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L'objectif de cet essai est de développer une analyse des dynamiques ayant amené à la mise du problème du registre des armes à feu au Canada sur l'agenda public.

Le questionnement quant au besoin d'un registre des armes a en effet fait l'objet d'apparitions puis de disparitions des considérations de l'opinion publique ainsi que des médias, au cours des 15 à 20 dernières années.

On voit ainsi un côté de l'opinion et des politiques en faveur du registre des armes, le considérant comme une solution quant à la baisse des morts par arme à feu dans le pays.

Face à ce groupe, emmené principalement par les Libéraux et autres forces de gauche comme nous le verrons, les groupes plus conservateurs, comme les possesseurs d'armes à feu et les partisans du Parti Conservateur, avancent que le registre n'a pas apporté de résultats probants et ils mettent en balance le coût de celui-ci.

Le retour du débat sur le registre semble avoir toujours correspondu à un évènement tragique majeur, tel que la tuerie qui a pu se produire à Polytechnique au cours des années 90.

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L'objectif de cet essai sera donc de faire la lumière sur les interactions existantes entre les différents acteurs de l'opinion publique : le public, les médias, les élites et les politiques.

Historique et contexte

Le registre canadien des armes à feu a été créé en 1995 et a coûté près de 2 milliards de dollars, pour un coût prévu initialement de 2 millions de dollars. Il a été stoppé en 2012 et seulement en 2015 pour la province du Québec.

Depuis l’abolition du registre des armes à feu au Canada et sa destruction en 2012, l’enregistrement des armes d’épaule n’était plus soumis à la loi et leur possession était devenue moins contraignante.

Mais en mai 2020, quelques semaines après la tuerie de Portapique, en Nouvelle-Écosse, qui a fait 22 morts, le gouvernement fédéral a réagi en interdisant près de 1500 modèles d’armes à feu, jugées trop dangereuses pour la société civile canadienne.

L’interdiction initiale concernait neuf types d’armes spécifiques et leurs variantes, ainsi que les armes de gros calibre (plus de 20 mm) et celles à haute énergie (plus de 10 000 joules). Les « upper » de certains modèles comme les M16, AR-10, AR-15 et M4 étaient aussi visés.

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Au fil du temps, la liste des armes d’épaule interdites s’est considérablement allongée. Le 5 décembre 2024, 324 modèles supplémentaires ont été ajoutés, suivis par 179 autres le 7 mars 2025.

Le 18 août, Gary Anandasangaree, ministre de la Sécurité publique, des Institutions démocratiques et des Affaires intergouvernementales du Canada a annoncé que le programme de rachat des armes était dans ses dernières phases de conception et qu’il devrait être finalisé d’ici la fin de 2026.

Dans une interview avec Star Canada TV, M. Anandasangaree a confirmé que la date limite d’amnistie d’octobre 2025 serait probablement repoussée. Il a réaffirmé l’engagement du nouveau gouvernement dirigé par Carney à mettre en œuvre le programme de rachat des milliers d’armes interdites.

Le commissaire aux armes à feu de la Saskatchewan a exprimé ses doutes quant à la capacité d’Ottawa de mettre en œuvre ce programme estimé à 742,5 millions de dollars.

L’opposition s’interroge sur la manière dont le gouvernement fédéral compte faire appliquer la loi, étant donné l’absence d’une base de données précise sur le nombre d’armes concernées, celles-ci n’étant pas réglementées avant leur interdiction.

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La Saskatchewan et la Canadian Coalition for Firearm Rights (CCFR), le principal lobby pro-armes, ont proposé un système de « droits acquis » pour geler la circulation des armes tout en permettant à celles déjà en usage d’être conservées, mais le gouvernement fédéral reste ferme sur sa position.

Arguments pour et contre le registre des armes à feu

Arguments pour le contrôle des armes à feu

Selon les partisans du contrôle des armes à feu, ces dernières représentent l’outil par excellence du crime ou du suicide. Elles sont ce que l’on nomme un facilitateur.

L’efficacité attendue du contrôle des armes à feu repose principalement sur deux notions et sur une théorie qui visent à rendre leur accès plus difficile et leur utilisation moins intéressante pour les délinquants.

  1. Disponibilité: La proportion d’homicides et de suicides par AAF est intimement liée au nombre d’AAF en circulation.
  2. Accessibilité: Fait référence à la facilité avec laquelle un individu peut se procurer une AAF à un endroit et à un moment donnés.
  3. Théorie de la dissuasion: Pour que le délinquant s’abstienne de passer à l’acte, les inconvénients liés à la peine doivent être proportionnels aux torts causés à la victime.

L’Afeas s’oppose au Projet de loi C-391 - Loi modifiant le Code criminel et la Loi sur les armes à feu (abrogation du registre des armes d’épaule). En fait, l’Afeas s’oppose à toutes modifications de la Loi sur les armes à feu (Registre des armes à feu) qui pourraient en affaiblir la portée.

