Le sport est une activité physique volontaire et privée qui s’est développée pendant la première moitié du XXe siècle dans les pays dotés d’un système politique démocratique parlementaire. Les réseaux d’équipements sportifs sont indissociables de l’histoire du sport et de son développement dans notre pays.
D’une sorte de « manifestation de la vie élégante » à « un système institutionnalisé de pratiques compétitives, à dominante physique, délimitées, codifiées, réglées conventionnellement », le sport est passé en un siècle d’une activité représentative du snobisme « de quelques jeunes gens bien nés à l’anglomanie manifeste » qui rimait avec hippisme à un phénomène populaire qui rime avec forme - santé, beauté, dynamisme, décontraction - et performance.
Si en 1950, la France comptait deux millions de licenciés sportifs, en 2000 ils sont près de quatorze millions auxquels il faut ajouter plus de onze millions de Français qui font du sport hors associations. Il a conquis la société tout entière en suscitant la généralisation des pratiques physiques et en s’imposant dans les représentations. « Le symbolisme sportif est devenu aujourd’hui une forme dominante du symbolisme social qui a remplacé le symbolisme militaire ou religieux. »
Il n’a pas seulement envahi les médias. Il a changé nos pratiques vestimentaires, comme nos pratiques alimentaires et notre emploi du temps. Le sport, dans son acception la plus large, est bien un phénomène de société : les enquêtes sont formelles, qui précisent que si le temps consacré aux activités sportives atteint presque une heure par semaine en 1985, il ne représentait que 20 minutes en 1975.
Le mot sport vient du vieux français desport qui signifie se divertir, s’amuser. La naissance du sport moderne a été rendue possible grâce à l’existence d’un régime libéral parlementaire en Angleterre qui est en avance sur les autres pays. De ce fait, beaucoup d’Anglais résident en France dans les ports de la mer du Nord, de la Manche (Le Havre, Rouen), de l’Atlantique (Nantes, Bordeaux) et la Méditerranée et dans les grands centres industriels du Nord (Lille-Roubaix-Tourcoing), à Lyon (industrie de la soie) et bien sûr dans la capitale, Paris.
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Ils fondent les premiers Athletics (les clubs). De là, le sport dans son acception moderne s’est très vite diffusé sur le continent et en particulier en France dans les villes portuaires, lieux privilégiés du négoce international et dans les stations balnéaires et hydrothermales, lieux de villégiature de la bonne société en plein développement au XIXe siècle. Le sport participe à « un renouveau d’intérêt pour le corps auquel n’est pas étranger le climat scientiste et positiviste ambiant ».
Pourtant à ses débuts, il reste l’apanage de la société mondaine (noblesse et grande bourgeoisie traditionnelle). Les jeunes gens de bonne famille sont envoyés dans les collèges britanniques où ils apprennent les nouvelles pratiques. A leur retour sur le continent, ils ne pensent qu’à continuer à pratiquer leurs sports favoris. Les activités sportives s’observent dans les grandes villes où elles s’organisent et dans les lieux de villégiature fréquentés par les aristocrates et les bourgeois.
Après la défaite de 1870, avec la perte de l’Alsace-Lorraine, la France pense à la revanche. Tout incite à l’exaltation du culte de la nation-armée et à l’amour de la patrie. L’enseignement de la gymnastique militaire, destinée à former des hommes forts et vigoureux, devient obligatoire par la loi du 27 janvier 1880, des bataillons scolaires sont créés en 1882 et à partir de 1884, des sociétés conscriptives.
Face à cette éducation « globale », les défenseurs de l’éducation libérale représentée par le « sport » qui développe le goût de l’initiative, de la liberté, du « self-gouvernement » et de l’aventure ne parviennent pas à s’imposer. C’est l’idée soutenue par le baron Pierre de Coubertin. L’Etat privilégie la gymnastique méthodique, scientifique et dosée. Le sport est accusé d’être trop violent.
