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Saint Guillaume, fêté le 10 janvier, est réputé pour sa bonté, notamment vis-à-vis du clergé et des miséreux. Il est une qualité que l’on pourrait presque classer parmi les vertus cardinales : la douceur. Patient, humble et austère, saint Guillaume est doté de cette bénédiction.

La Vie de Saint Guillaume

De noble naissance, il fut d’abord chanoine de Soissons, puis de Paris. Cherchant le calme, il devint moine cistercien et, reconnu pour ses vertus, fut nommé abbé de Chaalis en 1187. En 1199, après la mort de l’archevêque de Bourges, il fut investi à ce poste par l’évêque de Paris. Il était un grand prédicateur, reconnu pour pratiquer l’humilité, la mortification, la piété, la miséricorde, et ce toujours dans la joie.

Un témoignage de son humilité

Un chroniqueur de l’époque note : « Comment peindre la grâce et la douceur de cet homme, duquel, en échange de mon hostilité et de mon mauvais vouloir, je ne reçus jamais que bienfaits et prévenances, sans pouvoir surprendre dans sa voix, dans son geste ou son regard, l’ombre d’un reproche ? »

Engagement et décès

Ferme sur les principes, il s’attira les foudres du roi Philippe Auguste pour avoir dénoncé son mariage avec Agnès de Méranie. À la demande du pape Innocent III, Guillaume combattit les hérétiques, en particulier les cathares. Il tomba malade alors qu’il préparait une croisade contre ceux-ci, et mourut le 10 janvier 1209.

Canonisation

De nombreux miracles ayant été attestés par son intercession, il fut canonisé par Honorius III dès 1218.

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Origine et signification du nom Guillaume

C’était il y a peu la saint Guillaume (10 janvier dernier), nom d’origine germanique provenant bizarrement de Willhem (de will-, la volonté ; et -hem, le casque). Le « will-« , très proche de vile, vilain, vilaine (vile haine, ville aime), a été remplacé par Guille qui est en rapport avec la « guille », tromperie, ruse, qui a donné « guilleret », joyeux. Oui, dans le monde démoniaque dans lequel certains nous font « vivre », quand quelqu’un arrive à tromper quelqu’un d’autre, il en tire généralement profit et joie. Dans le monde français agricole, une « guille » est le morceau de bois qui sert à boucher la guette d’un tonneau. Il est en rapport avec la levure de bière. Le « -hem » (prononcé « aime ») est devenu « aume », heaume qui est un casque de chevalerie au Moyen Age. Rien de plus normal. En fait, Guillaume se comprenait au Moyen Age, comme « casque contre la tromperie, la ruse, la fourberie », termes féminins. Dans le même genre d’évolution, on trouve le francique « werra » (suffixe féminin), qui se comprend comme un cochon en français, un verrat.

Saint Guillaume et les Armuriers

C’est pourquoi, les fidèles de Bourges trouvèrent un saint évêque en saint Guillaume, comte de Nevers, abbé de Chaalis et moine cistercien, puis prieur claustral à l’abbaye de Pontigny. Avec l’amabilité, la sociabilité et la simplicité de vie comme lignes de conduite, saint Guillaume s’investit toujours dans ses charges avec piété et dignité. Faisant en sorte que personne ne manque de rien et œuvrant pour les plus petits, il est aimé du peuple.

Pourquoi prier saint Guillaume ?

Il est pertinent de se demander pourquoi saint Guillaume est devenu le saint patron des armuriers. Pour comprendre cela, il faut examiner le rôle de l'armurier au Moyen Âge.

L’importance de l’artisan armurier au Moyen Âge

C’est chose vaine que de vouloir apprécier l’importance de l’artisan armurier au Moyen Age, en se plaçant sur un plan étroitement technologique ou social. Son rôle ne peut se mesurer uniquement en fonction de ces critères. Il possède une autre dimension qui le classe nécessairement hors de pair dans le monde pré-industriel : c’est le prestige qui entoure la pratique de son art mystérieux, dans un contexte de connaissances empiriques, donc de superstitions.

Ceci est surtout vrai de l’armurier métallurgiste, mais aussi de ce que l’on appellerait aujourd’hui l’ingénieur militaire et que l’on désignait jadis sous le nom de « maître d’engins », c’est-a-dire d’une personne qui construisait aussi bien des machines de bois que des instruments de fer ou de bronze.

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Lucien Febvre a admirablement montré, dans une enquête des « Annales », que le forgeron, en raison de son savoir-faire, acquis par empirisme et jalousement transmis à des initiés, a toujours passé pour un être exceptionnel, doué de pouvoirs surnaturels que 1 ignorance du profane se plaisait d’ailleurs a &tendre a des domaines étrangers à la ferronnerie. De ce fait, cet artisan jouissait d’un grand prestige, qu’il retirait tout à la fois de la crainte qu’il inspirait et de l’admiration qu’il suscitait.

Sa position privilégiée est commune à toutes les civilisations préindustrielles, d’Occident ou d’ailleurs, anciennes ou récentes. Elle constitue un beau sujet d’ethnographie comparative.

Nourri aux traditions latine et germanique, le Moyen Age a hérité d’un double courant mythique qui faisait de l’armurier un demi-dieu : le symbole de Vulcain se retrouve dans l’art pictural et celui de Wieland dans les sagas et la matière épique.

