cacher chez son ami.

Emma et sa maman, qui n’en savaient rien, sont prévenues rapidement. Elles lui rendront de discrètes visites. Mais elles ne seront pas seules longtemps à Billancourt car c’est enfin la libération. Le 25 août, la deuxième DB du Général Leclerc entre dans Paris par l’avenue qui portera son nom.

25 aout 1944 - prisonniers allemands, place Nationale. 26 août 1944, Emma, 18 ans, et son ami Georges sur la barricade de la rue du Point du Jour.

L’amitié entre Emma et Georges est solide. Elle deviendra un amour sincère. Quatre ans après la guerre, en avril 1949, Georges et Emma se marient dans la toute nouvelle église en bois du 223, boulevard jean-Jaurès.

29 avril 1948 - mariage d’Emma et Georges. Emma vit toujours près de la place Nationale, dans l’immeuble de son enfance, 85 ans après son arrivée.

L'Île Saint-Germain : Un Territoire Partagé

La moitié ouest de l’île Saint-Germain (aujourd’hui la partie habitée), a été la propriété du domaine de Billancourt durant des siècles. Pourtant, elle est aujourd’hui sur la commune d’Issy-les-Moulineaux.

Mais tout d’abord, qu’allions-nous faire dans l’île Saint-Germain ? Anciennement, l’île s’est appelée « grande île de Billancourt » ou « île de Longueignon ». Les orthographes ont grandement varié. Dès 1173, un premier fief sur l’île appartenant à Pierre de Saint Cloud et à sa femme Guineburc est donné à l’Abbaye de Saint Victor, déjà propriétaire du domaine de Billancourt. S’ensuivent d’autres acquisitions sur l’île dont on a conservé la trace.

La moitié amont, elle, est depuis 1236, la propriété de l’abbaye Saint-Germain. Elle lui donnera son nom. Elle relève de la paroisse Saint-Étienne d’Issy depuis le XIIIe siècle.

Sur cette île inhospitalière et souvent inondée, on sait, par des baux accordés par Saint-Victor, qu’on y fait paître des vaches et qu’on y exploite des saules. Ces arbres sont d’ailleurs au centre d’une première contestation qui éclate entre les deux abbayes, à la fin du XIVe siècle : un jour, des hommes en armes envoyés par l’abbaye de Saint-Germain posent pied dans l’île et entreprennent de couper et emporter « plusieurs et grant et petite des dits saulx qui étoient sur les bords et rives de la dite île« . L’abbaye de Saint-Victor porte l’affaire devant le prévôt de Paris et obtient gain de cause en mars 1382.

Un plan de masse conservé aux Archives nationales, nous montre que le domaine de Billancourt, possède encore en 1770 toute la moitié aval de l’île.

La Révolution et les Contestations Territoriales

Les communes, en tant qu’administration territoriale, sont créées par décret le 12 novembre 1789. Elles remplacent plusieurs types d’organisation d’ancien régime que sont la paroisse, la seigneurie et la communauté. La nouvelle organisation réveille les contestations territoriales dans toute la France. Selon la loi, la limite des communes passe par le milieu des cours d’eau. Mais que faire des îles ?

L’île Seguin et l’île Saint-Germain (pour sa moitié ouest), sont historiquement rattachées au domaine de Billancourt, et donc d’Auteuil, depuis des siècles. Mais, en ces temps de remise en question, elles sont vivement contestées par les communes de Sèvres et d’Issy.

Concernant l’île Seguin, le cas est traité rapidement. La commune de Sèvres demande en 1791 au district de Versailles que « l’Isle et les maisons qui s’y trouvent » soient de son ressort. Versailles approuve, argumentant que le bras droit du fleuve étant seul navigable, la limite devrait passer par son milieu. Sèvres avance, de plus, que l’île Seguin est légèrement plus proche de Sèvres (70 mètres) que de Billancourt (90 mètres).

À partir de là démarre un bras de fer qui va impliquer de nombreuses administrations révolutionnaires, des communes d’Auteuil et Sèvres, leurs districts et mêmes leurs départements puisque la Seine est aussi la limite des départements de Paris et de Seine-et-Oise. Des commissaires sont nommés, des visites sur place organisées sans parvenir à un accord. Le rapporteur Cazes, député chargé de l’affaire, évalue les arguments des uns et des autres et conclut le 24 juin 1792 : « Il apparait naturel de laisser cette île au département de Paris (et donc à la commune d’Auteuil) puisque le pont de Sèves (sic) auquel elle tient est à la charge de ce département ».

Un projet de décret est rédigé en ce sens mais n’aboutit pas pour cause de fin de fonction de l’assemblée. En 1794, le problème n’est toujours pas réglé et les municipalités de Sèvres et d’Auteuil décident, un jour et à quelques heures d’intervalle, de se déplacer pour poser leurs scellés sur les bâtiments de l’île (l’ancienne blanchisserie Riffé). Même la municipalité d’Issy fait de même ! En décembre de la même année, un courrier fait toujours état de leur désaccord territorial. C’est la dernier document connu sur ce conflit.

Le Rattachement à Issy-les-Moulineaux

On connait peu les étapes du conflit entre Issy et Auteuil concernant l’île Saint-Germain et il faudrait faire des recherches sur le sujet. Trois points majeurs ont dû peser, qui la distinguent du cas de l’île Seguin : tout d’abord, le propriétaire du domaine de Billancourt, le botaniste Augustin Sageret, a revendu tous ses terrains de l’île Saint-Germain le 8 juillet 1793 à Louis-François Psalmon, un marchand de vin, et son épouse. Le lien de propriété séculaire que maintenait Billancourt avec cette île est donc rompu.

