Le 9 mai 1975, Zara ouvrait les portes de sa première boutique rue Juan Flórez à La Corogne, en Espagne, posant la première pierre de ce qui deviendrait l’empire commercial Inditex.
Le 9 mai 2025, la griffe espagnole a fêté son demi-siècle d’existence avec le lancement d’un film réalisé par le photographe américain Steven Meisel et rassemblant 50 supermodels. La publication de la vidéo est accompagnée du lancement d’une collection capsule que portent les mannequins dans le film, qui sera disponible sur la boutique en ligne de Zara et dans une sélection de magasins physiques de la chaîne dans le monde entier. La boutique où tout a commencé a aussi fait l’objet d’une mise en scène particulière pour célébrer ce demi-siècle d’existence.
"Un hommage unique à la créativité, la longévité et l’amour pour la mode impulsés par Marta Ortega Pérez, amie de longue date et admiratrice du travail de Steven", résume Inditex pour définir le film commémoratif, auquel ont participé des top modèles comme Irina Shayk, Candice Swanepoel, Carla Bruni, Amber Valletta, Eva Herzigova, Linda Evangelista, Naomi Campbell, Natasha Poly et Adriana Lima.
"La créativité est au cœur de ce que fait Zara, c’est la caractéristique qui nous définit. Ce film incroyable de Steven Meisel reflète la liberté créative et la magie que nous avons toujours voulu créer. Cinquante mannequins parmi les plus célèbres au monde y participent, reconnues pour leur beauté, mais aussi pour leur caractère, leur personnalité et leur force.
Business modèle à la logistique imparable, le groupe espagnol Inditex a bâti, en trois décennies, un empire dont l'enseigne Zara est le fer de lance. Championne de la fast-fashion, la griffe habille le globe depuis son fief de la Corogne, en Galice.
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Un succès qui a fait le destin d'un homme, Amancio Ortega, 75 ans, propriétaire du groupe, ancien fils de cheminot devenu l'homme le plus riche d'Espagne et la septième fortune mondiale selon le dernier classement Forbes. Il s’agit d’un des plus grands distributeurs de vêtements au monde avec 8 marques : Zara, Pull&Bear, Massimo Dutti, Bershka, Stradivarius, Oysho, Zara Home et Uterqüe.
Inditex en est la preuve vivante : cet empire s’est bâti grâce à l’inspiration d’un homme : Amancio Ortega. Et à la bienveillance de ses méthodes managériales. L’inspiration : que faire sans elle ? Rien ou du moins rien de vrai, rien de beau, rien de performant. L’inspiration donne le la, elle impulse le mouvement et provoque la réussite. Sans elle, il n’y aurait pas de peinture, pas de musique, pas d’architecture, pas de Littérature, … Sans elle, il n’y aurait pas de création, pas de projet.
Fils d’un cheminot espagnol, Amancio Ortega abandonne l’école lorsqu’il a 13 ans pour devenir coursier dans un magasin de textiles, puis vendeur de chemises. Il était une fois Zara. Cet homme d’affaires espagnol débute en réalisant et commercialisant un pull en shetland aux étudiants de Saint-Jacques de Compostelle. Puis il ouvre en 1975 avec son épouse Rosalia Mera le premier magasin Zara en Espagne et fonde le groupe textile international Inditex.
Chez Zara, tout est pensé pour que les collections soient fabriquées en un temps record et le plus tard possible afin de coller au plus près aux tendances. Outre la traditionnelle collection de saison, la marque est devenue la spécialiste des "one shot" - ces modèles en série limitée, sans cesse renouvelés, jamais réédités. D'où l'obsession des clientes d'acheter dans l'instant. "Entre le dessin d'un modèle et son arrivée en magasin, il s'écoule entre deux et trois semaines", explique Maria Ventin, commerciale pour Zara Woman. Contre des mois chez les concurrents.
Deux fois par semaine, les boutiques sont achalandées avec des nouveaux arrivages. "Ainsi, nous limitons au maximum les catastrophes, poursuit Maria Ventin. Si un article ne plaît pas, il sera immédiatement remplacé. Et nous n'avons presque pas d'invendus."
