À chaque fin de cérémonie d’investiture d’un président de la République, une salve de 21 coups de canons est tirée depuis l’Hôtel national des Invalides à Paris. C’est une tradition républicaine qui perdure, du général de Gaulle à Emmanuel Macron.
À chaque fin de cérémonie d’investiture, le nouveau chef de l’État se rend sur la terrasse du parc de l’Élysée, où il reçoit les honneurs de la Garde républicaine, avant un salut au drapeau et La Marseillaise. Une salve de 21 coups de canons est tirée, tout cela, depuis l’Hôtel national des Invalides.
« Après avoir écouté La Marseillaise devant le drapeau, le Président passe les troupes en revue. Une salve de 21 coups de canons est tirée », précise l’Élysée sur son site internet. Mais pourquoi fait-on parler la poudre (à blanc) lors de l’investiture du nouveau président de la République ?
Il s’agit en fait d’une tradition monarchique, héritée de l’Ancien Régime (1515 à 1789), auquel la révolution de 1789 a mis fin. À cette époque, pour annoncer la mort d’un roi et l’intronisation de son successeur, ou une naissance royale, 101 coups de canons étaient tirés. Dans l’Ancien Régime, on tirait des Invalides mais aussi du Louvre. La Ville de Paris tirait également.
Ce n’est qu’en 1958, au début de la Ve République, « que les 101 coups royalistes sont transformés en 21 coups républicains », rappellent nos confrères d’Europe 1. De symbole de la monarchie à celui de la République il n’y a qu’un pas, mais pourquoi l’avoir gardé ?
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Selon Pascale Mormiche, ce rituel a été conservé et perpétué car « pour un régime politique il faut des symboles, des rites ». « Un régime politique se consolide dans des traditions et celui-ci fait partie de la vie de la République, poursuit-elle. Les coups de canons permettent d’ancrer dans l’imaginaire populaire le rituel politique du changement à la tête de l’État. »
En réalité, l'origine de cette tradition républicaine remonte à l'Ancien Régime (1589-1789) lorsque 101 coups de canon étaient tirés à la mort d'un roi ou lors de l'intronisation de son successeur. Mais pourquoi être passé de 101 à 21 coups de canon en 1958 ? Le choix du nombre remonterait en réalité au 14e siècle, en souvenir des sept coups de canon qu’on avait l’habitude de tirer en mer. Au 14ème siècle, les bateaux de guerre avaient pris l’habitude de vider leurs canons lorsqu’ils entraient dans un port. Une façon d’annoncer leur venue et d’indiquer qu’ils n’avaient aucune intention belliciste.
À l’époque, le chiffre 7 revêtait une symbolique religieuse : dans la tradition judéo-chrétienne, Dieu a créé le monde en sept jours. Puis, petit à petit, les évolutions techniques permettent de tirer trois coups pour chaque boulet tiré en mer, soit 21 coups. Ce rite s’impose peu à peu chez les militaires avant, donc, de s’étendre aux grands événements civils.
Ce protocole n’est d’ailleurs pas réservé à la France. Cette tradition des 21 coups de canon existe dans d'autres pays. Lors de l’investiture du président américain, du jubilé de la reine d’Angleterre, ou, dans les monarchies scandinaves, pour saluer une naissance dans la famille royale, on tire également 21 coups de canon. Désormais utilisé dans le monde entier, il est possible d'entendre ce salut symbolique aux États-Unis ou même au Bangladesh. Ce «salut» est notamment utilisé en Angleterre pour les anniversaires de la famille royale ou en France lors de l'investiture des nouveaux présidents de la République.
Depuis le début de la Ve République, seuls deux présidents ont refusé de se prêter au jeu de ces coups de canon, soulignent nos confrères de TF1. Il s'agit de François Mitterrand en 1988 et Jacques Chirac en 2002. Mais les deux chefs d’État venaient d’être réélus et se succédaient donc à eux-mêmes.
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Les pièces d'artillerie utilisées sont deux canons de 75 mm modèle 1897 issus du musée de l’Artillerie de Draguignan (Var). Les douilles à blanc sont de fabrication américaine car une seule usine au monde continue de fabriquer ces munitions pour les canons de 75 mm toujours utilisés pour les cérémonies dans les régiments d'artillerie de l'US Army. Les tirs à blanc sont effectués à un rythme d'un coup toutes les dix secondes, ce qui permet à la cérémonie de tirs de salut de ne durer que trois minutes.
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