Dans le monde du football, les matchs à élimination directe atteignent souvent un point culminant dramatique : la séance de tirs au but. Ce moment de haute tension est redouté et anticipé, transformant des rencontres à grands enjeux en des instants inoubliables pour joueurs, entraîneurs et supporters.
Dans les compétitions où une équipe doit absolument être déclarée vainqueur, comme la Ligue des Champions, la Coupe du Monde, l’Euro ou la Coupe de France, les prolongations sont utilisées en cas d'égalité à la fin du temps réglementaire. Une prolongation dure 30 minutes, divisée en deux périodes de 15 minutes. Si, à l'issue de ces prolongations, le score reste inchangé, une séance de tirs au but est mise en place par l'arbitre.
En cas de match nul à l’issue du temps réglementaire, les joueurs doivent être préparés physiquement et mentalement pour entamer deux périodes de jeu supplémentaires. Les prolongations nécessitent de puiser dans ses ressources et d’avoir une gestion tactique efficace pour maximiser ses chances de gagner.
Certaines formations cherchent à limiter les risques et se replient en défense pour fermer les espaces exploitables par l’adversaire et maintenir le score jusqu’au terme des prolongations. Les prolongations sont bien plus qu’un simple temps additionnel, ce sont des phases de jeu intenses, remplies de suspense, qui peuvent changer le cours d’un match et laisser leur empreinte dans l’histoire du foot.
Les formations tirent de manière alternée cinq tirs au but chacune, et la formation qui aura le plus marqué sur ces 5 tirs remportera la partie.
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Plusieurs moments sont restés dans les annales, comme la finale de la Coupe du Monde de 1966 entre l’Angleterre et l’Allemagne de l’Ouest. En 2014, la finale de la Ligue des Champions opposait deux clubs madrilènes, le Real de Madrid et l’Atlético de Madrid. L’Atlético de Madrid menait 1 à 0 en fin de temps réglementaire, et le défenseur central du Réal de Madrid (Sergio Ramos) est venu briser le rêve des Colchoneros de remporter la première Ligue des Champions de leur histoire en marquant à la 93ème minute.
Le football, sport populaire par excellence, est une discipline quasi bicentenaire. Presque 200 ans d’existence qui ont vu la création et la suppression de certaines règles, mais aussi la modification et l’adaptation d’autres qui donneront le football tel qu’il est pratiqué aujourd’hui. Un règlement qui est le même pour tous, du footeux amateur au joueur professionnel, et qui concerne tant l’agencement et l’équipement du terrain que le déroulé du jeu ou l’équipement des joueurs.
Toutes ces règles sont compilées sous forme de lois, au nombre de 17. Les lois du jeu, « Laws of the Game » en anglais, regroupent les différentes règles du football définies par l’IFAB (International Football Association Board) et la FIFA (Fédération Internationale de Football Association). Elles ont été rédigées dès 1863 en Angleterre et ont depuis connu un certain nombre d’adaptations, mais les 17 lois encore en vigueur aujourd’hui datent de cette époque. Chaque loi est dédiée à un aspect du jeu et certaines peuvent être soumises à interprétation par l’arbitre, l’idée étant avant tout de conserver l’esprit du jeu.
Un terrain de foot doit être rectangulaire et mesurer au minimum 90 m de long (max. 120 m) pour 45 m de large minimum (max. 90 m). Ces dimensions sont affinées pour les terrains destinés à accueillir des rencontres internationales et passent à une longueur de ligne de touche minimum de 100 m (max. 110 m) pour une largeur de terrain de 64 m minimum (max. 75 m). La surface du terrain doit être naturelle ou, selon le type de compétition, synthétique ou hybride, et elle doit être délimitée par des lignes continues appelées lignes de touche et lignes de but. Le terrain est séparé en deux parties par une ligne médiane au centre de laquelle se trouve un cercle de 9,15 m de rayon appelé rond central.
Chaque coin du terrain correspond à la zone de tir des corners et est à ce titre marqué d’un arc de cercle de coin et équipé d’un poteau de corner avec drapeau. Les poteaux de corner doivent mesurer au moins 1,50 m de haut et ne doivent représenter aucun danger pour les joueurs. Les buts situés à chaque extrémité de la surface de jeu doivent mesurer 7,32 m de large sur 2,44 m de haut et doivent disposer de montants de 12 cm d’épaisseur maximum. Les montants et la barre transversale doivent être de couleur blanche et l’ensemble du but devra être solidement scellé dans le sol. L’utilisation de buts mobiles n’est autorisée que si leur lestage leur assure une parfaite stabilité. Les filets sont obligatoires et devront être fixés de manière à ne pas gêner le gardien de but.
