Dans les années tumultueuses du XXe siècle, alors que l’art cherchait sans cesse à redéfinir ses frontières, Niki de Saint Phalle émergea avec une vision audacieuse et révolutionnaire. Ses œuvres, marquées par une liberté créative sans compromis, défiaient les conventions et les attentes.
Les « Tirs » de Niki de Saint Phalle débutèrent en 1961. Ces performances consistaient à tirer à la carabine sur des assemblages de poches de peinture dissimulées sous des couches de plâtre, créant ainsi des explosions de couleur imprévisibles et puissantes. Chaque tir était un acte de destruction créatrice, transformant l’œuvre en un tableau vivant et évolutif.
Une anecdote emblématique de cette période nous transporte lors de l’une de ses premières performances publiques. Lors d’une exposition à la galerie J à Paris, en février 1961, Niki invita le public à participer à l’acte créatif en tirant eux-mêmes sur ses œuvres. Parmi les invités, des artistes renommés comme Robert Rauschenberg et Jasper Johns se prirent au jeu, transformant cette performance en un événement collectif et festif.
Lors d’une autre performance mémorable au Moderna Museet de Stockholm en 1966, Niki de Saint Phalle érigera un mur entier de cibles à détruire. Cette installation, spectaculaire par son ampleur, attirera une foule nombreuse et fascinée. Les spectateurs, armés de carabines, participaient à la destruction créative de l’œuvre, chacun contribuant à l’explosion de couleurs et de formes.
Les « Tirs » ne furent pas seulement des performances spectaculaires, mais aussi des réflexions profondes sur le rôle de l’artiste et de l’acte créatif. Pour Niki de Saint Phalle, tirer sur la toile était une manière de se libérer de ses propres démons intérieurs, de canaliser sa colère et sa douleur en un geste cathartique. Ces performances exprimaient également une critique des institutions artistiques traditionnelles et des normes de beauté établies. « Un assassinat sans victime.
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Elle utilise les tirs pour dénoncer des injustices. Niki traite de la crise des missiles de Cuba dans le tableau-tir King Kong dans lequel le monstre gigantesque s’approche d’une ville bombardée.
Elle intègre alors le cercle des « nouveaux réalistes », jouant le rôle de médiatrice entre les avant-gardes française et américaine. Niki de Saint Phalle est autodidacte, engagée, féministe. Elle fait partie du groupe des Nouveaux-Réalistes, fondé par Yves Klein un an avant. Ce mouvement est une nouvelle approche de la réalité, un recyclage poétique de l’espace urbain. Les nouveaux réalistes utilisent des palissades, des barils ou même des détritus dans leurs œuvres.
Pour réaliser cette œuvre, elle ouvre le feu sur une toile enduite de plâtre et recouverte d’objets. Des poches remplies de peinture sont disposées sur la surface. Dès lors que les balles percent les bulles, les couleurs s’échappent et se rependent sur la toile. Un clin d’œil à la technique du dripping de Jackson Pollock, que Niki de Saint Phalle admirait beaucoup. Elle le dit elle-même “La peinture était la victime” mais “Qui est la peinture ? Papa ?
Niki de Saint Phalle poursuivit cette série de « Tirs » jusqu’au milieu des années 1960, avant de se tourner vers d’autres formes d’expression artistique, telles que ses célèbres « Nanas » et ses sculptures monumentales.
À l’age de 19 ans elle se marie avec Harry Mathews. Ils s’installent a Paris. A 23 ans elle des crises nerveuses graves. Elle est hospitalisée a Nice, où elle reçoit une série d’électrochocs. L’art devient un outil thérapeutique. Elle divorce et se lie avec des artistes vivant a Paris. Elle s’installe avec Jean Tinguely.
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L’INHA (Institut national d’histoire de l’art) ayant demandé à l’INA un inventaire des entretiens d’artistes dans ses collections, nous avons démarré une cartographie dont nous ne pouvions imaginer l’ampleur et l’importance pour les chercheurs.ses, mais aussi pour celles et ceux qui s’intéressent à l’histoire de l’art. En février 2019, lors d’un atelier « Genre, historiographies et histoires des arts : le matrimoine en questions », qui a lieu à Paris Nanterre, nous avons choisi de présenter un échantillon de notre travail, en prenant comme exemple l’artiste plasticienne Niki de Saint Phalle (1930-2002) qui est abondamment documentée dans nos fonds.
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