25 octobre 2024Martin Terrier est pauvre, esseulé, bête et méchant, mais après avoir pratiqué dix ans le métier d'assassin, il est bien décidé à changer tout ça.
Martin Terrier, alias Christian, va donc essayer de quitter la Compagnie (non nommée mais subodorée) qui l'emploie comme tueur à gages pour se retirer à Nauzac où il compte retrouver la femme de sa vie.
Son projet est simple : retrouver son amour de jeunesse, Anne, et partir sous les tropiques vivre une vie de pacha. Sauf que M. Cox, son employeur n'est pas d'accord et veut lui confier un dernier contrat.
Dès lors, le jeu de massacre peut commencer, croître et embellir! Le bal des barbouzes et des cadavres est ouvert, dans lequel Martin Terrier va rendre les coups...
Martin Terrier souhaite mettre un terme à sa carrière de tueur à gages. Il part récupérer Anne, son amour de jeunesse à qui il a demandé de l'attendre dix ans. Grâce à son pécule, il projette de se retirer avec elle dans un endroit calme, sans conflit, au climat doux. Mais très vite, cela va s'annoncer plus compliqué que prévu. Alors qu'il s'engage sur l'autoroute, il s'aperçoit qu'il est suivi.
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Tueur à gages depuis dix ans, Martin Terrier décide de lâcher le métier. Son plan : se retirer dans la ville où il a été élevé, s’installer avec celle à qui il a fait promettre de l’attendre - le temps qu’il fasse fortune. Mais le fric qu’il a placé est dilapidé, la femme s’est mariée, la famille d’une de ses anciennes victimes tente de lui faire payer son crime. Il reprend du service.
Sa mission : abattre au fusil à lunettes une personnalité étrangère en voiture, quelques minutes après sa sortie du palais de l’Élysée. Un contrat piégé, devine-t-il.
Il rentre à Paris, largue sa petite amie Nora et récupère son chat, Soudan. La femme le prend mal. Seulement, Alice s’est mariée avec un autre, entretemps. Seulement, il y a des gens à ses trousses : des gens qui ont abattu son ex-petite amie et éventré son chat.
Même si le thème du tueur à gage aux abois poursuivi par d'autres tueurs n'est pas nouveau, la "patte" Manchette en fait tout le sel et l'intérêt.
Alliant précision, sang-froid et détermination... Gloups Ecoutez. je pense qu'il faut se détendre un peu en buvant un coup.
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Manchette sait y faire pour nous faire plonger dans l'atmosphère. Un polar à la saveur d'un de ces bons vieux films en noir et blanc, du jazz pour accompagner les scènes d'action, le tout saucé d'un peu d'humour -noir- il va s'en dire.
J'ai été emporté par le flow du style de Manchette. Le récit tout en action est décrit par des phrases courtes et rythmées. Ici, pas de place pour la psychologie. Les états d'âme des personnages sont indiqués par de menus signes : une mâchoire crispée, des poings serrés, une roseur sur les joues, une immobilité inquiétante.
C’est l’écriture de Jean-Patrick Manchette qui me laisse cette impression de « glacé ». Glacé au sens où le papier est glacé par exemple ; brillant, aux contours bien dessinés, et à la vie comme figée. Les traits et contours sont nets et parfaitement définis, ne laissant pas de place au doute, à l’impondérable … Un peu ce qu’est une photo à un bout de film. Esthétiquement plus accompli mais sans la vie.
C’est le dépouillement du style, sans aucun doute, qui génère cette impression.
Comme dans ses romans précédents, Manchette précise les marques des voitures, des armes, des cigarettes et des alcools. Pour introduire un personnage, il écrit par exemple : « un type lisait le Monde diplomatique dans une 404 ( )» Il glisse des références au cinéma et à la musique, évoque Régis Debray.
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La violence est omniprésente et souvent spectaculaire : « le crâne de Dubofsky, fendu, troué et mis en morceaux comme une coquille d'oeuf dur, heurtait le trottoir avec un bruit grumeleux.» Même l'amour revêt une certaine forme de bestialité, on saisit sa proie plus qu'on ne la séduit.
Il y a pourtant un air de je-ne-sais-quoi, avec ces quelques notes de musique accompagnées d'un bon whisky et d'un goût de romance qui donnent à l'histoire (et à Terrier) pas mal de piquant et d'intérêt. C'est rapide et efficace comme le tir d'un silencieux, et bien plus politique et social qu'il n'y parait.