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Toute publicité commerciale ainsi que l’affichage de logos ou autres messages sont interdits sur le terrain et sur le matériel qui l’équipe (buts, filets, poteaux et drapeaux de corner…) à partir du moment où les joueurs sont sur la pelouse. Les publicités autorisées qui entourent le terrain devront quant à elles se trouver à au moins 1 m des lignes de touche et du filet de but.
Le ballon de foot utilisé pour chaque rencontre se doit d’être sphérique et conçu dans une matière adéquate (cuir, polyuréthane, PVC…). Les ballons utilisés pour les matchs officiels doivent posséder une circonférence comprise entre 68 et 70 cm et peser, en début de rencontre, entre 410 et 450 g. La pression de gonflage doit par ailleurs osciller entre les 0,6 et 1,1 atmosphère (600 à 1100 g/cm²).
Si le ballon venait à se dégonfler ou à être endommagé en plein match, la rencontre doit être arrêtée et le ballon remplacé. La reprise du jeu se fait par une balle à terre à l’endroit où le ballon a été endommagé. Si le remplacement du ballon doit intervenir pendant une touche, une relance ou un coup de pied arrêté, la reprise du jeu se fera de manière à correspondre à l’action en cours avant l’interruption.
Chacune des deux équipes doit être composée de 11 joueurs maximum présents sur le terrain, soit un gardien de but et dix joueurs de champ, dont un capitaine d’équipe. Ces joueurs occupent différents postes et pourront être remplacés à tout moment du match, dans une limite de cinq remplacements autorisés par équipe. Les remplaçants devront être désignés comme tels avant le début de la rencontre et un joueur sorti du terrain dans le cadre d’un remplacement ne pourra rentrer à nouveau en cours de match. Le joueur remplaçant ne pourra fouler la pelouse qu’une fois le joueur sortant en dehors du terrain et sur invitation de l’arbitre.
Il entrera en jeu au niveau de la ligne médiane lors d’un arrêt de jeu. N’importe quel joueur de champ pourra remplacer un gardien de but à condition que l’arbitre ait été informé au préalable. Si un remplaçant entre sur le terrain sans y avoir été invité, il se verra sanctionné d’un carton jaune. Un coup franc indirect sera attribué à l’équipe adverse à l’endroit où se trouvait le ballon au moment de l‘interruption du jeu. Un joueur expulsé en cours de match, sur carton rouge ou double carton jaune, ne peut être remplacé, laissant ainsi son équipe en infériorité numérique. Un joueur expulsé avant le coup d’envoi pourra toutefois être remplacé par un remplaçant préalablement désigné. Le match pourra donc débuter à 11 contre 11. En revanche, un remplaçant expulsé avant ou pendant la rencontre ne peut être remplacé par un autre joueur.
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Tout remplaçant, même s’il ne joue pas, doit se soumettre à l’autorité de l’arbitre. L’équipement d’un joueur ne doit présenter de danger ni pour les autres, ni pour lui-même. Il doit être règlementaire et commun à tous, les bijoux et autres accessoires personnels étant proscrits. Les gardiens doivent quant à eux être équipés de gants spécifiques à leur poste. A cette tenue s’ajoutent des protège-tibias qui devront être entièrement recouverts par les chaussettes et qui devront être suffisamment efficaces pour assurer la bonne protection des joueurs. En cas de non-respect de ces règles ou de tenue inappropriée, le joueur concerné pourra être l’objet d’avertissements ou de sanctions.
Toute rencontre doit se dérouler sous le contrôle d’un arbitre dont le rôle est de faire appliquer les lois du jeu. L’arbitre devra donc s’assurer que toutes les règles soient respectées et fait figure d’autorité sur le terrain. Il devra s’assurer de la conformité du terrain, de l’équipement des joueurs, appliquer les sanctions nécessaires et transmettre aux autorités compétentes un rapport relatif à toutes les mesures prises durant la rencontre. Les décisions de l’arbitre sont indiscutables, sous peine de sanctions, et une mauvaise décision peut être corrigée, à l’initiative de l’arbitre, tant que le jeu n’a pas repris ou que le match n’est pas terminé.
