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Les revolvers existent depuis bien longtemps, environ 1830. Le revolver d'ordonnance modèle 1892 fut fabriqué par la Manufacture d'armes de Saint-Étienne. Issus de prototypes essayé en 1885 et 1887, le modèle 1892 a été produit à Saint-Étienne à partir de 1892 à plus de 350 000 exemplaires. Il est le résultat des études les plus poussées qui ont été menées par les ingénieurs militaires et du savoir faire des ouvriers des arsenaux.

Le contexte historique et l'adoption du Modèle 1892

Adopté en 1873, le revolver d'ordonnance modèle 1873 est fabriqué à plus de 350 000 exemplaires à la Manufacture d'Armes de Saint-Etienne, entre 1873 et 1886. Le remplacement du révolver Modèle 1873 (et 1874) est envisagé pour le remplacer par une arme plus moderne. Avant lui, on retrouve les revolvers modèles 1873 et 1874. De haut en bas: revolver d'ordonnance modèle 1873, revolver d'ordonnance modèle 1874 et revolver d'ordonnance modèle 1892.

Le revolver d'ordonnance modèle 1874, quand à lui, est développé pour les officiers. Adopté le 31 Octobre 1874, il est aussi fabriqué à la Manufacture d'Armes de Saint-Etienne de 1875 à 1886, à 37 200 exemplaires. Le revolver mle 1892 de la MAS est le point final de l'évolution des armes de poing à barillet entreprise par la France depuis 1885 (Première tentative de modernisation des revolvers modèles 1873 et 1874).

Le revolver d'essai modèle 1885, développé par le Dépôt Central (DC), puis la STA (Section Technique de l'Artillerie) permet de tester différentes améliorations, comme le système Abadie et la simplification de la platine, par rapport aux modèles 1873 et 1874, tout en conservant la même munition (11mm73). Le revolver d'essai modèle 1887 est très similaire au modèle d'essai de 1885. Les principales différences résident dans la mise en place d'un percuteur monté sur le bâti du revolver et la réduction du calibre, qui passe de 11x17R (11mm73) à 8mm, avec le développement d'une munition spécifique: la cartouche 8mmNR.

En 1895, on retrouve une commande de 17 000 exemplaires de revolvers modèle 1892, pour la marine. A priori, les livraisons de cette commande s'étalent sur les années 1895, 1896, 1897, 1899, 1900, 1901, 1902, 1903 et 1904. De fait, ils ont envisagé et essayé à peu près toutes les variantes possibles pour concevoir leur arme : chien rebondissant, percuteur sur le chien, fixe ou « mobile », percuteur monté sur la carcasse, portière de chargement de différents types assurant ou non une fonction « sécurité », systèmes de visée de différents modèles, à « grain d’orge » ou en « demi-lune », plaque de recouvrement du mécanisme imperdable, extraction collective ou non des étuis, etc.

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La plaque de recouvrement du mécanisme articulée sur la carcasse est imperdable, de même que sa vis, et permet un accès facile au mécanisme interne de l’arme. Elle s’ouvre avec une vis que l’on peut manipuler avec une simple pièce de « 5 centimes » de l’époque (pas besoin d’outil). Le barillet « basculant » latéralement a bien sûr été retenu, mais il bascule sur la droite, et non sur la gauche comme sur le modèle COLT.

L’arme enfin mise au point et adoptée sera désignée comme « révolver réglementaire modèle 1892 », date de son année d’adoption. L’arme connaît un grand succès, tant auprès des militaires que des civils (à cette époque, n’importe qui pouvait acheter une arme, de conception civile ou militaire, si elle était disponible sur le marché…sachant que de fait les entreprises privées réalisaient des copies plus ou moins fidèles du modèle militaires pour le proposer aux civils, fort du prestige d’une adoption du modèle en question par l’Armée…).

Caractéristiques principales

Il fut l'arme de poing réglementaire de l'Armée française et équipera l’Armée de terre, la Marine nationale, la Gendarmerie, mais également la Police et les Douanes. C'est un revolver fonctionnant à double et simple action. Pour l’éjection des douilles et le chargement, le barillet d’une capacité de 6 cartouches bascule à droite sur demande de la cavalerie (le sabre étant tenu à la main droite). L’éjection collective des étuis se fait manuellement en agissant sur le poussoir d’extracteur situé au bout de l’axe du barillet.

Le canon doté de quatre rayures à gauche a été fabriqué avec les mêmes machine-outils que celui du fusil Lebel. Utilisant au début une munition chargée à la poudre noire, il reçut ensuite les nouvelles cartouches à poudre sans fumée. Malgré cela, on lui reprocha la faiblesse de sa munition à percussion centrale, 8 x 27 R mm. Cela fait du revolver Mle 1892 une arme fine, agréable à porter. Cette une arme très élégante, légère, elle contraste avec le gros revolver Reichrevolver ou le Smith et Wesson en 44 Russian.

