La Société Provençale de Tir, basée à Rochefort-du-Gard, est une petite institution pour les amateurs de tir sportif de toute la région. Installée depuis quarante ans chemin de la Diane à Rochefort-du-Gard, elle a formé des générations de tireurs venus de toutes les communes des alentours et bien au-delà.
"Des Bouches-du-Rhône, de Nîmes...", souligne l’Anglois Claude Barra, l’un des plus anciens du club. "On a toutes les catégories sociales, mais on a de plus en plus de cadres, de médecins, d’avocats, de comptables... "Des retraités qui avaient fait leur service militaire s’y remettent" en souvenir de leur jeunesse.
Certains ont fait du site leur terrain d’entraînement. "Toutes les polices municipales des alentours viennent ici, sauf celle de Villeneuve. On a aussi des gendarmes, des légionnaires, des policiers de la Bac (brigade anti-criminalité) qui ne tirent pas dans le cadre de leur fonction. Comme Marilou, 10 ans, championne départementale et régionale en 2016. "On a même des parents qui s’inscrivent avec leurs enfants !" De nombreux couples partagent le même plaisir. Avant d’obtenir l’autorisation de détenir une arme, il leur faudra répondre à un questionnaire et attendre six mois.
Pas de place ici pour les "cow-boys". Ceux-là, on ne les prend pas. Pour adhérer à un club de tir, il faut un certificat médical d’aptitude. Pour détenir une arme, il faut un extrait de naissance avec les mentions marginales. Question tir sportif, les femmes ne sont pas en reste. "Elles représentent 15 % de nos trois cents licenciés", souligne le président. "On a eu des championnes" Véronique, sauveterroise, n’a commencé qu’en avril dernier mais est déjà conquise.
Les adultes confirmés eux, s’exercent sur les pas de tir extérieurs, allant jusqu’à 100 mètres de longueur, adaptés à chaque type d’armes, de poing ou d’épaule. D’autres, plus rares, amènent ici leur “poudre noire”, le nom donné aux armes anciennes. Une catégorie dans laquelle excelle Claude Barra. "Je suis un pistolier, mais j’ai été champion de France à la carabine", s’amuse-t-il. L’Anglois a connu "la période faste de la Société provençale quand il y avait des adhérents passionnés, de nombreux champions, même du monde ! On a organisé des compétitions ici. Mais les meneurs ont disparu", regrette-t-il.
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Au début, il y avait même un ball-trap, sur le terrain derrière, où il y a aujourd’hui un lotissement", se souvient Claude Barra, qui fait profiter de son expérience aux débutants à l’école de tir. "C’est un sport qui demande de la concentration, ça détend, même les gamins impulsifs ! Il faut de la discipline.
En 2018, c’est une nouvelle page que va tourner la Société provençale de tir. "Le club est en pleine mutation", explique le président Christian Bonne. "Le propriétaire des terres sur lesquelles nous sommes installés ne renouvelle pas le bail. Les terres sont très chères ici, les promoteurs poussent pour construire des lotissements." Et dans le quartier, les riverains n’apprécient pas le bruit des armes. "Il y a eu des plaintes. On est devenu indésirable. Pourtant quand les riverains ont acheté, ils savaient qu’on était là. En France, il y a beaucoup de clubs qui ferment à cause des promoteurs.
Après avoir rencontré "tous les maires du secteur", le président a finalement acheté un terrain agricole de 2 hectares à Remoulins, "c’est à 9 km d’ici. Malgré ce départ, le président n’est pas inquiet quant à la fréquentation du club. "Les gens nous suivront. Car pour posséder une arme, il faut faire partie d’un club. Et beaucoup de clubs sont complets, car ils manquent de place. Et puis à Remoulins, on se rapproche de l’autoroute, les Nîmois viendront." D’autant que, croit-il savoir, "le club du nord de Nîmes va fermer d’ici deux ans".
Seule l’école de tir restera encore quelque temps dans ses murs rochefortais. Mais déjà, le président pense à l’avenir. "On va proposer au maire de Remoulins de former les scolaires (dans le cadre des Nouvelles activités périscolaires, NDLR). Le tir, c’est un sport de loisir ! Ça aurait pu se faire à Rochefort...".
L'histoire du jeu provençal est intimement liée à celle du concours du "Petit Provençal". Le 6 septembre 1908, à l'initiative de Charles Gibron, 167 équipes s'alignent au départ de la première édition du Provençal.
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Une compétition à l'histoire atypique, qui a connu plusieurs vies, plusieurs appellations, s'est disputée sur différents lieux, qui reste celle où se sont révélés les plus grands champions, forgées les plus solides réputations. Premiers à inscrire leurs noms sur le plus prestigieux des palmarès longuistes : Batistin Ravizza, dit "Le Pich", son frère Charles dit "Le Parpelé" et Michel Prébois, dit "Le Grelé" entrent dans la légende.
Les années qui suivront seront marquées par une opposition entre Varois, les plus en verve dès le lancement, et les Marseillais, désireux d'afficher leur suprématie sur leurs terres. Au sortir de la Grande Guerre, une équipe composée de Pierre Benson, Michel Fenoglietto dit "Pinot" et Charles Oderra dit "Charlot" va imposer sa loi.