L’arbitre se doit également de veiller à ce que le match se déroule en toute sécurité pour les joueurs, qu’il s’agisse de blessures liées au jeu ou d’éléments extérieurs au jeu (conditions météo, supporters…). Tout arbitre de football se doit d’être équipé d’un sifflet, d’une montre, de cartons jaunes et rouges pour sanctionner les joueurs et d’un carnet pour noter les faits de match. Il pourra également disposer de certains moyens de communication pour échanger avec ses assistants tels que des oreillettes ou des drapeaux électroniques, par exemple. Tout comme les joueurs, l’arbitre a interdiction de porter bijoux ou autres effets personnels durant un match.
Depuis 2017, l’arbitre a à sa disposition une assistance vidéo (VAR) pour l’aider à statuer sur certaines décisions parfois litigieuses. Le recours à cette assistance vidéo n’est permis qu’en cas d’erreur flagrante ou d’incident important qui aurait été manqué et qui concerne un but, un penalty ou un carton rouge. Il peut également consulter la VAR en cas d’erreur quant à l’identité d’un joueur averti ou exclu.
Pour aider l’arbitre dans sa tâche, différents arbitres supplémentaires peuvent être nommés. Officieront alors dans un match deux arbitres assistants, un quatrième arbitre et des arbitres assistants supplémentaires ou de réserve, tous considérés comme arbitres de terrain. L’arbitre assistant vidéo et ses adjoints sont quant à eux hors du terrain mais tous agissent sous l’autorité de l’arbitre principal de la rencontre. En cas de comportement inapproprié, l’arbitre principal peut tout à fait relever de ses fonctions un arbitre assistant.
Les arbitres assistants sont chargés d’indiquer quand le ballon sort du terrain et à quelle équipe il revient pour la remise en jeu, quand un joueur se trouve en position de hors-jeu ou pour signaler un gardien de but qui quitte sa ligne avant qu’un tir au but ne soit tiré. Ils pourront également indiquer quand un remplacement est demandé par une équipe et devront s’assurer que la procédure de remplacement est scrupuleusement respectée au moment du changement.
Le quatrième arbitre est lui aussi chargé de contrôler les procédures de remplacement, mais il devra également indiquer le temps additionnel décidé par l’arbitre à la fin de chaque période. Il devra en outre contrôler le retour d’un joueur sur le terrain, ses équipements ainsi que les ballons de remplacement. Les arbitres assistants supplémentaires reprennent en partie le rôle des arbitres assistants et il existe également des arbitres assistants de réserve chargés de remplacer un arbitre assistant ou un quatrième arbitre qui serait dans l’incapacité de poursuivre la rencontre. Les arbitres vidéo peuvent aider l’arbitre principal à prendre une décision en s’aidant des images du match, seulement dans les cas où le recours à la VAR est autorisé.
Un match de football dure 90 minutes hors éventuel temps additionnel, divisées en deux périodes de 45 minutes. Cette durée peut être modifiée à condition qu’un accord entre l’arbitre et les deux équipées ait été trouvé au préalable, avant le coup d’envoi de la rencontre. La pause entre les deux mi-temps ne peut excéder les 15 minutes et cette durée ne peut être modifiée qu’avec l’accord de l’arbitre. Chaque mi-temps peut être prolongée afin de récupérer le temps perdu du fait d’arrêts de jeu tels que les remplacements, les blessures de joueurs et leur évacuation ou tout autre cause d’interruption du match. On parle alors de temps additionnel, décompté par l’arbitre et ajouté à la fin de chaque période. Le calcul de ce temps additionnel est à l’entière discrétion de l’arbitre. Une prolongation du match peut être jouée en cas de score nul entre deux équipes.
L’arbitre rajoute dès lors deux périodes de 15 minutes afin de permettre aux deux équipes de se départager. Si aucune des équipes ne parvient à faire la différence, la victoire du match se jouera alors lors d’une séance de tirs au but. Si le match est arrêté définitivement avant son terme, il devra être rejoué, sauf si circonstances exceptionnelles ou si cette mesure était prévue par le règlement de la compétition ou par les organisateurs.
Un tirage au sort, le « toss », a lieu avant chaque début de rencontre afin de déterminer quelle équipe choisira son camp. L’équipe qui remporte ce tirage au sort choisira le but en direction duquel elle devra attaquer pendant toute la première mi-temps tandis que l’autre équipe obtiendra le coup d’envoi du match. Le coup d’envoi de la seconde mi-temps sera donné par l’équipe qui a remporté le « toss » et les deux équipes changent de camp. Ce coup d’envoi a lieu au début du match, à chaque début de période (prolongations comprises) et à chaque fois qu’un but est marqué (c’est alors l’équipe qui a encaissé le but qui procède au coup d’envoi).
