Parvenir à lutter contre les armes à feu est un défi crucial aux États-Unis qui ne cesse de bouleverser la scène internationale. Chaque mois, les États-Unis sont endeuillés par de nouvelles fusillades. Ce terme de « fusillades de masse » (mass shootings en anglais) désigne des tueries faisant au moins quatre victimes, mortes ou blessées. En effet, bien que les fusillades de masse dans les écoles/supermarchés/églises attirent davantage l’attention des médias, les dégâts causés par les armes à feu sont bien plus nombreux au sein des foyers et des maisons.
Les armes à feu sont donc un véritable fléau aux États-Unis (qui connaît un taux d’homicide par armes à feu en moyenne 25 fois plus élevé que celui d’un autre pays développé). Il est aujourd’hui nécessaire de faire face à cette violence. Ce sont les fusillades de masse qui nous choquent le plus. Ce sont donc elles que tu peux utiliser comme exemples marquants.
Le 14 mai, le pays a été secoué par la tuerie de Buffalo. Dix personnes, dont une majorité d’Afro-Américains, ont été abattues par un jeune suprématiste blanc de 18 ans. Pour rappel, le suprémacisme blanc est une idéologie raciste consistant à prôner la supériorité de la « race blanche » sur les autres. Cette idéologie a été, du XIXᵉ siècle jusqu’aujourd’hui, la source de nombreux actes de violence.
Le 24 mai, un autre jeune de 18 ans a tué 21 personnes (dont 19 enfants) dans une école d’Uvalde au Texas. Le mois de juin a lui aussi été tragique. Le 1er juin, un homme d’une trentaine d’années a tué au moins quatre personnes dans un hôpital de Tulsa, dans l’Oklahoma. Le 9, une autre tuerie a provoqué la mort de trois personnes à Smithburg dans le Maryland.
D’après un rapport publié en septembre 2022 par Gun Violence Archive, les victimes ont atteint un total de 1 420 depuis le 1er janvier 2022, dont 293 morts et 1 127 blessés. Au cours des 145 premiers jours de 2022, les États-Unis ont connu 213 fusillades de masse. L’année 2020 a grandement participé à la hausse de cette criminalité.
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Période | Nombre Total de Victimes | Nombre de Morts | Nombre de Blessés |
---|---|---|---|
Depuis le 1er janvier 2022 (jusqu'en septembre) | 1 420 | 293 | 1 127 |
145 premiers jours de 2022 | N/A | N/A | N/A |
Plusieurs facteurs expliquent cette situation complexe :
Les États-Unis assistent tout de même à une vague de criminalité particulièrement importante depuis plusieurs années. Voici quelques raisons :
Mais il y a aussi eu une certaine rupture entre les citoyens et le gouvernement. En effet, d’après Gallup, 80 % des citoyens ne sont pas satisfaits par la direction du pays pendant la pandémie. Le fait d’avoir accès aux armes à feu aux États-Unis triple le risque de suicide. Aux États-Unis, il y a plus d’armes en circulation que de citoyens. Certains affirment même que cette relation singulière que les États-Unis tiennent vis-à-vis des armes à feu relève d’une forme sombre de l’exceptionnalisme américain.
Plusieurs mesures sont envisagées pour lutter contre cette violence :
Pour l’expliquer rapidement : actuellement, les antécédents de toute personne souhaitant acheter une arme doivent être vérifiés sous un délai de trois jours pour que cette personne soit autorisée ou non à l’acheter. Cependant, si les services américains ne réussissent pas à traiter un dossier sous un délai de trois jours, l’individu peut acheter l’arme (quel que soit son profil).
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Le bilan au sujet des armes à feu est dans l’immédiat assez décevant.
Le projet de loi Enhanced Background Check Act of 2021 est quant à lui en suspens. Descendre dans les rues pour lutter contre les armes à feu, c’était le projet des manifestations « March for Our Lives » qui se sont déroulées en 2018, en réaction à la fusillade de Parkland. Ce mouvement a été amplifié sur les réseaux sociaux grâce à des hashtags tels que #NeverAgain, #MarchForOurLives, #WhatIf et #IWillMarch. Le mouvement « March for Our Lives » a bel et bien eu un impact.
Dans l’État de Géorgie, aux États-Unis, une ville de 35 000 habitants appelée Kennesaw est connue pour un fait particulier. Depuis 1982, ses habitants ont une obligation légale de posséder une arme à feu et des munitions.
