Dans l'univers de la chasse, certains calibres traversent les décennies sans perdre de leur efficacité ni de leur popularité. C’est une recherche aussi vieille que la chasse, de disposer d’une arme bonne « à tout faire », concept d’ailleurs développé par les théoriciens du XXè siècle comme John « Pondoro » Taylor qui chercha longtemps la panacée pour tout tirer, de l’impala à l’éléphant.
Il faut aussi y voir une problématique, celle d’une époque (1850-1900 en gros) qui connut la même situation en Amérique du Nord comme en Afrique, celle d’avoir à affronter des animaux dangereux…et des tribus hostiles ! Le commerce de l’ivoire commença en 1850, et on se souvient bien des problèmes rencontrés par les explorateurs comme Sir Samuel Baker et les monstrueux « four bore ».
L’armurier londonien Greener qui avait lu son livre et l’avait même rencontré fut le premier à se concentrer sur ce que devait être un « fusil africain » : pas plus de 8 bore ! Moins connues que les guerres indiennes, celles des Britanniques contre les tribus révoltées montrèrent pour les colons isolés le besoin d’armes à la fois pour la chasse de subsistance, les animaux dangereux, et les mauvaises rencontres.
Malgré tout, avant que la cordite et le 450 Nitro Express mettent fin aux fusils géants les grands armuriers britanniques firent encore du 8 et du 4 (en lisse), certains chasseurs (Viljoen en 1891 en Rhodésie) se faisant faire déjà (par Greener) des rayés un poil plus maniables qui servirent d’ailleurs dans les guerres du Matabeleland (1893-1896). Tout comme aux USA les premiers « petits » calibres issu des nouveautés militaires commençaient à arriver dans les « colonies », et la guerre des Boers opposa déjà les premiers protagonistes des combats futurs, mais sans vraiment trouver la polyvalence souhaitée.
Les premières Winchester apparurent dans le Natal en 1879-1881, et en 1884 un armurier de Durban faisait déjà des stocks de modèles 73 et 76 en 44-40 et 45-75. En 1890, en Afrique il y avait trois catégories d’utilisateurs : les agriculteurs et petits colons modestes se contentant des Lee-Metford et Mauser tirant les premières munitions militaires sans fumée, les « gentlemen » utilisant le 450 NE référence déjà pour les animaux dangereux qui influença ensuite ce secteur (458 Winchester magnum entre autres), et les « pros » de l’ivoire et de la viande utilisant le fort pouvoir d’arrêt des 450-400 Jeffery (1896) à trajectoire plus plate que le 450 NE.
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Entre ces « gros balèzes » et les petits alésages militaires, les Allemands surent se glisser avec un calibre moyen le 9,3X62 (1905) offrant pénétration, trajectoire plate, dans un fusil pas cher, le Mauser 98. Créé en 1905 par Otto Bock, armurier allemand, le 9,3×62 a été conçu pour offrir une munition puissante dans des fusils à verrou Mauser 98 standard. L’idée : concurrencer les calibres militaires tout en restant accessible aux chasseurs civils.
On avait déjà là un polyvalent que le 375 HH (1912) ne parvient à détrôner que bien plus tard, en 1937 avec la Winchester 70. En effet, le 375 HH ne quitta le statut de cartouche exclusive qu’en 1925 avec le coût qu’on imagine auparavant des armes le tirant.
Le 9,3×62 reste un calibre de référence pour les chasseurs européens. Sa polyvalence, sa puissance, et sa large compatibilité avec les carabines modernes en font un excellent choix pour la chasse au grand gibier, particulièrement en battue.
C’est donc dans l’urgence de ces dangers multiples à ce moment, qu’on crut avoir trouvé l’arme « à tout faire », mais entre les deux conflits les réalités de la grande chasse africaine firent retomber le soufflé du fusil « polyvalent » et on arriva aux recommandations toujours actuelles de : un fusil de chasse lisse pour la popote, une carabine moyenne pour aller jusqu’aux grandes antilopes, et une spéciale « big five ».
