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Le 31 octobre 2024, la Corée du Nord a effectué un nouveau tir d’ICBM en présence de Kim Jong-un. Selon les autorités japonaises et sud-coréennes, le vol a duré 87 minutes, une durée record pour les essais d’ICBM menés par le pays jusqu’à présent.

Développement des Capacités Nucléaires Nord-Coréennes

Les efforts de Pyongyang pour acquérir une capacité de frappe intercontinentale s’étendent sur près de vingt-cinq ans, comme en témoignent les efforts déployés pour développer les véhicules de lancement Taepodong-1 et Taepodong-2, entre 1998 et 2006. En 2012, la présentation du Hwasong-13 (KN-08) lors d’un défilé à Pyongyang a montré les ambitions du régime dans ce domaine.

La Corée du Nord dispose aujourd’hui d’au moins cinq modèles différents d’ICBM, dont quatre sont probablement en service :

  • Hwasong-14 (KN-20) : Annoncé opérationnel en 2017, avec une portée théorique estimée à 10 000 km.
  • Hwasong-15 (KN-22) : Lancé en 2018, avec une portée potentielle de 13 000 km capable d'atteindre une grande partie du territoire américain.
  • Hwasong-18 : Premier ICBM à propulsion solide testé en 2023.

La mise à l’essai régulière de différentes options technologiques contribue de manière large à la crédibilité de la dissuasion nucléaire nord-coréenne dans la mesure où cela accroit les chances qu’un des systèmes déployés fonctionnent de manière nominale en cas d’utilisation.

Motivations et Objectifs de la Corée du Nord

Au lendemain d'un nouveau tir de missile balistique intercontinental, le dirigeant nord-coréen Kim Jong-Un a affirmé que son pays est devenu un État nucléaire à part entière, capable de frapper n'importe où aux États-Unis.

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Selon Juliette Morillot, spécialiste de la Corée du Nord, l'arme nucléaire est une assurance-vie pour le régime. Les objectifs de la Corée du Nord incluent :

  • La possibilité d'un dialogue d'égal à égal avec les États-Unis et la Chine.
  • Ne plus se sentir sous la menace américaine.
  • Un traité de paix sur la péninsule coréenne.

Sanctions Internationales : Contexte et Conséquences

La Corée du Nord a été visée par différents régimes de sanctions, initialement imposées par les États-Unis pendant la guerre de Corée (1950-1953) pour sanctionner le régime politique nord-coréen. Les sanctions post-guerre froide se sont concentrées sur les projets de nucléaire militaire.

Même si elle a signé le Traité de non-prolifération (TNP) en 1985, elle refuse les inspections sur son territoire tant que les États-Unis n’auront pas retiré toutes les installations nucléaires présentes en Corée du Sud, considérées par Pyongyang comme menaçant directement sa sécurité nationale. Lorsqu’il apparaît incontestable, à partir de 1989, que la Corée du Nord développe un programme de nucléaire militaire, l’URSS décide d’imposer des sanctions.

Le régime de sanctions actuel a été mis en place à partir de 2003 et a été l’objet de nombreux réajustements, en marge de l’activité diplomatique et des gesticulations de Pyongyang. Il fut ainsi renforcé en marge des essais nucléaires et balistiques conduits par la Corée du Nord, et assoupli à la suite de décisions politiques visant à instaurer le dialogue, comme ce fut le cas en 2007, consécutivement aux accords avec les États-Unis et à l’historique sommet intercoréen d’octobre 2007.

Avant le régime des sanctions, et compte-tenu de la disparition de l’Union soviétique, l’économie de la Corée du Nord était déjà considérablement affaiblie par l’absence de soutiens extérieurs. La fin de la guerre froide n’a fait que confirmer l’arrêt déjà engagé des aides en provenance de Moscou, et la fin de la coopération offerte par les pays du bloc de l’Est.

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Les conséquences économiques de ces sanctions seront importantes pour la population dont le PIB par habitant est considéré comme l’un des plus faibles de la planète, l’équivalent de 1 800$ par an et par habitant. Le chômage touche plus d’un quart de la population alors même que la production agricole est plus qu’insuffisante pour répondre aux besoins essentiels de la population.

