L'expression "les mots sont des pistolets chargés" est une citation de Jean-Paul Sartre qui affirmait que "les mots sont des pistolets chargés". Cette question renvoie à une citation de Jean-Paul Sartre qui affirmait que "les mots sont des pistolets chargés". On dit souvent que les mots sont comme des pistolets chargés. On devrait dire, comme des balles de pistolet. Les participants du café philo seront invités à s'interroger sur ce qui fait la puissance du mot et de l’importance du langage.
On assure que les premiers du genre, apparurent en 1461 en Angleterre, lors de la bataille de Townton qui vit s’affronter les maisons royales de York et de Lancaster.
De quels types de mots parle-t-on ? D'oralité ou d'écrit ? De quel sorte de pouvoir parle-t-on lorsque l’on pense aux mots ? Le poids des mots a-t-il été supplanté aujourd’hui par le choc des images ? Les mots fusent comme des « pistolets chargés ». Car les films de Bernard-Henri Lévy interpellent à la fois pour ce qu’ils dévoilent et pour ce qu’ils ne montrent pas. On se souvient en effet de Sartre citant Brice Parain : les mots fusent comme des « pistolets chargés ».
Depuis Les choses humaines, j’érige le roman en espace de réflexion et de débat sur notre société non plus dans un simple souci de dévoilement, de véracité, mais de transformation. Dans ce sens, je me sens proche d’un écrivain comme Roberto Saviano qui utilise l’écrit comme une force de changement.
Si vous n’écrivez pas bien, c’est que les circonstances ne vous ont pas sollicité de mettre votre salut dans les mots. […] Il n’y a pas de don d’affabulation : il y a la nécessité de détruire virtuellement le monde parce qu’on se trouve dans l’impossibilité d’y vivre.
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Sartre est devenu écrivain parce que pour lui l’écriture était fuite et issue tout à la fois, la seule porte qu’il lui était possible d’ouvrir dans le mur d’une existence (et d’une profession) sans futur. La poésie chez Sartre servira tout autant de pierre de touche à l’engagement du prosateur (il saura qu’il est engagé précisément s’il ne se contente pas de faire des vers, pour l’amour des rimes) que de double esthétique à l’expression picturale (le peintre, comme le poète, ne peint que pour peindre). Remarquons à cet égard que Sartre semble ici reprendre la formule d’Horace : « ut pictura poesis » (la poésie est comme la peinture), tirée de son Art poétique, même s’il n’en déduit pas la même rigidité académique que les artistes de la Renaissance. Il confère également par là le rôle d’éclaireur à la poésie sur le continent des arts non-signifiants, celle-ci servant d’expérience frontalière entre le langage et l’art.
Lorsqu’on fait appel à la liberté pour créer un poème sans pour autant changer le réel, pour le pur plaisir de la contemplation ou de la jouissance esthétique, c’est incontestablement le signe que l’on transforme la création en un épiphénomène qui, faute de dévoiler et de transformer le monde, essaye « de le copier le mieux possible, avec des mots, comme le peintre réalise la copie avec des couleurs ». L’absence de modification du réel sépare ainsi la poésie de la prose tout en permettant à la peinture et à la poésie de converger vers une même forme d’expression : le poète est « quelqu’un qui utilise les mots d’une autre manière » que le prosateur, « c’est-à-dire en tant qu’ils sont des objets dont l’assemblage produit certains effets, comme des couleurs sur une toile en produisent ».
Par ailleurs, ce qui distingue la poésie de la prose rapproche la prose de la politique : la littérature serait un appel à la liberté de l’autre, cherchant à nommer le monde pour le transformer, sans pour autant recourir à une violence inutile. Mais, du coup, victimes collatérales de cette rigidification de l’engagement littéraire, peinture et poésie semblent exclues de cette reprise en charge du monde par la liberté humaine : si le véritable écrivain « n’écrit pas … ne parle pas dans le désert », si la véritable libération ne se fait pas « en faisant des poèmes ou par une embrassade générale des gens, un beau jour », alors les beaux arts se voient expulsés hors du champ de la praxis vers celui de l’exis. La logique de la praxis veut qu’il y ait dépassement d’un objet (le mot) et son intégration dans une totalisation qui le dépasse (l’idée ou l’action), alors que la poésie opère une boucle à l’intérieur de la langue, identifiant les mots à des choses.
