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La première scène nous transporte d'emblée sur la mer en furie. Un navire portant à son bord le roi de Naples et son fils ainsi qu'Antonio, le duc de Milan, y affronte la tempête. Tout s'inverse alors - annonçant les retournements de situation qui vont se succéder tout au long de la pièce - : le roi et sa suite se soumettent à la loi du Maître d'équipage chargé par le capitaine de diriger les manœuvres. Mais le "capitaine" n'est pas celui que l'on croit, tous doivent céder face aux éléments et le naufrage est inévitable.

Les naufragés échouent séparément sur différents rivages d'une île où règne le magicien Prospero, frère d'Antonio qui a usurpé le pouvoir pendant son absence. Prospero, qui a commandé cette tempête à son esclave - le charmant esprit de l'air Ariel - pour se venger de son frère ainsi que du roi et des seigneurs qui l'ont rallié, se croit libre et tout puissant, maître de l'illusion et du destin. Tous ces personnages qui se retrouvent enfermés dans cette île, "cellule" symbolisant le monde, s'y livrent en effet à de multiples manœuvres, intrigues et complots; quant à Miranda (la fille de Prospero) et à Ferdinand, le fils du roi de Naples, ils vont s'y rencontrer et s'aimer.

Certains y ont même trouvé, en extrapolant quelque peu, une métaphore de la colonisation. Caliban a en effet été dépossédé de sa terre natale par Prospero qui, renonçant à civiliser cette brute à laquelle il a inculqué sa langue, l'a réduit en esclavage. Et si Caliban réussit finalement à s'affranchir de son maître et croit avoir retrouvé sa liberté c'est pour mieux tomber sous la domination de Stephano, un sommelier ivre qui l'a fait boire... Mais Shakespeare, qui a écrit cette pièce à une époque de grandes explorations, a sans doute tout simplement répondu à la curiosité du public anglais pour ces indigènes peuplant les nouvelles terres découvertes.

La tempête s'avère, beaucoup plus largement, une réflexion quasi métaphysique sur le pouvoir et la liberté des hommes dans ce monde, dont seul l'amour semble sortir vainqueur. Le troisième acte semble très parlant à cet égard. Il se compose de trois scènes s'attachant aux trois groupes de naufragés disséminés sur l'île et faisant s'affronter trois pouvoirs : le pouvoir réel des rois de ce monde, celui de l'amour et celui de l'illusion. Et les deux derniers actes, réduits chacun à une seule scène, semblent tirer la morale de cette fable : si l'empire de la réalité semble bien précaire face à celui de l'illusion, celui de l'amour paraît supérieur.

Après avoir mis à l'épreuve les deux amoureux, Prospero donne en effet sa fille à Fernando. Il veut offrir au jeune couple une «illusion née de son art» mais les esprits du ciel, de la terre et des eaux disparaissent au son d'une rumeur étrange ramenant Prospero à la réalité, lui rappelant la précarité de son pouvoir. Emu par le triomphe de l'amour, il se laisse aller à la clémence sous les conseils d'Ariel. Il pardonne à tous et libère ce dernier, abjurant sa magie en signe d'humilité face à un monde invisible qui le dépasse.

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La tempête est une tragi-comédie abordant la noirceur de la nature humaine - tant "primitive" que "civilisée"- de manière apaisée, une pièce pleine d'ironie où cohabitent avec bonheur un comique truculent et une poésie aérienne. Pour goûter la belle langue de Shakespeare on peut, quand on n'est pas un fin angliciste, lire ou relire cette pièce en collection bilingue.

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