C’est là que « Pondoro » Taylor, entre autres calculs sophistiqués dont nous allons bientôt reparler, passa en revue les possibilités d’un calibre polyvalent pour l’Afrique, et pourquoi pas étendu au reste du monde ? Il mit en lice le 10,75X68, le 404 Jeffery, le 9,3X62 Mauser, et enfin le 375 Holland-Holland qui seul trouva grâce à ses yeux. C’est une des raisons pour lesquelles ce calibre est encore, de nos jours, préconisé comme le minimum acceptable sur le Big Five en Afrique.
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Son choix de balle de 200 (13 grammes), à 350 grains (22,7g.) le rend même acceptable de nos jours à la battue !
Ci-contre, le 375HH Mag à g. comparé de g. à dr. 1/ Ce furent ces considérations qui amenèrent au choix du 11,43 pour les armes de poing réglementaires, le 45 Long Colt se montrant incapable d’arrêter des tribus insoumises philippins chargeant à la machette.
Certains freins de bouche comme le MAGNAPORT de BLASER sont effectivement totalement assourdissant. Personnellement, taillé des rayures en bout de canon et appelé cela un « frein de bouche » je trouve cela gonflé ! Il n’en demeure pas moins que les nouveaux freins de bouche comme le DF 2000 et celui de l’Armurerie Salomon ne posent plus ce genre de problèmes.
Si vous partez chasse en Afrique avec votre 375 HH, soit vous prévoyez un frein de bouche amovible, soit vous prenez une autre carabine. Il existe deux calibres minimum pour l’Afrique, très connus qui sont : le 9.3×62 et le 9.55 dis aussi : 375 HH magnum.
Je cite “LE MALFATTI” : « Le 9.3×62 a été mis au point en 1905, il était destiné aux colonies Allemandes en Afrique. On peut lire un peu partout : “le 9.3×62 est le calibre roi en Europe” et à coté de cela : “Le 375 HH (9.55) est le calibre roi en Afrique”. Lorsque la guerre mondiale éclata, les Anglais interdirent dans leurs colonies Africaines, l’usage d’un calibre inférieur au 9.55. Ce qui évidemment condamnait l’usage du 9.3×62 Allemand. Cette législation interdisant l’usage d’un calibre inférieur au 9.55 mm est encore en vigueur dans certains pays d’Afrique, ex colonies de l’Empire Britannique.
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Après la guerre, les fabricants de munitions ont développés des structures de balles différentes pour chacun des deux calibres. Une gamme de structures de balles pour l’Europe (pas de balle blindée en 9.3) et une autre variété de structures spécifiques à l’Afrique : balles blindées et balles plus molles pouvant servir sur les deux continents.
Avec le temps, tout le monde a oublié la mise en quarantaine du 9.3×62 Allemand en cantonnant ce dernier à un rôle Européen et le 375 HH (9.55) Anglais à la chasse Africaine, plus “noble”. Les néophytes se sont arrêtés aux dénominations “375 magnum” qui font plus virriiiiiles (parler rugbystique Toulousain) que : « 9.3×62 ».
Un mot sur le 416 Rigby qui semble être la limite haute de ce qu’il est possible d’encaisser pour un être humain normal. J’ai la chance de chasser avec un ancien guide professionnel (11 ans de chasse) qui récuse totalement les calibres du style 500 NITRO EXPRESS, leur préférant le 375 HH avec lequel il a abattu un éléphant sur place, d’une balle (très bien placé) en plein cœur.
Plus vous tirez à la tête, plus l’importance du calibre décroît (dans la limite du 9mm). Plus vous tirez au coffre plus l’importance du calibre en puissance s’accroît de manière exponentielle !
Comme le dit très bien l’auteur : « Contentez vous d’un 375 Hh voire 416 et “laissez au guide le soin d’envoyer un obus à votre place si votre vie ou la sienne…!!! est en danger“. Par obus il entend les 458, 500 et consorts…! Avec le 375 HH vous pouvez tirer tout animal sans l’abimer, du chevreuil à l’éléphant. 375 HH Magnum : Un excellent calibre de battue.
