L'histoire des Tir à Marseille est une saga complexe, entrelacée de crime, de tragédie et de rivalités familiales. Cet article explore les origines de cette famille, les figures clés qui l'ont marquée, ainsi que les événements tragiques qui ont jalonné son parcours.
Aux origines de l'histoire de cette famille à Marseille, il y a la venue dans les années 1950 de Mahboubi Tir, un Berbère algérien, bientôt propriétaire d'un commerce d'alimentation.
Chez les Tir, il est difficile de démêler les responsabilités criminelles des parcours exemplaires. D'un côté, il y a Mahmoudi, le juste, le patriarche, celui qui n'a jamais quitté sa cité de la Busserine (14e), pour aider ses prochains. L'engagement d'une vie reconnu par la communauté marseillaise. À tel point que le boulevard Jourdan prolongé a été débaptisé en juillet 2004 et porte désormais son nom. Fard, c'est le petit-fils de Mahmoudi.
Le cousin, c'est Saïd, placé de l'autre côté de l'échiquier. Lui est considéré comme l'un des plus puissants trafiquants de stupéfiants des quartiers Nord, abattu en avril 2010, à l'âge de 60 ans au volant de sa voiture. Aujourd'hui, il semble voué à porter la responsabilité des drames qui secouent la famille.
Son petit-fils, lui aussi nommé Farid, se trouve toujours derrière les barreaux depuis sa spectaculaire arrestation à la frontière espagnole, en octobre 2011, avec 500 kg de résine de cannabis. À 23 ans, le jeune homme n'a pas encore été jugé, mais il devrait écoper d'une lourde peine. Et puis il y a Eddy, 20 ans, le neveu de Saïd. Pour des raisons que l'enquête n'a pas encore établies avec précision, il a tué un garçon de 17 ans, à la kalachnikov, devant l'entrée d'un immeuble de la cité La Castellane, le 22 décembre dernier. Le 4 janvier, il était arrêté. Comme son cousin germain, il risque de passer de longues années derrière les barreaux.
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Au début des années 2010, deux familles de trafiquants rivales, les Tir et les Redmania, se livrent une guerre de territoire sans merci, dans la cité Font-Vert, dans le 14e arrondissement de Marseille. En quelques années, cette vendetta fait une vingtaine de morts.
Les Tir d'un côté, associés aux Berrebouh ; les Remadnia de l'autre, rejoints par une bande de malfaiteurs de Marignane. En 2010, son frère Karim Seghier avait été soupçonné de la séquestration de Farid Tir et de son épouse, pour leur voler une grosse somme d'argent. Enceinte, la jeune femme avait perdu son bébé. Quelques mois plus tard, en août 2010, attiré dans un guet-apens à la cité Font-Vert, à Marseille, Karim Seghier était assassiné et Mohamed Seghier blessé.
Dans la «bande organisée» responsable selon la juge d'instruction de l'assassinat de Karim Tir figurait aussi Zakary Remadnia. Mais le jeune homme a été abattu à Marseille, à peine un mois plus tard. Loin de cette vendetta marseillaise, Sabir Titouh, dit «Titax», figure montante du banditisme parisien, aurait lui aussi, selon l'accusation, participé au meurtre, faisant jouer son «relationnel criminel». Il est décrit comme l'un des participants actifs aux surveillances de la victime et comme le fournisseur d'armes et de véhicules dits «de guerre». «Titax» a été abattu en 2015, devant le domicile de sa compagne, à Taverny (Val-d’Oise). Considéré comme proche du milieu corso-marseillais, Juan Marti avait quitté la région parisienne aussitôt après le meurtre, avec Zakary Remadnia, direction Marseille.
Selon l'enquête, c'est en fait la visibilité du rappeur Jul qui avait permis aux meurtriers de pouvoir facilement suivre et surveiller leur cible: «Ils planquaient Jul pour remonter Karim Tir», avait expliqué un témoin sous X.
Voici une chronologie des événements tragiques qui ont frappé la famille Tir :
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Date | Événement |
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Avril 2011 | Saïd Tir, 60 ans, est tué à Marseille. Quelques mois plus tard Akim Grabsi, 42 ans, beau-frère de Saïd, est abattu. |
11 avril 2012 | Farid Tir, 40 ans, est assassiné dans sa voiture. |
12 juin 2014 | Karim Tir, 30 ans, est tué à Asnières (Hauts-de-Seine). |
Depuis huit ans, pas moins de cinq autres hommes ont fait les frais d'une guerre que tout relie au trafic de stupéfiants. Son grand-père Saïd Tir, surnommé « le Vieux », est le premier à tomber sous les balles le 27 avril 2011, à quelques semaines d'un procès où il devait comparaître pour sa participation à un trafic de cannabis et de cocaïne. Trois tueurs l'ont exécuté en plein jour alors qu'il conduisait dans les quartier Nord de Marseille. Celui qui était aussi appelé « le parrain de Font-Vert », 59 ans, avait une arme chargée sur la cuisse.
Deux mois plus tard, c'est le beau-frère de Saïd, Akim Grabsi, 42 ans, qui est abattu de plusieurs tirs dans la tête alors qu'il circule sur le boulevard National, dans le troisième arrondissement de la cité phocéenne. Deux des oncles de Farid Tir sont ensuite assassinés. D'abord, Farid (son homonyme), le 11 avril 2012, dans sa voiture, alors que l'homme de 40 ans rentrait chez lui. Puis Karim Tir, 30 ans, tué en juin 2014 à Asnières (Hauts-de-Seine), d'une balle tirée en pleine poitrine.
D'autres membres du clan réchappent à des tentatives d'assassinat. Comme le frère de Farid Tir, Eddy, alias Barabas, visé par des coups de fusil d'assaut en septembre 2011. Trois mois plus tard, il est impliqué à son tour dans le meurtre d'un habitant de la Castellane, pour lequel il est condamné en appel, en mars dernier, à 20 ans de réclusion. En mars 2014, Hichem Tir (encore un oncle de Farid Tir), ressort indemne d'une série de tirs, à Beauvais, dans l'Oise.
Qui en veut aux Tir? En 2016, le parquet de Marseille avait publiquement prêté à cette famille une rivalité avec un autre clan, les Remadnia, dont certains tremperaient dans les « stups ». On soupçonne Eddy Tir d'avoir commandité depuis sa prison l'assassinat de Zakary Remadnia en 2014, mais ce crime reste pour l'heure irrésolu et un épais mystère entoure les autres, même si des équipes de tueurs ont été identifiées autour des deux familles et arrêtées. Zakary Remadnia a été abattu en juillet 2014 dans les quartiers nord de Marseille.
Les Tir ne sont pas tous impliqués dans le banditisme, soulignait L'Express en 2016. « L'immense majorité des quelque 300 membres du vaste clan Tir est, en effet, totalement inconnue des services de police », écrivait l'hebdomadaire.
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