Quentin Fillon Maillet, le biathlète français, est une véritable légende en activité, accumulant les succès et marquant l'histoire du sport. Avec une carrière impressionnante, il incarne la détermination et l'excellence.
Cette saison, il a porté à 14 son total de victoires en Coupe du monde. Surtout, le numéro 1 mondial pèse désormais 45 podiums, soit le score le plus élevé chez les biathlètes français en activité. Le Franc-Comtois avait ouvert son compteur en janvier 2015, lors de sa deuxième saison au plus haut niveau international.
Passé tout près du Grand Chelem aux JO de Pékin 2022, le biathlète jurassien a remporté cinq médailles en six épreuves. Et décroché, ce 12 mars, son tout premier gros globe de cristal de la coupe du monde. Il est entré dans la légende et l'histoire du sport français et planétaire, cet hiver. Il a égalé le record, co-détenu aux Jeux d'été, par l'escrimeur Roger Ducret (1924) et l'archer Julien Brulé (1920) !
Le Jurassien de 29 ans est aussi le premier biathlète au monde à avoir remporté cinq médailles lors des mêmes JO. La légende norvégienne Ole Einar Bjoerndalen n'en a remportée "que" quatre - toutes en or ! - en quatre courses, en 2002. Comme QFM, les Norvégiens Johanne Boe et Marte Olsbu Roeiseland ont également raflé cinq médailles en six courses, à Pékin 2022... Mais quelques jours après le Franc-Comtois passé, lui, vraiment tout près d'un époustouflant Grand Chelem : il a terminé 4e (15/20 à la carabine), au pied du podium de la Mass Start, l'ultime course olympique en Chine.
Une "déception" rapidement évacuée, trois semaines plus tard, en s'offrant - haut la main - le prestigieux gros globe de cristal qui récompense la régularité du vainqueur du classement général de la saison de coupe du monde ! Une grande première dans la carrière du biathlète de Saint-Laurent-en-Grandvaux, mais tout sauf une incroyable surprise, après avoir terminé au 3e rang mondial des trois hivers précédents (2019 à 2021) !
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C’est peut-être le secret de sa réussite derrière la carabine. « J'ai fait des études en conception industrielle et ça me plaisait de lier mes deux passions en créant ma carabine. C’est beaucoup d’investissement mais cela rend ma relation avec elle encore plus forte », confiait-il cet été. Une suite logique aussi pour celui qui fabriquait des arbalètes dans l’atelier familial lorsqu’il était gamin.
QFM a fabriqué lui-même sa carabine. Il existe quelques fabricants spécialisés dans la carabine de biathlon à travers la planète. À 14 ans, le Franc-Comtois avait débuté avec une arme de conception russe - trouvée et achetée par son père, Laurent - avant de passer à l'allemand ensuite.
Longtemps dans l’ombre du patron Martin Fourcade, « QFM » se retrouve aujourd’hui en pleine lumière. Redoutable à ski et imperturbable derrière la carabine qu’il a lui-même fabriquée, le nouveau leader de la patrouille bleue impressionne par sa régularité au plus haut niveau mondial.
Julbo ! C’est dans ce petit village, niché à 900 mètres d’altitude, au milieu des montagnes, que tout a commencé pour le Français. En randonnée à ski, à vélo ou à pied, Quentin et sa famille ont exploré chaque sous-bois du massif. Guidé par ses parents, il découvre les compétitions de ski de fond à l’âge de dix ans. Quatre ans plus tard, carabine sur le dos, il fait ses débuts en biathlon. Sacré champion de France cadet en 2008, l’adolescent se met à rêver d’un destin professionnel.
Membre de l’équipe de France junior en 2010, le Jurassien dispute sa première saison en IBU Cup en 2012. Ses performances sont vites remarquées par le staff tricolore qui lui ouvre les portes de l’équipe de France A, lors d’un stage de préparation aux côtés des Fourcade, Béatrix, Bœuf... En 2014, le « Morbac » se retrouve propulsé sur la coupe du monde, au Grand-Bornand. Dans la cour des grands.
