La Fée Carabine, un roman de Daniel Pennac, plonge le lecteur dans un univers où l'absurde le dispute au tragique, le tout enveloppé d'une écriture inventive et imagée. Ce livre, qui fait partie de la série Malaussène, est souvent considéré comme l'un des plus réussis de l'auteur. Découvrons ensemble les éléments clés de cette œuvre.
L'histoire s'ouvre sur un événement surprenant : un jeune policier, voulant secourir une vieille dame apparemment menacée, est abattu par celle-ci. Cet incident déconcertant lance une série d'événements inattendus dans le quartier de Belleville, où vivent les Malaussène.
Au cœur du récit se trouve la famille Malaussène, avec Benjamin comme figure centrale. Benjamin, bouc émissaire professionnel aux Editions le Talion, est habitué à endosser les responsabilités des autres. Sa mère, enceinte de son septième enfant, ajoute une dimension supplémentaire à ce foyer déjà bien rempli.
Benjamin et toute la fatrie Malaussène sont de retour. Et alors que la mère attend son septième enfant d'un père qui une nouvelle fois répond aux abonnés absents, Benjamin chapeaute tout ce petit monde avec tendresse. Il sert toujours de souffre-douleur pour les Editions le Talion, son job consistant à prendre les engueulades à la place de la directrice. Et voilà qu'à Belleville, on dessoude à tour de bras, vieillards, flics et journalistes. Et devinez qui récolte les emmerdes ?
Belleville, le quartier où vivent les Malaussène, est un lieu vibrant et cosmopolite. « On se les gèle à moins douze, et pourtant Belleville bouillonne comme le chaudron du diable. » C'est un endroit où les situations les plus improbables peuvent se produire, et où l'odeur de chien pestilentielle semble imprégner chaque recoin.
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Daniel Pennac se distingue par son style d'écriture incroyablement imagé et riche. Il est capable de donner autant de plaisir et de bonheur à ses lecteurs. Son écriture oscille entre réalisme et onirisme, créant un univers à la fois familier et étrange. « Ce n'est pas du Céline, cela frôle parfois Frédéric Dard. En tout cas, il y a une langue. »
Un bout de phrase pour illustrer le style : « On se les gèle à moins douze, et pourtant Belleville bouillonne comme le chaudron du diable. A croire que toute la flicaille de Paris monte à l'assaut. Il en grimpe de la place Voltaire, il en tombe de la place Gambetta, ils rappliquent de la Nation et de la Goutte d'Or. Ca sirène, ça gyrophare et ça stridule à tout va. La nuit a des éblouissements. Belleville palpite. Mais Julius le Chien s'en fout. Dans la demi-obscurité propice aux régals canins, Julius le Chien lèche une plaque de verglas en forme d'Afrique. Sa langue pendante y a trouvé du délicieux. La ville est l'aliment préféré des chiens ».
L'œuvre regorge de personnages hauts en couleur, tous plus dingues les uns que les autres. De la Reine Zabo à Julius le Chien, chacun contribue à l'atmosphère particulière du roman. Les personnages sont à fort caractère qui vivent un quotidien compliqué contrebalancé par une petite part d'onirisme bienvenu.
Un éclairage particulier est donné au personnage de Mlle Verdun Malaussène : portrait d'un nourrisson. Trois jours déjà ! C'est gros comme un rôti de famille nombreuse, rouge viande tout comme, soigneusement saucissonné dans l'épaisse couenne de ses langes, c'est luisant, c'est replet de partout, c'est un bébé, c'est l'innocence. Mais gaffe : quand ça roupille, paupières et poings serrés, on sent que c'est dans le seul but de se réveiller, et de le faire savoir. Et, quand ça se réveille : c'est Verdun ! Toutes les batteries soudain en action, le hurlement des shrapnels , l'air n'est plus qu'un son, le monde tremble sur ses fondations, l'homme vacille dans l'homme, prêt à tous les héroïsmes comme à toutes les lâchetés pour que ça cesse, pour que ça retrouve le sommeil, même un quart d'heure, pour que ça redevienne cette énorme paupiette, menaçante comme une grenade, certes, mais silencieuse au moins. Ce n'est pas qu'on dorme soi-même si elle se rendort, on est bien trop occupé à la surveiller, à prévoir ses réveils, mais au moins les nerfs se détendent un peu. L'accalmie, le cessez-le-feu... la respiration de la guerre. On ne dort que d'un oeil et sur une oreille. Dans notre tranchée intime, le guetteur veille. Et, dès le premier sifflement de la première fusée éclairante, à l'assaut, bordel ! Tous à vos biberons ! Repoussez-moi cette offensive ! Des couches, les infirmières, des couches, nom de Dieu ! Ce qui est englouti d'un côté déborde presque aussitôt de l'autre, et les hurlements de la propreté bafouée sont encore plus terrifiants que ceux de la famine. Des biberons ! Ca y est, Verdun s'est rendormie. Elle nous laisse debout, hébétés, chancelants, lil vide fixé sur lample sourire de sa digestion. C'est le sablier de son visage, ce sourire. Il va se rétrécir peu à peu, imperceptiblement, les commissures vont se rapprocher, et, quand la bouche toute rose ne sera plus qu'un poing noué, le clairon sonnera le réveil des troupes fraîches. De nouveau, le long hurlement vorace jaillira des tranchées pour investir les cieux. Et les cieux répondront par le pilonnage de toutes les artilleries : voisins cognant au plafond, martelant à la porte, jurons explosant dans la cour de l'immeuble... Les guerres sont comme les feux de broussailles, si on n'y prend garde, elles se mondialisent.
Pennac est un génie, savoir donner autant de plaisir et de bonheur à ces lecteurs, il faut toute son écriture incroyablement imagée et riche pour réussir un tel pari. La fée carabine est celui de la série qui remporte la palme, drôlissime, inventif, poétique, des rebondissements en veux-tu, en voilà tout est parfaitement proportionné, Pennac est un orfèvre, un magicien, un bienfaiteur.
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