Pendant la Commune, la question des barricades fut très fréquemment soulevée.
Les barricades devaient faire partie du système défensif de Paris. Elles devaient suppléer le silence des forts, évacués ou pris d’assaut. C’était la base même de la guerre des rues qu’on devait non seulement prévoir mais préparer, organiser à l’avance. À la séance de la Commune du 8 avril 1871, Cluseret demande d’urgence qu’il soit constitué une Commission des barricades. Cette proposition mise aux voix est adoptée à l’unanimité.
Alors, on érigea à la hâte et sans trop de méthode quelques barricades dans les quartiers populaires en dépavant la chaussée afin de construire un mur barrant la rue et doté d’embrasures pour les canons quand cela s’imposait. Le tout, garni de pavés et d’un peu de terre. Elles seront pour la plupart inefficaces et détruites car elles gênaient la circulation. Aussi, pour permettre le passage des voitures, d’attelages d’artillerie et des charrettes, on confectionna des entrées en chicane.
Mais c’est sans méthode que l’on construisit celles des rues de Neuilly, Clamart ou aux portes de Paris. On édifia quelques barricades avec talus, fossés et banquettes de tir, rue Royale, place de la Concorde ou place Vendôme.
La première séance de la Commission des barricades eut lieu le 12 avril sous la présidence du colonel Rossel. La Commission arrête « la forme et la dimension de deux types de barricades : l’un pour les grandes voies de communication, l’autre pour les petites rues. Les mesures du fossé, du talus et de la banquette sont rigoureusement déterminées. Elle avait prévu aussi, ce jour-là, divers emplacements de mines et le poids exact de poudre qu’il convenait d’y disposer à titre de charge ».
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Ce nouveau modèle de barricade, conçu par des ingénieurs et réalisé par des spécialistes, est sans doute inspiré par Rossel, officier du Génie. Jules Vallès (1832-1885) s’en fait l’écho dans son drame en cinq actes intitulé La Commune de Paris.
Le 30 avril, la décision est prise de révoquer Cluseret de ses fonctions de délégué à la Guerre et de le remplacer par Rossel (1844-1871). Gaillard père est chargé de la construction des barricades formant une seconde enceinte en arrière des fortifications. Il désignera, ou fera désigner par les municipalités, dans chacun des arrondissements de l’extérieur, les ingénieurs ou délégués chargés de travailler sous ses ordres à ces constructions. Il prendra les ordres du délégué à la Guerre pour arrêter les emplacements de ces barricades et leur armement.
Outre la seconde enceinte indiquée ci-dessus, les barricades comprendront trois enceintes fermées ou citadelles, situées au Trocadéro, aux buttes Montmartre et au Panthéon. Pour la construction des barricades, Gaillard père est autorisé à engager des compagnies spéciales formées de travailleurs spécialisés, encadrés par des techniciens éprouvés.
Barricade baptisée « Château-Gaillard » située entre la rue de Rivoli et la rue Saint-Florentin. On lui doit la grande barricade baptisée « Château-Gaillard » située entre la rue de Rivoli et la rue Saint-Florentin, élevée sur deux étages avec bastion, redan, courtine et fossé large et profond devant le talus. Cette barricade était percée de cinq embrasures. Elle masquait un chemin couvert derrière lequel se trouvaient de nouvelles fortifications. Le tout constituait une double masse de terre enfermée dans des sacs et dans des tonneaux.
« Pendant que Gaillard élevait, à la grande joie des badauds, les forteresses secondaires de la rue de Rivoli et de la rue Castiglione, les points véritablement stratégiques du Trocadéro, de l’Arc de triomphe, de la butte Montmartre, etc.
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Gaillard, qui ne doute pas de ses capacités, n’accepte aucun conseil et refuse la tutelle du Génie militaire. Il est critiqué et ses méthodes sont contestées. À la mi-mai, outre le château Gaillard, il existe une quinzaine de barricades, plus ou moins achevées, construites par les délégations d’arrondissement. Seules celles de la place Vendôme, de la place de la Concorde et du Trocadéro ont été édifiées sous la direction effective de Gaillard.
Mais ces ouvrages dispersés sont insuffisants, et la reprise en main par le Génie militaire est généralement bien accueillie. Il a été dépensé deux millions en achats de chiffons, par le citoyen Gaillard, pour faire des barricades. Je comprends qu’on fasse des barricades avec du fumier et du sable, mais avec des chiffons... La barricade de la place de la Concorde a coûté à elle seule quatre-vingt mille francs. Des sommes importantes ont été engagées pour la construction des barricades et l’installation des batteries.
Le 16 mai, Cluseret, détenu à l’Hôtel de Ville, avait en effet obtenu l’autorisation de constater sur place si les ordres donnés à Gaillard père avaient été exécutés. il insista sur l’urgence de fortifier particulièrement les abords de la place Wagram et souligna la faute énorme d’avoir laissé envahir le bois de Boulogne et préconisa une troisième ligne de défense allant du pont de la Concorde à la Porte Saint-Ouen.
« Les ouvriers qui savent faire des gabions, fascines et clayonnages peuvent se présenter tous les jours à la direction du Génie, 84 rue Saint-Dominique-Saint-Germain. « Les citoyens qui veulent concourir à la défense de la République en travaillant aux ouvrages de défense de Paris par la construction de barricades et de tranchées à forfait, peuvent se présenter à la direction du Génie, 84 rue Saint-Dominique-Saint-Germain ».
À la mort ! Aux barricades ! ANT. EUDES, F. GAMBON, G. EUDES, F. GAMBON, G. Donc, Aux ARMES ! ANT. E. EUDES, F. GAMBON, v G. De nombreuses barricades furent élevées pendant la Semaine sanglante dans les quartiers nord, sud et est de Paris.
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La barricade improvisée dans les journées de mai est de quelques pavés, à peine à hauteur d’homme. Derrière, quelquefois un canon ou une mitrailleuse. Au milieu, calé par deux pavés, le drapeau rouge couleur de Vengeance. A vingt, derrière ces loques de remparts, ils arrêtèrent des régiments.
La barricade des derniers jours n’offre pas seulement l’image d’un combat désespéré ; elle prend une signification nouvelle par l’importante participation des femmes à sa défense. Pendant une semaine, une dizaine de milliers de Fédérés résistèrent aux assauts meurtriers de 130 000 Versaillais.
Mais il était trop tard. /.../Ces barricades étaient faites plutôt pour donner confiance aux hommes qui étaient aux remparts que pour servir véritablement à la défense. C’était l’opinion de Gaillard qu’il fallait faire des barricades pour n’avoir pas à les défendre. L’aspect dissuasif de la barricade-forteresse devait annihiler toute velléité d’attaque des Versaillais.
Pendant la Commune, Napoléon Gaillard aima ses nouvelles fonctions et fut fier de porter l’uniforme. Je revois le colonel, en plein soleil de mai, dans son uniforme élégamment sanglé. Revers rouges à la tunique. Épée au côté. Revolver passé dans le ceinturon verni. Glands d’or de la dragonne battant sur la cuisse. Cinq galons d’or aux manches et au képi. Bottes étincelantes. Tunique à double rangée de boutons dorés.
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