Phrase courtes, des uppercuts, personnages simples, c'est finalement très cinématographique comme récit. Le contexte, un peu daté, la France des années 70, donne un petit charme supplémentaire à cet excellent polar.
Classique du polar français, La position du tireur couché est le dernier roman achevé de Jean-Patrick MANCHETTE. Comme souvent dans l'oeuvre de MANCHETTE, l'intérêt de son récit se situe moins dans le sujet traité que dans la manière de l'aborder. L'auteur s'inscrit en effet dans la plus pure tradition du behaviorisme, ou comportementalisme ; en d'autres termes il privilégie la psychologie à l'action dans sa narration, et analyse finement l'interaction de son personnage principal avec le milieu dans lequel il évolue.
En toile de fond le lecteur identifiera une critique sociale mordante, en particulier celle d'une société bourgeoise individualiste qui refuse tout ce qui ne lui ressemble pas. Il s'agit-là d'une thématique conforme aux opinions d'extrême gauche connues et assumées de Jean-Patrick MANCHETTE.
L’écriture est sèche : le commentaire off et les dialogues sont factuels. Pas d’émotion. Un monde froid, médiocre, peuplé de brutes vulgaires et de femmes laides que traduit remarquablement le dessin noir et blanc de Tardi. Le trait est toujours aussi précis pour restituer les décors et automobiles des années 70 et animer des trognes d’êtres tous aussi antipathiques les uns que les autres.
Un jeune tueur à gages à la solde des services secrets américains et français a décidé de prendre sa retraite pour retrouver celle qu'il aime et qu'il a laissé dix ans auparavant en cédant aux conventions sociales. Mais on ne démissionne pas de ce type de job comme démissionne une caissière chez Carrefour ou un employé de bureau dans un cabinet comptable. Beaucoup de morts et de sang vont passer sous les ponts jusqu'à que le héros finisse comme son père avec une balle dans la tête qui ne le tue pas mais le rend complètement abruti et inoffensif.
Et bine oui, Manchette est un grand du roman noir pour qui aussi la littérature est au service de l'histoire à raconter ! La littérature sert de mise en scène à son histoire. En plus il nous replonge dans cette France des année 70 après les grande trahisons des hommes politique d'alors de l'époque envers De Gaulle. Les nouveaux hommes politique apparaissaient Pompidou, Giscard, Mitterrand !
Tardi a aussi travaillé avec Manchette de son vivant sur Griffu (casterman). Une nouvelle fois, Tardi nous surprend par cette adaptation fidèle de l’œuvre de Manchette. Ce récit nous parle d’un homme qui n’a pas connu une vie facile, qui est devenu un mercenaire puis un tueur et qui, à 30 ans, veut prendre sa retraite. Le comportement et le passé de cet homme font que les ennuis ne vont pas tarder à lui tomber dessus.
Le lecteur se laisse prendre par ce récit qui vire au massacre par moments. Car il y a quelques morts dans ce livre, dont un corbeau et un chat ! Tardi signe donc une nouvelle adaptation fort réussie.
Tardi est un dessinateur hors pair, au style unique, et qui est un adepte du noir et blanc. Comme souvent, il sait coller une ambiance avec son noir et blanc, il sait faire ressortir quand il faut la lumière et créer une atmosphère avec le noir. Ses personnages ont toujours autant de présence et de la "gueule". Chez Tardi, les gens ont des têtes que l’on n’oublie pas comme ça.
Quand Jacques Tardi adapte Jean-Patrick Manchette il se créer une alchimie toute particulière, une puissance qui transporte le lecteur dans un très grand moment de bande dessinée. La position du tireur couché est un polar noir, très noir même et toujours teinté de ce cynisme qui sied si bien à ces deux auteurs. D’une violence brutale et rugueuse, le récit est aussi sombre que l’âme des personnages qu’il met en scène.
Graphiquement, tant dans la mise scène que pour dessin en lui-même, Tardi m’impressionnera toujours. C’est une atmosphère unique qui se dégage de chacune de ces planches et qui nous envoûte et nous porte sans que l’on s’en rende compte, et c’est en cela peut-être que réside le très grand talent de Tardi.
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