A ces éléments, s’ajoute le mystère qui entoure les secrets de fabrication, jalousement gardes et exploités par leur détenteur auprès des souverains désireux de se réserver le monopole des instruments de la puissance. Ceci est vérifiable de tout temps, mais le dernier siècle du Moyen Age constitue précisément un moment privilégié pour l’observation du phénomène, alors que les armes à feu s’imposent par leur nouveauté et par leur supériorité.

Avec l’apparition de l’artillerie à poudre et l’élargissement consécutif des connaissances techniques, le prestige du fabricant d’armes ne fait que croître.

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Prestige et position sociale de l'armurier

Nanti d’un tel prestige et se sachant indispensable dans une société où la guerre occupe la place que l’on sait, l’armurier pouvait prétendre à une position sociale relativement privilégiée. Le fait de pouvoir traiter directement avec les grands ou avec les membres de leur entourage était, certes, un moyen efficace d’abattre les barrières hiérarchiques. Encore, cela n’était-il pas donné à tous les artisans car ceux-ci différaient forcément par le mérite, la fortune et la chance !

Philippe le Bon, Antoine de Bourgogne, Antoine de Croy et Simon de Lalaing accueillirent François Missaglia, représentant l’illustre maison de la « via Spadari » de Milan, à l’égal d’un ambassadeur. L’armurier attitré y était tenu en grande estime et, chaque année, le jour de la Saint-Georges (23 avril), le prince avait coutume de lui offrir le couvert, qu’on appelait le « plat du prince » ou « vin du jour saint George ».

La fortune des Munier offre un exemple caractéristique, entre autres, de la réussite d’une lignée d’armuriers. Deux membres au moins de cette famille bruxelloise, frères ou beaux-frères, dont un exerçait la profession de fabricant d’armures, étaient venus s’établir à Dijon vers le milieu du XIVe siècle.

La faveur dont jouissent les armuriers se traduisait aussi par des dons généreux, des recommandations, voire des mesures de grâce « en considération des bons services » rendus, d’autant que certains étaient parfois appelés à fournir des prestations spéciales, en accompagnant un grand personnage pour le servir à la guerre ou au tournoi.

Aussi, les cas de fabricants d’armes jouissant d’une confortable fortune personnelle ne sont pas rares. Beaucoup ont pignon sur rue dans le centre des villes : à Bruxelles, à Liège, à Huy, à Maestricht, à Namur..., et sont propriétaires de biens immobiliers. D’autres sont intéressés dans des entreprises minières.

Avec l’aisance, viennent souvent les honneurs, car les familles d’armuriers entrent dans le patriciat urbain, détenteur des charges municipales. C’est ce qui se produit a Bruxelles, où nombre d’artisans de l’armement se font inscrire dans la gilde patricienne des drapiers.

Ces exemples soulignent combien ces artisans avaient la possibilité de s’affirmer en dehors du cadre professionnel au sens étroit. Les voyages et les relations leur ouvraient d’ailleurs des perspectives bénéfiques en retour sur le plan du métier. C’est ainsi que les innovations techniques se répandent ; la mobilité des fabricants d’armement, - phénomène économique que nous avons eu l'occasion d’évoquer - contribue à créer des liens et des échanges entre les compétences à l’échelon interrégional et même international.

Mobilité et échanges de connaissances

Le recours à des maîtres armuriers, étrangers au marché local de l’emploi, est assez fréquent, ainsi que les déplacements aux fins d’information. On voit, par exemple, la ville d’Ypres faire appel, en 1383, à un « maistre as canons » d’Audenaarde, ou celle de Limbourg requérir les services, en 1457 et 1463, du « bussenmeester » et de l’« armborstmeker » d’Aix-la-Chapelle.

Les experts se consultaient par-delà les frontières politiques. Les comptes de la ville de Trèves révèlent qu’en 1380 le maître des bombardes du duc de Brabant est venu dans la ville archiépiscopale entendre les révélations du canonnier de Strasbourg sur « eim neue kunst » en matière d’artillerie.

Un aristocrate de l'artisanat médiéval

Il n’est pas exagéré de dire que l’armurier occupe une place à part dans l’artisanat médiéval. L’habileté dont il fait montre sur le plan technologique et les secrets professionnels qu’il détient lui assurent, aux yeux de tous, une considération particulière. Il n’empêche que si sa place dans une société fortement hiérarchisée restait relativement modeste, l’armurier jouissait d’une plus grande liberté d’action et d’un plus grand crédit que les autres « gens mécaniques » de son temps. Il est normal qu’il fût considéré dès lors comme un aristocrate de l’artisanat médiéval.

La formation des armuriers

L’ésotérisme soigneusement entretenu par les membres du « mestier et labeur d’armoierie » s’opposait à la diffusion des méthodes de fabrication en dehors d’un cercle restreint. Les techniques se transmettaient donc de personne à personne, de bouche à oreille, à forced’exemple et de pratique, discrètement en tout cas. L’enseignement livresque n’apparaîtra qu’a la fin du Moyen Age, dans une mesure restreinte qu’il conviendra de préciser.

La formation traditionnelle était acquise, comme pour les autres métiers, par l’apprentissage auprès d’un maître-armurier ou simplement d’un ouvrier armurier. Les contrats d’apprentissage, conservés d’ailleurs en bien petit nombre pour cette profession, ne font pas mention d’un quelconque enseignement théorique. En fait, il s’agissait plutôt d’un stage dans l’atelier d’un ou même de plusieurs artisans. La durée de cette préparation variait d’une profession à l’autre, de même que les stades de sa progression.

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