Holland & Holland incarne le summum de l’excellence britannique dans la fabrication d’armes fines et de vêtements pour la chasse de luxe. Fondée en 1835 par Harris Holland dans les rues prestigieuses de Londres, cette maison symbolise une tradition d’artisanat hors pair, où chaque fusil et chaque accessoire porte la marque indélébile du soin méticuleux et de l’attention au détail.
En visitant la boutique Holland & Holland, le connaisseur est immédiatement transporté dans un monde de raffinement et de classe sylvicole. Du tactile doux des tissus soigneusement choisis pour les vêtements, aux bois nobles et métaux polis des fusils, chaque élément est sélectionné pour garantir une qualité supérieure et une expérience sans égal.
Les clients de Holland & Holland n’achètent pas simplement un fusil; ils investissent dans une pièce d’héritage, une œuvre d’art fonctionnelle mise au point par des mains expertes. Chaque pièce est conçue sur mesure, en harmonie avec les mesures et préférences personnelles du propriétaire, et se distingue par sa gravure élaborée, son ajustement impeccable et sa performance inégalée sur le terrain.
Au fil du temps, Holland & Holland a su conserver son engagement envers l’excellence artisanale tout en adoptant les innovations nécessaires pour répondre aux exigences modernes de la chasse et du tir sportif. Il y a la chasse : une activité aussi vieille que l’humanité. L’homme n’a jamais cessé de la faire évoluer, jusqu’à Alphonse Allais, qui conseillait en 1905: « Pour la chasse aux lions : vous achetez un tamis et vous allez dans le désert. Là, vous passez tout le désert au tamis. Quand le sable est passé, il reste les lions. »
Mais au fond, n’importe quelle chasse n’est que la rencontre d’un homme et d’un animal sauvage et l’issue de ce face-à-face ne varie guère, même si, au fil des siècles, les techniques évoluent.Il y a la chasse, disais-je, mais aussi l’après chasse, avec ses histoires : celles que l’on raconte à ses amis quand chacun revit et enjolive sa journée, et celles qui sont publiées dans les journaux locaux, les revues de sport, et même celles de mode.
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Je vous propose de les feuilleter avec moi. Les chasses royales Je ne ferai que citer ici un type très particulier de récits , puisqu’ils n’étaient pas destinés à être publiés : les comptes rendus établis par la Vénerie Royale. Tenus sur un registre spécial, ils ont été retranscrits sur un état officiel soumis régulièrement au roi à partir de 1743.
Ces informations, d’une grande concision, ont d’abord un intérêt historique, car elles nous permettent de connaître l’emploi du temps du roi ou de certains personnages de sa cour. Elles ont aussi un grand intérêt topographique, puisqu’on y suit la modifications des allées, la mise en eau ou le comblement d’un étang, les variations toponymiques.
« 1774. Pas de chasses à Rambouillet; en février, maladie épidémique de la Grande Meute (cinquante-neuf chiens morts). 14 avril. Dix cors dans le Manet, manqué aux Hogues dans les Yvelines. 7 juin. Dix cors dans le bois de Quinquempoix, pris dans les bois d’Hollande, forêt de Saint-Léger. »
On sait que Louis XVI rédigeait lui-même ses relations de chasse, en s’inspirant de cartes qu’il corrigeait et actualisait de sa main, et leur précision permettait de connaître très exactement l’itinéraire des cerfs et leurs « refuites » dont l’anticipation est nécessaire pour déterminer l’emplacement des meutes.
Chaque équipage, comme celui de la duchesse d’Uzés, tient de même l’historique de ses chasses.« 17 janvier 1933. La Bâte. Dix cors attaqué dans les bois de Bandeville, passe à la Rotonde, à la Pyramide, bat l’eau dans la Remarde, près le Val Saint-Germain, remonte à la Pyramide et à Crâne, à l’étang des Préaux, longe le mur du parc de Bandeville, suit la rivière jusqu’à la Bâte, tient les abois dans l’eau et blesse 2 chiens avant d’être servi. C’est le 2.056 cerf et dernier forcé par l’équipage du vivant de la duchesse d’Uzès. »
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Il s’agit cette fois des articles dont la presse est friande durant tout le XXème siècle. On y décrit avec admiration le nombre de pièces tuées : aujourd’hui 600 faisans chez le baron de… Hier trois cerfs Sika et 12 sangliers au château de… Le public raffole de ces statistiques.
Ce n’est jamais le chasseur qui est valorisé par ces articles. Il est rare, au reste, que la participation de chacun dans le tableau global puisse être déterminée. Dans notre France rurale, la chasse n’est pas un marqueur social.
