Farid Tir est un nom qui résonne dans les annales des faits divers français, notamment pour ses braquages audacieux et son évasion spectaculaire. Retour sur le parcours criminel de cet homme et les événements qui ont marqué sa vie.
En mars 2001, lourdement armé, le visage découvert et le plus souvent seul, Farid Tir braque au moins huit banques.
En juillet 2008, une saga judiciaire commence pour lui, qui le conduit d'un tribunal à l'autre.
L'OPÃ?RATION était chronométrée à la minute près. Un commando armé de trois hommes a fait irruption hier matin au centre hospitalier universitaire d'Amiens pour libérer un détenu dangereux, qui a pu prendre la fuite avec ses complices. Farid Tir, 36 ans, était hospitalisé depuis lundi dans l'attente d'une opération au cours de laquelle une broche devait lui être enlevée. Ironie du sort, cet implant métallique avait été posé sur ce multirécidiviste du braquage après qu'il eut la jambe fracturée lors de son interpellation en décembre 2002. Soupçonné d'une dizaine d'attaques à main armée et de plusieurs vols de véhicules de grosse cylindrée, Farid Tir était incarcéré depuis cette date en attente de son renvoi devant une cour d'assises. Durant sa période de détention, il avait déjà fait une première tentative d'évasion, en avril 2003 à Lille.
Le trio qui lui a permis cette fois de se faire la belle est arrivé à l'hôpital vers 8 heures. Leur comparse se trouvait alors dans une chambre non sécurisée de l'établissement, puisqu'il devait se rendre en salle d'opération dans la matinée. Habituellement, les détenus réputés dangereux sont installés dans un « bloc cellulaire » muni d'une porte blindée. Ã?a n'était donc pas le cas hier matin, et le commando, très bien renseigné, le savait visiblement. D'après la direction de l'hôpital, les trois hommes se sont rapidement dirigés vers le service de chirurgie orthopédique où Farid Tir se trouvait. Ils avaient avec eux des « bagages à main » dans lesquels leurs armes étaient probablement dissimulées. A l'approche de la chambre du braqueur, ils ont sorti leurs fusils à pompe et leurs pistolets, qu'ils ont pointés sur les deux policiers chargés de sa surveillance. Après avoir maîtrisé les fonctionnaires, ils sont repartis en emmenant avec eux leur comparse. L'opération a duré moins de dix minutes.
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A la sortie du bâtiment, deux des fuyards sont montés dans une BMW, tandis que leurs complices embarquaient dans une Rover. Ce dernier véhicule a rapidement été repéré par des policiers au nord d'Amiens, à une vingtaine de kilomètres des lieux de l'évasion, qui sont parvenus à interpeller les deux truands qui se trouvaient à l'intérieur. Un des deux suspects arrêtés n'est autre que le frère aîné de l'évadé, Rabah Tir, 39 ans. Les deux hommes ont été placés en garde à vue, où ils étaient toujours interrogés hier par des enquêteurs de la PJ d'Amiens et de Lille.
Au cours des dernières années, les transports médicaux de détenus ont été le théâtre de nombreuses évasions ou tentatives. La plus retentissante ces derniers mois s'était produite à Paris, à l'hôpital Tarnier, dans le XIVearrondissement. Le 8 octobre 2004, un braqueur solitaire surnommé le Gominé, et soupçonné par ailleurs d'une quinzaine d'agressions sexuelles sur des mineurs, était parvenu à se faire la belle en sautant d'une fenêtre du premier étage de l'établissement.
Les jurés lui ont fait grâce de trois braquages. Le Roubaisien Farid Tir a tout de même été condamné, hier, à dix ans de réclusion criminelle pour cinq braquages et deux car-jackings commis en 2001 et 2002 dans le Nord et en Belgique. La cour d'assises du Nord a revu à la baisse la condamnation de dix-huit ans de prison, prononcée par contumace en 2006 : l'homme était en cavale depuis son évasion, en mai 2005, de l'hôpital d'Amiens.
Les jurés ont suivi les réquisitions du procureur, mais Me Laura Campisano, l'avocate de Farid Tir, ne se montrait pas déçue : « Le jury a suivi mon raisonnement en relaxant mon client pour trois braquages. » Agé d'une quarantaine d'années, Farid Tir est quand même loin d'être tiré d'affaire malgré les trois ans de détention provisoire déjà effectués : suite à son évasion de 2005, aidé par un commando de trois hommes armés et cagoulés, il avait également été condamné à quinze ans de prison par la cour d'assises d'Amiens.
« Quinze ans, c'est trop sévère pour une évasion peu spectaculaire. Il n'a pas utilisé d'hélicoptères ! », explique Me Laura Campisano. « Nous espérons réduire cette condamnation, car en l'état cela représenterait vingt-cinq ans de prison. » En pratique, ce n'est pas vraiment le cas, puisque lorsqu'un prévenu est condamné pour deux faits distincts, le total des condamnations ne peut excéder le maximum encouru pour le fait le plus grave. Dans le cas de Farid Tir, cela représente vingt ans (pour une attaque à main armée).
