Dans l’univers des armes à feu, peu de noms évoquent autant d’histoire et de prestige que Winchester. Ces fusils légendaires ont traversé les époques en conservant leur aura mythique. Les carabines Winchester à levier de sous-garde constituent une innovation majeure dans l’histoire des armes à feu. Ce système ingénieux permet d’éjecter une douille et de recharger rapidement tout en maintenant la cible dans le champ de vision.
Fondée en 1866 par Oliver Winchester à New Haven dans le Connecticut, la Winchester Repeating Arms Company est née d’une reconversion étonnante. Avant de transformer l’industrie des armes à feu, Oliver Winchester était fabricant de chemises !
La marque Winchester s’est rapidement imposée comme un symbole incontournable de la conquête de l’Ouest américain. Son succès fut notamment propulsé par le soutien de Buffalo Bill, qui n’hésitait pas à affirmer que les armes Winchester étaient tout simplement les meilleures.
Parmi les nombreux modèles produits par Winchester, certains se sont distingués par leur impact historique et leurs qualités techniques.
Les calibres Winchester ont également contribué à la réputation de la marque.
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Les fusils Winchester se caractérisent par leur levier d'armement. Ce mécanisme permet d'éjecter la douille vide très rapidement et en même temps de charger une nouvelle cartouche dans la chambre par un mouvement de va-et-vient du levier actionné par l’utilisateur. Le prochain modèle qui fut aussi très populaire sortit en 1873.
C’est en 1895 que l’un des plus grands génies de l’industrie armurière, John M. Browning, crée cette munition pour le modèle 94 de la firme Winchester dont il est alors employé. La nouvelle carabine à levier de sous garde de la marque au cavalier chambrera cette nouvelle munition qui est une des premières munitions à poudre sans fumée mises au point sur le continent américain.
Cette nouvelle munition est donc mise au point pour une arme à chargeur tubulaire, elle ne devra donc porter que des balles a nez plat, Flat Nose (FN) et Flat Point (FP): à nez rond, Round Nose (RN) et à pointe creuse, Hollow Point (HP), ceci pour éviter toute percussion accidentelle de l’amorce d’une munition par la balle placée derrière dans le chargeur lors du recul engendré par un tir.
Cette balle de calibre .30 et d’un poids compris entre 125 et 170 grains (8,10 à 11 grammes), sera montée sur un étui à bourrelet de 51,80 mm avec un collet particulièrement long (12,11 mm) pour garantir le sertissage de la balle pendant le recul lors du tir alors que la munition est en magasin et va donc s’entrechoquer avec les munitions qui la précèdent et la suivent.
La longueur totale de la munition de 30-30 est de 64,77 mm. La pression admissible maximale CIP est de 3200 bars ce qui en fera une munition plutôt douce à tirer. Ses performances balistiques avec une balle FP de 170 grains sont de 660 m/s à la sortie du canon pour une énergie d’environ 2500 joules.
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Rapidement, dés la sortie du modèle 94 par winchester en calibre 30-30, ce couple arme et munition va entrer dans l’histoire et sera copié par plusieurs fabricants. Un des principaux concurrents de Winchester, Marlin, décidera dans les années suivantes de chambrer sa carabine à levier de sous garde modèle 1893 pour le calibre 30-30 Win qu’elle dénommera dans son catalogue calibre 30-30 Smokeless (sans fumée).
Le 30-30 sera utilisé pour la chasse de tous les grands mammifères nord américains et deviendra populaire en Europe pour la chasse en battue du grand gibier dés les années soixante. De plus, cette cartouche sera appréciée de nombreux tireurs sportifs ou de loisir qui y trouveront une munition douce, précise jusqu’à plus de 100 mètres et peu onéreuse.
