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La dissuasion nucléaire française, garante de la survie de la Nation, est un outil fondamental qui concourt aux équilibres stratégiques ancrés dans un environnement international complexe. Par définition, la dissuasion nucléaire s’exerce en permanence.

Depuis 1958, chaque Président de la République expose, durant son mandat, les éléments clés de la doctrine nucléaire de la France. Si la dissuasion nucléaire française est caractérisée par son caractère souverain et indépendant, elle a une place singulière au sein de l’OTAN puisqu’elle contribue à la dissuasion de l’Alliance, et revêt une dimension authentiquement européenne.

La France fait preuve, par ailleurs, de lucidité sur l’environnement stratégique international, qui est d’autant plus complexe depuis l’invasion de l’Ukraine par la Russie. Néanmoins, elle ne renonce pas à l’objectif du désarmement, conformément aux engagements qu’elle a pris dans le cadre du traité de non-prolifération nucléaire. Le désarmement n’a cependant de sens que s’il contribue de manière effective à la stabilité et à la sécurité.

Les Composantes de la Dissuasion Nucléaire Française

Elle repose sur deux composantes complémentaires : la composante océanique (sous-marins nucléaires lanceurs d’engins) et la composante aéroportée (Rafale et ravitailleurs stratégiques). La France ne dispose plus que de deux composantes : une navale et une aérienne. Les quatre SNLE (sous-marin nucléaire lanceur d'engins) de nouvelle génération - dont l'un au moins patrouille en permanence - sont dotés de missiles balistiques M51. Entrés en service en 2010, ils ont une portée intercontinentale. En 2015, ils comporteront la tête nucléaire océanique (TNO), ogive thermonucléaire.

A ces sous-marins nucléaires s'ajoutent des chasseurs-bombardiers. Les forces aériennes nucléaires comprennent deux escadrons de Mirage-2000N et de Rafale, ainsi qu'une flotille destinée au porte-avions. Elles emportent les missiles ASMP (air-sol moyenne portée) dotés de l'arme TN83, qui sont progressivement remplacés depuis 2010 par des missiles ASMPA (améliorés) dotés de la tête nucléaire aéroportée (TNA).

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Doctrine et Portée Stratégique

Cette doctrine donne à la dissuasion une portée stratégique : la France refuse ainsi que l’arme nucléaire puisse être considérée comme une arme de champ de bataille ; elle doit rester un instrument de dissuasion visant à empêcher la guerre. L’outil de dissuasion français est crédible grâce à l’adaptation et au renouvellement de ses forces.

La dissuasion française, dont le budget est d'un peu plus de trois milliards d'euros par an, a pour but de protéger les intérêts vitaux du pays contre toute menace étatique grave, quels que soient les moyens employés. Un État qui mettrait en cause ces intérêts se verrait menacé de "dommages inacceptables", visant notamment ses centres de pouvoir.

Le Concept d'"Avertissement Nucléaire"

La doctrine française prévoit aussi la possibilité d'un "avertissement nucléaire", sous la forme d'un tir d'ampleur limitée. Seul le président de la République peut ordonner l'emploi de l'arme nucléaire.

Le missile ASMP-A est en effet l’arme principale qui serait utilisée dans le cadre de ce que la doctrine française nomme « ultime avertissement ». Ce concept, articulé par le Premier ministre de Valéry Giscard d’Estaing, Raymond Barre, en 1977, est resté depuis lors immuable alors que le monde et bien des aspects de la défense française ont évolué en quatre décennies.

Évolution et Adaptation de la Doctrine

Comme les Etats-Unis et l’URSS, la France faisait reposer sa dissuasion nucléaire sur la « triade » (missiles terrestres, armes aéroportées, et sous-marins lanceurs d’engins) dont elle a supprimé la composante terrestre en 1998. Elle maintenait une stratégie « anti-cités » considérée par Raymond Barre comme la « seule vraiment dissuasive » ; or à partir du Livre Blanc sur la Défense de 1994, cette notion disparaît du discours officiel au profit de celle, plus floue, de « dommages inacceptables » ou de « frappe insupportable » sur les « centres névralgiques ».

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« Nos forces nucléaires ont été configurées (…) avec la flexibilité et la réactivité nécessaires. L’aveu est encore plus clair : monter de l’échelon du conventionnel à celui du nucléaire, fût-ce de façon « unique et non renouvelable », signifie bien que la dissuasion nucléaire a échoué à décourager une attaque contre les intérêts vitaux de la France puisqu’il faut la « rétablir ».

Critiques et Contradictions

Cette présentation illustre bien toute l’absurdité de la doctrine française : elle vise à dissuader une attaque conventionnelle en menaçant l’agresseur potentiel du recours à l’arme nucléaire (fût-elle tactique ou « pré-stratégique ») tout en espérant que celui-ci ne ripostera pas par du nucléaire au nucléaire (« l’apocalypse »).

Il devient donc inévitable que la France s’engage dans une escalade soit génocidaire si l’arme nucléaire est utilisée contre un pays non nucléaire, soit suicidaire dans le cas d’un emploi contre une autre puissance nucléaire, laquelle ne pourra que riposter par du nucléaire.

Autre contradiction, tout en continuant d’intégrer dans sa doctrine l’emploi éventuel d’armes nucléaires comme premier échelon de l’escalade, la France refuse désormais officiellement de les considérer comme tactiques par rapport aux armes stratégiques. Ce refus est affirmé dans le Livre Blanc sur la Défense et la Sécurité nationale de 2008 : « Les armes dont sont dotées les deux composantes [sous-marine et aéroportée] présentent toutes un caractère stratégique.

En effet, avec la fin de la guerre froide, le président Mitterrand renonça en 1991 à déployer les bombes nucléaires tactiques AN52 aéroportées sur Jaguar et le missile sol-sol Pluton, et fut suivi par le président Chirac, qui abandonna le missile sol-sol Hadès en 1997, puis par le président Sarkozy, qui dissout l’escadron de Mirage basé à Luxeuil en 2010.

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Cette évolution préoccupe non seulement les opposants à la dissuasion nucléaire, mais aussi des officiers généraux français du Cercle de réflexion Interarmées qui craignent que la France soit entraînée dans un engrenage banalisant l’emploi des armes nucléaires tactiques sur le sol européen.

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