Le 25 avril 1974, au Portugal, la révolution des Œillets fait chuter la plus longue dictature d’Europe. Des milliers de Portugais marchent ensemble vers leur destin pour écrire, la fleur au fusil, une sublime histoire d’union, d’amour et de paix. Ces hommes et ces femmes réussissent ainsi à gagner leur liberté sans qu'aucune goutte de sang ne soit versée. C’est l’histoire d’une démocratie qui se gagne par l’union d’un peuple et qui se conquiert avec des fleurs. C’est l’histoire d’un amour qui naît au confluent de la réalité et d’un rêve.
À travers ce spectacle, Le Grenier de Babouchka a voulu célébrer l'anniversaire des 50 ans de la Révolution des Œillets au Portugal. La compagnie « Le Grenier de Babouchka », a été créée au printemps 2003. « Babouchka », c’est la « grand-mère » en russe. Par une mise en jeu dynamique, accessible et rigoureuse, la compagnie redonne vie et légèreté à un patrimoine pouvant être jugé massif et élitiste.
Quand son petit-fils ignorant tout de cette histoire questionne Céleste, une émigrée portugaise en France, elle décide de replonger dans la suite d’évènements ayant mené à la révolution des Œillets dans sa jeunesse. C’est le récit d’une révolution qui a fait chuter la plus longue dictature d’Europe sous le régime de Salazar et de l’union d’un peuple qui a établi une démocratie sans violences, descendant dans la rue en portant une fleur dans le canon de leur fusil. C’est l’histoire d’un peuple épris de liberté qui sonne comme une utopie, pourtant tout est vrai.
Figurez-vous un acteur seul en scène avec pour tout accessoire une chaise qui veut vous faire vivre la révolution des Œillets. Vous vous souvenez de ce soulèvement national au Portugal qui va mettre fin au régime dictatorial de Salazar. Une révolution sans goutte de sang, sans tir d’arme à feu. À cette époque, le Portugal est en guerre en Angola, il faut y envoyer des hommes. Au pays, c’est le règne de la police qui arrête à tour de bras.
Lionel Cecilio va interpréter les personnages de tous bords, il va, tournoyant, aller de l’un à l’autre avec vivacité et exactitude. La scène vide se remplit d’imaginaire et nous transporte dans un autre temps, la révolution s’instaure peu à peu sans fracas, des espoirs sont permis. Lionel Cecilio est fulgurant de justesse, de précision, il n’a besoin d’aucun support. Il est là, au centre de la scène, bien vivant, jouant une foultitude de personnages, allant de l’un à l’autre sans répit mais avec une fougue extraordinaire.
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Comment raconter une révolution seul en scène, c’est impensable et pourtant il réussit le pari, sublimant une histoire. Bravo pour la performance. Dans "La Fleur au Fusil ", la scène est habitée par une performance magistrale qui nous transporte au cœur de la Révolution des Œillets. La mise en scène est d'une élégance rare, conjuguant sobriété, juste une chaise pour tout décor et force évocatrice, où chaque geste et chaque mot résonnent avec une profondeur inégalée. Ce récit, riche en émotions et en humanité, nous plonge dans un passé vibrant de luttes, de rêves et d'espoirs. Le texte, d'une grande poésie, est magnifié par une interprétation qui mêle à la fois délicatesse et intensité. À lui seul, il incarne tous les personnages sans jamais nous perdre : Céleste âgée et jeune, son petit-fils, son frère Chico, son amoureux Zé mais aussi la police du régime de Salazar usant de manière fréquente de la torture et bien d’autres, plus hauts en couleur les uns que les autres.
C’est un récit cousu d’or du début à la fin, nous captivant, si bien retranscrit et provoquant tant d’émotions que par moments, c’est comme si nous y étions. Les répliques en portugais se mêlent harmonieusement à celles en français, nous berçant avec ce si bel accent presque chantant. On suit le combat de ces personnages qui rejoignent la résistance, manquant de tout mais certainement pas d’amour ni d’espoir et on s’attache à eux. On passe du rire mais surtout aux larmes dans des moments dramatiques chargés en émotions. Malgré tout, ce n’est pas une quête de vengeance mais l’histoire d’un peuple muselé, épris de justice, qui s’unit poussé par un irrépressible besoin de liberté.
La mise en scène composée d’une chaise au centre de la scène, bien que simple, est efficace et permet de mettre en relief tout le talent et la sensibilité du jeu du comédien. Ce spectacle résonne en chacun de nous, étant encore d’actualité aujourd’hui puisque la liberté n’est pas acquise partout, poussant des peuples à s’unir pour tenter de tendre vers cet idéal. C’est une belle leçon de vie et un message de paix, montrant qu’une autre voie que celle de la violence est possible.
Voici quelques critiques de spectateurs ayant assisté à "La Fleur au Fusil" :
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