Si l’on compare cette arme avec ses concurrents de l’époque, le revolver Mle 1892 était à la pointe dans de nombreux domaines. Le poids de l’arme vide est de 840 grammes.

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Le chien rebondissant évite l’enclouage du percuteur dans l’amorce. Cela peut faire sourire car de nos jours c’est une évidence d’avoir un chien qui revient en arrière lorsque le tireur relâche la queue de détente d’un revolver, mais à l’époque c’est novateur. En l’absence de ce principe, le percuteur une fois planté dans l’amorce empêche le barillet de tourner, la queue de détente est inopérante. La double action est très répandue aujourd’hui jusqu’à avoir des armes uniquement en double action.

De démontage aisé, le mécanisme de percussion du revolver mle 1892 peut être entièrement démonté, nettoyé et huilé par le servant. Pour cette raison, il est impératif que chaque militaire nettoie son arme et à cette occasion inspecte chaque pièce et signale les faits qui lui paraissent anormaux. L’économie n’a pas été recherchée sur cette arme.

Détails de fabrication

Toute les pièces ont des formes complexes et pourtant elles sont toutes exécutées parfaitement. Il faut bien imaginer le monde industriel de l’époque. La fraiseuse, le tour à métaux, la mortaiseuse à commande numérique… n’existent évidemment pas. Tout les usinages se font sur des machines traditionnelles (à la main) avec probablement de nombreuses fraises de forme ou montages spécifiques dédiés à la fabrication de cette arme précisément. 106 ans après la sortie de l’usine, l’arme prise en photos ici est fonctionnelle et en très bon état.

La finition devait être une part importante de la fabrication. L’ajustage des pièces est parfait, aucune pièce ne porte de trace d’usinage, aucunes bavures ne sont présentes, les arrêtes des pièces sont vives il n’y a pas eu d’ébavurage rapide mais du travail soigné. Le bronzage est toujours présent, un peu passé par endroit. Quatre pièces sont à démonter : Le ressort de chien, la barrette, le chien, la détente.

Le mécanisme de percussion est là, dans ces quatre pièces. Il n’y a pas de difficulté à désolidariser ces dernières de la carcasse de l’arme. Le chien est en acier. Il est poli et reçoit une jolie finition jaune. La crête de chien est plus massive que le corps. Le mentonnet du chien permet la double action. Il est maintenu en place par une vis qui fait office d’axe. Le percuteur est oscillant autour d’un axe.

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Le ressort de chien est en acier. Il est composé de trois pièces. Le ressort en lui même, un galet, l’axe du galet. La détente est en acier. Le doigt élévateur est mu par une des branches du ressort de marteau qui le force à rester vers l’avant. La carcasse est en acier. Elle est monobloc. Le canon est vissé dessus. La plaque de recouvrement est en acier. C’est une pièce monobloc.

Le barillet est en acier. Il possède 6 chambres. Il bascule du coté droit de l’arme après ouverture de la portière. L’extraction des 6 cartouches se fait simultanément en poussant la tige à l’avant du barillet. Comme une cerise sur le gâteau de la finesse, une gravure magnifiquement réalisée sur le côté droit de la carcasse indique de quelle manufacture est sortie l’arme : la manufacture d’arme de St Étienne.

Le calibre et son adoption

Le choix du calibre était audacieux à l’époque mais non intéressant car chargé à la poudre noire. On dit son pouvoir d’arrêt trop faible comparé au 455 anglais, 11 mm allemand, 44 Russian. L’emploi d’un projectile lourd, de fort diamètre, mu par une vitesse importante et qui laisserait l’intégralité de son énergie à l’impact est plus efficace qu’un projectile léger à faible vitesse.

Le calibre 8 mm choisi pour le revolver étudié ici avait une vitesse de projectile de 215 m/seconde. Je pense que le choix de ce calibre provient d’une volonté d’économie des matières premières et ainsi produire d’avantage de munitions pour une même quantité de matière première. A poids égal, le militaire emportera d’avantage de munitions. A l’époque, c’est à la mode que de vouloir diminué le calibre des armes.

Obsolescence et contexte de la Première Guerre Mondiale

Il est étonnant de voir que cette arme est devenue obsolète rapidement alors que nous avons vu ci-dessus ces atouts novateurs. Pourquoi lit on partout que le revolver Mle 1892 a été dépassé rapidement ? L’apparition sur le marché de pistolets automatiques fiables fournis dans des calibres proche du 8 mm mais inférieurs aux calibres réglementaires dans beaucoup de pays de la fin du 19° siècle (soit du 11 mm), a considérablement fait évoluer le marché de l’arme de poing.