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Mis sur orbite après sa première victoire en coupe du monde, sur la mass-start d’Antholz-Anterselva en 2019, l’athlète Julbo poursuit sa montée en puissance les années suivantes, jusqu’à s’en aller décrocher les étoiles en 2022. Aux Jeux de Pékin, il se couvre d’or en devenant champion olympique de l’individuel et de la poursuite, ajoutant même à sa collection trois médailles d’argent (sprint, relais hommes, relais mixte), avant de conquérir le graal : le gros globe de cristal, promis au vainqueur du classement général de la coupe du monde. Au sommet de son art !
Plus que jamais, le biathlon prend sa symbolique de sport de douaniers. Le leader de la Coupe du monde est employé depuis 2015 par les douanes françaises, à l’instar d’une vingtaine d’autres skieurs comme Alexis Pinturault ou Emilien Jacquelin.
Une source d’inspiration pour tenter de vivre le même destin olympique. « Il est tellement fort, j’ai l’impression qu’il gagne à tous les coups, sourit-il. On sent qu’il déteste perdre. J'aimerais être pareil. Je veux gagner à chaque fois.
« C’est à l’image de mon début de saison… Des choses très intéressantes, mais c’est une construction à 100 % qui me permettra d’aller chercher des podiums ou une victoire, constatait le vainqueur du gros globe en 2022. Ça n’a pas été simple, car on a eu des essais un peu chamboulés à cause du brouillard et j’ai changé certains éléments de visée, mais ce n’est pas une excuse.
Mais ses statistiques au tir sont passées de 87 % de réussite au couché et 91 % au debout en 2021-2022 , à 80 % et 84 % cet hiver. Un problème de confiance ? « Ce n’est pas tant ça… Depuis deux ans, j’ai peut-être un peu déconstruit mon tir en bossant des choses à l’entraînement qui ont très bien marché, mais qui n’étaient pas forcément compatibles avec un tir de compétition. Je pense que j’ai fait mon meilleur été en termes de statistiques de tir, mais dès qu’on met de l’effort, on rajoute de l’essoufflement, un manque de lucidité, des bougées plus amplifiées au moment du tir et ça n’a pas été compatible.
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Plus que jamais star mondiale, avec sa razzia de médailles aux JO de Pékin et sa ribambelle de victoires (8) en coupe du monde cette saison, le Jurassien voit défiler encore davantage de caméras, micros et journalistes du monde entier en zone mixte après chaque course. "J'ai jamais été un très bon élève en anglais, ni très assidu donc je regrette un peu de pas avoir été meilleur que ça en anglais (sourire). Mais, oui, c'est un aspect qu'on n'imagine pas tant que ça : c'est vrai que quand on fait du sport en étant jeune, on s'imagine les podiums et les courses, voyager, etc. (...) mais même l'anglais, j'étais loin de m'imaginer faire des interviews devant des caméras internationales pour mon sport. Donc, ça fait partie des "à-côtés" du biathlon qui sont pas forcément annoncés quand on est petit, mais c'est tout ça qui fait que je me passionne pour mon sport".
Il venait d'avoir 21 ans, quatre mois plus tôt. Et sur l'étape française du Grand Bornand (Haute-Savoie), qui plus est ! Aux côtés de Martin Fourcade, notamment, le Franc-Comtois s'aligne sur le Sprint masculin qu'il boucle à la 54e place (8/10 au tir). Un Top 60 qualificatif pour la Poursuite du lendemain, qui le satisfait - à l'époque - comme il le dit au micro France Bleu pour sa toute première interview diffusée dans le Journal des Sports du 14 décembre 2013 sur France Bleu Besançon : "Faire une coupe du monde, 'à la maison', c'est extraordinaire pour moi ! Première expérience avec le très haut niveau, pour voir ce que je vaux et voir comment ça se passe".
Et le moins qu'on puisse dire, c'est qu'il a bien appris et progressé, QFM : il vaut de l'or olympique et du (globe de) cristal, désormais !
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