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Les armes laser à énergie dirigée (LDEW) représentent une percée majeure dans la guerre moderne. Contrairement à leurs homologues traditionnelles, qui font appel à des projectiles, elles recourent à des faisceaux laser très focalisés afin de mettre hors de combat ou de détruire des cibles avec une précision exceptionnelle, à la vitesse de la lumière.

Le Concept et le Fonctionnement des Canons Laser

Le but est d’amener l’énergie la plus importante possible sur la cible, pour créer un point chaud qui va détruire ou endommager cette cible, résume Olivier Prat, directeur de Cilas. Un faisceau laser étant divergent, cette énergie va se répandre dans un cône, il faut donc être en capacité de faire converger cette énergie sur la cible pour maximiser la densité de puissance dessus. Le paramètre essentiel est donc la puissance arrivant sur la cible. Nous, avec une puissance de 2 kW, on a pu déposer notre énergie à une distance d’un kilomètre, sur un diamètre équivalent à une pièce d’un euro.

Le LASER (Light Amplification by Stimulated Emission of Radiation) est un dispositif d’émission stimulée d’un faisceau lumineux monochromatique, unidirectionnel et dont les ondulations sont cohérentes (ou ordonnées) contrairement aux rayons lumineux classiques. Certaines armes émettent à des longueurs d’onde dans le spectre visible (laser vert). Rappelons leur principe de fonctionnement : l’émission stimulée est obtenue tout d’abord par une source d’énergie externe, telle que des émissions lumineuses (y compris d’autres lasers), des décharges électriques ou encore des réactions chimiques.

Cette source d’énergie permet l’excitation (ou le pompage) d’un « milieu », c’est-à-dire un type de matériau. C’est la nature de ce matériau qui détermine les grandes catégories de laser : généralement chimique ou solide (Solid State Laser, SSL). Le laser peut également être obtenu par une accélération d’électrons, ce qu’on appelle le « laser à électrons libres » (Free-Electron Laser, FEL). Cette excitation consiste en une « inversion de population », c’est-à-dire l’obtention d’une majorité de particules excitées au sein du milieu, lequel restitue alors suffisamment de photons, sous une forme cohérente. Le milieu est placé dans une cavité de résonance entourée de miroirs permettant in fine de produire le faisceau désiré.

Les Défis et Limites des Armes Laser

Si l’arme laser revendique « 100 % de coups au but », elle a aussi ses limites. Le Centre français de recherche sur le renseignement, relève ainsi que « les faisceaux laser, comme tous les systèmes optiques, sont très sensibles aux conditions météorologiques ». « Les nuages, la pluie, la présence de poussières ou de fumées sont autant de conditions susceptibles de réduire fortement la portée et la puissance du faisceau laser. Une part importante de l’énergie sera absorbée, diffractée ou réfléchie par ces éléments. Certaines conditions [brouillard épais ou tempête de sable par exemple] peuvent rendre purement et simplement inopérant ce type d’armes. » Par ailleurs, « comme tout système optique, l’inter-visibilité avec la cible est nécessaire, en clair il est impossible d’engager une cible masquée, ce qui limite son emploi aux tirs directs ».

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L’un des aspects les plus remarquables de cette avancée réside dans la résolution d’un problème qui a longtemps entravé le développement des armes laser : la dispersion de l’énergie dans l’atmosphère. Lorsqu’un faisceau laser de grande puissance est tiré, l’air ambiant tend à en disperser l’énergie, réduisant considérablement son efficacité sur de longues distances. Or, plutôt que d’utiliser un unique faisceau, l’Iron Beam repose sur un tir synchronisé de centaines de micro-faisceaux de la taille d’une pièce de monnaie. Individuellement, ces faisceaux ne sont pas assez puissants pour détruire un missile ou un drone, mais, ensemble ils permettent de concentrer progressivement l’énergie sur une zone ciblée.

Si les ambitions technologiques du système sont indéniables, plusieurs faiblesses demeurent. Tout d’abord, la portée effective de l’Iron Beam reste limitée. Lors des tests, le système a démontré une capacité d’interception à quelque 7 kilomètres, largement inférieure à d’autres intercepteurs. De plus, la densité atmosphérique et les conditions météorologiques risquent malgré tout d’affecter la performance des faisceaux laser. En cas de forte humidité, de brouillard ou de tempêtes de sable, la dispersion de l’énergie pourrait être plus importante, réduisant l’efficacité du système.

Exemples de Systèmes Laser Militaires

HELMA-P

Le canon laser Helma-P était une des grandes attractions du salon des Forces spéciales Sofins, qui s’est tenu cette semaine sur le camp militaire de Souge (Gironde). Il ne s’agit pas du seul canon laser à être développé sur le marché, mais c’est celui dont on parle le plus ces derniers mois, avec sa capacité à détruire un drone à un kilomètre de distance. L’armée de l’Air en avait fait une des composantes de la bulle antiaérienne déployée au-dessus de Paris lors des JO l’été dernier.

« Tout l’enjeu portait sur la miniaturisation du système pour obtenir un matériel simple d’utilisation, intégrable par les forces. Il ne faut pas que ce soit un objet de laboratoire », explique Olivier Prat. « On a atteint cet objectif, puisque les opérateurs de l’armée de l’Air ont été formés en quarante-huit heures avant les JO. »

La puissance du laser étant réglable, « on peut obtenir différents effets » dit-il encore. « L’effet extrême c’est la destruction, mais on peut aussi s’en servir pour brouiller des systèmes optiques ou optroniques, ou neutraliser temporairement une cible. »

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Iron Beam

Israël, avec le développement du système Iron Beam (« rayon de fer »), semble être sur le point d’atteindre un objectif longtemps recherché par les grandes puissances militaires : une arme laser (Light Amplification by Stimulated Emission of Radiation, en français Amplification de la lumière par émission stimulée de radiation ») efficace et déployable à grande échelle. L’arrivée à maturité opérationnelle d’Iron Beam est un jalon important dans un contexte de menaces croissantes contre Israël, notamment depuis l’attaque du 7 octobre 2023.

Le pays a été confronté à une intensification des frappes de roquettes, missiles et drones provenant du Hamas, du Hezbollah, des milices irakiennes des Houthis et l’Iran.

Autres Systèmes

D’autres nations occidentales développent également cette technologie : Allemagne, Angleterre, Israël, Etats-Unis. De premières dotations commencent à être faites aux Etats-Unis, où des lasers équipent désormais des véhicules, relate Olivier Prat.

Applications des Armes Laser

Défense Aérienne

La guerre en Ukraine a démontré que les drones peuvent saturer les défenses adverses à moindre coût, rendant indispensable une nouvelle approche de l’interception. C’est précisément le rôle du HELMA-P, dont l’objectif est de neutraliser les drones ennemis à faible coût en remplaçant les traditionnels missiles intercepteurs. Son fonctionnement repose sur un laser de moins de 100 kW, capable d’endommager les composants critiques d’un drone, le rendant inopérant à une distance d’environ un kilomètre.

Guerre Maritime

Les marines du monde entier déploient des systèmes d’armes laser sur des navires de guerre, des patrouilleurs et des porte-avions pour contrer les menaces maritimes en évolution. Les systèmes à énergie dirigée présentent un triple avantage :

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  • Défense contre les essaims de drones : neutralisation rapide de menaces multiples en approche.
  • Protection contre les missiles de croisière : neutralisation instantanée des attaques rapides à longue portée.
  • Moindre dépendance aux stocks de munitions : les navires peuvent engager les menaces sans avoir à gérer les problèmes logistiques liés à l’emport d’un grand nombre de munitions.

L'Avenir des Armes Laser

L’avenir de ces technologies dépendra de leur capacité à s’intégrer dans les doctrines militaires existantes et à démontrer leur fiabilité en conditions réelles.

Olivier Prat reconnaît que l’on aura « toujours besoin des systèmes d’armement plus classiques » et envisage le laser, pour le moment, comme un complément. « Chaque arme a ses avantages, et les points forts du laser sont la discrétion, et le fait qu’il n’y ait pas de correction de tir nécessaire puisque le laser c’est la vitesse de la lumière… »

Le développement de cette technologie n'est pas nouvelle, puisqu'elle a démarré il y a plus d'une dizaine d’années. L’entreprise française a, elle, lancé les premiers essais du Helma-P il y a environ cinq ans, notamment avec la DGA (Direction générale de l’armement).

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