Elle stipule que : « Afin d’assurer et de protéger la sécurité et le bien-être général de la ville et de ses habitants, chaque chef de famille résidant dans les limites de la ville est tenu de posséder une arme à feu, ainsi que des munitions ». Toutefois, les résidents souffrant d’un handicap mental ou physique, de condamnations pour crime ou de croyances religieuses contradictoires sont exemptés de la loi.
Selon un article du Courrier international , cette loi est avant tout une « réaffirmation du deuxième amendement de la Constitution américaine », qui garantit le droit de posséder une arme. Mais le contexte politique de l’époque aurait aussi joué un rôle dans sa mise en vigueur. Près de 40 ans après son adoption, la loi est toujours en vigueur et toujours populaire, notamment parce que le taux de criminalité à Kennesaw est resté disproportionnellement bas. Selon les données du département de police de Kennesaw, il n’y a eu aucun meurtre en 2023.
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Les fusillades aux États-Unis entretiennent systématiquement le débat sur le droit de posséder et de porter une arme à feu, et soulèvent la question de sa légitimité. Chaque État a une législation différente sur le sujet, et les lois valables chez certains d’entre eux ne traversent pas les frontières des autres. Aux Etats-Unis, le port d’arme est d’abord réglementé au niveau fédéral, puis par chaque état.
Chaque Etat a ses propres lois sur le port d’armes, et décide s’il est nécessaire d’avoir un permis pour en porter et en utiliser une. Un permis est nécessaire, mais il est délivré par l’autorité locale (shérif ou police), et à leur totale discrétion. Le permis est ensuite délivré par le « Florida Department of Agriculture and Consumer Services » en Floride, est valable 7 ans et coûte environ 120$.
En Floride, montrer son arme en public sans raison légitime équivaut à une agression à main armée, passible d’une peine de 3 ans d’emprisonnement. Ces utilisations « justifiées » d’une arme doivent toutefois être motivées par la crainte d’un danger imminent, d’une violence infligée qui serait susceptible d’entraîner la mort ou de sérieux préjudices corporels.
Les États-Unis se déchirent depuis des décennies sur la question de la possession des armes à feu. Pourtant, la candidate démocrate Kamala Harris a déclaré, face à son adversaire républicain Donald Trump, qu’elle était propriétaire d’un pistolet, à l’instar d’une part croissante de leurs concitoyens. Une augmentation qui est poussée en partie par des mouvements plutôt progressistes.
Kamala Harris, elle, œuvre depuis des années à une plus grande régulation des armes à feu, notamment pour vérifier les antécédents judiciaires et psychologiques des acheteurs. Selon un sondage USA Today/Ipsos en 2021, deux tiers des Américains se déclarent en faveur d’une réglementation plus stricte du droit de s’armer. Pourtant, dans le même temps, le nombre de détenteurs d’armes a explosé : rien qu’en 2020, 8,4 millions d’Américains s’équipent d’une arme à feu pour la première fois. Aujourd’hui, sur 50 millions de propriétaires, 20% s’identifient comme progressistes.
L'influente National Rifle Association (NRA) arrive en tête des pro-armes et fait régulièrement du lobbying auprès des hommes politiques, en très large majorité des candidats Républicains au Congrès. Créée en 1871 par deux anciens combattants de la guerre de Sécession, la NRA avait pour raison originelle d'améliorer l'adresse au tir, car le conflit avait révélé à ses fondateurs que les tireurs n'étaient pas assez précis.
Vers le milieu des années 1970, la NRA a pris une ampleur médiatique importante, à mesure que les lois fédérales tentaient de limiter l'accès aux armes : ardente partisane du droit de posséder une arme, l'association a perçu les nouvelles lois comme une tentative d'empêcher à terme les citoyens d'acquérir des armes.
Après avoir soutenu Ronald Reagan à l'élection présidentielle de 1980, la NRA a obtenu du gouvernement d'alors une loi protégeant les droits des détenteurs d'armes en 1986; dotée d'une budget annuel d'environ $ 250 000 000, en grande partie versés par les cotisations de ses près de 5 000 000 d'adhérents, la NRA reçoit aussi des fonds provenant des fabricants d'armes, dispose de revenus de placements financiers et profite du fait qu'elle n'est pas une association politique pour s'affranchir d'un plafond de dépense imposé pour les campagnes électorales.
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