Si on ignore les détails du conflit, on connaît en revanche bien sa conclusion : s’appuyant sur un procès verbal du 5 mars 1804, le préfet de la Seine tranche par un arrêté, le 15 mai 1804. Il constate que « Les maires des deux dites communes ont reconnu l’avantage d’attacher invariablement à Issy la partie de terrain qui se trouve en litige » et ajoute qu’elle s’appuie sur « la limite naturelle que forme la rivière de Seine ».

L’article premier énonce que « La partie de la rivière de Seine qui coule entre ladite Île Saint Germain et Auteuil délimitera désormais et invariablement cette commune de celle d’Issy« . Mais il faut ratifier cela au plus haut niveau de l’État. En octobre 1806, les conseils municipaux d’Auteuil et d’Issy, acceptent les termes de l’arrêté, chacun de son côté et le 18 octobre 1808, le ministère de l’intérieur rend à Napoléon, un rapport favorable. Le décret impérial est promulgué le 11 décembre.

Et voilà comment nous avons perdu l’île Saint-Germain.

On peut être surpris que la municipalité d’Auteuil ait semblé accepter cet état de fait d’aussi bonne grâce. Auteuil-t-elle obtenu des contreparties ? A-t-elle subi des pressions ? On ne sait pas. Il faut également savoir que, contrairement à l’île Seguin, ces terrains quasiment déserts n’apportaient que peu de recettes fiscales.

Bien que l’île ait perdu tout lien administratif avec notre commune, elle a longtemps conservé le nom d’ « île de Billancourt« . Dans son roman « Les dimanches parisiens », de 1898, Louis Morin emmène ses personnages danser au « Robinson de Billancourt » à la pointe de l’île.

Si, en 1808, les familles de la moitié aval devaient se compter sur les doigts d’une main, aujourd’hui ils sont environ 5 000 résidents à vivre sur l’île. Elle compte une école maternelle, un terrain de sports, des boutiques et restaurants.

D’incroyables jardins ouvriers datant de l’époque Renault en occupent encore l’extrémité aval. Les maisons ouvrières ont laissé la place, ici et là, à de belles maisons dessinées par les architectes Jean Nouvel ou Philippe Stark.

Seule une « allée de Billancourt » a préservé la mémoire de son passé Billancourtois.

L'Aventure Aéronautique des Frères Caudron

On sait peu que la terre de Picardie, productrice de betteraves à sucre, fut une terre de pionniers de l’aviation. Des gens célèbres comme Dassault, Potez, Blanchard, Marty et aussi les frères Caudron.

Fils de paysans, Gaston (1882) et René (1884) Caudron s’aventurent dans la construction d’un planeur en 1909 juste après le premier vol du kilomètre fermé de Henri Farman en 1908 à Issy-les-Moulineaux et peu de temps avant la fameuse traversée de la Manche par Louis Blériot en 1909.

La famille Caudron progresse très rapidement. Véritable entreprise installée à Rue en 1910, crée une école de pilotage au Crotoy, devenue très rapidement célèbre, à quelques kilomètre au sud du Touquet.

Plus de 1 700 pilotes civils et militaires y sont formés : le fameux colonel Fonck, mais aussi Marcel Dassault, futur grand constructeur et ingénieur chez Caudron dont les exploits marqueront la Première Guerre mondiale.

Les frères Caudron, grâce à la fabrication du biplan G 3, monomoteur s’ouvrent au marché des commandes de l’armée française dans le domaine de la reconnaissance aérienne.

En 1913, l’école devient même école militaire, et un certain Joseph Vuillemin breveté au Crotoy, lieutenant en 1914, puis capitaine d’escadrille terminera général de l’Armée de l’Air en 1938.

L’aventure Caudron se poursuit et bon nombre de prix aéronautiques sont remportés : Amiens en 1910, Monaco en 1912, Deauville en 1913. La participation aux nombreuses fêtes régionales anime les cités comme Le Touquet-Paris-Plage, Amiens, Abbeville et Le Crotoy. La notoriété s’accroît et l’usine Caudron de Rue compte plus de 50 ouvriers entre 1910 et 1914.

Le Caudron G.3, destiné à l’apprentissage au pilotage est le dernier appareil conçu à l’usine de Rue. Léger et maniable il est retenu pour ses qualités par le Service des Fabrications Aéronautiques (SFAé) dans le cadre des premières missions de renseignement. Les plans sont confiés pour normalisation aux ingénieurs Henry Potez et Marcel Bloch.

En 1914, L’entreprise Caudron est transférée à Lyon et à Issy-les-Moulineaux. De nombreux pays comme la Chine, la Roumanie, la Grande-Bretagne, la Russie, le Portugal, les Pays-Bas, l’Argentine… deviennent clients de l’entreprise Caudron. La disparition de Gaston lors d’un vol test en 1915 marquera lourdement l’entreprise récemment installée à Issy-les-Moulineaux et Lyon.

Après la fusion avec Renault en 1933 puis la guerre 1940-1945, la firme Caudron se relève avec difficulté. La destruction des usines et la nationalisation de Renault à la Libération achèvent de ruiner le survivant des deux frères Caudron. René se retire dans la demeure familiale à Rue. Il décède en 1959 et le nom de Caudron finira par s’oublier des mémoires.

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