Sanctions Économiques et Commerciales

Essentiellement orchestrées par les États-Unis, les sanctions économiques frappant la Corée du Nord visent à affaiblir l’économie de ce pays, dans l’espoir d’une chute du régime. Les États-Unis ont imposé des sanctions économiques et commerciales à plusieurs reprises à la Corée du Nord, en particulier après la reprise du programme nucléaire de Pyongyang en 2002. Toutefois, les premières sanctions remontent à 1950, en marge de la guerre de Corée, et ne furent partiellement levées qu’avec les accords de la KEDO en 1994, et en particulier en 2000, en parallèle à la Sunshine policy engagée par Séoul et soutenue par l’administration Clinton.

Les sanctions commerciales américaines se caractérisent par un embargo sur ce pays, et donc l’absence d’importations et d’exportations.

Le gouvernement japonais a adopté à plusieurs reprises des mesures unilatérales contre Pyongyang. Ainsi, au lendemain des tirs de missiles de juillet 2006, il interdit de procéder à des transferts de fonds vers la Corée du Nord. Il a refusé également pendant six mois l’accostage dans ses ports aux ferrys effectuant la liaison entre les deux pays.

Impact Humanitaire des Sanctions

Victime collatérale mais principale de l’aventurisme de ses dirigeants et des sanctions économiques mises en place pour le condamner, la population nord-coréenne souffre d’une malnutrition devenue chronique. À la fin des années 1990, après une famine résultant d’un collectivisme inefficace et de sanctions internationales sévères, le taux de malnutrition aiguë s’élevait à 16% de la population. Aujourd’hui, ce chiffre est redescendu à 7%, si on tient compte des chiffres des ONG, ce qui est un progrès considérable mais traduit, dans le même temps, l’incapacité du régime à assurer l’essentiel pour sa population.

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Les conséquences démographiques de ces sanctions furent exceptionnellement dramatiques. Selon les estimations à Séoul, la Corée du Nord aurait ainsi perdu un dixième de sa population, soit plus de deux millions de personnes, du fait de la famine dans les années 1990.

Effets Contre-productifs des Sanctions

Certains s’interrogent sur les effets contre-productifs des sanctions, qui affaiblissent la population, mais renforcent dans le même temps le régime. Il est en effet fort probable que, face à des sanctions qui rendent la vie encore plus difficile à son peuple, le régime nord-coréen ne se décide à pousser le chantage encore plus loin, soit en procédant à de nouveaux essais, soit en déployant des missiles balistiques dotés d’armes nucléaires.

De l’avis général, les sanctions économiques n’ont eu quasiment aucun impact sur la classe dirigeante, qui n’en souffre pas directement. L’autre problème de ces sanctions réside dans leur application. Alors que les entreprises d’État ne fonctionnent qu’à 30% de leurs capacités en raison des pénuries d’énergie et que la Corée du Nord souffre de famine, les entreprises privées sont tolérées par « permission administrative », et l’on assiste à l’émergence d’une classe de nouveaux riches issus des élites qui contrôlent le marché noir, le trafic des devises, les droits de transit, l’exportation des produits marins, la contrebande des produits de consommation et la dîme prélevée sur les « investissements étrangers » que la Corée du Nord tente d’attirer dans différentes zones économiques spéciales.

Soutien Étranger et Perspectives d'Avenir

La Chine reste aujourd’hui le principal soutien du régime nord-coréen grâce à une aide économique sans doute conséquente, même si aucune information, concernant sa nature et son montant réel, n’est dévoilée.

Menaces et Capacité de Frappe

La Corée du Nord a affirmé avoir réalisé un tir de bombe à hydrogène d'une force sans précédent. Les experts de Séoul ont estimé sa puissance à 50 kilotonnes, soit cinq fois plus que le précédent test nord-coréen, et plus de trois fois plus que la bombe américaine lâchée sur Hiroshima en 1945, selon des responsables sud-coréens.

Pyongyang a lancé un missile Hwasong-11Da-4.5, capable de transporter une ogive de grande taille pesant 4,5 tonnes. "Mais puisqu’elle est capable de transporter une ogive nucléaire, elle peut être considérée comme une arme nucléaire », a déclaré Hong Min, principal analyste à l’Institut coréen pour l’unification nationale à Séoul.

Tableau Récapitulatif des ICBM Nord-Coréens

Nom du Missile Désignation US Type de Propulseur Portée Estimée (km) État Opérationnel
Hwasong-14 KN-20 Liquide 10 000 Retiré du service (estimation)
Hwasong-15 KN-22 Liquide 13 000 Probablement en service
Hwasong-18 N/A Solide > 15 000 En développement actif

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