Ariane 5 était, en 2023, la dernière héritière du programme Ariane débuté à la fin des années 70 pour garantir l’indépendance spatiale de l’Europe. Depuis 1997, le lanceur lourd Ariane 5 assurait l’accès à l’espace de l’Europe. Pour suivre l’augmentation du poids des satellites, elle avait doublé sa capacité d’emport par rapport à Ariane 4. Il est rapidement devenu leader mondial sur le marché des lancements de satellites de télécommunication en orbite de transfert géostationnaire : il pouvait y placer 10 tonnes pour un lancement double et 10,8 tonnes pour un lancement simple.
Ariane 5 était un lanceur évolutif, qui en 2 décennies a connu 5 versions différentes pour s’adapter au poids croissant des satellites, et aux besoins des clients et des institutions. Via la Direction des Lanceurs, le CNES assurait la direction technique et financière du programme, et était responsable de la qualification du lanceur. Depuis 2005, la restructuration du secteur spatial a conduit le CNES à se rapprocher de la maîtrise d’ouvrage de l’ESA et à lui apporter son soutien.
Après 27 ans de service et deux reports de son ultime envol, la fusée Ariane 5 a tiré sa révérence mercredi soir à Kourou, en Guyane française. Le 117e et dernier vol de la fusée Ariane 5 a décollé depuis le centre spatial guyanais à Kourou dans la nuit de mercredi à jeudi, à minuit précisément, après plusieurs reports. Le décollage s'est déroulé avec succès.
Le premier report était dû à des «non conformités» sur les lignes de commandes impliquées dans la séparation des boosters de la fusée. Mercredi soir, l'ultime tir d'Ariane 5 s'est déroulé sans encombre sous les yeux de centaines de spectateurs réunis sur place, parmi lesquels des officiels locaux ou encore l'ancienne ministre française de la Justice, Christiane Taubira.
Il s'agissait du 117e vol de la fusée, qui a connu des débuts difficiles: elle avait explosé juste après le décollage lors de son vol inaugural en 1996. L'appareil n'a ensuite subi qu'un seul autre échec, en 2002. La suite de l'histoire est un enchaînement de succès, Ariane 5 se forgeant une réputation de fiabilité telle que la Nasa lui confie même son emblématique télescope James Webb, d'une valeur de dix milliards de dollars.
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Cet ultime vol intervient dans une période de creux pour l'Europe spatiale, quasiment privée d'accès indépendant à l'espace en attendant le relais d'Ariane 6, alors que la concurrence fait rage sur le marché des lanceurs dominé par l'Américain SpaceX. Une situation aggravée par l'échec du premier lancement commercial du lanceur léger italien Vega C, en décembre 2022, et les retards cumulés d'Ariane 6 dont le vol inaugural interviendra dans le meilleur des cas fin 2023.
Les tirs d’Ariane 5 ont eu lieu au Centre Spatial Guyanais à Kourou, aux côtés des lanceurs légers Vega et Vega-C. Le lancement et sa préparation avaient lieu au Centre Spatial Guyanais (CSG) au nord-ouest de la ville de Kourou.
Les satellites arrivent par mer ou par air en Guyane. Ils sont transportés par route au CSG et déballés dans les différents bâtiments des EPCU. La préparation des satellites se faisait au bâtiment "Venus". Le bâtiment offre une surface propre de 3800 mètres carrés.
Les opérations sur les satellites se font au bâtiment "S5". Il est dédié à la préparation des satellites. Le bâtiment comprend des locaux et des bureaux de servitude pour les équipes, des zones dangereuses de remplissage, des salles blanches pour la préparation des moteurs dapogée. Il comprend également des zones de stockage des conteneurs et d'encapsulation des satellites.
Les opérations sont menés à la fois sur les charges utiles et sur le lanceur. Une protection du satellite est assurée pendant son transfert par route. Un imposant convoi de camions et autres remorques accompagne le transfert des étages d'Ariane 5. Ces transferts se font selon les règles les plus rigoureuses, à la vitesse de dix kilomètres par heure environ. Pour cela, la circulation est adaptée pour l'occasion.