En 1894, la rénovation des Jeux Olympiques par Pierre de Coubertin contribue à promouvoir les pratiques et l’esprit sportifs. L’installation de la pratique sportive se fait en deux phases. Jusqu’en 1914, la première voit la découverte des différents sports : de simples loisirs sportifs amusants et distingués, ils deviennent de véritables sports avec des pratiques compétitives avant même la fin du XIXe siècle.
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On s’attache à fixer les règles, à organiser les différents sports au niveau national et international, à en vanter les mérites et les bienfaits, à améliorer le matériel pour certains sports comme le tennis, à faciliter l’enseignement avec la publication de nombreux manuels. A la fin du XIXe siècle, le rôle de l’Etat dans les démocraties occidentales est étroitement défini par le contrôle que le pouvoir politique central peut légitimement exercer sur les grandes institutions sociales.
Selon J. Defrance, J. Harvey et R. Beamish des mesures sont prises dès le XIXe siècle pour organiser une éducation physique nationale. Mais, très vite, l’Etat va s’impliquer dans le financement des équipements sportifs, la propagande auprès du public pour une pratique soutenue des activités physiques, l’appui technique pour la formation de pédagogues, la sécurité des pratiquants.
La transformation importante est celle qui fait passer le budget « éducation physique et sports » des ministères de la Guerre ou de l’Intérieur aux ministères de l’Instruction publique ou de la Santé. Ainsi, de l’argumentaire « défense nationale » on passe à l’argumentaire « santé publique » et « bien-être de la population », avec prise en charge par les ministères de la Santé, du Travail et de l’Education.
La seconde phase, qui se situe dans l’entre-deux-guerres, voit son intégration dans la société tout entière et donc sa démocratisation. La journée de huit heures est votée à la Chambre en 1919, ce qui permet d’envisager la pratique sportive par les ouvriers. Déjà en 1906, les classes laborieuses avaient gagné le repos hebdomadaire (le dimanche).
Mais c’est en 1936 que le Front populaire instaure les congés payés. Le droit au temps libre devient dès lors une réalité. En même temps, l’Etat intervient dans l’organisation du sport alors qu’il le considérait jusque-là comme appartenant à la sphère privée. Le sport des scolaires régi jusque-là par l’USFSA est réorganisé par l’Etat en 1923 avec les Comités sportifs d’Académie.
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Mais c’est au Front populaire que revient la création de l’Office du Sport Scolaire et Universitaire (OSSU) en 1938, puis l’Union Sportive de l’Enseignement Primaire (USEP) en 1939. Quelques municipalités épousent l’engouement de la jeunesse pour le sport et se lancent dans la construction d’équipements sportifs (stades et piscines) et ce, dès 1925. Le tennis participe comme les autres sports sinon plus fortement à ce mouvement, car il présente l’avantage de pouvoir être pratiqué par les deux sexes et à tous les âges de la vie, comme le golf d’ailleurs. De plus, il nécessite peu d’espace et un court peut être installé sur n’importe quel terrain plat.
L’intervention de l’Etat dans les années 20-40 se produit quand la transformation du sport revêt des aspects qui intéressent les pouvoirs publics tels la lutte contre la violence, contre le professionnalisme, et aboutit à sa reconnaissance d’utilité publique. Elle lui apporte subventions et aide technique, mais introduit aussi un contrôle.
Dans les années 30, le sport est placé sous la coupe d’organismes publics au moment même où il se produit un renforcement général des fonctions de l’Etat durant la crise économique. Et la séparation entre organes sportifs olympiques et organes sportifs nationaux s’avèrera illusoire, le Comité international olympique (CIO) bataillant constamment contre cette fusion.
Les politiques municipales d’équipements sportifs commencent en 1925 avec les élections municipales et la loi du 25 mars 1925, relative à l’expropriation pour cause d’utilité publique en vue de l’établissement de terrains sportifs. Dans bien des villes y compris balnéaires, on voit s’esquisser un programme d’équipements municipaux de première génération : stade, piscine, gymnase, vélodromes, hippodromes, de grand rayonnement, complétés par des installations de proximité aux dimensions plus restreintes.
