Double médaillé d’or aux Jeux paralympiques de Paris 2024 sur 100 m et 400 m (T52), quintuple champion du monde et invaincu au niveau international, le para-athlète belge Maxime Carabin se retrouve dans la tourmente. Quatre de ses adversaires réclament en effet sa disqualification en remettant en cause la classification de son handicap.
La RTBF a mené l’enquête. Sur un premier document qu’elle s’est procuré, il est indiqué sur l’examen médical de Carabin que : « les conductions des influx sensitifs et moteurs s’effectuent de manière strictement normale au niveau de votre moelle épinière. Ces données sont entièrement compatibles avec le reste de votre dossier qui ne démontre aucune lésion structurelle au niveau de votre moelle épinière ou de votre cerveau qui serait susceptible d’entraîner une paraplégie ».
Le média belge a montré ces documents au docteur François Wang, médecin de l’appareil locomoteur et responsable du département de neurophysiologie clinique du CHU de Sart-Tilman. « L’ensemble des résultats est négatif, constate-t-il. Donc, quand on lit ça, on ne doit pas s’attendre à avoir une pathologie neurologique véritablement organique. On ne s’imagine pas qu’on pourrait avoir un déficit, sauf quand on verse évidemment dans les possibilités psychiatriques. Mais d’un point de vue purement organique et fonctionnel, les résultats sont parfaitement normaux. »
Alain Maertens, professeur de neurologie est du même avis : « Les structures sont normales et intactes. Que ce soient les nerfs, le cerveau ou la moelle épinière. On devrait donc avoir en face de nous quelqu’un qui bouge normalement, qui a une perception normale des sensibilités au chaud, au froid, à la douleur et au tact ».
Ces résultats sont confirmés par d’autres examens médicaux : un bilan urodynamique, des électromyographies (EMG) et des électroneuromyographies (ENMG) notamment réalisés dans différents hôpitaux de la province de Liège. Tous ces examens, qui évaluent la fonction des nerfs et des muscles, confirment l’absence de pathologie neurologique.
Lire aussi: Le palmarès impressionnant de Maxime Guérin
Mais dans un diagnostic établi par un neurologue liégeois en juin 2022, il est fait référence à la maladie d’Hirayama. Cette maladie ne produit pas les symptômes qui permettent d’être classé dans la catégorie « T52 », qui regroupe des para-athlètes ayant une atteinte sévère des bras et totale des jambes ou du tronc.
« Cette maladie n’affecte pas les jambes. On ne peut pas être tétraplégique avec une maladie d’Hirayama, ce n’est pas possible », explique le professeur Maertens. « La maladie d’Hirayama ne touche que les membres supérieurs et en principe un seul d’entre eux. Il n’y a donc aucune raison d’être en chaise roulante, ajoute François Wang.
En Belgique, tous les médecins classificateurs qui ont examiné Maxime Carabin ont considéré qu’il n’était pas éligible à la pratique du handisport de compétition en Belgique. Il a pourtant obtenu une classification au niveau international, en juin 2022
Interrogé par la chaîne de télévision belge, Maxime Carabin a regretté « qu’impuissants à le vaincre sur la piste, ses adversaires choisissent, pour tenter de l’abattre, la voie de la calomnie » et affirmé qu’il n’était pas au courant des plaintes de ses adversaires étrangers.
Il ajoute : « C’est une maladie rare, que j’ai eue suite à un petit accrochage en 2019 et donc ma moelle épinière ne fonctionne plus comme elle devrait le faire. Ça atteint très fortement mes membres supérieurs et les membres inférieurs sont touchés par cascade. Donc je suis en chaise comme une personne tétraplégique. Je n’ai pas de lésion nette, précise, mais la moelle a été touchée par une amyotrophie avec des noms très spécifiques. »
Lire aussi: Portrait de Maxime Guerin, archer handisport et athlète paralympique.
Il a également évoqué la maladie d’Hirayama : « C’est le nom un peu plus simplifié. Et donc, comme je le disais, vu que c’est une atteinte au niveau des cervicales, ça fait une cascade, et puis suite à l’accident que j’ai eu, ça n’a pas aidé ».
Dans ces conditions qui de l’avenir de la carrière de Maxime Carabin ? « La suite va dépendre de l’analyse qui sera faite par World Para Atlhetics et l’IPC, indique le Comité paralympique belge, toujours à la RTBF. Ce sera à eux d’estimer quelles sont les suites à prendre. Maxime a une classification internationale qui est valable aujourd’hui. Est-ce qu’elle le restera demain ?
Lire aussi: Michel Thalmensy : Biographie
tags: #maxime #carabin #handball #carrière