Sport nordique incontournable de l’hiver à la télé, le Biathlon s'est imposé depuis quelques années en France comme un sport populaire et incroyablement impressionnant à suivre. Le biathlon est un sport d’hiver combinant deux pratiques, le ski de fond sur une boucle de quelques kilomètres, avec le tir à la carabine (couché puis debout) sur 5 cibles situées à 50 mètres. Le principe est simple : être le plus performant sur les 2 !
Mais si vous pensiez que tirer avec une carabine et atteindre des cibles à 50 mètres de distance après avoir parcouru à skis des kilomètres de pistes enneigées était facile... cet exercice ludique va vous remettre les idées en place ! Concentration, maîtrise, intensité : faites la preuve que vous aussi avez l’étoffe d’un champion jurassien, aussi précis qu’endurant !
Sa famille lui donne le goût des sports extérieurs et plus particulièrement du ski. Ce n'est que six ans plus tard, lors de la saison 2012-2013, que le Français débute sur le circuit IBU Cup, le deuxième échelon mondial du biathlon avant de glaner, en janvier, sa première médaille mondiale aux championnats du monde junior, en relais, puis d'être sacré lors de l'épreuve du relais mixte des Championnats d'Europe.
Il fait ses débuts en Coupe du monde, en 2013-2014, avant d'être sélectionné comme remplaçant pour les JO de Sotchi, en 2014. Pour ses premiers Jeux olympiques en tant que titulaire, à Pyeongchang en 2018, le Français déçoit et termine 48e du sprint, 44e de la poursuite et 29e de la mass start.
Depuis plus de 30 ans, le Jura constitue la terre promise du Biathlon. Il héberge le CNSNMM (Centre National de Ski nordique et de Moyenne Montagne), qui est le centre officiel d’entraînement des biathlètes français. Tout le Jura en est fier et le monde entier a suivi ses exploits aux JO avant qu’il ne rafle le gros globe de cristal de champion du monde tant convoité.
«C'est un jour d'automne 2017 à Oberhof en Allemagne, et il fait beau. Une journée rare donc, tant la Thuringe sait offrir en toutes saisons un temps désastreux aux biathlètes et journalistes qui y séjournent. L'équipe de France y pose ses skis à roulettes pour reprendre les vrais skis, dans un énorme tunnel à neige. Le regard se porte naturellement sur Martin Fourcade, son frère Simon ou encore le médaillé olympique de Sotchi Jean-Guillaume Béatrix. Il ne pèse alors que cinq podiums en Coupe du monde mais rêve déjà de globes de cristal et de médailles olympiques. L'après-midi est consacré aux interviews.
Nous avons demandé vingt minutes avec Martin Fourcade et cinq minutes avec les autres, le tarif habituel tant le patron du biathlon mondial aspire toutes les sollicitations. Il s'intéresse à notre pied de caméra et au poids de l'objet. Il y verrait bien une ou deux modifications pour améliorer son ergonomie. Cette curiosité pour le design, la construction et le bricolage l'habite en tout temps : cela va des arbalètes construites à l'adolescence dans l'atelier familial aux gants de ski qu'il porte durant ces JO et dont il a participé à la conception.
"Quentin voulait des gants chauffants pour la Chine. On lui en a conçu un prototype et il est revenu avec des améliorations qu'il avait faites lui-même et des consignes pour l'usine", racontait, amusé, le manufacturier. Et puis il y a sa carabine. Il la chouchoute et l'améliore saison après saison, au point qu'on ne sache plus s'il a passé un diplôme en conception industrielle pour préparer sa carrière ou son après-carrière.
Cette carabine justement, il l'a brisée en deux dans une chute en décembre dernier en Suède. Malheureux, énervé et inquiet pour sa crosse, finalement réparée, il ne s'est pas présenté en zone mixte, pour la première fois depuis plusieurs saisons.
Travailler plus pour gagner plus de médailles La zone mixte, cet espace d'échanges entre journalistes et athlètes est le théâtre de notre correspondance depuis cinq hivers. Le Jurassien y est une espèce d'athlète en voie de disparition. Celle qui livre ses émotions sans détour. En 2021, Il y a eu les larmes de tristesse, malheureux de n'offrir qu'une 84e place pour l'anniversaire de Lydie, celle qui partage sa vie.
Sa voix déraille aussi cet hiver au Grand-Bornand lorsqu'il apprend face caméra qu'il va porter le dossard jaune de leader de la Coupe du monde pour la première fois de sa carrière. Dans ces moments-là, l'oeil noir du briseur de cibles s'embue assez vite.Mais le souvenir le plus marquant en zone mixte reste celui d'une colère. L'homme est sensible et sanguin.