Si le 9.3 peut supporter un canon de 61 cm, autant pour tirer vraiment profit d’un 375 HH…… il faudra faire avec le 61 cm ! c’est comme ça ! 65 ça serait pas mal. Au dessous de 61 cm on perd trop de mètres secondes, on augmente la sensation de recul, on a un lance-flammes… ! Ceci est valable pour tous les calibres magnums y compris les Européens. J’ajouterai que pour tous les calibres, plus le canon est long, plus vous augmentez la puissance de la balle.
Une arme en 375 doit peser avec sa lunette et/ou sa cartouchière de crosse, entre 4 et 5 kg. Avec ces 5 kilos, ma CZ 550 en 375 (lunette et quatre balles engagées), je n’ai aucune appréhension à tirer et à redoubler. Il faut savoir que la CZ (375 ou 458) est une barre à mine.
Une fois le triptyque calibre-arme-poids défini, sachant que le 375 HH c’est le minimum et le plus adapté, le 416 Rigby (qui est un magnum) étant “le maximum” supportable, pour un être humain normal, vous pouvez tirer tous les mammifères vivant sur terre.
Certains grands animaux ne peuvent être réellement tués qu’à la tête si tout au moins on tient compte de sa propre sécurité. Ce n’est pas que le cœur soit sans importance, loin de moi cette idée, le problème du cœur c’est qu’il faut pouvoir y « taper » pile dedans.
En ce qui concerne les BIG FIVE, éléphants et rhinos ne peuvent être tirés qu’avec du 375 ou du 416. Pour les autres ne vous trompez pas sur les structures de balles, il faut qu’elle soit le plus homogène possible. Si vous recherchez un surcroit de puissance par rapport au 375 HH, passez au 416 RIGBY, avec son poids de 29.2 grammes…!!! Le guide que je connait, utilise du 458 (32 grammes) mais uniquement dit-il pour “briser la charge d’un animal”.
Voici ce qu’il dit: “J’ai tué davantage de buffles avec ma vieille 9.3×62 qu’’avec des calibres Magnum. “Maitriser le tir à balles”. Voici ce que dit l’auteur : “Le 9.3×62 est un vieux broussard. La balle de 18.5 grammes a une superbe densité sectionnelle et pénétrera autant sinon plus qu’une 19.44 grammes de 375″.
Éléphant, tir dans une masse crânienne osseuse très importante, très dure. Blindée de type Barnes banded solid (métal massif, blindé), Woodleigh blindée. Ne partez pas avec un seul type de balle, il n’y a pas de balle à tout faire. Choisissez vos balles en fonction de l’animal à tirer.
Tirer une ou plusieurs balles et recharger en prenant de nouvelle(s) balle(s) dans le sac et donc en laissant toujours les mêmes balles dans le chargeur. « Telle carabine de petit calibre, suffisante pour tuer un animal dangereux, ne doit pas être considérée comme assez puissante pour arrêter le même animal CHARGEANT ».
Nous sommes donc allés à la recherche de précurseurs, à l’époque plutôt téméraires, partis en Afrique face à des animaux dangereux et qui avaient fait le choix de ces « petites » balles rapides où le placement était primordial. Pour ceux qui s’intéressent un peu à la littérature, on se souviendra qu’Hemingway préconisait déjà le 30-06 pour la chasse au lion. Son guide Philippe Percival de la génération des grands « chasseurs blancs » qui arpentaient l’Afrique dans les pas de leur grand précurseur Fréderick Selous, tirait lui, tous les grands gibiers africains avec plus petit encore, du 6,5X54 Mannlicher poussant une balle de 160 grains (10 g).