Depuis 1891, le catalogue de la Manufacture française d’armes de Saint-Etienne est dans tous les foyers, et le Chasseur français créé en 1885 est diffusé à plus de 160 000 exemplaires en 1912. Et naturellement ce n’est pas non plus l’animal qui est au centre de l’histoire : il n’est qu’une unité dans une statistique. Comme le dit un proverbe africain «Aussi longtemps que les lions n’auront pas leur historien, les récits de chasse tourneront toujours à la gloire du chasseur ! »
C’est l’organisateur de la chasse, l’heureux propriétaire d’un domaine, qui est jugé au travers de la chasse qu’il offre à ses invités. Faire partie de l’élite financière du pays impose de posséder un domaine de chasse en Yveline, et de pouvoir y recevoir ses pairs, grandes fortunes et têtes couronnées. Et la chasse que l’on propose à ses invités se doit de marquer les esprits. C’est son succès qui est le véritable marqueur social de la réussite.
Pendant quelques instants le grand public, en lisant un article, peut s’imaginer non pas en train de tuer tel ou tel gibier, mais comme invité à l’une de ces chasses prestigieuses… Et à défaut, il peut s’approcher du domaine pour tenter d’apercevoir les privilégiés qui le possèdent. Ou encore, assister, mêlé aux cavaliers, à l’hallali de la chasse à courre, dont le lieu a été annoncé à l’avance.
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Le cerf, s’il est bien éduqué (ou du moins bien dirigé!) doit s’efforcer de venir y mourir dignement pour ne pas décevoir ses admirateurs. Relevons ainsi quelques anecdotes dans la presse locale. Certaines, parce qu’elles sont amusantes. D’autres, en réalisant qu’aucun journal n’oserait assumer aujourd’hui avec un tel sérieux, le plaisir de chasser -sans doute même pas une revue destinée aux seuls chasseurs. Et toutes sont donc révélatrices d’une époque aujourd’hui révolue.
En feuilletant le journal le départ du président Loubet En février 1906, le président Emile Loubet quitte ses fonctions et les Rambolitains s’inquiètent : son remplaçant, viendra-t-il chasser aussi souvent ? C’est l’année où le Petit Journal organise la première Fête du Muguet.
Le maire Marie Roux la reprendra l’année suivante, et elle deviendra vite la manifestation annuelle phare de Rambouillet. Cependant, à l’époque, elle est encore bien loin d’attirer autant de visiteurs que l’hallali de la chasse à courre de la duchesse d’Uzes, car si les Parisiens ont perdu l’occasion de chasser, ils descendent tous de familles rurales où tous les hommes étaient chasseurs.
La revue Les sports modernes évoque alors avec enthousiasme et nostalgie les belles battues d’hier :« On gardait encore la mémoire de cette quinzaine prestigieuse où, l’autre automne, en Bohême, sur les terres du prince Auersperg, louées par M. Gordon Bennett, il avait été tué, par ce dernier et les grands fusils, ses invités, près de 18,000 perdreaux.
Or, voici qu’en décembre, lors du passage à Paris du roi de Portugal, après de fort nombreuses journées de 1000 pièces, il fut tué, aux Vaux-de-Cernay, chez le baron Henri de Rothschild, près de 5,000 pièces, presque toutes faisans, en quelques heures de chasse. » En fait, très exactement 4872 pièces, dont 4428 faisans, tirés en quelques heures ! Une cartouche par seconde, une pièce toutes les 4 secondes, 400 pièces par chasseur.
C’est que chacun des 10 invités du baron avait 3, voire 4 fusils que 2 chargeurs leur passaient sans interruption. Un invité, le comte Clary, a estimé avoir tiré ce jour là, à lui seul, près de 16 000 cartouches ! Que n’a-t-il participé à la bataille de Verdun quelques années plus tard !
Comme l’écrira plus tard le général de Gaulle : « La guerre, c’est comme la chasse, sauf qu’à la guerre les lapins tirent. » Mais il n’y avait pas de raison d’être inquiet : Armand Fallières organise à son tour de belles battues à Rambouillet. Sa chienne de chasse préférée souffrant de rhumatisme, on la conduit chaque jour à Paris pour que son traitement à l’électricité ne soit pas interrompu.
Il invite souvent Clémenceau aux chasses de Rambouillet. Le « Tigre » a une justesse de tir remarquable. Et quand il avoue avec humour : “on ne ment jamais tant qu’avant les élections, pendant la guerre et après la chasse”, on lui reconnaît une expérience dans ces trois domaines.
Ici, on lit que le cerf Sika et les trois biches offerts à la France par l’empereur Meiji Tenno du Japon se sont bien acclimatés, et qu’en 1906 ils sont maintenant 7 cerfs et 11 biches. Il est donc possible d’en commencer la chasse. Elle restera cependant strictement encadrée pour que le troupeau poursuive son développement.
En 1935 il dépassera les 200 têtes, mais, durant l’occupation, les Allemands n’auront pas le souci du développement durable qui anime tous les chasseurs sur un territoire qu’il leur faut préserver.