On ne saura jamais vraiment qui a fait tomber l'autre, mais les points perdus ce jour-là ont coûté cher en fin d'hiver. Lui se bat pour le gros globe et ni Fourcade ni Boe ne lui font peur. C'est le Covid qui stoppe la saison et désigne Boe vainqueur : "Je vous invite tous à Prémanon (Jura) et on fait un chrono avec les cinq meilleurs", avait lancé QFM, qui voulait encore gratter quelques points.
Cela lui a valu le surnom péjoratif de "morbac" dans ses jeunes années de biathlète. C'est désormais "RoboCop", "parce qu'il ne sent pas la douleur à l'entraînement", disent ses coéquipiers.
Il soufflera une semaine après ses exploits chinois, mais trois manches de Coupe du monde, avec sept courses individuelles au programme, l'attendent en mars. Leader du classement général de la Coupe du monde avec 135 points d'avance sur Émilien Jacquelin, le double champion olympique est en passe de gagner son premier globe de cristal. Il reprendra sa quête le 5 mars à Kontiolahti (Finlande) avec un sprint suivi d'une poursuite le lendemain et éventuellement précédé le 4 d'un relais en guise de mise en jambes.
De la Finlande, la caravane du biathlon traversera la Baltique pour se rendre à Otepää (Estonie), un site inédit pour le circuit. Là aussi, deux épreuves individuelles au programme, un sprint le 10 mars et une mass start le 12. Enfin, Oslo (Norvège) accueillera les trois dernières courses de la saison. Sprint le 18 mars, poursuite le 19, mass start le 20. Selon toute logique, le Français aura été sacré avant cette ultime épreuve.
Et début février, le Jurassien (32 ans) avait reçu L'Équipe pendant près de deux heures, chez lui, au stade nordique des Tuffes, pour un entretien où il avait reconnu qu'une médaille d'or individuelle aux Mondiaux manquait à son palmarès.
« Quel sentiment vous laisse cette médaille de bronze ? Je suis très satisfait de ce bronze mais maintenant j'ai très envie de l'or sur la poursuite ou les autres formats. Ça me permet déjà de soulager un peu de pression pour la suite, je ne rentrerai pas les mains vides. Première course, première médaille, j'espère que ça continuera comme à Pékin (cinq médailles dont deux titres individuels). Il y avait beaucoup de déception de pas être sélectionné dans le relais mixte mercredi, donc je montre aussi au staff que j'avais largement ma place.
Vous êtes double champion olympique, vous avez remporté le général de la Coupe du monde, mais jamais de médaille d'or individuelle aux Mondiaux. Est-ce un manque dans votre palmarès ? Je ne dirais pas que c'est une frustration car je ne manque pas d'un titre de champion du monde pour être heureux dans ma vie. Mais je veux cet or avant la fin de ma carrière. J'ai très envie de le cocher. Jusque-là, j'ai coché pas mal de choses quand même (sourire). Si j'ai une course à réussir dans ma saison, c'est celle des Championnats du monde. Je pourrais louper le reste que ce serait moins grave. C'est un réel objectif.
Après Pékin, tout le monde me disait attention à l'année post-olympique... Je crois que j'ai sous-estimé l'impact que l'événement avait eu sur moi. Il y a eu les Jeux, la fin de saison où il y avait le globe à aller chercher, toutes les sollicitations ensuite. Je n'ai pas vu la fatigue arriver, elle était sportive et psychologique. J'ai chopé tout ce qui passait parce que j'étais épuisé, j'ai eu le Covid-19, j'ai eu une infection.
À la reprise en mai 2022, je suis reparti de plus belle alors que j'avais engendré une fatigue que je n'avais pas su sentir. Lors de la saison, les résultats n'étaient pas là, j'étais un peu dans l'incompréhension. Le printemps suivant, en 2023, même fatigue, avec une préparation compliquée, j'étais encore usé. Je culpabilisais de mettre le frein à main à l'entraînement, j'étais moins performant, c'est un cercle vicieux.
À 32 ans, comment vous sentez-vous en termes de fraîcheur mentale ? Une certaine forme de lassitude s'installe quand on va sur les mêmes lieux, les mêmes voyages. Quand je vais aux Tuffes comme ce (samedi) matin (son site d'entraînement au-dessus de la station des Rousses, dans le Jura), ça devient plus un travail qu'une passion. Pour autant, je n'ai pas moins envie d'aller m'entraîner mais j'ai besoin de plus de diversité. Et par contre, j'ai toujours autant envie de compétition.
Pour combien de temps encore ? L'objectif olympique de 2026 (à Milan et Cortina d'Ampezzo) est là. Physiquement, je me sens encore capable de faire partie des meilleurs. Je suis rassuré. On verra ensuite. Le premier critère, ce sera la performance. Est-ce que les jeunes vont me foutre dehors ? Si je n'ai plus ma place en équipe de France, je ne vais pas aller en IBU Cup ou sur un circuit national.
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