Roy Chapman (1884-1960) archéologue et aventurier qui, était lui aussi fidèle au 6,5X54, et même pour les antilopes, à plus petit encore, le 250 Savage à balle de 100 grains (6,5 gr), rapide et encore puissante (1500 joules) à 200 m. Tous ces chasseurs comme le Major Kennion, ou Percy Powell-Cotton, pratiquaient systématiquement des examens post mortem sur le gibier, cherchant toujours le meilleur angle pour placer la « bonne balle », létale du premier coup.
Denys Lyell chassait en Inde puis en Afrique avec une carabine Gibbs en 303 British, le calibre des soldats de sa très grâcieuse majesté, mais aussi avec une Rigby-Mauser en 7,92X57, le calibre réglementaire allemand qui vient lui aussi d’être tout juste légalisé chez nous. Il tira beaucoup d’hippopotames et de buffles dangereux pour les indigènes, et emportait en sécurité une carabine à un coup en 404 Jeffery (balle de 400 grains soit presque 26 gr et 3500 joules à 200 m !) mais dont la détente bidouillée par un de ses prédécesseurs était si sensible qu’il fallait la charger seulement au dernier moment.
Le plus connu de ces utilisateurs de petits calibres fut sans doute Walter « Karamojo » Bell (1880-1954) , qui tua dans sa vie 1700 éléphants dont 19 le même jour ! Ses mémoires expliquent très bien son choix du calibre allemand (appelé en Gde-Bretagne 275 Rigby) : pas besoin de porteur pour son arme personnelle, sinon un garde en sécurité "au cas où", et surtout une approche patiente à bon vent pour placer sa balle juste derrière l’oreille des pachydermes. Il essaya du 416 Rigby, autre « gros » calibre africain (encore une balle de 400 grains) mais le trouva plus lourd, avec plus de recul et de détonation, et surtout des munitions deux fois plus chères.
Charles Henri de Noirmont (Chasses Internationales) plaide depuis longtemps pour l’utilisation de calibres puissants mais avec une portée moindre. Il est portant possible de réduire le nombre de ces incidents en utilisant des calibres suffisamment puissants à courte distance mais dont la portée diminue rapidement après 100 mètres, tels que le .444 Marlin et le .45 70.
En effet, à la mise en service de cette cartouche, à poudre sans fumée, en 1886, de nombreux champs de tir de garnisons prévus pour le tir de fusils à poudre noire: Chassepots et Gras, se sont révélés trop petits pour contenir les trajectoires accrues des projectiles « de guerre » de cette nouvelle et puissante cartouche.
La multitude de calibres proposés sur le marché garantit à chaque chasseur de trouver celui qui convient le mieux à ses besoins et à son mode de chasse. Si le choix d’une arme est primordial en fonction de vos besoins et de vos modes de chasse, le choix du calibre l’est d’autant plus.
En fonction de votre mode de chasse, certains calibres sont plus adaptés que d’autres. Le .300 Winchester Magnum est l’un des calibres les plus populaires en France pour la chasse du grand gibier. Il combine puissance et précision, ce qui en fait un choix idéal pour les chasseurs recherchant un calibre performant sur de longues distances.
Le choix du calibre est une étape déterminante pour tout chasseur. Il doit être fait en fonction du mode de chasse, du type de gibier recherché et de l’environnement dans lequel vous évoluez.
Ce tableau offre une comparaison simplifiée des calibres discutés, mettant en évidence leurs caractéristiques et utilisations principales.
Calibre | Utilisation Principale | Avantages | Inconvénients |
---|---|---|---|
9.3x62 | Grand gibier en Europe, polyvalent | Puissance, compatibilité avec carabines modernes | Moins adapté pour le "Big Five" en Afrique |
.375 HH Magnum | "Big Five" en Afrique, polyvalent | Puissance, adapté pour animaux dangereux | Recul, coût des munitions |
.416 Rigby | "Big Five" en Afrique, polyvalent | Puissance, adapté pour animaux dangereux | Recul, coût des munitions |
.444 Marlin/.45-70 | Chasse à courte distance | Puissance à courte distance, sécurité accrue | Portée limitée |
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