Le métier de sniper, souvent idéalisé par les films américains, met en scène des tireurs d’exception capables d’atteindre des cibles à des kilomètres de distance. L’armée française intègre un peu plus de 900 tireurs d’élite, dont 500 tireurs d’élite longue distance (TELD) répartis dans ses trois corps : armée de terre, de l’air et Marine. D’autres unités d’élite de la police ou de la gendarmerie, comme le GIGN ou le RAID, intègrent aussi ces snipers d’exception.
Devenir tireur d’élite au sein des forces armées nécessite d’avoir été sélectionné parmi les meilleurs. L’armée regroupe deux grandes catégories de tireurs : les tireurs de précision et les tireurs d'élite (TE) ou tireurs longue distance (TELD). Les TE sont regroupés en sections et au sein des compagnies d’éclairage et d’appui (les CEA). Ils sont détachés dans les différentes compagnies en fonction des besoins sur le terrain. Les TELD peuvent aussi appartenir aux unités de forces spéciales.
Les missions des tireurs d’élite sont plus ou moins longues, de plusieurs heures à plusieurs jours et souvent dans des zones d'opération à l’étranger. Le métier de tireur d'élite ne se limite pas seulement au simple fait d'appuyer sur la gâchette d'un FRF2 et de PGM pour neutraliser des cibles longue distance. Changer d'emplacement après chaque tir. Les opérations menées au Liban puis en ex-Yougoslavie ont forcé les états-majors à prendre en considération un nouveau risque, le « sniping » sauvage.
Les groupes TE affectés alors dans les compagnies ont généralement un effectif de 0/1/2 avec un chef de groupe et 2 tireurs. Mais à partir de 2001, les premières sections de tireurs d'élite sont créées et regroupées au sein des compagnies d'éclairage et d'appui (CEA) avec pour nouvelle mission de conduire l'instruction des groupes TE qui seront toujours détachés dans les compagnies lors des opérations.
Devenir tireur d’élite implique de posséder des softs skills propres aux soldats d'exception car ils doivent faire preuve d'adaptation à leur environnement. Cela suppose parfois de savoir faire preuve de rusticité c'est-à-dire de pouvoir résister à des conditions particulièrement austères. Ensuite ils devront aussi faire preuve de calme et de patience car une grosse partie de leur mission consiste à planquer et observer.
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Bien sûr, l'autonomie et le sens de l'initiative seront aussi importants car une fois en mission, c'est à eux de trouver le bon poste de tir. Enfin la réactivité, la maîtrise de soi et la concentration seront cruciales au moment d'utiliser son arme pour atteindre une cible. La vie de tireur délite n'est pas de tout repos.
Si vous souhaitez embrasser une carrière de sniper, sachez que vous allez devoir vous armer d'une extrême patience car, avant de tirer et de remplir votre mission, vous serez susceptible de rester en mode observation pendant de très longues heures. Pour tenir le coup, un entraînement physique de haut niveau est indispensable. Votre condition physique doit être irréprochable car, en mission, vous allez rester en position statique très longtemps pour fixer votre cible.
Bien entendu, votre acuité visuelle doit être parfaite. Vous devrez faire preuve d'une grande capacité de concentration mais également d'un sens aigu de l'analyse pour récolter le plus d'informations et de renseignements possibles sur la situation, de manière à les transmettre clairement à votre hiérarchie. Le métier de tireur d'élite est particulièrement stressant et dangereux. Dans les zones de guerre, votre vie même est susceptible d'être mise en jeu à la moindre erreur. De vous, dépendront aussi la réussite d'une mission et la survie des soldats sur le terrain. Vous devez avoir le sens du devoir et des responsabilités chevillé au corps. Réactivité, sang froid et efficacité doivent être vos maîtres mots.
En parallèle, devenir tireur d’élite suppose de posséder de solides connaissances techniques par exemple en topographie mais aussi dans le maniement des armes à longue portée comme le PGM Hécate II ou le HK 417, le SCAR ou le Accuracy-338 LM pour les membres du GIGN. Il sera important de connaître l’arme en elle-même, les munitions, la lunette de visée mais aussi le bipied, indispensable pour des tirs à distance.
Avant de devenir tireur d'élite, il est nécessaire d’intégrer un corps de l’armée et un régiment où cette spécialité existe. Pour entrer dans l’armée il faut :
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Le recrutement est réalisé sur dossier mais aussi sur la base de tests médicaux, d’évaluations sportives et psychotechniques et d’un entretien. Les jeunes recrues seront ensuite formées à l’ENSOA (École Nationale des Sous-Officiers d’Active) et pourront ensuite choisir une spécialité : infanterie, cavalerie, artillerie, etc.
Dans la Marine, c’est à l’EDM (École de Maistrance) que les prétendants seront testés et formés ensuite pendant cinq mois avant de choisir leur spécialisation.
Pour intégrer la gendarmerie, il est nécessaire :
Selon l’unité à laquelle ils appartiennent, les futurs tireurs d’élite seront formés au centre national d'entraînement des forces de gendarmerie de Saint-Astier ou par des spécialistes du GIGN.
Côté police, il faudra intégrer l’ENP (école nationale de police) sur concours dans un premier temps.