Tous les joueurs devront se trouver dans leur camp et les joueurs de l’équipe qui ne donne pas le coup d’envoi doivent se tenir à l’extérieur du rond central. Posé au sol sur le point central, le ballon devra être passé par le joueur effectuant le coup d’envoi à l’un de ses coéquipiers après que l’arbitre ait donné le signal à l’aide de son sifflet. Si le joueur désigné pour donner le coup d’envoi touche le ballon une seconde fois, sans le passer à un coéquipier, un coup franc indirect sera accordé à l’équipe adverse, à l’endroit où la faute a été commise. Pour tout autre manquement à la procédure du coup d’envoi, ce dernier devra être recommencé.
En cas d’interruption du jeu en cours de match, la reprise se fera sous forme de balle à terre : l’arbitre lâche le ballon au sol à l’endroit où il se trouvait au moment de l’interruption et le jeu reprend dès que la balle touche le sol.
Le ballon est considéré en jeu lorsqu’il se trouve sur toute la surface du terrain, y compris après avoir touché un poteau de but, une transversale ou un poteau de corner. Il est également considéré en jeu s’il touche un arbitre et que cela n’impacte pas le cours du jeu. Un contact avec l’arbitre qui permettrait à l’équipe d’attaquer plus facilement ou, au contraire, qui serait récupéré par l’adversaire, est en revanche considéré comme hors du jeu. C’est également le cas lorsque la balle franchit les limites du terrain ou que le jeu est arrêté par l’arbitre.
La fin d’un match est sifflée par l'arbitre au terme du temps réglementaire, auquel peut s’ajouter du temps additionnel. L’équipe victorieuse est celle qui aura marqué le plus de buts. Un but est validé lorsque le ballon a entièrement franchi la ligne de but et qu’aucune faute n’a été commise pour pouvoir marquer. Si aucune équipe n’arrive à se départager, le match est alors déclaré nul. Certains formats de compétitions n’autorisent pas le match nul, d’où la présence de prolongations pouvant aboutir sur des séances de tirs au but. Il existe également une règle comptabilisant le nombre de buts marqués par les deux équipes lors d’une rencontre aller-retour : l’équipe qui a marqué le plus de buts à l’extérieur est déclarée vainqueur en cas d’égalité au cumul des scores des deux confrontations.
Un joueur en position de hors-jeu ne commet pas de faute à proprement parler, mais son positionnement sur le terrain offrira à l’équipe adverse un coup franc indirect, même si le joueur hors-jeu est dans sa propre moitié de terrain. Un joueur est dit hors-jeu s’il est plus près de la ligne de but adverse que le dernier défenseur et que le ballon. Pour être considéré comme hors-jeu, ce joueur doit prendre une part active au jeu et tirer un bénéfice de sa position sur le terrain. Si le joueur reçoit directement et accidentellement le ballon suite à une touche, un corner ou un six mètres et qu’il se trouve de fait en position de hors-jeu, il ne peut toutefois être considéré comme tel et sa position ne devra donc pas être sanctionnée.
Il existe diverses manières de sanctionner une faute ou un comportement anti-sportif. La sévérité de la sanction dépend évidemment de la gravité de la faute commise et dans certains cas, un simple avertissement oral suffit. Ces fautes peuvent être matérialisées par des cartons, jaunes ou rouges.
Plusieurs études, toutes critiquées, laissent apparaître qu’il y a un léger avantage. Avant cette Coupe du Monde, 59% des équipes qui tirent en premier finissent par remporter la séance. Cependant, aujourd’hui, seul le Maroc, parmi les 8 dernières séances de tirs au but en Coupe du Monde, a réussi à se qualifier en tirant en premier.
En général, les entraîneurs placent leurs meilleurs tireurs en tout début de séance, et en fin de séance. Le premier tireur est là pour donner le ton. S’il réussit son tir au but, il va donner confiance aux quatre autres. Si le dernier tir peut être décisif (pour égaliser ou offrir la victoire), il faut que ce soit un joueur sûr de lui. Contrairement à une idée reçue, les tireurs peuvent décider de changer leur ordre de passage au dernier moment.
C’est possible, en cas de blessure. Si l’arbitre constate la blessure, il peut alors dispenser le joueur touché de frapper. L’arbitre demander alors à l’équipe adverse d’éliminer un joueur, pour que les deux équipes se présentent dans la séance à armes égales (10 contre 10). Si le joueur blessé est sorti du terrain, avant la séance, il ne peut pas participer, même s’il n’a pas été remplacé. Il est considéré comme ne faisant plus partie du jeu. Tous recommencent à tirer, chacun leur tour (et pas dans une série). On ne fait pas appel aux remplaçants, mais aux joueurs qui ont déjà tiré. L’ordre n’importe pas.
