Le débat sur les armes à feu est un sujet brûlant, surtout aux États-Unis, où il est profondément enraciné dans l'histoire, la culture et la politique. Chaque tuerie de masse relance la discussion sur le port d'armes, un droit garanti par le second amendement de la Constitution américaine. Mais quels sont les arguments de chaque côté ?
Un des principaux arguments des partisans des armes à feu est que plus d'armes signifient moins de crimes. Le slogan favori de la National Rifle Association (NRA) résume bien cette idée : « Comment arrêter un sale mec armé d'un flingue ? Avec un bon mec armé d'un flingue. » Selon eux, si tout le monde était armé, il n'y aurait pas de tueries.
Steve Doocy, un présentateur de Fox News, a déclaré après l'attentat de Charleston : « Apparemment, le tueur a dû recharger cinq fois son arme pendant la fusillade. Si quelqu'un dans l'église avait eu une arme sur lui, il aurait pu le descendre avant qu'il ne se remette à tirer. » Cette déclaration illustre l'idée que porter une arme permet de se protéger et de protéger les autres.
Le second amendement de la Constitution américaine est le fondement de la défense du port d'armes. Il stipule : « Une milice bien organisée étant nécessaire à la sécurité d'un État libre, le droit qu'a le peuple de détenir et de porter des armes ne sera pas transgressé. » Ce droit est perçu comme essentiel pour la liberté et la sécurité individuelles.
Les opposants au port d'armes soutiennent qu'il y a une corrélation entre la prolifération des armes à feu et le nombre élevé de meurtres par balles. « On ne peut pas faire un massacre à coups de couteau », résume bien cette pensée.
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Différentes études ont montré que plus le nombre d'armes est important dans une population, plus il y a de crimes commis. Le Harvard Injury Control Research Center a réuni un ensemble d'études qui démontrent l'accroissement de violences avec la profusion d'armes à feu.
Barack Obama a déclaré après la fusillade de Charleston : « Une fois encore, des personnes innocentes ont été tuées en partie parce que quelqu'un qui voulait faire du mal n'a pas eu de problèmes à obtenir une arme. » Cela souligne la nécessité de contrôler l'accès aux armes pour réduire la violence.
Un autre argument avancé est que le problème n'est pas le port d'armes, mais la prévention des maladies mentales. Améliorer la prévention des maladies mentales ou des comportements suicidaires permettrait de manière plus efficace d'empêcher les tueries. Cependant, cette connexion n'a pas été prouvée par les chercheurs.
Une étude appelée la MacArthur Violence Risk Assessment Study a montré qu'un an après être sorties de centres de traitement, les personnes atteintes de maladies mentales n'avaient pas plus de risques de commettre des actes violents que n'importe qui.
Ceux qui soutiennent le contrôle des armes à feu proposent d'améliorer le suivi et le fichage des patients en psychiatrie, ou encore d'ordonner la poursuite judiciaire systématique des personnes qui dissimulent leur passé criminel ou psychiatrique pour acheter une arme. L'idée est de contrôler l'identité et le profil des personnes qui achètent des armes à feu.
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Les États-Unis se déchirent depuis des décennies sur la question de la possession des armes à feu. En 2020, 8,4 millions d'Américains se sont équipés d'une arme à feu pour la première fois. Aujourd'hui, sur 50 millions de propriétaires, 20% s'identifient comme progressistes.
Claire Boine, chercheuse française de l'université de Boston, remet en cause les idées reçues sur la "culture des armes à feu", et plaide pour une approche pragmatique. Elle souligne qu'il existe "des" cultures et des sous-cultures de la possession d'armes, et que toutes ne sont pas associées avec les taux d'homicides.
Les fusillades de masse sont un problème majeur aux États-Unis. En 2022, plus de 200 tueries de masse ont déjà eu lieu, faisant des centaines de morts et de blessés. Ces événements tragiques mettent en lumière la nécessité de trouver des solutions pour réduire la violence armée.
Le 14 mai 2022, la tuerie de Buffalo a fait dix morts, dont une majorité d'Afro-Américains. Le 24 mai, une autre tuerie a coûté la vie à 21 personnes dans une école d'Uvalde au Texas. Ces événements tragiques soulignent l'urgence d'agir.
Plusieurs solutions sont proposées pour lutter contre la violence armée. L'une d'elles est d'appliquer des « buyback programs », c'est-à-dire des programmes destinés à racheter les armes qui sont actuellement en circulation. Une autre est de vérifier plus efficacement les antécédents pour résoudre les failles du système actuel.
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Le gouvernement américain a également décidé de sévir contre les fusils artisanaux achetés et vendus sans registre, appelés « ghost guns ». De plus, Joe Biden a signé une loi qui permet de renforcer le contrôle des armes à feu dans le pays, en renforçant la sécurité des écoles, en assurant un meilleur contrôle de la vente illégale d'armes, et en finançant des programmes de soutien psychologique.
Il est intéressant de comparer la situation aux États-Unis avec d'autres pays. La Suisse, par exemple, possède un service militaire obligatoire, ce qui impose aux citoyens d'avoir une certaine maîtrise dans l'usage des armes. Cependant, les conditions démographiques et sociales sont différentes de celles des États-Unis.
Le Japon, en revanche, a des lois très strictes sur les armes à feu. Le nombre de personnes tuées par balle chaque année se compte sur les doigts d'une main. Cela montre qu'il est possible de réduire considérablement la violence armée grâce à une législation stricte.
Pays | Armes à feu par 100 habitants | Homicides par 100 000 habitants |
---|---|---|
États-Unis | 88 | 4.9 |
Suisse | 45.7 | 0.5 |
Japon | 0.6 | 0.3 |
France | 19.6 | 1.3 |
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