Le choc entre la France et l'Espagne en demi-finale de la Ligue des nations a accouché d'un succès 5-4 de la Roja.
Longtemps en perdition avant de se réveiller brusquement, l’équipe de France s'est inclinée face à l’Espagne (5-4), en demi-finale de la Ligue des nations, à Stuttgart. Des retrouvailles ratées avec la Roja, un an après la défaite en demi-finale de l’Euro (2-1).
Orphelins de nombreux tauliers en défense (William Saliba, Dayot Upamecano, Jules Koundé), les Bleus ont d'abord affiché trop de lacunes pour résister à ce qui se fait sans doute de mieux en Europe. À la pause, le score était déjà de 2-0 pour les hommes de Luis de la Fuente. Il était passé à 4-0 au moment où Kylian Mbappé a relancé le suspense sur penalty à l’heure de jeu (59e).
C’était avant le nouvel éclair de Lamine Yamal (67e), simplement trop fort pour des Français dépassés. Il a fallu attendre le génie de Rayan Cherki, auteur d’un but fantastique pour ses grands débuts (79e) et à l'origine de l'action sur le csc de Vivian (84e), pour apporter de la lumière dans la dernière demi-heure. C'est encore lui qui a déposé le ballon sur la tête de Randal Kolo Muani pour le 5-4 (90e+3).
Insuffisant pour éviter la défaite à cette équipe de France qui devra se farcir dimanche un match pour la troisième place contre l’Allemagne (15h), pendant que l’Espagne, tenante du titre, défendra son bien face au Portugal.
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Quelques statistiques viennent illustrer les ratés français en défense: d’abord, c’est la première fois que cette équipe encaisse cinq buts ou plus depuis le 12 mars 1969 et une défaite 5-0 face à l’Angleterre. Yamal, déjà buteur à l’Euro, est lui devenu le premier joueur à coller trois buts à la France avant l'âge de 18 ans depuis Pelé en 1958.
Il y a une semaine, l’Argentine remportait la Coupe du monde 2022 à l’issue d’une séance de tirs au but, confirmant son statut de spécialiste de l’exercice. Retour en statistiques sur les tendances, pays par pays.
L’équipe de France s’est inclinée aux tirs au but en finale de la Coupe du monde 2022 au terme d’une rencontre qui a d’ores et déjà marqué l’histoire de la prestigieuse compétition. Mais contre l’Argentine, le défi était immense ! L’Albiceleste est l’une des références, si ce n’est la référence, de l’exercice.
La sélection sud-américaine est celle qui a remporté le plus de séances de tirs au but dans l’histoire de la Coupe du monde. Vainqueurs des Pays-Bas (2-2, 4-3 t.a.b) en quarts de finale, puis de la France (3-3, 4-2 t.a.b.) en finale lors du Mondial au Qatar, les Argentins ont porté leur total de victoires dans l’exercice à six en sept tentatives. Avec quatre victoires en autant de séances de tirs au but, la Nationalmannschaft est d’ailleurs toujours invaincue en Coupe du monde.
À l’inverse, l’Italie, les Pays-Bas, l’Angleterre (une victoire en quatre tentatives) et l’Espagne (1/5) font figure de mauvais élèves. La France, deux victoires en cinq séances de tirs au but, a eu plus de réussite dans l’exercice. Mais les Bleus ont cependant perdu deux des trois finales qui se sont conclues par ce cruel dénouement (2006 contre l’Italie et donc 2022 contre l’Argentine). On remarque notamment que les pays sud-américains sont particulièrement performants avec 68,75 % de victoires (11/16) quand les nations européennes possèdent un ratio de 46,67 % (21/45). Cette tendance se retrouve également dans leurs confrontations directes.
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Une nation impressionne particulièrement dans cet exercice : l’Allemagne ! En quatre séances de tirs au but, toutes remportées, les joueurs allemands ont converti 17 de leurs 18 essais (94 % de réussite). Seul Uli Stielike, lors de la nuit de Séville terrible pour les Français, a manqué sa tentative. Cet échec n’a pas empêché l’Allemagne d’être sacrée lors de la Coupe du monde 1982 en Espagne après avoir remporté la première séance de tirs au but de l’histoire de la Coupe du monde contre les Bleus en demi-finales.
Mais, une séance de tirs au but se gagne aussi à la capacité à faire déjouer l’adversaire. Et, à ce jeu, les trois mêmes sélections se démarquent. Le bilan de la Croatie est particulièrement impressionnant : elle a gardé sa cage inviolée lors de 10 des 18 tentatives adversaires. Mais la Seleção doit ce bon ratio, en grande partie, à l’échec des tireurs adverses. En effet, seuls cinq tirs au but ont été détournés par les gardiens brésiliens. De son côté, le bilan de la France n’est pas glorieux. Les Bleus ont encaissé les neuf derniers tirs au but adverses, à l’occasion des finales des Coupes du monde 2006, contre l’Italie, et 2022, contre l’Argentine. Le dernier arrêt d’un gardien tricolore remonte à… 1998 lorsque Fabien Barthez repoussait la frappe de l’Italien Demetrio Albertini en quarts de finale. Sur les 25 tentatives adverses, les gardiens français en ont arrêté seulement trois.