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Une fois assemblé, Ariane-5 retrouve sa carrure caractéristique avec :
Le Bâtiment d'Assemblage Final (BAF) est l'endroit où se rejoignent le lanceur et sa charge utile. C'est dans le BAF que se fait l'assemblage final du lanceur avant son transfert en zone de lancement. La partie basse du bâtiment permet les dernières opérations sur le lanceur, notamment le remplissage du deuxième étage EPS. Le BAF assure également la protection du lanceur et des charges utiles.
Les satellites sont stockés dans un sas, au milieu du bâtiment où ils sont "déstockés". Un système de cheminée permet le passage dans le hall d'encapsulation. Le bâtiment comprend également une coiffe Ariane 5 et une fosse SPELTRA.
L'encapsulation des charges utiles consiste à placer les satellites à l'intérieur de la coiffe. La coiffe permet de protéger les satellites pendant le vol. Les vols précédents d'Ariane permettaient de lancer deux satellites dans la même coiffe. Utilisée depuis 505 en 2000, cette méthode fait partie de 80% des vols Ariane 5.
Le satellite du haut était placé au dessus avec la coiffe au dessus constituant le composite supérieur. Un système de séparation verticale et horizontale est assemblé au lanceur. Les opérations consistent à armer mécaniquement les satellites et à les mettre en configuration de vol pour le transfert vers la zone de lancement.
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La distance entre le BAF et la Zone de Lancement n° 3 est de 2,8 km. Le transfert se fait à vitesse "très souple". La vitesse stabilisée est de 3 à 4 km/h. Des parafoudres reliés au sol assurent la protection contre la foudre ou la pluie.
Les réservoirs d'Ariane 5 sont remplis en hydrogène et oxygène liquides. Les canalisations entre les réservoirs du pas de tir et Ariane 5 permettent de faire le plein d'Ariane 5. A H0 - 6 min 30 s, la séquence synchronisée est entamée, verrouillant, peu à peu, les derniers systèmes à bord du lanceur. A H0, le moteur Vulcain est allumé, puis ses paramètres contrôlés. Si son fonctionnement est correct, l'ordre irréversible d'allumage des deux E.A.P. est donné.
La dernière phase est la phase d'allumage du lanceur. Environ 1 min 30 s de vol, la coiffe devenue inutile mais restant lourde (2 à 3 tonnes) est larguée. Quelques minutes de vol, l'EPC est largué, ses réservoirs étant vides.
En 27 ans de carrière, le rôle le plus communément confié à Ariane 5 a été d'embarquer des satellites de télécommunications dans le cadre de missions commerciales au service de clients internationaux. Ariane 5 a ainsi été sollicitée par INSAT (Inde), B-SAT (Japon), DirecTV (États-Unis), Telebras S.A (Brésil) ou encore KTSAT (Corée du Sud), de sorte que les 236 satellites mis sur orbite depuis 1998 couvrent tout le globe.
Le lanceur a été décliné dans 5 versions différentes. Parmi les missions emblématiques, on peut citer :
Le lanceur européen Ariane 5 a décollé pour la dernière fois ce mercredi 5 juillet 2023 depuis la base de Kourou, en Guyane française. Un lancement réussi pour sa dernière mission, elle aussi accomplie, après deux reports en juin et juillet. La dernière mission d’Ariane 5 consistait à placer en orbite deux nouveaux satellites. Les deux satellites ont été libérés par le vol VA261 avec succès.
Il sera remplacé par Ariane 6, dont le vol inaugural est prévu à la fin 2023. Une fusée conçue pour résister à la concurrence de la société américaine SpaceX d’Elon Musk, précise l’AFP. Depuis son premier lancement en 1996, Ariane 5 aura connu cinq versions : Ariane 5, Ariane 5 G, Ariane 5 G +, Ariane 5 ES et Ariane 5 ECA.
Version d'Ariane 5 | Date du premier vol |
---|---|
Ariane 5 | 1996 |
Ariane 5 G | Non spécifiée |
Ariane 5 G+ | Non spécifiée |
Ariane 5 ES | Non spécifiée |
Ariane 5 ECA | Non spécifiée |