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Au studio de création, cette stratégie de l'immédiateté est palpable. Ici, une jeune femme teste l'épaisseur d'un drap de laine pour un manteau d'hiver au ceinturé très Dries Van Noten. Là, une autre épingle des échantillons sur un panneau d'inspiration pour décider si le ton nude d'une blouse tirera davantage sur le beige ou le rosé. Près de chaque plan de travail, une cabine d'essayage pour valider en continu le tombé des modèles. Sur les portants, les collections d'été côtoient les nouveaux modèles.
Beatriz Padin, directrice commerciale femme, connaît l'entreprise sur le bout des doigts- elle y est entrée comme mannequin il y a vingt-trois ans. "Vous voyez cette veste blanche ? demande-t- elle. Elle a très bien marché, donc nous la réinterprétons en noir pour la rentrée. Les clientes demandent plus de cols smoking : voilà le même modèle décliné en satin."
La production de masse de vêtements vendus six mois puis ensuite soldés : c’est terminé. Désormais Zara mise sur des petites séries mensuelles rapidement renouvelées. Pour ce faire l’enseigne gère des stocks réduits et propose des produits rares et originaux suscitant plus de ventes. Quand un produit ne marche pas il est immédiatement retiré des rayons et un nouveau modèle le remplace dans les 15 jours. Et même lorsqu’un article connaît un fort succès il y a peu de réassort. L’idée sera alors de le recycler à un autre moment en gardant l’essentiel du modèle tout en y ajoutant quelques petits détails.
C’est ainsi que Zara est devenue une marque incontournable et originale, toujours pleine de nouveautés.
Et pourtant, comment définir une marque qui sied aussi bien aux business women qu'aux bourgeoises, aux gothiques ou autres hippies chics ? "La femme que nous habillons a l'esprit pratique, elle est très intelligente, elle travaille et a besoin d'une garde-robe spéciale pour le soir et le week-end", avance Béatriz Padin. Sur les bureaux traîne la presse de mode la plus pointue, bardée de Post-it. Ici et là, quelques look books des grandes marques. Faut-il alors plutôt parler d'inspiration ?
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"Je vous répliquerai que nous ne sommes quasiment jamais attaqués en justice alors que les procès pour contrefaçon sont légions dans les tribunaux parisiens. Aujourd'hui, c'est même nous qui sommes beaucoup copiés, se défend bec et ongles Jean-Jacques Salaün.
Au sous-sol de l'usine de La Corogne a été construite une boutique modèle. Les commerciaux du monde entier viennent y découvrir par groupes entiers la collection de cet automne. C'est aussi là que les articles et les silhouettes sont pré-disposés, photographiés et envoyés pour réplique exacte à tous les magasins. "À notre grande surprise, quand une tendance marche, elle séduit partout dans le monde, à Paris comme à Pékin", explique Beatriz Padin.
L'analyse permanente du top 20 des produits les plus vendus par pays et dans le monde permet d'ajuster les collections pour qu'elles collent au maximum aux demandes de toutes les clientes. "Par la suite, chaque magasin "pioche" les articles qui l'intéressent, poursuit Beatriz Padin. C'est presque du profiling ! Et ainsi, nous marchons aussi bien partout."
Pour beaucoup d’entreprises il s’agit depuis quelque temps déjà de repenser les missions du management et d’opter pour un management bienveillant, plus attentif au bien-être des salariés et plus respectueux de leur équilibre personnel. Rassurer et inspirer les équipes en favorisant leur autonomie tout en ouvrant la voie. Le manager doit se présenter comme un guide et non comme un chef aux ordres arbitraires. Son rôle est d’accompagner les équipes et de les aider à donner le meilleur d’elles-mêmes. Donner le droit à l’erreur.
Même si on touche ici à un autre tabou maison. "Pas de mise en avant personnelle, le travail d'équipe avant tout", répète-t-on en boucle. Et si c'était cela, le secret de Zara ? Cette faculté de plaire à tous en jouant à fond la carte du "low profile".
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