  • Rappelons que toute arme à feu est potentiellement dangereuse et, à ce titre, doit être enregistrée.
  • Rappelons que l’opposition des fermiers et des chasseurs ne changent rien au fait de la dangerosité de leurs armes.
  • Rappelons que le fait que les criminels n’enregistrent pas leurs armes, n’est pas en soi un argument pour détruire le Registre canadien des armes à feu.

Dans le contexte de la violence conjugale et familiale, plusieurs intimidations et de nombreux meurtres sont le fait des armes de chasse telles que les fusils et les carabines parce que ce sont les armes à feu disponibles dans les maisons.

Pour l’Afeas, laisser démanteler le Registre canadien des armes à feu qui, depuis sa création, a fait ses preuves, semble incompatible avec la sécurité publique et la protection des femmes et des enfants canadiens. Appuyé par l’Association canadienne des corps policiers, ce registre est aussi considéré comme un modèle à travers le monde. Pour l’Afeas, son utilité n’est plus à démontrer.

  • Les carabines et les fusils de chasse non restreints sont les armes les plus utilisées dans les cas de violences domestiques. Elles représentent 93% des armes enregistrées au nom de propriétaires québécois, soit 1 546 069 armes à feu en 2008.
  • Le Registre canadien des armes à feu permet aux policiers de vérifier s’il y a des armes à feu dans les lieux où ils doivent intervenir. En 2009, selon les informations sur le site du Registre canadien des armes à feu, le Registre a été consulté 11 085 fois par jour et 3 987 198 fois pour l’ensemble des quatre trimestres.
  • Le registre est essentiel en cas de violence familiale lorsque la présence d’un fusil au domicile peut radicalement augmenter le risque de danger pour les femmes et les enfants.
  • L’utilisation des armes à feu dans le cadre d’homicides conjugaux a diminué de 36 % depuis la mise en place de la Loi sur les armes à feu. en 1995.

Arguments contre le contrôle des armes à feu

Alors que les concepts de disponibilité, d’accessibilité et de dissuasion sont mis de l’avant par les partisans du contrôle des armes à feu, ses détracteurs y opposent d’autres arguments.

Les deux projets de loi présentement à l’étude (C-391 et S-5), qui visent à alléger le contrôle des AAF, reposent principalement sur trois arguments.

  1. L’AAF serait le meilleur moyen d’autodéfense.
  2. Un délinquant motivé parviendra toujours à ses fins.
  3. Il faut s’attaquer aux criminels et non aux fermiers et aux chasseurs.

Contrôle des armes et partis politiques

En 2003, on observait un consensus important quant au soutien du registre des armes à feu par les partis politiques (tableau 8).

A dix-huit mois d’une nouvelle échéance électorale, le gouvernement fédéral marche sur des œufs, plusieurs députés libéraux, représentant des circonscriptions rurales, craignant de ne pas être réélus s’il adoptait des mesures déplaisant aux chasseurs et aux collectionneurs.

Exit donc un registre des armes et place à des règles moins controversées afin, a précisé M. Goodale, d’être « juste envers les propriétaires et les entreprises d’armes à feu responsables et respectueux des lois ».

Les conservateurs ont exprimé leur crainte de voir le gouvernement « restaurer le registre des armes à feu par la porte de derrière » en obligeant les commerçants à consigner leurs ventes.

La Coalition canadienne pour le droit aux armes à feu clame sa déception. Son président, Rod Giltaca, estime que le gouvernement « ne s’attaque pas au problème grandissant de la violence commise avec des armes sans permis et perpétrée par des gangs de rue », alors qu’il impose de nouveaux « tracas administratifs » aux honnêtes propriétaires d’armes.

La théorie des élites et régulation des armes à feu

Il va s´agir dans cette partie de faire la lumière sur la possible influence des divers groupes de pression dans le débat. Pour se faire et afin de proposer une plus grande ouverture à notre analyse, il semble important de présenter à la fois la théorie des élites énoncée par des auteurs comme Domhoff et l´Agenda Setting Theory comme énoncée par Kingdon.

Le Candidate Selection Process consiste enfin à la sélection du candidat qui va permettre la défense des intérêts des groupes les plus influents. L´hypothèse ici est que les hommes politiques sont fortement intéressés par leurs carrières.

Dès lors, il est tout à fait possible d´obtenir le soutien d´un politicien en lui promettant divers avantages Les groupes d´influence engagés dans le débat sur le registre des armes au Canada et l´environnement dans lequel ils doivent évoluer. Dans le cas de la législation sur le registre des armes, les groupes impliqués dans le débat sont nombreux et variés.

On observe en effet que les ménages gagnant moins de 20000$ par an sont plus enclins à supporter un contrôle des armes à feu. Cela s´explique certainement par le fait que ces ménages vivent dans les lieux les plus pauvres et violents.

Les armes à feu à autorisation restreinte

Au Canada, la législation concernant les armes à feu est stricte et divise les armes en plusieurs catégories, notamment les armes prohibées, les armes à autorisation restreinte et les armes sans restriction. Cet article se concentre sur la définition et la réglementation des armes à feu à autorisation restreinte.