Les tout premiers modèles 1894 étaient chambrés avec des munitions à poudre noire (.38-55 et .32-40) avant de l’être en .30- 30 à poudre sans fumée avec l’apparition du « nickel steel barrel », canon en acier au nickel. La 1894, dont la production dépasse les 7 millions d’exemplaires, a été fabriquée pendant 112 ans dans de nombreux calibres et configurations par l’usine Winchester de New Haven jusqu’en 2006, puis de nouveau fabriquée depuis 2010 par Miroku au Japon pour le compte de la FN-Herstal-Browning, propriété de la Wallonie en Belgique.
En effet, lors de la WWI, l’Armée Française, soucieuse de réserver les fusils pour le front et de se doter d’armes légères à répétition, acquit ces armes pour les destiner au « Train ». Ces carabines ont été fabriquées à New Haven en 1913 pour la plupart. On peut dire que la Winchester 1894, aussi improbable qu’elle parut venue du "Far West", s’est avérée appropriée à l’usage qu’on lui avait réservé dans l’armée de la Grande Guerre. Malgré son affectation militaire avérée, on peut s’étonner qu’elle ne soit pas homologuée pour participer aux compétition de Tir Aux Armes Réglementaires.
Le fusil Winchester modèle 1911 est un fusil de chasse semi automatique à long recul de canon. C’est le dernier de la série des Self loading commencée en 1903 avec la petite carabine en calibre .22 auto (les cartouches .22LR étaient encore chargées majoritairement en PN et l’encrassement naturel aurait rapidement bloqué le fonctionnement. Winchester avait donc sorti une cartouche calibre .22 basée sur une réduction en longueur de leur .22WRF et chargée en poudre pyroxylée).
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La série s’est poursuivie avec des armes à percussion centrale. En 1905, c’étaient les .32 WSL et 35 WSL, présentant la particularité (reprise par la suite en 1907 et 1910) d’être des blow back, c’est-à-dire à culasse non verrouillée, le tarage du ressort récupérateur créant un retard d’ouverture suffisant jusqu’à la chute de pression consécutive à la sortie du projectile hors de la bouche du canon. La cartouche de .32 WSL a servi de base à la célèbre .30 M1 Carbine par suppression du bourrelet, augmentation de la pression et diminution du poids du projectile, passant de 165 grains (!) à 110. Au passage, la .32 WSL ferait une fantastique munition pour utilisation avec un modérateur de son.
La cartouche de .35 WSL a eue une évolution moins tardive car, allongée, elle s’est transformée en .351 WSL, la plus connue de la famille.
C’était encore deux ans plus tard, en 1907, que Winchester présentait sa petite dernière, en .351 donc. Toujours blow back, toujours avec un chargeur de 5 coups, toujours démontable en deux parties avec une vis imperdable, crantée et ne nécessitant pas d’outil, s’armant toujours par pression sur une tige sous le canon en avant du fût. Unique en fera un copié-collé avec sa X-51, bis ou non. Et bien sûr avec son acier au nickel, dur à la peine, et résistant mieux à la corrosion. Bref, une réussite qui se poursuivra jusqu’à l’après-guerre.
Trois ans plus tard, les ingénieurs du bureau R&D de chez Winch remettent le couvert avec la fantastique #1910 en calibre .401 WSL. Une munition de rêve (les performances de la .44 Mag avec + de 40 ans d’avance) présentée en deux poids : 200 grains et 250 grains. Sangliers, bonjour ! Mais peut-être trop en avance sur son temps, cette 1910 restera la plus rare du lot. Sa munition aura par contre une descendance fulgurante : la célébrissime 7,62 X 39. Oui ! La cartouche de l’AK n’est pas autre chose qu’une .401 WSL à collet rétreint. Mikhaïl n’a rien inventé. La raison en est très simple : à l’époque, les USA et les Soviétiques étaient alliés (j’en vois qui rigolent au fond de la salle ! Révisez vos cours d’Histoire ). Par conséquent, le pays allié devait être à même de fournir des munitions rapidement au cas où le besoin s’en ferait sentir. Or, la réduction du collet est la dernière opération avant chargement dans la fabrication d’un étui.
