Le fusil Berthier, successeur du Lebel, a largement participé au premier conflit mondial et à la victoire. L'histoire du Berthier est une véritable saga, souvent éclipsée par son prédécesseur, le Lebel. Pourtant, le système Berthier a joué un rôle crucial dans l'armement de l'armée française, participant notamment à la Première Guerre mondiale et à la guerre du Rif.
En 1884/85, l'ingénieur français Paul Vieille met au point la poudre sans fumée, donnant un avantage significatif à l'armée française. Le Ministre des Armées de l'époque, le Général Boulanger, exige la mise au point rapide d'une cartouche et d'un fusil adapté.
L'arme est le résultat d'un mariage entre un fusil Gras et un fusil Kropatchek à système Mannlicher, équipé d'un magasin tubulaire. La munition est dérivée de la cartouche de 11 mm Gras, avec un collet réduit à 8 mm, lui donnant une silhouette "bouteillon".
Les versions raccourcies du Lebel ne convenant pas, une arme basée sur le Lebel, mais équipée d'un système de chargement de type Mannlicher, est adoptée en 1890. Elle est l'œuvre d'un ingénieur du nom de Berthier. Pour une raison indéterminée, la capacité de l'arme est réduite à 3 coups, contrairement au projet initial.
De cette carabine, il sera tiré un fusil « court » pour les tirailleurs « indochinois », de petite stature généralement. Ce sera le BERTHIER modèle 1902.
Lire aussi: Recommandations concernant les fusils turcs
Pour équiper les troupes coloniales d'Afrique, il est finalement décidé de fabriquer cette arme, avec une version plus longue, adaptée à la morphologie des troupes coloniales africaine et nord-africaine. Ce sera le fusil BERTHIER modèle 1907.
Le conflit éclate, et le LEBEL, malgré ses qualités certaines, montre ses limites. D’autre part, sa fabrication est dépendante depuis quelques temps d’une seule manufacture, ce qui limite les quantités livrées à l’armée. Il est décidé de monter en puissance la fabrication du BERTHIER modèle 1907 pour remplacer le LEBEL. Cette décision étant prise en 1915, ce BERTHIER sera appelé modèle 07-15.
Néanmoins l’arme possède un handicap de naissance. En effet, si avec le « BERTHIER » le soldat français dispose d’une arme se rechargeant rapidement grâce à des « clips », comme son homologue allemand, ce dernier dispose de 5 coups, contre 3 au soldat français.
La décision est prise de transformer l’arme pour qu’elle rivalise avec son homologue allemand. Après tâtonnement, un moyen simple est trouvé pour adapter l’arme.
Dans un premier temps, la Commission de l'Artillerie qui est chargée du remplacement se voit proposer une version raccourcie du Lebel qui ne donne pas vraiment satisfaction en raison notamment de son mécanisme de répétition Kropatscheck.
Lire aussi: Fusil Darne Calibre 12 : Détails Techniques
Un civil, chef de bureau des chemins de fer algériens pour la compagnie Bône-Guelma propose un mousqueton sur la base d'un fusil identique au Lebel mais avec un système de chargement Mannlicher. En 1887, il propose son invention au Comité de l'Artillerie qui le refuse et qui l'éconduit. Il corrige ses plans et propose à nouveau son projet en mai 1888. Il reçoit alors un avis favorable d'essai.
Les essais démontrent la supériorité du système Berthier face au Lebel, notamment dans le domaine de la rapidité du tir. Les membres de la commission décident alors de créer une carabine de cavalerie et un mousqueton d'artillerie sur la base de cette arme.
La Section Technique de l'Armée (STA) essaye l'arme et la modifie de manière conséquente. Elle est adoptée le 14 mars 1890. Les mérites de M. Berthier sont reconnus mais, comme il n'appartient pas au milieu militaire et que l'arme a été passablement modifiées par la STA, son nom n'y est pas officiellement associé.
D'un calibre de 8 mm Lebel, le système Berthier comprend à l'origine 3 carabines :
Le système Berthier est approvisionné par une boîte-chargeur de type Mannlicher de trois cartouches. Les cartouches sont glissées en pile unique sur une lame-chargeur, cette lame-chargeur est introduite dans le magasin de l'arme et lors du tir de la dernière cartouche de la lame, celle-ci tombe en glissant en dessous du boîtier d'alimentation.
Lire aussi: Calibre 16: Le Fusil Nemrod
Trè prisés par les collectionneurs, les fusils Berthier ont joué un rôle central dans l’armement de l’armée française, participant notamment à la Première Guerre mondiale et à la guerre du Rif. Conçues par M. Berthier, ces armes sont nées d’une combinaison ingénieuse entre un fusil Lebel et un chargeur Mannlicher.
Le système Berthier est caractérisé par une boîte-chargeur de type Mannlicher pouvant contenir trois cartouches. Les cartouches sont glissées en pile unique sur une lame-chargeur, laquelle est ensuite introduite dans le magasin de l’arme. Une fois la dernière cartouche tirée, la lame-chargeur tombe automatiquement en glissant sous le boîtier d’alimentation.