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La cour d'assises de la Somme a condamné hier soir à une peine de quinze ans de réclusion le braqueur Farid Tir, qui s'était évadé en mai 2005 de l'hôpital d'Amiens, avec l'aide de complices cagoulés et armés. Les jurés ont donc suivi les réquisitions de l'avocat général, tout comme pour les deux complices du braqueur présents lors de ce procès, son frère Rabbah et son beau-frère Slimane Mejdoub, condamnés respectivement à douze et huit ans de réclusion pour complicité, conformément aux réquisitions.
Farid Tir s'était évadé le 17 mai 2005 du CHU d'Amiens avec l'aide d'un commando de trois hommes armés et cagoulés qui avaient menacé les deux policiers d'escorte qui le surveillaient. En détention provisoire depuis 2002, Farid Tir, alors incarcéré à la maison d'arrêt d'Amiens, était hospitalisé depuis la veille de son évasion. Condamné par défaut en 2006 à 18 ans de réclusion criminelle pour plusieurs vols à main armée en bande organisée par la cour d'assises du Nord, Farid Tir, aujourd'hui âgé de 39 ans, avait été finalement arrêté le 28 juillet 2008 à Lille.
Quand les enquêteurs finissent par identifier vendredi l' un des hommes abattus quelques heures plus tôt dans un hôtel marseillais, son nom leur est assurément familier. Non seulement parce que, dans le sud de la France, Farid Tir, 29 ans, est bien connu des services comme celui d'un caïd de la drogue. Mais aussi parce qu'il n'est pas le premier membre de sa famille à connaître une mort aussi violente. Depuis huit ans, pas moins de cinq autres hommes ont fait les frais d'une guerre que tout relie au trafic de stupéfiants.
Son grand-père Saïd Tir, surnommé « le Vieux », est le premier à tomber sous les balles le 27 avril 2011, à quelques semaines d'un procès où il devait comparaître pour sa participation à un trafic de cannabis et de cocaïne. Trois tueurs l'ont exécuté en plein jour alors qu'il conduisait dans les quartier Nord de Marseille. Celui qui était aussi appelé « le parrain de Font-Vert », 59 ans, avait une arme chargée sur la cuisse.
Deux mois plus tard, c'est le beau-frère de Saïd, Akim Grabsi, 42 ans, qui est abattu de plusieurs tirs dans la tête alors qu'il circule sur le boulevard National, dans le troisième arrondissement de la cité phocéenne. Deux des oncles de Farid Tir sont ensuite assassinés. D'abord, Farid (son homonyme), le 11 avril 2012, dans sa voiture, alors que l'homme de 40 ans rentrait chez lui. Puis Karim Tir, 30 ans, tué en juin 2014 à Asnières (Hauts-de-Seine), d'une balle tirée en pleine poitrine. Condamné pour trafic de drogues en 2009, il avait monté un label de musiques et était connu pour être le manageur du rappeur Jul.
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D'autres membres du clan réchappent à des tentatives d'assassinat. Comme le frère de Farid Tir, Eddy, alias Barabas, visé par des coups de fusil d'assaut en septembre 2011. Trois mois plus tard, il est impliqué à son tour dans le meurtre d'un habitant de la Castellane, pour lequel il est condamné en appel, en mars dernier, à 20 ans de réclusion. En mars 2014, Hichem Tir (encore un oncle de Farid Tir), ressort indemne d'une série de tirs, à Beauvais, dans l'Oise.
En 2016, le parquet de Marseille avait publiquement prêté à cette famille une rivalité avec un autre clan, les Remadnia, dont certains tremperaient dans les « stups ». On soupçonne Eddy Tir d'avoir commandité depuis sa prison l'assassinat de Zakary Remadnia en 2014, mais ce crime reste pour l'heure irrésolu et un épais mystère entoure les autres, même si des équipes de tueurs ont été identifiées autour des deux familles et arrêtées.
Les Tir ne sont pas tous impliqués dans le banditisme, soulignait L'Express en 2016. « L'immense majorité des quelque 300 membres du vaste clan Tir est, en effet, totalement inconnue des services de police », écrivait l'hebdomadaire. Aux origines de l'histoire de cette famille à Marseille, il y a la venue dans les années 1950 de Mahboubi Tir, un Berbère algérien, bientôt propriétaire d'un commerce d'alimentation.
Date | Événement |
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27 avril 2011 | Saïd Tir, grand-père de Farid, est abattu à Marseille. |
Juin 2011 | Akim Grabsi, beau-frère de Saïd, est assassiné. |
11 avril 2012 | Farid Tir (homonyme), oncle de Farid, est tué. |
Septembre 2011 | Eddy Tir, frère de Farid, échappe à une tentative d'assassinat. |
Juin 2014 | Karim Tir, oncle de Farid, est tué à Asnières. |
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