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Pendant que leurs camarades risquent déjà leur vie à l’accomplissement de leur mission derrière les lignes ennemies, les hommes à destination des plages se préparent. Embarqués à bord des quelques 7 000 navires fonçant droit sur les côtes normandes, ils vont devoir éventrer le Mur de l’Atlantique.

À l’est, ce sera Juno, Gold et Sword Beach pour les Anglais, les Canadiens et le commando Kieffer, direction Caen. Sur le franc ouest, les forces américaines prendront Utah et Omaha avant de gagner Bayeux.

Le Débarquement à Utah Beach

C’est le premier débarquement. Imaginons les Allemands d’abord assommés par un tir de barrage féroce qui voient arriver droit sur eux d’autres hommes venus pour les tuer. Logiquement, ils tirent sur les barges et l’un des vaisseaux d’escorte est touché. Il ne peut plus guider les autres navires de débarquement.

Une déconvenue tragique qui laisse le courant entraîner les suivants à 2 km de la zone prévue. C’est très ennuyeux : les hommes se sont entraînés pour une zone précise et doivent faire jonction avec leurs camardes de la 101e qui les attendent à Sainte-Mère-Église. Mais cet incident cache une vraie chance. La zone initialement prévue est la plus défendue. À la place, les lieux sont forts inconfortables, avec des eaux profondes et une course de 1 000 m à découvert, mais ils sont justement quelque peu délaissés par l’armée ennemie.

Ce n’est pas un déluge de feu qui accueille les hommes commandés par le brigadier général Théodore Roosevelt, fils du président. Avec ses 57 ans et une arthrite chronique, le bonhomme a tout de même tenu à être aux côtés de ses hommes. À 6h 30, alors que s’abaisse les rampes de débarquement, les tirs d’artillerie fauchent leurs premières vies. Malgré tout, ils sont saccadés et cela aide les hommes trempés et effrayés à se frayer un chemin sur la plage. Ils peuvent compter sur les chars amphibie Sherman DD ayant réussi la traversée sans couler, 28 sur 32. Plusieurs sont pris pour cibles par les canons allemands et leurs pilotes ne peuvent que tenter de s’en extraire en hurlant alors que les flammes les happent à leur tour. Ils sécurisent néanmoins les lieux.

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Canne à la main, T. Roosevelt suit ses hommes jusqu’aux dunes protectrices. Il pressent immédiatement que quelque chose cloche. S’aidant de sa carte, il comprend la situation. Il doit décider si les vagues suivantes débarqueront au même endroit ou prendre le risque de les envoyer sur la zone initiale encore défendue par l’ennemi. Pour lui, le doute n’est pas permis : « nous commencerons la guerre d’ici. ».

Le chemin vers Sainte-Mère-Église sera plus long. Le débarquement des 2e et 3e vague se fait sans heurts mais les hommes constatent aux corps déchiquetés, aux blessures saignantes dans l’eau, aux équipages de chars encore brûlants, que cette apparente facilité fut chèrement gagnée.

L'Enfer d'Omaha Beach

Par manque d’informations, les généraux étaient optimistes quant à la prise d’Omaha. Prétendument peu défendue, ce point vital pour le débarquement devait être le moins complexe à atteindre. La suite prévoyait une avance de 10 km à l’intérieur des terres et l’installation d’une tête de pont de 30 km. Pour cette mission, 34 000 hommes et 3 300 véhicules furent mobilisés.

En une demi-heure, la chose devait être réglée grâce aux chars amphibie, aux démolisseurs et au concours de soldats répartis par unités sur toute la longueur de la plage : Fox Red, Fox Green, Easy Red, Dog Green, Dog White, Easy Green. Mais les défenses allemandes venaient d’être renforcées deux mois auparavant par des vétérans du front de l’Est. Ce n’étaient pas des gamins embrigadés depuis quelques mois à peine mais des durs à cuire qui avaient survécu à l’apocalypse russe. Rommel avaient en outre fait renforcer le Mur de nouvelles fortifications lourdement équipées (canons de 75 mm, mitrailleuses, canons antichars, lance-roquettes). Et le brouillard persistant empêche les avions bombardiers de distinguer nettement cette menace : ils larguent leur bombes à près de 5 km tandis que les vétérans allemands endurent le tir de barrage en toute discrétion.

