Le lancement d’Ariane 5 s’effectuait en Guyane à Kourou, au Centre Spatial Guyanais (CSG) du CNES. Après vingt-sept années de bons et loyaux services et 117 missions, le lanceur lourd Ariane 5, fleuron industriel et technologique européen, a fait ses adieux au monde du spatial.
Le centre spatial guyanais (CSG) est une base de lancement française et européenne, située près de Kourou en Guyane française. Suite à l'indépendance de l'Algérie et des accords d'Évian en 1962, le CNES est dans l'obligation de quitter la base de lancement d'Hammaguir.
Tout ces sites ont comme point en commun d'être près de l'équateur, qui offre des conditions optimums pour les lancements d'engins spatiaux. Le rapport du CNES préconise la Guyane, qui offre plusieurs avantages comme le faible densité de population et la large ouverture sur l'océan Atlantique qui permet ainsi de réduire les risques en cas de problème avec le lanceur. La façade maritime permet également de faire des lancement de satellites sur l'orbite polaire dans des conditions optimales. En outre, la zone n'est pas sujette aux tremblements de terre et aux cyclones.
En septembre 1965 commencent les premiers travaux d'aménagement, où plus de 2 500 personnes travaillent. Le CSG inaugure son premier lancement le 9 avril 1968 avec la fusée Véronique. Suivront les années suivantes le lancement de 9 fusées Diamant.
Quand l'Agence spatiale européenne (ESA) fut créée en 1973, la France proposa de partager Kourou avec la nouvelle agence. Le premier lancement a lieu le 24 décembre 1979 avec une Ariane 1 et compte au 2 octobre 2007 142 tirs. Ariane est depuis le milieu des années 1980 le leader mondial sur le marché des satellites commerciaux avec un part de marché située entre 50 et 65%.
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Les Russes auront accès à la base de Kourou pour des lancements à leur compte avec des fusées Soyouz. Le pas de tir Soyouz est actuellement en construction en Guyane sur la commune de Sinnamary. Ces travaux, sont co-financés par l'ESA et Arianespace. La maîtrise d'œuvre est assurée par le CNES, assisté d'Arianespace.
Dans le cadre d'un programme de l'ESA, la famille des lanceurs commerciaux d'Arianespace va s'accroître avec l'apport de Vega, une nouvelle fusée dont l'entrée en service est prévue fin 2008. Vega aura un rôle essentiel au sein de la gamme des lanceurs européens. Elle vient en complément d'Ariane 5 (optimisée pour les gros satellites déposés sur orbite de transfert et les vols de basse altitude avec de très gros passagers) et Soyouz (taillé pour l'emport d'engins de poids moyens vers l'orbite terrestre basse ou certains petits satellites géostationnaires).
La base de lancement bénéficie d'une superficie d'environ 700 km². Situé à une latitude de 5 degrés, à 460 km seulement au nord de l'équateur, la rotation de la Terre procure une vitesse additionnelle de près de 500 m/s. Une " route de l'espace " distribue l'ensemble des moyens de transports de la base. Le " centre Jupiter " est le centre de contrôle qui permet de piloter l'ensemble des opérations de préparation et de lancement.
Pour traverser l’Atlantique, les éléments d’Ariane 5 fabriqués à travers toute l’Europe étaient réunis aux ports du Havre, de Rotterdam et de Brême. Ils étaient ensuite embarqués en containers à bord de deux bateaux, le MN Toucan et le MN Colibri. Arrivés en Guyane au port de Pariacabo, des camions acheminaient les parties vers le CSG en convoi exceptionnel.
Les éléments constitutifs des fusées sont produits en Europe et transférés à Kourou par bateau. À leur arrivée, débute la " campagne de lancement " qui dure environ un mois et demi. Elle consiste à assembler les éléments du lanceur (étages, boosters, case à équipements) dans le bâtiment d'intégration lanceur (BIL), opération réalisée par EADS Astrium.
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Pour des raisons de sécurité, les activités d’Ariane 5 étaient réparties entre différentes infrastructures sur plus de 2 000 hectares (21 km²) sur les 69 000 hectares du CSG. Parmi ces infrastructures, on retrouve:
Ensuite le lanceur et les satellites des clients sont regroupés dans le bâtiment d'assemblage final (BAF) avant transfert à J-1 sur la base de lancement Ariane (BLA). Le décollage de la fusée est autorisé si l'ensemble des éléments sont " nominaux ". À H - 4mn 10 secondes c'est un ordinateur qui gère l'ensemble des paramètres de façon automatique (séquence synchronisée).
Ariane 5 est transportée du Bâtiment d’Assemblage Final jusqu’à son pas de tir ELA-3. Le remplissage de l'hélium avait lieu 22 heures avant le lancement. Le pas de tir ELA-3 était constitué d’une tour métallique dite « tour Cazes » jouant le rôle de paravent. Le remplissage des ergols liquides (oxygène et hydrogène) commençait par l’étage central EPC, et se poursuivait avec l’étage supérieur cryotechnique ESC. Les deux duraient 5 heures au total.
À distance se trouvait un château d’eau de 80 mètres de haut et 1 500 m3. Au moment du décollage, 30 m3 d’eau par seconde étaient déversés pour protéger la table de lancement du choc thermique et sonore.
Le centre de lancement n°3 (CDL3) est le lieu où Arianespace assurait le suivi de la campagne de lancement, de l’assemblage au décollage. Deux salles de contrôle permettaient de mener simultanément 2 campagnes de lancement d’Ariane 5 : la salle 2 assurait les opérations au Bâtiment d’Intégration Lanceur BIL, puis la salle 1 prenait le relais jusqu’à la zone de lancement 3.
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Après le lancement, les stations dites « en aval » prenaient le relais au-dessus de l’Atlantique et de l’Afrique pour transmettre au CSG les informations envoyées par Ariane 5.
Dans quelques jours, Ariane 5 s’élèvera pour la dernière fois du pas de tir de Kourou pour la mission VA261, emportant 2 satellites. Ce 117e vol du lanceur européen mettra un terme à une carrière de 27 ans, marquée par une fiabilité exceptionnelle.
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