Après la guerre, la nécessité de construire des équipements sportifs se fait plus évidente d’autant que le nombre de licenciés augmente considérablement : 850 000 en 1945, 1 750 000 en 1947, 2 325 000 en 1955. Compte tenu de la demande, les municipalités vont devoir s’engager dans une politique communale d’équipements sportifs. De plus les clubs omnisports qui possèdent un patrimoine d’installations privées traversent de réelles difficultés, n’ayant pas les moyens de rénover.
Les municipalités vont opter pour la municipalisation des équipements concernés. La société mondaine a le temps de prendre des vacances, les moyens d’avoir des loisirs coûteux et de se déplacer. Cures dans les stations thermales, nombreuses en France, et bains de mer, en vogue depuis le dernier quart du XIXe s., font partie des rites de cette société privilégiée, qui veut aussi pratiquer un sport sur son lieu de résidence principal et souhaite retrouver cette activité lors de ses déplacements.
Des réseaux sont ainsi créés sur les lieux de résidence et recréés sur les lieux de loisirs. Après le thermalisme, la bourgeoisie urbaine se tourne vers le bord de mer et ses plaisirs. Les stations balnéaires deviennent à la mode et les sports y prennent une place considérable, surtout après les années 1890.
Dans un premier temps, les équipements sportifs n’existent pas à proprement parler. Les champs de courses sont les premiers installés car ils correspondent à la pratique la plus ancienne (XIXe siècle), ils ne sont pas toujours de vrais hippodromes. Lorsqu’ils existent, ils sont toujours aménagés sur des fonds privés. Dans de nombreuses stations balnéaires, le tennis a d’abord été pratiqué sur la plage à marée basse.
Au début du XXe siècle les équipements sportifs sont encore rares, et les compétitions, manifestations sportives, se déroulent le plus souvent dans des champs aménagés, sur la voie publique ou dans les rivières… que dans des stades ou des piscines. La plupart des villes côtières ont dû se doter d’une infrastructure hôtelière, sportive (tennis, hippodromes, tirs aux pigeons, stands de tir, salles d’armes, ports de plaisance) et de loisirs (casinos, théâtres, aménagement de plages) capable de satisfaire des résidents saisonniers de plus en plus nombreux.
A titre d’exemple, Nice accueille cinq mille familles dans l’hiver 1874-1875 et environ 22 000 personnes qui y séjournent plusieurs mois en 1887. Parmi les riches touristes venus goûter la douceur climatique de la Riviera, beaucoup s’adonnent aux joies du sport. Tout au long de la saison, des régates, des courses de voitures, des tournois de tennis sont organisés.
Ainsi le rallye de Monte-Carlo est lancé par le prince Albert 1er en 1911, et le Grand Prix automobile est créé en 1929. L’administration monégasque a soutenu le financement d’une plage artificielle qui nécessitait une digue sous-marine. Le yachting, activité réservée aux stations balnéaires, n’est accessible, jusqu’à la Seconde Guerre mondiale, qu’à la grande bourgeoisie.
A Cannes, la pointe de la Croisette abrite trois petits ports pouvant accueillir cinq cents bateaux de plaisance, mais, dès 1908, de nouveaux aménagements doivent être effectués. Dans le Sud-Ouest, la douceur du climat palois avait déjà attiré les Anglais. Amenant avec eux des sports encore inconnus, ils implantèrent à Pau un golf et un hippodrome dès le milieu du XIXe siècle.
Biarritz qui bénéficie de l’agrément de la mer et qui compte déjà 400 résidents britanniques vers 1870, va éclipser toutes les stations balnéaires voisines et attirer une clientèle de plus en plus aisée et cosmopolite. Sur les côtes normandes, le tourisme sportif balnéaire exige la présence de trois cents hôtels en 1939.
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