L'International Football Association Board (IFAB) a dévoilé des modifications concernant les lois du jeu à partir de la saison 2023-2024, notamment la loi 14, qui concerne les penalties et les tirs au but. Cette modification a suscité de nombreuses réactions, en particulier concernant le rôle des gardiens de but.
La nouvelle mouture de la loi 14 stipule : "Le gardien de but doit rester sur sa ligne de but, face au tireur, et entre les poteaux et ne toucher ni les poteaux ni la barre transversale ni les filets de but avant que le tir soit effectué. Le gardien ne peut distraire abusivement le tireur, par exemple en retardant l’exécution du penalty ou en touchant les poteaux, la barre transversale ou les filets".
Cette règle semble directement viser des comportements comme ceux d'Emiliano Martinez lors de la finale du dernier Mondial, où il a tenté de déstabiliser les tireurs français par divers moyens.
Bien que certains apprécient l'esprit de compétition et la personnalité de Martinez, d'autres s'inquiètent des implications de cette nouvelle règle.
Charles Itandje, ancien portier du RC Lens et consultant RMC Sport, affirme : "Ce qu'il a fait derrière, les célébrations et provocations, je ne suis pas du tout en accord mais sur les tirs au but j'ai été très emballé par sa personnalité. Au moment de la séance finale, dès que je l'ai vu, j'ai dit 'il va au moins en arrêter un'. Techniquement, ce n'est pas le plus propre, OK. Mais il a de l'envergure et il a montré qu'il avait du caractère, c'est tout ce qu'il faut à ce moment-là."
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Christophe Revel, ancien entraîneur des gardiens de Rennes, de l'OL et désormais à Brest, détaille : "Un penalty, et encore plus une série de tirs au but, c'est un duel technique mais aussi psychologique. Je sensibilise mes gardiens sur ça. Il y a la technique de plongeon, la tactique d'analyse du tireur mais surtout la psychologie de l'approche. Regarder le joueur, le sentir, mettre un grain de sable dans sa préparation. Encore plus dans une série de tirs au but avec la fatigue, le stress, l'émotion".
D'autres, comme Itandje, craignent que cette règle ne désavantage trop les gardiens : "Je commence à m'inquiéter pour le futur de notre poste, pour le futur du gardien de but. On avait déjà modifié la règle des penalties pour obliger les gardiens à avoir un pied sur la ligne. Maintenant, on nous impose de ne plus distraire le tireur alors que c'était un des derniers moyens pour les gardiens d'inverser le rapport de force. J'ai l'impression que ce sont des règles établies par des personnes qui n'ont jamais été gardien".
Certains estiment que ces perturbations permettaient d'équilibrer une situation déjà favorable aux tireurs.
Revel, également président de l'Association française des Entraîneurs de Gardiens de But, rembobine : "L'exercice commençait à devenir intéressant. Les gardiens étaient de plus en plus acteurs en réalité. Avec un débat de fond aussi sur les stratégies mises en place, notamment lors des séances de tirs au but. En réalité, ça commençait à équilibrer une balance qui est déjà largement favorable aux tireurs. A chaque penalty, on se disait de plus en plus 'ah, potentiellement, celui-là, il peut être arrêté'. Donc cette règle, c'est un peu une tape sur la tête, comme à un enfant qui veut toucher la plaque chaude. On lui dit 'hop, hop, hop', c'est pas pour toi ça'."
Il ajoute : "L'objectif, c'est quoi ? C'est marquer des buts, tout simplement. Il y a une forme d'aseptisation de ce sport, à enlever tous les contacts, à enlever toutes les initiatives personnelles qui sont dans les lois du jeu, qui tend à ce que les joueurs malins disparaissent. L'idée, c'est qu'on rentre dans un football très catégorisé, structuré, droit, propre. Moi, je trouve ça dommage…"
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Les gardiens s'interrogent sur l'avenir de leur rôle et sur l'équilibre entre spectacle et équité.
Itandje renchérit : "Est-ce qu'il va rester du spectacle dans notre sport ? Demain, on va nous empêcher de mettre les mains pour arrêter un penalty ? On va nous dire de nous mettre dos au tireur ? On va nous positionner sur la ligne selon les souhaits du tireur ? J'extrapole peut-être mais on va vers quelque chose qui me fait vraiment peur. C'est bien de vouloir mettre en avant le spectacle mais il ne faut pas oublier l'équité. On avantage beaucoup trop les tireurs…".
La question demeure de savoir comment cette règle sera appliquée en pratique et comment les gardiens s'adapteront.
Revel demande : "Concrètement, que vont faire les arbitres ? Mettre un carton jaune aux gardiens qui se tapent les crampons sur les poteaux ?".
Itandje, entraîneur des gardiens à Versailles, avoue : "On va quand même essayer de trouver des choses pour que les gardiens se sentent à l'aise dans cet exercice. On va tout faire pour jouer avec ces règles-là, les contourner. Cet aspect de guerre psychologique, je vais l'entretenir avec mes gardiens car il est essentiel".
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Le football est régi par un ensemble de règles et de lois qui dictent les actions des joueurs sur le terrain.
L'IFAB a clarifié les procédures à suivre dans les situations suivantes, notamment en cas de double touche accidentelle lors d'un tir au but. Si le ballon entre dans le but après une double touche accidentelle, le tir doit être retiré. Si le ballon n'entre pas, un coup franc indirect est accordé à l'équipe adverse.
Cette clarification est intervenue après une polémique concernant un tir au but annulé de Julian Alvarez en Ligue des champions, mettant en évidence une mauvaise interprétation récurrente des arbitres concernant l'application de la règle selon que la double touche est accidentelle ou volontaire.
Plusieurs études, toutes critiquées, laissent apparaître qu’il y a un léger avantage. Avant cette Coupe du Monde, 59% des équipes qui tirent en premier finissent par remporter la séance. Cependant, aujourd’hui, seul le Maroc, parmi les 8 dernières séances de tirs au but en Coupe du Monde, a réussi à se qualifier en tirant en premier.
En général, les entraîneurs placent leurs meilleurs tireurs en tout début de séance, et en fin de séance. Le premier tireur est là pour donner le ton. S’il réussit son tir au but, il va donner confiance aux quatre autres. Si le dernier tir peut être décisif (pour égaliser ou offrir la victoire), il faut que ce soit un joueur sûr de lui.
Contrairement à une idée reçue, les tireurs peuvent décider de changer leur ordre de passage au dernier moment.
Si l’arbitre constate la blessure, il peut alors dispenser le joueur touché de frapper. L’arbitre demander alors à l’équipe adverse d’éliminer un joueur, pour que les deux équipes se présentent dans la séance à armes égales (10 contre 10).
Si le joueur blessé est sorti du terrain, avant la séance, il ne peut pas participer, même s’il n’a pas été remplacé. Il est considéré comme ne faisant plus partie du jeu.
La séance de tirs au but est « hors match ». En revanche, un joueur peut être averti deux fois au cours de la séance et être expulsé.
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