À Montreuil, en Seine-Saint-Denis, les habitants d'une petite place sont à bout à cause du trafic de drogue. Les immeubles qui cernent le square où a lieu le trafic de cannabis ont été visés par des tirs de mortiers.
L’unique caméra de vidéosurveillance installée par la municipalité de Montreuil a été d’une efficacité redoutable. Elle a immortalisé avec précision les visages et les silhouettes des auteurs de tirs de mortiers qui s’en donnaient à cœur joie sur les façades des immeubles de la place de la République, dans la nuit du mardi 19 au mercredi 20 octobre. Quatre suspects ont été interpellés par la police mardi matin. Devant les images accusatrices, ils auraient reconnu les faits.
Les deux majeurs feront l’objet d’une comparution sur reconnaissance préalable de culpabilité (CRPC), tandis que les deux mineurs feront l'objet d'une convocation par officier de police judiciaire (COPJ). Ils habitent tous le secteur de la rue de Paris à Montreuil.
Selon une source proche de l’enquête :
Cette nuit-là, vers 1 heure du matin, ils ont tiré « une vingtaine de mortiers ». Certains ont éclaté dans le ciel, mais d’autres engins se sont écrasés sur des immeubles d’habitation. Il n’y a pas eu de blessé, mais les riverains qui dormaient ont eu une peur bleue.
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Les riverains accusent les dealers qui sévissent sur la place d’être à l’origine de ces tirs. Grégory, membre du collectif "Collectif République Montreuil", témoigne : "Ce point de deal est là depuis 5 ans. Ce n’est pas tous les jours qu’il y a des tirs, mais en ce moment les policiers mettent la pression sur les dealers qui essaient d’intimider les habitants en tirant sur les façades d’immeuble".
Erwan Guermeur, secrétaire départemental SGP Police, explique qu'« après une interpellation, et très certainement insatisfait d'une action policière, les dealers ont procédé à des jets de mortiers en direction des immeubles des riverains, très certainement en les accusant d'avoir fait appel aux forces de l'ordre ».
La municipalité envisage de raser le square et réaménager la place de la République pour faire fuir les dealers et restaurer la tranquillité. Des nouvelles caméras seront bientôt installées.
Grégory s'interroge: "J’aimerai bien demander à notre ministre de l’Intérieur où sont les renforts de police et à notre ministre de la Justice ce que fait le procureur face à ça".
Farouk, un autre habitant de la ville, assure que "Ce n'est pas qu'ici, c'est partout ailleurs dans la ville". Il ajoute : "Il n'y a pas d'offre politique locale, il n'y a pas de réponse. Heureusement qu'il y a des associations culturelles et sportives avec des bénévoles qui font leur travail". Elina Dumont, sociétaire des "Grandes Gueules" et intervenante sociale, déplore : "C'est un problème de société. Comment des mineurs se font arrêter en pleine nuit? Il y a quelque chose à faire, il faut inclure les parents avec".
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Selon Farouk, "Dans certains quartiers, il n'y a pas d'éclairage public, le service propreté n'est plus municipal et a été privatisé. On donne des responsabilités à des entreprises privées et on n'a pas de ville propre. Ce n'est pas que la faute de l'Etat aussi".
Eddy, un habitant de Montreuil incarcéré il y a quelques temps pour trafic de drogue, témoigne que "Les petits qui travaillent sont tous des mineurs. Les plus grands, les gérants ne cautionnent pas ce comportement, qui reste assez rare". Il ajoute : "Ce genre de comportement est puni en interne", car s'en prendre aux riverains attire l'attention de la police et des pouvoirs publics et est préjudiciable pour le trafic.
Deux personnes ont été blessées par balles en pleine rue à Montreuil. Une information confirmée par le parquet de Bobigny, pour qui il n’y a « aucun élément à ce stade pour expliquer les faits ». Selon une source policière, les tirs se sont déroulés à deux pas du stade des Guilands, à la confluence des quartiers de la Noue et des Clos-Français, qui jouxte un point de deal. L’un des deux hommes, blessé au poignet, a été pris en charge rue des Clos-Français. L’autre, blessé au thorax et au bras, a été amené à l’hôpital par un proche. Son pronostic vital est réservé, indique le parquet de Bobigny.
De même à Montreuil où, alors que les policiers sécurisaient la zone dans le cadre du service d’ordre de la Saint-Sylvestre, ces derniers ont été victimes d’une trentaine de tirs de mortiers de la part de six individus. Un seul a été interpellé.
Pendant la nuit du 29 au 30 juin dans le centre de Montreuil, les émeutes ont pris un autre tournant. Des tirs de mortiers d'artifices sur la mairie de la nuit précédente on est passé à un pillage en masse de magasins dans un centre commercial et dans les rues menant de la mairie à la Place Croix de Chavaux.
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Vers une heure du matin, les émeutiers arrivent sous mes fenêtres sur la Place Croix de Chavaux. La poubelle de mon immeuble et celles des immeubles mitoyens sont jetées au milieu de la chaussée. Les vitres de l'abribus au coin de la rue sont réduits en miettes. Vers 1h30 les bruits lointains de casse s'intensifient, les jeunes sont de plus en plus nombreux, les tirs de mortiers sur le boulevard Rouget de Lilsle me donnent droit à un beau petit feu d'artifice et le pillage commence.
Pendant deux bonnes heures je vois un défilé de jeunes et moins jeunes emportant cartons et sacs dans différentes directions; un va et vient entre les deux rues où se passe le pillage et les voitures sur la place. Vers 3h3O les dernières voitures sont reparties et la place est presque vide. Le calme est revenu.
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