Voici un tableau récapitulatif des performances des différentes nations lors des séances de tirs au but en Coupe du Monde :
Pays | Victoires | Séances | Réussite (%) |
---|---|---|---|
Argentine | 6 | 7 | 85.71% |
Croatie | 4 | 4 | 100% |
Allemagne | 4 | 4 | 100% |
Brésil | 3 | 5 | 60% |
France | 2 | 5 | 40% |
Espagne | 1 | 5 | 20% |
Italie | 1 | 4 | 25% |
Pays-Bas | 1 | 4 | 25% |
Angleterre | 1 | 4 | 25% |
Lorsque les géants du football européen, l'Espagne et la France, s'affrontent, il y a presque toujours des points de discussion à retenir, et le choc épique de la demi-finale de la Ligue des Nations de ce jeudi soir n'a pas fait exception. Le Portugal attend en finale dimanche après une victoire assez banale 2-1 sur l'Allemagne en demi-finale, et la Roja comme les Bleus ont commencé la rencontre tambour battant pour tenter de les rejoindre.
Theo Hernandez avait déjà tenté sa chance à trois reprises avant la 11e minute, dont une fois sur le poteau, et à la 20e minute, il y avait déjà eu 12 tirs au but entre les deux équipes. Peu après, l'ouverture du score de Nico Williams a mis les Bleus en danger. En effet, ils n'avaient remporté aucun de leurs matches de la Ligue des nations lorsqu'ils étaient menés au score depuis leur victoire contre l'Espagne le 10 octobre 2021. Depuis ce match, la Roja a également remporté ses 12 matches en ouvrant le score.
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Mikel Merino a rapidement ajouté un deuxième but, creusant l'écart entre les deux équipes. Ce but signifie que la France a concédé neuf buts en première mi-temps en neuf matches. Seules l'Arménie (10) et la Bosnie-Herzégovine (9) ont encaissé plus de buts dans les 45 premières minutes d'un match officiel de la Ligue des nations 2024/25. Bien que l'équipe française était toujours menée à la pause, Unai Simon avait déjà réalisé cinq arrêts, ce qui indique que l'équipe de Didier Deschamps n'était pas encore hors du match, même si ses attaquants devaient rapidement retrouver leur efficacité devant le but.
Lamine Yamal terrorisait déjà l'adversaire bien avant d'obtenir puis de transformer un penalty pour permettre à l'Espagne de mener 3-0 à la 53e. Les Bleus ne semblaient pas pouvoir revenir. Ses 50 touches ont été de loin les plus nombreuses de tous les attaquants espagnols, et ses 12 passes dans le dernier tiers - plus que n'importe lequel de ses coéquipiers - ont donné encore plus de crédit à l'idée que Lamine s'est déjà imposé comme le joueur ayant la capacité incroyable de déverrouiller même les défenses les plus serrées. Une minute et demie après le penalty, Pedri portait le score à 4-0 pour l'Espagne et le match était alors certainement terminé, même si, à leur crédit, la France n'a pas cessé de créer et a rapidement été récompensée.
Comme Yamal, Kylian Mbappé a obtenu et transformé un penalty avant l'heure de jeu, alors que la complaisance paraissait commencer à s'installer du côté espagnol. Même s'ils gardaient le ballon avec facilité, leurs 43,4 % de possession n'aboutissaient à rien. C'est comme si la pensée collective était "le travail est fait, on peut se détendre".
C'est un jeu dangereux bien sûr, et cela a eu pour conséquence que la France a pris le dessus et a eu 65,2 % de possession lors des 15 premières minutes de la seconde période. Le deuxième but de Lamine Yamal et le cinquième de l'Espagne, plutôt que de dégonfler les Français, ont semblé les galvaniser, et ils ont vraiment commencé à mettre la pression en fin de match.
297 passes dans la moitié de terrain adverse, dont 178 dans le dernier tiers (contre 70 pour l'Espagne), montrent à quel point le match a basculé en faveur de l'équipe qui était menée de quatre buts.
Place à Ousmane Dembélé et Bradley Barcola. Tout juste auréolés de leur triomphe en Ligue des champions avec le PSG, les deux joueurs ont commencé à exercer leur propre influence sur les débats, tous deux ayant un record commun de sept touches dans la surface de réparation espagnole, et Dembélé tentant également quatre tirs - plus que n'importe lequel de ses coéquipiers.
Désiré Doué avait fait le plus dur jusqu'à son remplacement juste après l'heure de jeu, et ses 13 duels en un contre un n'étaient dépassés que par Manu Koné (14), alors que la France semblait enfin bénéficier d'une possession de balle soutenue. De l'autre côté du terrain, Clément Lenglet (97,9 % de passes réussies) et Ibrahima Konaté tenaient bon en défense, avec trois dégagements chacun, soit le plus grand nombre pour un joueur sur le terrain.
Le superbe but de Rayan Cherki à 12 minutes de la fin - le cinquième but encaissé par l'Espagne face à un remplaçant dans la Ligue des nations 2024/2025, plus que toute autre équipe - a donné une lueur d'espoir à la France, et le but contre son camp de Dani Vivian sept minutes après son entrée en jeu a fait pencher la balance encore plus en faveur de la France.
Le but de Randal Kolo-Muani dans le temps additionnel - son quatrième dans cette campagne de la Ligue des nations - est arrivé juste un peu trop tard pour que la France puisse réaliser ce qui aurait été une incroyable remontée.
L'inquiétude de Luis de la Fuente avant la finale contre le Portugal sera que six buts ont désormais été encaissés dans les 15 dernières minutes d'un match officiel de la Ligue des nations par son équipe, soit plus que n'importe quelle autre équipe de la compétition.
Il rappellera sans doute que l'Espagne a inscrit 23 buts en huit derniers matches, mais qu'aucun joueur n'a marqué plus que Lamine Yamal, dont deux contre les Français.
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