Femme portant un fusil de Sophie Pointurier raconte l'histoire de Claude, une femme de quarante-quatre ans en pleine crise existentielle. Par hasard, elle tombe sur une annonce d'un hameau à vendre dans le Tarn, un lieu isolé qui résonne avec son intérêt pour le mouvement béguinal, découvert dans le roman d'Aline Kiner, La nuit des béguines.
Dès la découverte de cette annonce, Claude s'y accroche et rencontre Élie, une documentaliste à la retraite. Ensemble, puis avec Harriet et Anna, elles rêvent d'un lieu construit par et pour les femmes. Naît alors un rêve, le projet d'un lieu construit par et pour les femmes. Claude, Harriet, Elie et Anna l'ont fait. Au début, elles étaient quatre.
Ce projet s'inspire des béguines, ces communautés de femmes qui, dès le Moyen-Âge, prirent possession d’un espace, échappant ainsi « à leur condition en refusant de prendre un mari ou d’entrer dans les ordres ». Elles étaient quatre, chacune avec leurs raisons de souhaiter changer de vie, à l'écart des hommes et de leur force coercitive.
Jour après jour, au grès des rencontres, le projet d’un lieu construit par et pour les femmes prend forme. Avec Harriett, Elie et Anna, elle bâtit une utopie, dont elles éprouvent tant la beauté que l’impossibilité.
Cependant, un homme est mort, et Claude doit répondre de son meurtre devant deux gendarmes. L'enquête révèle qu'au-delà du meurtre, c'est l'appartenance de Claude à une communauté féministe qualifiée de « terroriste » qui est remise en question. Le roman explore alors les questions suivantes : Qu'est-ce qui pourrait bien pousser des femmes à s'organiser en non-mixité ? et quelles pourraient en être les conséquences ?
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Ce sera à leurs risques et périls ! car la réponse masculine sera « Je vais te tuer. Salopes, vous allez toutes crever » livre bien senti et bien rendu. Elle voulait un endroit calme, construire une vie dans le respect des autres.
Ce roman constitue une énième illustration du pouvoir meurtrier de la haine des hommes mais aussi une passionnante exploration de la violence des femmes.
Femme portant un fusil aborde des thèmes difficiles tels que la violence faite aux femmes, la misogynie et la capacité des femmes à la violence. Ce roman est le récit d'une quête pour se réinventer, une ode à l'amitié et à la liberté.
Sophie Pointurier montre dans ce roman contemporain, que le mépris et l'hostilité à l'égard des femmes est toujours d'actualité. Elle fait d'ailleurs dire à son héroïne « c'est un miracle que cette deuxième moitié du monde ne se soit toujours pas réveillée en rage, consciente de sa blessure collective ».
« Je n' avais jamais réfléchi à la violence, pour moi tout ça relevait d'une pensée un peu binaire : la violence , c'était les les hommes, la société , le système , et les femmes qui en usaient ne faisaient que se défendre. Il y avait toujours une réponse notion de l'ordre de la riposte , une justification absolue de l'acte violent ».
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L'autrice s'appuie sur un casting et un scénario alternant interrogatoires et passé avec des rebondissements quelque peu attendus. Pour cela, l'autrice s'appuie sur un casting et un scénario alternant interrogatoires et passé avec des rebondissements quelque peu attendus. J'ai trouvé que le récit et sa conduite manquaient de piquant même si au final, les messages à faire passer arrivent à destination. Malheureusement, rien ne surprend vraiment.
Femme portant un fusil s'inscrit dans une tradition de récits explorant l'histoire et la condition des femmes. Pendant des siècles, les béguines ont su se frayer un chemin entre vie laïque, travail rétribué et vie mystique, où leur engagement était révocable. Ce statut, créé sur mesure par elles-mêmes et pour elles-mêmes, leur avait permis de contourner l’obéissance pendant des siècles. Ni mariées, ni religieuses, ni soumises.
Comme trop souvent dans l'histoire des femmes, le pouvoir s'était chargé soit de les brûler soit de les effacer, alors qu'elles avaient été plus d'un million à vivre ainsi pendant plus de mille ans.
« Il n'y a rien de pire au monde que passer pour une femme qui déteste les hommes. On peut être raciste, antisémite, violeur ou bouffeur de bébés que les hommes nous le pardonneraient mieux qu'une suspicion de misandrie.(...) Pourtant, je ne les déteste pas, moi, les hommes. Je m'en passe, c'est tout. Depuis que j'ai décidé de vivre en dehors de leur société, de leurs regards, ma vie a changé, le quotidien s'est apaisé et mon corps tout entier a enfin commencé à respirer.
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