Avant de se lancer dans la médecine, Védécé, l'auteur de "Vie de Carabin" (VDC), rêvait de devenir dessinateur. Il a mis de côté le dessin, avant d'y revenir un peu par hasard en quatrième année de médecine.
Mettez-vous un instant dans la peau d'un étudiant en médecine. Les études de médecine sont difficiles, extrêmement difficiles. Elles exigent un travail acharné, la lecture et l'apprentissage de milliers de pages de livres de chimie, de physique, de statistiques, mais surtout de cardiologie, de pédiatrie, de gastroentérologie, de gynécologie-obstétrique, de dermatologie, d'ophtalmologie, etc.
À ce travail plus que conséquent, il faut ajouter les stages d'externat de la quatrième à la sixième année. En gros, vous êtes larbin dans les différents services successifs dans lesquels vous passez, vous remplissez les dossiers des patients, allez rechercher des résultats d'analyses... bref, faites toutes les basses besognes, et accessoirement apprenez un peu de pratique médicale de-ci de-là. Vous travaillez donc à l'hôpital de 8h à 13h ou 14h tous les jours, pour la royale somme de cent à deux cents euros par mois. Sans compter les astreintes et les gardes de nuit et/ou du week-end, selon les services.
En fin de sixième année, arrive le concours tant redouté, les ECN, Épreuves Classantes Nationales, appelé autrefois concours de l'internat. De votre classement aux ECN dépend votre avenir. En gros, votre rang déterminera si vous ferez un internat de pédiatrie à Montpellier ou de médecine du travail dans la Creuse.
Après le concours, ça y est, vous devenez interne ! Pour une durée de quatre à six ans, selon la spécialité. Là, vous passez vos journées entières à l'hôpital. Sous la supervision du chef de service, vous vous occupez des patients, gérez les examens et les analyses, parlez aux familles, bref, vous êtes ce que certains dans les services appellent un bébé toubib. Un bébé qui fait tourner l'hôpital. Un bébé avec de lourdes responsabilités. Et ce n'est pas tout (parce que s'il n'y avait que les journées à rallonge à l'hôpital, ça ne serait pas drôle), vous avez des cours et des conférences certains soirs, et toujours des astreintes et des gardes de nuit ou du week-end. Parallèlement à tout ça, il ne faut pas oublier de plancher sur votre thèse, que vous devrez soutenir en fin d'internat pour obtenir, enfin, le titre de "docteur en médecine".
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Les études de médecine, c'est passionnant, je n'en doute pas, mais c'est long, usant et stressant. Pour "survivre" toutes ces années, chacun a son truc. Il faut arriver à voler quelques heures à un emploi du temps surchargé pour décompresser un peu. Quelques-uns font du sport, d'autres de la musique, certains vont au cinéma, et autres activités de détente. Vie de Carabin, alias VDC, alias Védécé, a choisi de dessiner. Le succès aidant, les albums s'enchaînent.
VDC y dresse un portrait sans concession de l'hôpital. Il n'y va pas de main morte dans ce qu'il dénonce, mais (hélas), tout est vrai. La meilleure preuve étant l'incroyable succès qu'il rencontre auprès des étudiants en médecine ou des médecins qui disent d'une seule voix qu'ils s'y reconnaissent complètement. VDC ne dessine pas que pour faire rire. Il dessine aussi (et dans ce volume 3, je dirais "surtout") pour dénoncer. Pour dénoncer la mauvaise organisation, les manques matériels et humains de l'hôpital. On rit souvent jaune.
Ce que VDC publie ne plaît pas à tout le monde, et l'on comprend qu'il cherche à tout prix à préserver son anonymat : vous l'aviez deviné depuis longtemps, je pense, VDC est un pseudonyme. Le nom d'emprunt d'un étudiant en médecine talentueux, lucide et humain.
Tout ce qui touche de près ou de loin à l'univers médical me fascine. Alors je me suis toujours posée la question, comment fait-on pour être étudiant en médecine avec des heures incalculables de taf et trouver le temps de faire un art? Même sil plus d'une fois il a répondu qu'il dessinait tard le soir en rentrant je n'ai conclu qu'une seule chose: Védécé tu es insomniaque! Bon la recette peut paraître simple. Des personnages qui ont tous la tête noir. Des histoires vraies, qu'il a lui même vécu ou qui s'inspirent des faits d'actualités. Mais tout le génie est là. Et c'est justement parce que c'est la vérité que c'est génial.
Que vous soyez du domaine médicale ou non vous êtes tous concernés par notre système de santé (qui se casse la gueule NDLR). Et avec ses dessins VDC mets en avant et pointe du doigt, avec ironie, ce qui ne va pas et ce qui se passe réellement dans nos hôpitaux.
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Personnellement, j'ai bien aimé cet opus qui est plein d'humilité et d'empathie. Védécé traite son quotidien avec humour et en toute délicatesse. Comme je le pense toujours, j'aime beaucoup les dessins et la mise en couleur. Le meilleur tome de la saga à ce jour ! La réalité à l'état pur avec un humour délicat, de la bienveillance, une autocritique de la médecine, une vraie réflexion !
Les dessins de VDC mettent en lumière des situations absurdes et des problématiques récurrentes dans le milieu hospitalier :
C'est la direction qui fait la loi. On a protesté avec le Pr Charon. On leur a dit qu'on n'arriverait pas à soigner correctement les patients avec 1 seul infirmier. La semaine dernière, j'ai recroisé le directeur, il m'a dit : "Alors ?
Pauline, étudiante infirmière : "une femme qui avait été greffée du cur il y a plusieurs années. Son fils était dans le coma. Elle s'est opposée à ce qu'il donne ses organes.
VDC nous raconte ce que ne voit pas le patient à l'hôpital. Il raconte comment on formate les étudiants à ne plus voir en vous que des organes à soigner. Il raconte les dérives qui l'ont le plus choqué, et les moments qui l'ont le plus ému. Il raconte les consultations les plus drôles qu'il a pu voir en 5 ans, du Chocapic coincé dans le nez, à la Tour Eiffel très mal placée...Il raconte l'envers du décor de l'hôpital et des études de médecine. Il raconte sa Vie de Carabin !
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