On peut citer dans ces armes de poing de calibre intermédiaire : le C96 en calibre 7,63 Mauser, le Colt 1900 en 38 acp, le Colt 1903 en 32 acp, le P08 en calibre 9 parabellum… En 1911 était adopté le Colt 1911, lui, a conservé une munition de fort diamètre : 45 acp (11,43 mm). La fin du 19° siècle, le début du 20° siècle sont des périodes ou les changements sont terriblement rapides.

De profondes mutations de la société et de l’industrie ont lieu à ces moments. Si le revolver Mle 1892 est déclassé par la munition qu’il emploi, il conserve l’avance de la double action, aucun pistolet automatique de cette époque ne fonctionne en double action. Si le temps de chargement d’un révolver est bien plus long que celui d’un pistolet automatique, le revolver lui est plus fiable dans des conditions extrêmes.

De plus, il faut se souvenir que le mécanisme du revolver Mle 1892 est entièrement démontable par le servant. Ce qui n’est pas le cas de bon nombre d’autres armes. Selon Henri Vuillemin, dans son livre : Le 1892, il semble qu’une quantité indéterminée de revolver Mle 1892 aient été fourni à la Wehrmacht durant les terribles hivers russes des années 1942, 43, 44, les conditions climatiques rendant les pistolets inopérant ou incertains au tir.

Face à la guerre de tranchée qui sera dés décembre 1914 la nouvelle norme, l’état major des armées complète l’emploi du revolver Mle 1892 par des pistolets automatiques de diverses provenances mais essentiellement d’Espagne. La qualité de fabrication est bien inférieur à celle du revolver Mle 1892. Mais valide le fait que le revolver n’est plus à la page (du moins à cette époque et dans ce cadre). Le principal problème du revolver Mle 1892 est, selon moi, son principe de chargement. Il ne correspond plus au contexte de l’époque.

Alors se pose la question : pourquoi la France n’a elle pas fait le choix d’un pistolet automatique. Trop tôt en 1892, pas la priorité en 1914. Comment savoir que le conflit allait prendre des formes nouvelles, inconnues, pour devenir une guerre de tranchée. Comment prédire l’avenir ? La volonté de revanche après la défaite de 1870, l’obsolescence du parc d’armes, le manque de préparation, l’évolution rapide des techniques, la résistance aux changements, les sommes colossales nécessaires à l’entretien ou la remise à hauteur des matériels, la formation des personnels, la reconstruction du pays… sont des facteurs qui ont entraîné un début de guerre en pantalon rouge, un achat massif d’armes à l’étranger pour finir dans un amas considérable de blessures entre peuples frères et voisins.

Utilisation ultérieure et variantes

Le revolver modèle 1892 de Saint-Etienne est officiellement remplacé par les PA modèle 1935A et 1935S en 1937. Il continuera pourtant de servir loyalement l'armée Française, puisqu'il est encore massivement distribué en 1939 et 1940 (les pistolets d'ordonnance modèles 1935A et 1935S étant alors peu répandus), puis à l'armée d'armistice, puis lors de la guerre d'Indochine et la guerre d'Algérie.

On retrouve le revolver d'ordonnance modèle 1892 lors de la Première Guerre Mondiale (1914-1918), en temps qu'arme d'ordonnance de l'armée française. Tout au long de la Grande Guerre, il sera l'arme d'ordonnance réglementaire, au côté d'autres armes de poing, comme les pistolets automatiques de type Ruby et le pistolet automatique Star (dès 1915), ainsi que les revolvers du type "92 Espagnols" (Orbea, Garate Anitua, ...) à partir de 1917. C'est encore le revolver modèle 1892 qui reste l'arme d'ordonnance des officiers durant toute la période de l'entre deux guerre, bien qu'on retrouve certains officiers équipés de pistolets automatiques, issus des stocks d'armes de poing de la Première Guerre Mondiale (Pistolets automatiques type Ruby ou Star).

Le revolver modèle 1892 réglementaire évoluera très peu sur les 32 ans de production. Cette première modification (ajout d'un taquet de guidage de la barette) est proposé le 4 octobre 1898, par le capitaine Charles, inspecteur des armes, en poste à Alger. Mécanisme du revolver modèle 1887 (du commerce) en haut, et mécanisme du revolver modèle 1892 réglementaire en bas.

Le revolver modèle 1892 pour la marine se distingue de son homologue pour l'armée de terre ou la gendarmerie, seulement par la présence d'une ancre sur la calotte de crosse. Revolver modèle 1892 de la commande pour la marine. Revolvers modèle 1892 de marine, avec finition parkerisée et peinture cuite au four.

Production du Revolver Modèle 1892
Période de Production Fabricant Nombre d'Exemplaires Utilisateurs Principaux
1892-1924 Manufacture d'Armes de Saint-Étienne (MAS) Environ 350 000 - 385 000 Armée de terre, Marine nationale, Gendarmerie, Police, Douanes
Fin XIXe - Début XXe siècle Industriels civils (France, Belgique, Espagne) Environ 50 000 (civils) Civils

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