La séance de tirs au but est « hors match ». En revanche, un joueur peut être averti deux fois au cours de la séance et être expulsé.
Vendredi, l'instance a dévoilé ses modifications concernant les lois du jeu à partir de la saison 2023-2024. La loi 14 notamment, celle qui concerne les penalties et tirs au but, a subi un changement plutôt drastique. Voici la nouvelle mouture :"Le gardien de but doit rester sur sa ligne de but, face au tireur, et entre les poteaux et ne toucher ni les poteaux ni la barre transversale ni les filets de but avant que le tir soit effectué. Le gardien ne peut distraire abusivement le tireur, par exemple en retardant l’exécution du penalty ou en touchant les poteaux, la barre transversale ou les filets".
Une attitude qui a fait parler mais qui fait, malgré tout, l'unanimité parmi la confrérie des portiers. Martinez a tout compris. "Un penalty, et encore plus une série de tirs au but, c'est un duel technique mais aussi psychologique, détaille Christophe Revel, ancien entraîneur des gardiens de Rennes, de l'OL et désormais à Brest. Je sensibilise mes gardiens sur ça. Il y a la technique de plongeon, la tactique d'analyse du tireur mais surtout la psychologie de l'approche. Regarder le joueur, le sentir, mettre un grain de sable dans sa préparation. Encore plus dans une série de tirs au but avec la fatigue, le stress, l'émotion".
Dès lors, cette nouvelle règle tombe apparaît comme une contrainte supplémentaire imposée au gardien, poste sacrifié sur l'autel du spectacle et des buts à tout va. "Je commence à m'inquiéter pour le futur de notre poste, pour le futur du gardien de but, avoue Itandje. On avait déjà modifié la règle des penalties pour obliger les gardiens à avoir un pied sur la ligne. Maintenant, on nous impose de ne plus distraire le tireur alors que c'était un des derniers moyens pour les gardiens d'inverser le rapport de force. J'ai l'impression que ce sont des règles établies par des personnes qui n'ont jamais été gardien".
Parce que ces perturbations, justement, avaient permis quelque peu d'équilibrer la balance d'une situation de match pourtant favorable au tireur, a priori."L'exercice commençait à devenir intéressant, rembobine Revel, également président de l'Association française des Entraîneurs de Gardiens de But. Les gardiens étaient de plus en plus acteurs en réalité. Avec un débat de fond aussi sur les stratégies mises en place, notamment lors des séances de tirs au but. En réalité, ça commençait à équilibrer une balance qui est déjà largement favorable aux tireurs. A chaque penalty, on se disait de plus en plus 'ah, potentiellement, celui-là, il peut être arrêté'. Donc cette règle, c'est un peu une tape sur la tête, comme à un enfant qui veut toucher la plaque chaude. On lui dit 'hop, hop, hop', c'est pas pour toi ça".."L'objectif, c'est quoi ? C'est marquer des buts, tout simplement, décrypte-il encore. Il y a une forme d'aseptisation de ce sport, à enlever tous les contacts, à enlever toutes les initiatives personnelles qui sont dans les lois du jeu, qui tend à ce que les joueurs malins disparaissent. L'idée, c'est qu'on rentre dans un football très catégorisé, structuré, droit, propre. Moi, je trouve ça dommage…"
"Est-ce qu'il va rester du spectacle dans notre sport ? Demain, on va nous empêcher de mettre les mains pour arrêter un penalty ? On va nous dire de nous mettre dos au tireur ? On va nous positionner sur la ligne selon les souhaits du tireur ? J'extrapole peut-être mais on va vers quelque chose qui me fait vraiment peur, renchérit Itandje. C'est bien de vouloir mettre en avant le spectacle mais il ne faut pas oublier l'équité. On avantage beaucoup trop les tireurs…".
Reste à savoir comment la théorie va s'appliquer en pratique. Selon l'IFAB, oui. Dans la réalité… "Concrètement, que vont faire les arbitres ? Mettre un carton jaune aux gardiens qui se tapent les crampons sur les poteaux ?", demande Revel. Ce flou, c'est le dernier espoir des gardiens pour filouter."On va quand même essayer de trouver des choses pour que les gardiens se sentent à l'aise dans cet exercice, avoue Itandje, entraîneur des gardiens à Versailles. On va tout faire pour jouer avec ces règles-là, les contourner. Cet aspect de guerre psychologique, je vais l'entretenir avec mes gardiens car il est essentiel".
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