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Avant d’être tireur d’élite (TE) ou tireur d’élite de longue distance (TELD) il faudra devenir tireur de précision et avoir servi à ce poste pendant plusieurs années. La sélection est rude, la formation exigeante. Quatre semaines au cours desquelles les apprenants suivront :
Seuls les meilleurs tireurs de précision pourront suivre la formation TELD qui dure de quatre à huit semaines. Dans certaines unités il n'y a pas de tests de sélection. Les tireurs sont choisis en regard de leur dossier à l’issue de la FGI. Ils vont alors passer leur FA TP (formation d'adaptation tireur de précision) qui est la première sélection.
Pendant toute cette formation, les apprentis TE vont effectuer de nombreux tirs au FR F2 à toute distance, par tous les temps, après efforts... Ils vont par ailleurs effectuer de nombreuses marches d'orientation de nuit, des exercices d'observation, de mémorisation et de camouflage. La formation dure 8 à 10 semaines durant lesquelles les stagiaires vont faire beaucoup de tir au PGM et au FR F2, de marches d'infiltration et de courses d'orientation, d'exercices de camouflage, d'observation-mémorisation.
La formation des tireurs d'élite dépend essentiellement de l'unité d'élite à laquelle ils appartiennent. Ainsi, les tireurs d'élite de la Police nationale sont formés au Centre national de tir (CNT) de Montlignon par des animateurs en Activités physiques et professionnelles (APP) de la Direction des ressources et des compétences de la police nationale (DRCPN).
Les snipers des Pelotons d'intervention de la gendarmerie (PI2G), des Pelotons de surveillance et d'intervention de la gendarmerie (PSIG) et des Pelotons spécialisés de protection de la gendarmerie (PSPG) reçoivent une formation auprès de tireurs d'élite du Groupe d'intervention de la gendarmerie nationale (GIPN). Les autres unités d'élite sont, quant à elles, formées au sein du Centre national d'entraînement des forces de gendarmerie de Saint-Astier.
Les forces spéciales constituent un objectif d’excellence pour de nombreux militaires. En règle générale, un tireur d'élite commence sa carrière en tant que tireur de précision au sein d'une unité d'infanterie de l'Armée de terre. Après plusieurs années d'expérience sur le terrain, il peut espérer être promu au poste de tireur d'élite qui constitue, en quelque sorte, une consécration pour un sniper.
Si vous parvenez à ce niveau d'excellence, vous disposerez alors d'une totale autonomie que ne possèdent pas les tireurs de précision. Cela signifie qu'en mission, vous serez amené à gérer votre propre survie en emportant votre nourriture, vos vêtements, vos munitions. Tout cela augmentera considérablement le poids de votre sac. Il faut également savoir qu'un tireur d'élite travaille généralement en binôme avec un observateur que l'on appelle le chef de pièce. Bien souvent, ce dernier est un ancien tireur d'élite. Si son rôle principal est de donner les corrections de tir au sniper, il peut toutefois le remplacer lorsque la mission d'observation dure plusieurs heures.
La spécialité de tireur d'élite est accessible à partir du poste de tireur de précision. Pour cela, ils doivent en premier lieu valider la formation d’adaptation complémentaire de qualification (FACQ). Entre autres exigences, il faut savoir localiser une cible identifiée, l’observer à distance et collecter du renseignement afin de servir un objectif plus large. Il faut également savoir survivre en autonomie complète durant 48 heures. Couchage, vêtements, nourriture, eau, sans compter le fusil SCAR-H, au total, les sacs oscillent entre 45 et 55 kilogrammes.
Une évolution est possible tout au long de la carrière, que ce soit par l’acquisition de nouvelles compétences et qualifications, par un changement d’orientation, une montée en grade.
Le salaire d’un militaire dépend de son grade. Un soldat ou un matelot percevra 1 555.76€ brut par mois pour un grade 2. Un caporal-chef selon son grade percevra entre 1 593.25€ et 2 005.62€. Le salaire brut mensuel d'un débutant est d'environ 1 500€. La spécialité tireur de précision est généralement accessible dans les régiments d'infanterie ou de cavalerie légère. Pour devenir tireur de précision les soldats s'engagent dans un premier temps dans un régiment au sein duquel cette spécialité existe.
Voici un tableau récapitulatif des salaires:
Grade | Salaire Brut Mensuel |
---|---|
Soldat/Matelot (Grade 2) | 1 555.76€ |
Caporal-Chef | Entre 1 593.25€ et 2 005.62€ |
Débutant | Environ 1 500€ |
Outre l'armée de terre et ses unités d'infanterie, les tireurs d'élite peuvent également travailler au sein du GIGN, de l'unité d'élite de la Police nationale (RAID), du Service de protection des hautes personnalités (SPHP), de la Brigade de recherche et d'intervention - Brigade anti-commando (BRI-BAC) de la préfecture de police, de la Garde républicaine et de la Gendarmerie des transports aériens (GTA), des Pelotons de surveillance et d'intervention de la gendarmerie (PSIG), des Pelotons spécialisés de protection de la gendarmerie (PSPG) ou encore du Groupe de sécurité du président de la République (GSPR). Malgré les différentes unités d'élite au sein desquelles les tireurs d'élite peuvent intervenir, le métier reste néanmoins réservé aux agents les plus performants.
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