Le massacre peut commencer. À peine embarqués, 27 des 29 chars coulent corps et bien, avec leur équipage, les vagues venant déchirer leurs jupes de toile flottante. Les autres véhicules, obusiers, bulldozers blindés connaissent un sort identique. Dans le même temps, les 1 450 hommes de la 1ere vague font route, secoués par la houle, malades de la mer et de peur. Ils espèrent que le bombardement des plages leur a préparé le terrain. Mais déjà les obstacles de Rommel déchirent le fond des barges en même temps que les canons ennemis ouvrent le feu sur eux. Les pilotes de barges ont beau faire, les vagues les ramènent vers les obstacles et les pièges.

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La panique les gagne et les marins annoncent l’abaissement des rampes alors qu’ils sont encore loin de la plage. Sitôt les lourdes portes tombées à l’eau, les mitrailleuses allemandes font feu, fauchant la masse des hommes encore à bord. Les sous-officiers installés dans le fond exhortent les soldats et avancer ou de se jeter sur les côtés de la barge mais de sortir coûte que coûte. Alourdis par leur équipement, certains se noient. D’autres se meuvent tant bien que mal entre les caprices de la mer et les balles qui fusent droit sur eux. Les hommes pataugent et ne peuvent avancer hors de l’eau sans risquer une mort immédiate. Entre canons et mitrailleuses, la première vague est une catastrophe. Il ne s’agit plus de « faire le job » mais de survivre.

Ceux qui s’arrachent de l’eau salée trouvent trop de galets pour creuser un abri. Les rares véhicules ayant survécu à la traversée sont mis hors d’état. Officiers, simple soldat, vétéran d’Afrique ou d’Italie, bleus complets, personne ne sait comment sortir de ce bourbier. Et chacun peut se faire tuer d’un instant à l’autre. Les gars du génie sont un maigre espoir mais ils perdent beaucoup des leurs en détruisant mines et obstacles sur la plage avec peu d’équipement. Ils sont pris pour cibles par les tireurs. Les troupes préfèrent même se cacher derrière les obstacles de Rommel pour tenter de se protéger. Malgré tout, ces spécialistes de la démolition parviennent à dégager 5 chemin pour les barges des vagues à venir. Si elles viennent…

Au final, les gars génie comptabilisent les pires pertes du Jour J. Il y a tant de corps jonchant la plage ou étendus dans l’eau que la seconde vague ne distingue presque rien des lieux à son approche. Les marins menant les barges se méfient de tout : des tirs, des obstacles minés, des asperges de Rommel qui éventrent les coques. Un embouteillage se créé sur la mer : comment approcher sans se faire tuer ? Comment aider les hommes à débarquer dans cette furie ?

La falaise qui surplombe légèrement la plage est le seul recours. Encore faut-il y arriver entier. Les soldats sont tués par les balles de mitrailleuses, par les obus des canons qui les déchirent, par les mines qui les pulvérisent. Le spectacle est monstrueux tant pour ceux qui sont miraculeusement en vie que pour ceux qui arrivent. Les hurlements désespérés des blessés sont à peine masqués par l’aboiement des armes. La mer devient rouge et charrie une triste cargaison inerte. Et la marée commence à monter, acculant les Alliés vers leur ennemi implacable.

C’est en rampant que les rescapés se mettent à l’abri de la falaise. Dans ce chaos, il ne reste qu’une option : attaquer. La peur règne et dans ces cas-là il faut des hommes qui parviennent à garder leur sang-froid et à donner les bons ordres. Le brigadier général Norman Cota, 51 ans, montre l’exemple. Il marche dos droit au milieu des hommes plaqués contre le surplomb, entre les corps inertes, à découvert. Il se montre rassurant, il persuade les hommes qu’il faut bouger avant de se faire tuer. Il tombe nez à nez avec un groupe de Rangers qui a manqué son point de débarquement. Il leur ordonne de se montrer à la hauteur de leur corps et d’ouvrir la voie.

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Aidés d’une compagnie équipée de tubes à torpilles Bangalore, ils taillent une brèche dans le Mur. Les Rangers escaladent le reste de la falaise et se ruent sur les positions allemandes. L’impulsion est donnée. