La plage du Champ de Tir à Tarnos, située au sud du département des Landes, est un lieu chargé d'histoire et de transformations. Coincée entre un champ de tir, le port de Bayonne et une zone naturelle classée Natura 2000, cette plage a connu une évolution complexe, marquée par des enjeux économiques, environnementaux et sociaux.
La plage du Métro, nom sous lequel elle est également connue, tire son appellation d'une vaste bâtisse aux volets rouges acquise en 1936 par le syndicat CGT de la RATP (Régie Autonome des Transports Parisiens). Cette demeure servait de colonie de vacances pour les enfants des agents du Métropolitain parisien en été, et de sanatorium en hiver. Pour les habitants locaux, l'endroit est simplement devenu "le Métro".
Jean-André Maye, témoin de cette époque, se souvient avoir défilé en 1937 devant Léon Blum lors de l'inauguration de l'auberge de jeunesse voisine. Aujourd'hui, la vieille demeure abrite le personnel et l'administration du village vacances Touristra "La Forêt des Landes", une copropriété de plusieurs comités d'entreprises depuis 2001. La plage du Métro porte ce nom depuis 1977, en souvenir de ce centre de vacances.
Longtemps, Tarnos n'a pas été une station balnéaire, malgré la présence croissante de baigneurs venant de l'agglomération bayonnaise. Figure des Forges de l'Adour, Jean-André Maye a dû se battre pour que Tarnos reprenne le contrôle de son littoral. Dans les années 80, une lutte acharnée a été menée pour chasser les entreprises qui extrayaient le sable de la plage pour la fabrication de parpaings.
Auparavant, les Tarnosiens se baignaient dans l'Adour, à la Madrague, également appelée "Petite Mer". Après la construction de la digue nord en 1966, plusieurs générations ont appris à nager dans "la piscine", une plage située entre les deux digues, avant que celle-ci ne soit fermée à la baignade en 1999 en raison de problèmes de qualité de l'eau.
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L'aménagement du Métro a suivi son cours, mais lentement. Dans les années 80, Tarnos faisait partie des cinq "fenêtres sur l'Atlantique" du plan plages élaboré par le Conseil général, la Région et l'État. À cette époque, le poste de secours était une simple caravane, et le site était prisé par les gens du voyage, posant des problèmes à la municipalité.
La commune s'est heurtée au classement du site en zone d'équilibre naturel. En 1985, la ville a pensé trouver un nouvel élan économique avec un projet d'aménagement incluant un camping municipal, la remise en état des lacs voisins, un village vacances, un golf et une piscine. Cependant, les associations de défense de l'environnement se sont opposées au projet, et le tribunal administratif a finalement rejeté le nouveau Plan d'occupation des sols (POS).
Finalement, la municipalité a décidé de préserver une zone de littoral protégé. Pour accueillir les estivants, la mairie a aménagé la place du Métro, regroupant l'Office de tourisme, des sanitaires et un snack. Cependant, la Sepanso (association de protection de l'environnement) a porté l'affaire en justice, et en 2002, la cour administrative d'appel de Bordeaux a annulé le permis de construire de la place, construite en 1999!
La plage de la Digue, bande de sable la plus méridionale des Landes, est cachée entre le champ de tir de Tarnos, la Cité des forges et l'embouchure de l'Adour. Elle est avant tout connue pour sa digue, longue d'un kilomètre et construite en 1962. Cette plage est prisée des baigneurs cherchant le calme et des surfeurs locaux. Elle est également appréciée pour les tonnes de bois flotté qui s'y échouent chaque année, utilisés pour la construction de cabanes éphémères.
Un premier ouvrage en bois avait été construit en 1810, mais ne protégeait pas suffisamment l'entrée du port. En 1962, la construction d'une digue plus importante a nécessité l'utilisation d'une immense grue appelée Titan. Le démantèlement de Titan en 1999 a été un moment difficile pour les habitants de Tarnos, car "c'est l'emblème de Tarnos qui disparaît cette année-là".
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Le site du Métro présente une grande diversité de milieux naturels, notamment des dunes, des franges forestières, des forêts mixtes et des zones humides. L'inventaire floristique révèle une importante diversité d'espèces, directement liée à cette mosaïque de milieux. La dune grise abrite une colonie de lis matthiole, considérée comme la plus importante de la façade atlantique, ainsi que l'œillet de France. La forêt est constituée d'une pinède mixte de pin maritime, chêne liège et chêne pédonculé, une formation végétale endémique considérée comme vulnérable. Les zones humides abritent des espèces telles que la renoncule à feuilles d'ophioglosse, la littorelle, la petite douve et le marisque. Une espèce exotique envahissante, la jussie à grandes feuilles, est présente sur les étangs, et le Conservatoire du littoral avec la commune de Tarnos a entrepris d'importants travaux pour l'arracher et la contenir.
Le site accueille une faune variée, avec de nombreux papillons et libellules. Les plans d'eau abritent poissons, amphibiens (rainette verte et triton marbré) et reptiles (lézard ocellé). Les zones humides, situées en arrière des dunes, sont des lieux privilégiés pour l'accueil de l'avifaune marine lors des tempêtes d'ouest.
La plage du Champ de Tir à Tarnos est un lieu où l'histoire, la nature et les activités humaines se rencontrent. De son passé lié aux colonies de vacances à son présent de lieu de loisirs et de nature préservée, cette plage témoigne des enjeux et des défis de la gestion du littoral.
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