Tel semble bien être le leitmotiv du premier chapitre de Qu’est-ce que la Littérature ? intitulé « Qu’est-ce qu’écrire ? » : il repose sur un double mouvement d’affirmation de la prose comme action véritablement « significative » et de rejet de la poésie/peinture dans la « non-signification ». Comme son titre l’indique, il s’agit alors d’analyser le geste de l’écrivain et sa façon de manier la langue, de se servir des matériaux qui sont à sa disposition : on touche là à une ontologie de l’écriture (qu’est-ce qu’écrire ?) tandis que les autres chapitres se concentreront plutôt sur la vocation existentielle et intersubjective de l’écriture (« Pourquoi écrire ? », et « Pour qui écrit-on ? »). Or, la différence fondamentale entre le prosateur et le poète consiste justement dans l’exploitation de la matière des mots.
Pour clarifier le problème du langage, nous emploierons ici le vocabulaire de la linguistique saussurienne, même si il ne correspond pas de bout en bout au glossaire sartrien. Si le langage est un système de signes visant à exprimer et à communiquer un contenu de significations (choses ou idées que nous nommerons le signifié) à travers un matériau phonique, visuel ou scriptural (le signifiant), alors la prose consiste, selon Sartre, à utiliser des signifiants pour viser des signifiés, sans pour autant prendre conscience des premiers en tant que tels ni s’arrêter à leur forme : bien au contraire, portés par nos idées, nous passons par-dessus les mots. Sartre, dans son article sur la musique de Leibowitz, précisera qu’un « objet est signifiant lorsqu’on vise à travers lui un autre objet », ce qui conduit l’esprit à ne pas prêter attention au signe.
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Ce dernier, pris dans sa matérialité, n’est alors qu’un « véhicule d’idées » que nous oublions au moment même où nous lui faisons accomplir sa fonction : « le regard, dans la prose, traverse le mot et s’en va vers la chose signifiée ». Le mot s’efface au profit de la signification, comme s’évanouissait l’analogon pictural au profit de l’image-objet, dans la première théorie de l’imaginaire. La prose implique ainsi un usage transitif et utilitaire du langage, puisque le mot n’est que le moyen d’autre chose ; à peine est-il prononcé, écrit ou lu, nous l’abandonnons aussitôt au profit de la chose qu’il désigne, suivant le fil conducteur que nous avons tracé entre le mot et l’idée ; le signifiant n’est qu’un jalon, une borne matérielle laissée au bord d’une route linéaire à sens unique.
Sartre fait ici un usage purement technique du concept de « signifiant » ; cantonné à la matérialité du signe, il devient inséparable de la « signification » ou du « signifié » qu’il permet de viser : un objet est dit « signifiant lorsqu’on vise à travers lui un autre objet », autrement dit le signifiant n’a pas d’existence propre, séparable ou absolue. Signifiant sacrifié sur l’autel des idées, il n’est qu’un objet relatif à un autre. Il s’efface même jusque dans sa définition grammaticale : le participe présent « signifiant » indique une action en train de se dérouler sous nos yeux, simultanément au regard qui l’observe ; invariable donc impersonnel, il n’est qu’un point de passage, une transition inessentielle vers une finalité plus essentielle : il n’existe qu’ « en passant ». En revanche, le « signifié », participe passé, nous indique que quelque chose a été dépassé et qu’une finalité tout autre a été atteinte.
Il est vrai, rappelle Sartre en s’inspirant de Brice-Parrain, que les mots sont comme des « pistolets chargés » ; ils visent une cible et une fois le coup tiré, doivent l’atteindre avec précision ; si nous devons utiliser les mots comme des armes, « il faut que ce soit comme un homme, en visant des cibles et non comme un enfant, au hasard, en fermant les yeux et pour le seul plaisir d’entendre les détonations ».
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