Définition d'une Arme à Feu à Autorisation Restreinte

Selon le Code criminel canadien, une arme à feu à autorisation restreinte est définie comme suit :

  • Une arme de poing qui n’est pas une arme à feu prohibée.
  • Une carabine ou un fusil de chasse semi-automatique et à percussion centrale, qui n’est pas une arme à feu prohibée, dont la longueur du canon est inférieure à 470 mm (18,5 pouces).
  • Une carabine ou un fusil de chasse pouvant être déchargé lorsque sa longueur globale est réduite par repliement, par emboîtement ou autrement à moins de 660 mm (26 pouces).
  • Toute arme à feu désignée « à autorisation restreinte » par règlement (y compris quelques armes d’épaule).

Exemples d'Armes à Feu à Autorisation Restreinte

Voici quelques exemples d'armes à feu classées comme étant à autorisation restreinte :

  • Colt AR-15
  • Colt AR-15 SPI
  • Colt AR-15 Sporter
  • Colt AR-15 Collapsible Stock Model
  • Colt AR-15 A2
  • Colt AR-15 A2 Carbine
  • Colt AR-15 A2 Government Model Rifle
  • Colt AR-15 A2 Government Model Target Rifle
  • Colt AR-15 A2 Government Model Carbine
  • Colt AR-15 A2 Sporter II
  • Colt AR-15 A2 H-BAR
  • Colt AR-15 A2 Delta H-BAR
  • Colt AR-15 A2 Delta H-BAR Match
  • Colt AR-15 9mm Carbine
  • Armalite AR-15
  • AAI M15
  • AP74
  • EAC J-15
  • PWA Commando
  • SGW XM15A
  • SGW CAR-AR
  • SWD AR-15
  • Toute variante de calibre 22 à percussion annulaire, notamment :
    • Mitchell M-16A-1/22
    • Mitchell M-16/22
    • Mitchell CAR-15/22
    • AP74 Auto Rifle

Permis de Possession et d'Acquisition (PPA)

Pour posséder, acquérir et emprunter une arme à feu au Canada, il est nécessaire de détenir un Permis de Possession et d'Acquisition (PPA), délivré par le gouvernement fédéral. Ce permis peut être valide pour les armes sans restriction et les armes à autorisation restreinte. Les deux permis sont valides pour une période de cinq ans et doivent être renouvelés pour conserver la possession des armes.

Règles pour Obtenir un PPA

  • Suivre le Cours canadien de sécurité dans le maniement des armes à feu.
  • Suivre le cours sur le maniement des armes à autorisation restreinte (si désireux d'obtenir cette classe d'armes).
  • Fournir le formulaire de demande (signature de la conjointe + deux proches, questions de base sur la dépression et problèmes divers au cours des cinq dernières années).
  • Fournir une photo passeport authentifiée.
  • Payer les frais applicables.
  • La période d'attente légale est de 28 jours minimum.

Réglementation Supplémentaire

  • Entreposage : Les armes doivent être entreposées verrouillées ou démontées, avec les composantes rangées dans des lieux différents.
  • Enregistrement : Toutes les armes doivent être enregistrées dans le registre central du gouvernement.
  • Les armes automatiques modifiées en semi-automatiques.
  • Les armes de poing dont le canon est inférieur à 105 mm.
  • Les armes de poing de calibre .25 et .32 (avec quelques exceptions pour les compétitions internationales).

Impact des lois sur les armes à feu

Entre 1979 et 2002, le taux de décès par AAF est passé de 10,6 à 4,9 pour 100 000 chez les hommes, tandis que, chez les femmes, le taux a chuté de 1,2 à 0,3. Cette baisse coïncide avec l’introduction de trois lois visant à améliorer le contrôle des AAF : la « loi C-51 » de 1977 ; la « loi C-17 » de 1991 ; et la « loi C-68 » de 1995 (la Loi sur les armes à feu est entrée en vigueur en 1998).

Une étude récente a montré que les suicides et les homicides par AAF ont diminué après l’entrée en vigueur de la loi C-51 et de la Loi sur les armes à feu (C-68). La loi C-68 permet de prévenir annuellement environ 50 homicides et 250 suicides par AAF. Les lois permettent donc de sauver des vies.

Seuls les homicides commis à l’aide d’une AAF sans restriction (c’est-à-dire les carabines et les fusils de chasse, aussi appelés armes longues ou d’épaule) ont diminué. Les homicides commis avec une arme prohibée ou à utilisation restreinte (pistolets) n’ont pas été affectés par les lois C-51 et C-68.

Tableau récapitulatif des principales lois sur les armes à feu au Canada

Loi Année Principales dispositions
C-51 1977 Exigences du Certificat d’autorisation d’acquisition d’armes à feu et du Permis d’entreprise d’armes à feu et de munitions. Peines plus sévères pour les crimes commis par AAF.
C-17 1991 Resserrement des vérifications pour l’obtention d’une AAF. Formation sur la sécurité des AAF. Critères clairs pour l’entreposage sécuritaire des armes.
C-68 1995 Création de la Loi sur les armes à feu. Enregistrement obligatoire de toutes les armes, y compris les carabines et fusils de chasse.

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