Il y a des battues qui déçoivent leurs invités de marque -lesquels ont la critique sévère : « Après une journée médiocre d’arrière saison, La R… disait : « Voilà le moment venu où le plus grand plaisir à faire à vos amis est de cesser de les inviter…» Ailleurs, un autre invité se permet de donner un conseil « amical » à son hôte « Quand on a si peu de gibier, on ne dérange pas le monde. » Dans les salons on rapporte le mot cruel d’un fusil blasé. Chasseur très qualifié il a fait l’éloge du terrain de chasse, de la clémence de la température, il a prôné l’habileté du maître de céans.
Raymond Poincaré n’est pas chasseur. En 1915 il autorise la destruction du gibier en surnombre, car avec l’arrêt des chasses présidentielles, dû à la guerre, les récoltes sont menacées. Le gibier abattu est livré aux antennes sanitaires, et en cette période de pénurie, il y est hautement apprécié.
Son successeur, Paul Deschanel vient peu à Rambouillet, et, après sa chute d’un train, sa santé s’altère très vite. Le journal local raconte qu’on l’a trouvé un soir s’avançant dans la pièce d’eau, devant le château, inconscient de l’endroit où il se trouvait. Il vaut mieux éviter de lui confier un fusil.
Il faut attendre Albert Lebrun pour qu’un président s’intéresse à nouveau à la chasse. En octobre 1932, c’est à la mairie de Rambouillet qu’il marie son fils Jean. Au tableau de chacune de ses chasses, 600 à 1000 bêtes, dont la moitié de faisans. Une grande partie du gibier est distribuée à Rambouillet (aux notables , mais aussi à l’hôpital).
Quant au personnel du château, des lapins lui sont traditionnellement offerts chaque année, lors de la « distribution d’arrivée » et de celle « de fin de séjour ». En 1935, sous le président Doumergue, on apprend que les calèches qui accompagnaient les chasseurs dans tout le domaine sont remplacées par des voitures Renault à 4 places et 2 strapontins. La redingote et le haut de forme sont remplacés par la veste de chasse et un chapeau. Les journaux de mode en font la promotion.
Je n’ai pas trouvé beaucoup d’articles consacrés à la chasse sous l’occupation : des sujets d’actualité plus importants occupent nos journaux. Mais saviez-vous que pour lutter contre les lapins qui pullulent dans le domaine, et pallier les pénuries de la guerre, le service des chasses a approvisionné la Fabrique des Fermiers, à Saint-Hilarion, pour la fabrication de boîtes de pâté de lapin de 155g et de boîtes de gibelottes de 310g destinées aux prisonniers de guerre ? A fin 1943, la fabrique en aura livré plus de 60 000. (rapporté par Brigitte Brault « Chasses présidentielles à Rambouillet »)
Vincent Auriol est un pêcheur. Mais durant ses séjours à Rambouillet il se convertit à la chasse, assiste (sans y participer) à des chasses à courre, et tire avec plaisir cerfs Sika, faisans ou les lapins que les furets débusquent de leurs terriers. Le président reçoit à Rambouillet le roi du Maroc, la reine Juliana des Pays-Bas, le duc d’Edimbourg. Toutes ces visites, abondamment commentées dans la presse locale enchantent les Rambolitains. Le maire et quelques personnalités locales ont parfois l’honneur d’y être invités.
Avec le général de Gaulle (qui ne chasse pas lui-même, mais utilise les chasses de Rambouillet pour y organiser des rencontres politiques importantes), l’information évolue très vite.
Plus question pour les Rambolitains, ou pour des touristes venus de Paris, de s’approcher des lieux de chasse. Impossible désormais d’assister à l’arrivée d’hôtes de marque à la gare de Rambouillet, et de suivre les calèches jusqu’à la grille du château ! Les voitures pénètrent directement par la grille de Versailles jusqu’au château, ou aux tirés du domaine.
Déjà en 1957 le président Coty a expérimenté une arrivée à Rambouillet en hélicoptère, et les Rambolitains s’habitueront vite au survol des Alouettes présidentielles. A chaque visite, un service d’ordre à la mesure de l’importance de l’hôte est déployé tout autour du domaine.
A partir des années 1970 les articles concernant la chasse se font plus rares. Les safaris africains du président Giscard d’Estaing ne lui ont certainement pas coûté sa réélection, mais ils n’ont pas contribué à sa popularité. Les chasses présidentielles de Rambouillet prennent officiellement fin en 2009.
Quant à la chasse à courre, quel président oserait encore, en y assistant, donner l’impression qu’il la cautionne ? Même Maurice Genevoix, dont on connaissait pourtant la passion cynégétique, se montrait réservé à son égard : “La chasse au renard : l’inqualifiable à la poursuite de l’immangeable.”
Aujourd’hui, les chasseurs n’ont pas disparu (et on imagine d’ailleurs mal que la chasse puisse être supprimée un jour : il faudrait alors confier à un corps de fonctionnaires de la chasse la régulation de gibiers qui, en l’absence de prédateurs, mettraient en péril forêts et récoltes).
Cependant il leur faut se montrer discrets. Les articles d’hier, et les photos de tableaux de chasse ne seraient pas « politiquement corrects » aujourd’hui.
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