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La Fantasia, également connue sous le nom de Tbourida, est une tradition équestre marocaine emblématique. Elle incarne l'art équestre traditionnel marocain qui remonte au XIIIe siècle. Cette démonstration tribale a perduré en devenant une tradition rurale et religieuse, répandue dans une large majorité des régions du Royaume.

Origines et Histoire de la Fantasia

L'origine de la Fantasia remonte à l'époque préislamique du Maroc, à savoir à la tradition équestre berbère. Durant cette période, les Berbères se servaient du cheval comme une arme stratégique et un moyen de transport. Ils effectuaient avec lui des démonstrations pour célébrer leurs victoires et les événements spéciaux. À cette époque, déjà, on s'en servait pour marquer les grandes célébrations, une coutume maintenue jusqu'à présent.

Sous l'influence militaire arabe, les pratiques ont évolué. La fusion de la culture arabe et berbère a ainsi permis à cet art de s'enrichir. À partir du VIIe siècle, les pratiques incluaient de plus des stratégies de guerre comme les tirs simultanés avec fusils et la charge collective.

La Fantasia au Maroc s'est de plus en plus développée au fil des années et notamment pendant les dynasties marocaines. Elle a été codifiée et plus organisée durant les dynasties almoravides et almohades du XIe au XIIIe siècle et n'a pas été délaissée durant les temps des sultans mérinides et saadiens du XIIIe au XVIIe siècle. Ces traditions servaient, d'une part, à démontrer la richesse culturelle et la puissance militaire et intégraient, d'autre part, les fêtes religieuses et les célébrations royales.

La Fantasia : Un Symbole de la Virtuosité Guerrière

Le terme Fantasia, signifie « divertissement », quelques soit son origine (latine ou européenne). C’est le symbole de la virtuosité guerrière. Elle assure la continuité des coutumes équestres militaires. Au XIXème siècle, elle reproduisait les glorieux assauts de la tactique militaire arabe et berbère. Aujourd’hui le coup d’arbalète a été remplacé par la charge de poudre.

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Déroulement d'une Fantasia

Une Fantasia est un spectacle équestre qui implique des cavaliers et leurs chevaux. La démonstration commence toujours par un défilé durant lequel les cavaliers se mettent en ligne et défilent avec une musique traditionnelle. Le moment le plus intéressant, autrement dit le cœur de la pratique, s'avère être la charge ou Tbourida. Durant ce moment, les cavaliers tirent en l'air au galop avec leurs fusils à poudre noire. Les démonstrations se font toujours à l'unisson et en ligne.

Les cavaliers adoptent une formation précise incluant différents groupes appelés « serba », dont chacun est dirigé par un chef. Ils exécutent des charges en toute vitesse, tout en restant synchronisés et précis dans leurs gestes. Ils galopent et tirent en l'air en unisson.

La fantasia se déroule sur un terrain de sable ou d’herbe de 100 à 200 mètres de longueur. Les chevaux, alignés au départ, partent directement au grand galop. A la fin de la charge, en bout de terrain, le M’qaddem tire un coup de feu en l’air, signal déclenchant tous les coups de fusil qui doivent alors résonner comme un seul et unique puissant coup de feu.

Pour synchroniser les tirs et n'entendre qu'une seule détonation, ces cavaliers sont "dirigés" par un chef qui leur indique à quel moment tirer en l'air en criant « Hadar Lamkahal ! » (A vos fusils !). C'est ensuite l'intensité des « youyous » des femmes qui détermine les vainqueurs.

La cohésion de groupe est essentielle. Les cavaliers s’élancent au cri du signal « Hadar l’khayle ! » (les chevaux sont prêts !) et doivent terminer la course en tirant simultanément un coup de fusil en l’air.

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Les Cavaliers et les Chevaux

Chaque cavalier sur son cheval porte un costume traditionnel marocain décoré. Les cavaliers sont vêtus d’une combinaison blanche, d’une ceinture nouée par derrière, et d’un « haïk » pièce d’étoffe dans laquelle ils sont drapés. Des babouches hautes au pied, ils portent aussi en bandoulière une petite sacoche de cuir contenant des extraits du Coran, et d’un poignard recourbé.

Le cheval, quant à lui, apporte le côté spectaculaire à la pratique. Les chevaux de race berbère ou arabe sont spécialement sélectionnés pour une telle représentation.

Agé au minimum de quatre ans, le dressage des chevaux Barbes ou Arabes-Barbes, répond à des règles spécifiques. Le cavalier et son compagnon doivent connaitre l’enchaînement exact des figures préparées en groupe. Soie brodée, cuirs maroquinés, métaux dorés ou niellés, les chevaux exhibent également des harnachements fastueux.

Impacts Culturels et Sociaux

La Fantasia joue un rôle crucial dans la préservation et la promotion de la culture marocaine. Le spectacle perpétue effectivement des traditions pratiquées depuis des siècles. Elle préserve et transmet les compétences équestres et militaires issues de la fusion de la culture berbère et arabe. En plus, cette démonstration symbolise le courage, la discipline et l'honneur ancrés dans la culture du pays.

Du point de vue social, ces spectacles sont bénéfiques pour la cohésion et la fierté locale. La particularité de cette tradition en fait également une attraction touristique imprenable, notamment à Marrakech.

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Les Grands Événements Marocains

Les grands événements marocains mettent en avant cette tradition. Il est possible de la voir dans le cadre de la quasi-totalité des festivals et des célébrations locales. Elle est également organisée par des familles à titre privé, notamment pour les mariages, les fêtes religieuses, les anniversaires, les circoncisions…

Certaines occasions spécifiques permettent également d'assister à ce spectacle typique du Maroc :

  • Le festival des arts populaires de Marrakech : célèbre la pratique en soi, la danse et la musique.
  • La fête du Trône : célèbre l'anniversaire de l'intronisation du roi du Maroc.
  • Les festivals régionaux : spécifiques aux villes et villages du pays qui organisent des fêtes et célébrations en incluant ces pratiques équestres.

La Fantasia et l'Art

Devant une telle tradition il apparaissait inévitable que l’art s’empare de ces manifestations culturelles. Eugène Delacroix l'a représenté en 1833 dans la peinture appelée “Fantasia”, actuellement conservée au Musée des Beaux-Arts de Bordeaux. Le principal nom qui revient néanmoins quant à la culture des fantasias, en rapport avec l’art, demeure celui du français Eugène Delacroix (1778 - 1863). Ce voyage l’a amené à apporter une touche de couleur à ses peintures. A la suite d’Eugène Delacroix, Eugène Fromentin c’est lui intéressé aux fantasias dans ses œuvres tant littéraires que picturales.

La Tbourida à l'UNESCO

C’est officiel : l’art équestre marocain est entré au patrimoine culturel immatériel de l’UNESCO, le 15 décembre dernier. Aussi appelé Fantasia, cette parade militaire d’alors se termine par un tir au fusil synchronisé (en l’air) des cavaliers. Souvent pratiquée lors de festivités à travers le Royaume, cette tradition du XVIe siècle perdure, notamment lors des grandes fêtes de mariage.

La Tbourida est une représentation des parades militaires selon les us et coutumes arabo-amazighs ancestraux, rappelle l’Unesco.

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