Le mousqueton Berthier 1892 M16 se distingue par son sabre-baïonnette Mle 1892, principalement utilisé comme un outil. Conçu pour s’adapter à la petite stature des troupes indochinoises, ce fusil a été élaboré à la demande du gouverneur de l’Indochine, Paul Doumer. Ce fusil colonial de 1915 a subi certaines modifications pour devenir le nouveau fusil réglementaire.
Les circonstances ont amené l'autorité militaire à utiliser le même mécanisme pour réaliser d'autres modèles, avant, pendant et après la Première Guerre mondiale.
Devant faire face à une pénurie de Lebel 1886/93 neufs, l'armée française adopte le modèle 1907, qui deviendra ensuite, durant la Grande Guerre, le classique Mod.1907-15. En 1916, le Mod.16 voit le jour. Sa particularité consiste en l'ajout d'un magasin de 5 munitions à la précédente version.
Plus tard, dans l'entre deux guerres, la version de 1934, conçue sur base du modèle 1907-15, verra le calibre passer de 8mm à 7,5 mm (Mle 29C).
Lorsque les Allemands conçoivent leur fusil Mannlicher M 1888, ils ajoutent une variante carabine destinée aux troupes montées. Dans le cadre de la "course aux armements" qui s'est développée entre ces deux nations, il est urgent de prendre des mesures.
En 1887, il propose son invention au Comité de l’Artillerie qui le refuse et qui l’éconduit. Il corrige ses plan et propose à nouveau son projet en mai 1888. L’atelier de Puteaux (APX) réalise alors une dizaine de prototypes qui sont essayés au Mont-Valérien.
La carabine de cavalerie est la première arme développée à partir du système. Elle est esthétique, légère, maniable et efficace. Toutefois, son magasin est trop petit avec 3 cartouches alors que la plupart des concurrents en ont 5. De plus, elle ne peut être chargée qu’à l’aide de clips. Elle est un peu fragile car elle n’est construite que d’une seule pièce. Son canon est trop court pour lui donner des caractéristiques balistiques optimum. Compte tenu de la taille réduite de son canon, le recul de l’arme est très important.
La carabine de gendarmerie ressemble trait pour trait à la carabine de cavalerie. Sa différence consiste en une épée baïonnette qui ressemble à celle du Lebel, avec un dispositif d’accrochage particulier. De plus, il est doté d’un emplacement pour une baguette de nettoyage.
En tant que troupe supplétives, les tirailleurs indochinois sont équipés de toute sorte d’armes, le Mousqueton Mle 1892 au mieux, dont le recul est difficilement supportable, la carabine Gras de gendarmerie à pied voire le Lebel, trop lourd et trop long. En 1901, le gouverneur de l’Indochine demande donc expressément une arme nouvelle.
Le comité de l’artillerie se met donc au travail et aboutit à un fusil fondé sur un prototype issu de la carabine de gendarmerie Mle 1890. Ce fusil est dénommé "Fusil de tirailleur indochinois Mle 1902" et une commande pour 10 000 exemplaires est passé à la manufacture d’arme de Chatellerault.
En 1915, ce fusil est officiellement adopté par le ministère de la guerre. Il reçoit donc l’appellation fusil Mle 1907 modifié 1915 ou 07/15. En retenant pour les fabrications de guerre un fusil de la longueur du Lebel, parallèlement à la relance de la fabrication du mousqueton Mle 1892, plutôt que le fusil 1902, la France laissait passer l’occasion d’homogénéiser les armes d’épaule avec un fusil de longueur intermédiaire, comme l’avait fait la Grande-Bretagne en 1902 avec le SMLE et les États-Unis en 1903 avec le Springfield ainsi que, entre les deux guerres, l’Allemagne avec le Mauser 98K1.
Les fusils Berthier présentent des caractéristiques variables selon les modèles. Voici quelques exemples :
D'autres modèles incluent :
André Virgile Paul Berthier (1858-1923) était un ingénieur civil français. Il fut officier dans l'armée française, ensuite général-pacha, aide de camp du Sultan de l'Empire ottoman (avant 1914-18), et sous-directeur de l'usine Gévelot. De 1886 à 1888, il présente à l'Administration de la Guerre divers systèmes de tir réduit pour armes de guerre, fusils et revolvers. En 1888, il présente au Ministère de la Guerre un modèle de fusil à répétition, ensuite une carabine de cavalerie vouée à devenir la carabine Mod.1890 mise en service au sein des forces militaires françaises. De 1891 à 1892, il installe pour le gouvernement ottoman une commission d'expériences d'armes portatives sur champ de tir.
On doit à André Berthier le développement de la carabine Mod.1890. Le système Lebel-Berthier de 1890, est un fusil Lebel avec amélioration de l'approvisionnement par adjonction d'un chargeur à remplissage par lames-chargeur de trois, puis de cinq cartouches en 1916.
tags: #fusil #berthier #histoire #et #caractéristiques