Fait unique dans l'histoire du concours, les organisateurs devront défaire cette triplette hors norme, trois fois victorieuse, finaliste et demi-finaliste, en 1920 et 1924. Si chaque année, les inscriptions progressent, avec une pointe à 889 en 1928, un tassement s'opère par la suite.
Ce qui n'altère pas l'enthousiasme de Marius Ghilardi dit "Sardine", auteur d'un troisième succès en 1945 avant de remporter un nouveau succès vingt ans plus tard. Une période au cours de laquelle s'illustrent émile Agaccio, Albert Calanotti "l'homme à la chemise noire", Robert Trovatelli dit "Otello", Jean Tricon dit "Le Japonais", Fernand Michelucci dit "Petit Fernand", le bombardier toulonnais Alphonse Baldi ou Lilou Maurin.
En 1959 se révèle un jeune de la cité Saint-Louis, à Marseille, Émile Lovino, aux côtés des cadors Calanotti-Agaccio. "Milou" s'imposera également en 1995, soit trente-six ans plus tard, mieux que Louis Ruggieri, vainqueur en 1963 et 1997 avec son frère Étienne et Rosati. Lovino aurait pu gagner davantage mais ce showman jouait autant pour lui que pour la galerie, privilégiant surtout les parties d'amis.
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Les années 1970-1990 sont marquées par une nouvelle génération de joueurs : Franck Racanelli, puis André Massoni. Ils feront équipe avec Jean-Pierre Pironti avec, à la clé, un doublé en 1982-83. Ce dernier fera parler de lui également en 1978 et 1989. Quatre victoires au total, à l'image de Racanelli.
En 1979, le record de l'efficacité au tir (11 boules frappées sur 14) revient à Maurice Guerrieri avant d'être détrôné par Mohamed Benmostefa (14 sur 17) en 2014. Et en 1981, René Giordanengo devient le plus jeune vainqueur aux côtés de son père, Jacques, et de Navarro.
Le record de participation est quant à lui établi en 1983 avec 1849 triplettes. C'est aussi la confirmation du talent de Jo Cavalière, André Gastaldi, Alain Cortès, Claude Carbo, Jean-Pierre Partengo. Et l'enchaînement des succès pour le doué et discret Philippe Roux, tout aussi adroit au jeu provençal qu'à la pétanque ainsi que pour le regretté "Loule" Benoît-Gonin. Cinq victoires au compteur pour l'un comme pour l'autre.
Sur son CV, il ne manquait qu'un Provençal au ferrailleur bas-alpin, Henri Lafleur, après ses titres consécutifs de champion de France avec Capelle et Angelvin. En 2002, il touche enfin au but et n'est pas peu fier de brandir le trophée tant convoité comme l'a fait la sympathique formation Calvez-Mussi-Bonifay en 1992 après deux titres nationaux en poche.
Belles images que celle de Serge Lombardi, fêtant ses deux succès avec ses enfants dans les bras en 2000 et 2007 et qui, aujourd'hui, joue avec eux. Les inséparables Fontani-Valdès peuvent se targuer d'avoir inscrit leurs noms au palmarès à trois reprises (2005, 2010, 2012), années durant lesquelles l'ASPTT Marseille a la charge de l'organisation du concours sous la houlette d'Alain Demichelis et Robert Caturégli avant que La Provence, en 2017, ne couve à nouveau son "bébé".
Cette année-là, à la surprise générale, Lionel Cerriana, Richard Aumage et Charly Bounoua prenaient le meilleur sur tout le monde, malgré la présence des spécialistes de la discipline tels Anthony Kerfah, Benmostefa, Ceyte, Terreno, Stievenart, Matraglia et quelques autres.
L'année suivante, la finale est entrée dans les annales en devenant l'une des plus expéditives de l'histoire : Pellegrini, Lanzi et Daina ont déjoué les pronostics en Kerfah, Matraglia et Cognard en à peine une heure de jeu. En 2019, Roger Casini a ému le parc Borély en remportant, à 72 ans, son premier Provençal. En 2020, sur l'Esplanade Ganay et en pleine crise sanitaire, Kerfah, Chamberon et Job remportaient la 103e édition. L'année suivante, Michel Gastaldi, Jean-Pierre Bossy et Gilles Grimaldier s'imposaient sur un tir magistral tir au but. En 2022, enfin, Philippe Stievenart décrochait son 3e titre avec Julien Serrano et Kevin Onde.
Le jeu provençal et la pétanque sont deux jeux de boules distincts mais apparentés, tous deux populaires dans le sud de la France. Voici un tableau comparatif des principales différences entre les deux jeux :
Caractéristique | Jeu Provençal | Pétanque |
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Distance de jeu | 15 à 20 mètres | 6 à 10 mètres |
Déplacement pour pointer | Un pas hors du cercle | Pieds fixes dans le cercle |
Course pour tirer | Trois pas | Pieds fixes dans le cercle |
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