Et l’année d’après, en 1911, sortait, enfin, le fusil de chasse semi-automatique que Winchester étudiait depuis des années. Et pour cause ! Contournant tous les brevets du Browning Auto 5 commercialisé dès 1903, cet invraisemblable semi-automatique démarrait avec des années de retard une diffusion homéopathique face à une concurrence quasi hégémonique. De loin, il a l’air d’un banal fusil semi-automatique. Mais il trompe son monde !
Pour commencer, ne cherchez pas le doigt d’armement sur la culasse car il n’y en a pas, de doigt. Il est remplacé par …le molletage du canon. Oui ! On arme ce fusil en tirant (fermement) le canon vers l’arrière. Fermement, car ce faisant on actionne deux ressorts : le récupérateur de la culasse (OK, normal) plus celui du canon. Les deux additionnés nécessitent une certaine énergie qui lui sera fatale en lui donnant le surnom peu enviable de widowmaker (le faiseur de veuve ). Ajoutez à ça une complexité mécanique peu commune (c’est très difficile de contourner une batterie de brevets en simplifiant les choses !) et vous comprendrez sa rareté. Je crois que les derniers accidents mortels avec cette arme remontent à moins de 20 ans.
La photo explique les drames : le gars rentre de la chasse en n’ayant pas tiré un seul coup de fusil (ça arrive). Et pour décharger son arme, il n’a pas d’autre choix que de faire 5 (4 coups + 1) aller-retour du canon. Dès lors qu’on a une coquetterie quelconque à l’épaule ou au bras, c’est mission impossible. Donc notre chasseur mets la crosse à terre, prends le canon à deux mains et pousse de tout son poids. La tête de notre chasseur est bien proche de la bouche du canon et si le percuteur fait un peu saillie, l’identification du corps est rendue bien difficile…
Comme vous le verrez sur les photos, l’arme est équipée de grenadières car elle a été commercialisée par Manufrance, qui importait Winchester. Et la Manu demandait cette option ce qui faisait précéder le numéro de série par la lettre A (en loupe sur la photo). Il est amusant de voir la ribambelle de brevets sur le canon…
Enfin, la crosse, objet de départ de cette présentation est un ensemble de trois éléments collés entre eux, bien visibles sur la photo. Le bouton sur la boîte de culasse sert à bloquer la culasse en arrière et/ou à la renvoyer en avant.
Et, pour la même raison, une fois chargé, difficile de savoir où on en était…sinon se remettre de nouveau en danger en trifouillant le canon d’avant en arrière ! Winchester qui avait donc raté la vague des premiers semi-autos, ne revint sur le marché que bien plus tard, et encore en tâtonnant pas mal comme nous venons de l’expliquer dans l’envoi précédent, avec les modèles 50 et 59 après-guerre, et enfin le 1400 cette fois bien plus abouti.
Aujourd’hui, les fusils Winchester continuent d’exceller dans diverses applications. Pour la chasse : Ils sont particulièrement appréciés pour leur fiabilité et leur précision. Le calibre .30-30 reste efficace sur les sangliers jusqu’à 50 mètres et s’avère idéal pour le chevreuil avec les chargements courants.
Dans le domaine du tir sportif : La précision et la fiabilité des Winchester en font des choix populaires, notamment dans le Cowboy Action Shooting où l’authenticité historique est valorisée.
Winchester s’est imposée comme une référence grâce à des armes fabriquées à partir des meilleurs matériaux, offrant une grande précision et une robustesse remarquable.
En arrivant à la Boverie, vous plongez dans 135 ans d’histoire et de savoir-faire du Groupe FN Browning. On y découvre plus de 250 pièces rares issues des collections de FN Herstal, Browning et Winchester. Parmi les raretés, vous pourrez admirer le premier prototype du Browning Auto-5, la carabine Winchester modèle 1873 ayant appartenu à Buffalo Bill (de son vrai nom William Frederic Cody), un calibre .44.
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