En Turquie, les fusillades font régulièrement la une de la presse. Cette tuerie a fait figure de douloureuse piqûre de rappel en Turquie.
D’après les différentes estimations, il y aurait entre 20 et 30 millions d’armes à feu en circulation dans le pays. Un foyer sur trois, en moyenne, serait donc en possession d’une arme.
Fusils de chasse, fusils à pompe, pistolets ou encore Kalachnikovs, la gamme est large, et ce sont généralement les magasins spécialisés dans le matériel de chasse qui en proposent.
L’achat est soumis à la présentation d’une licence, obtenue au préalable auprès des autorités compétentes, mais elle est plutôt facile à obtenir et l’entrée de gamme est très accessible, 8 000 TL, soit 270 euros, moins cher, donc, qu’un téléphone portable.
Selon la Fondation Umut (« Espoir »), 90 % des armes à feu en Turquie n’ont pas fait l’objet d’une demande de permis. La législation dans ce domaine est pourtant sévère dans le pays.
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Les armes à feu font traditionnellement partie de la vie quotidienne des régions de la mer Noire. La presse rapporte régulièrement des accidents d’ailleurs, car il est de coutume de tirer en l’air pour manifester sa joie lors des mariages, mais les balles perdues font chaque année des victimes.
«At, Avrat ve Silah» signifie «un cheval, une femme et une arme». Afin d’asseoir leur autorité masculine, les hommes, des guerriers, se devaient donc de posséder «un cheval, une femme et une arme». Aujourd’hui encore, les Turcs aiment à l’employer comme une allégorie de leurs origines guerrières.
Elles sont d’ailleurs souvent présentes jusque sur les affiches des films de Yılmaz Güney comme Silah ve Namus (Arme et Honneur).
«L’arme est importante dans la culture turque et le tir est un sport national. Ici, dès qu’un garçon naît, on dépose un pistolet sous son berceau. Vers 9-10 ans, on lui apprend à s’en servir», raconte, non sans fierté, Cem Cesur.
La fondation Umut a été créée par des familles ayant perdu des proches sous les balles et ses membres militent pour un meilleur encadrement la circulation des armes à feu. D’après les données recueillies par l’organisme, le nombre de violences avec armes à feu a augmenté de plus de 70% en dix ans.
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Plusieurs facteurs contribuent à cette augmentation. La plupart des armes à feu en circulation sont obtenues sans aucune licence, car il est très facile de s’en procurer d’occasion, ou au marché noir. La fondation Umut souligne que près de 90% des armes à feu utilisées dans les cas de violence sur personne n’ont aucun permis.
L’aggravation de la situation économique du pays en est l’une des causes, observe un officier de police, mais également la chute de la confiance dans l’appareil d’État, assure la fondation Umut. Elle serait passée de 62% à 30% des personnes interrogées.
Les services de police enregistrent quasi quotidiennement des cas de règlement de compte, notamment pour des dettes impayées, comme cela a été le cas dans la tuerie d’Esenyurt.
Enfin, la tentative de coup d’État du 15 juillet 2016 apparaît également comme une date clé qui a durablement provoqué un sentiment d’insécurité au sein de la population turque. Un autre phénomène interpelle ces dernières années : la multiplication des stands de tir dans les grandes villes qui proposent une expérience pour tirer au pistolet.
Les avocats pointent du doigt des lacunes dans la législation, mais c’est surtout l’accès aux armes illégalement qui pose un problème.
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Par ailleurs, les peines encourues pour les ports d’armes sans licence ne sont pas véritablement dissuasives et sont généralement réduites à des amendes. Les partis politiques sont peu mobilisés sur la question, la violence n’a pas non plus été abordée pendant la campagne présidentielle du printemps.
La nature de cette autorisation varie en fonction de la nature des armes. Ainsi, les armes à feu dites civiles, leurs munitions et leurs éléments listés à l'article R. 316-40 du code de la sécurité intérieure sont soumis à licence d'exportation d'armes à feu (LEAF) délivrée par la direction générale des douanes et droits indirects. La dispense de licence d'exportation d'armes à feu (LEAF) concerne aussi bien les chasseurs que les tireurs sportifs.
Si vous êtes chasseur, vous pouvez exporter temporairement en tant qu'effets personnels des armes à feu et leurs éléments s'ils sont marqués sans limite de quantité, ainsi que leurs munitions dans la limite de 800 cartouches. Si vous êtes tireur sportif, vous pouvez exporter temporairement en tant qu'effets personnels des armes à feu et leurs éléments s'ils sont marqués sans limite de quantité, ainsi que leurs munitions dans la limite de 1200 cartouches.
La dispense de licence d'exportation de matériels de guerre (LEMG) ne concerne que les tireurs sportifs. Ainsi, les armes et leurs éléments réimportés en tant qu'effets personnels, par les chasseurs et les tireurs sportifs, en suite d'une exportation temporaire bénéficiant, le cas échéant, de la dispense d'autorisation prévue à l'article R.
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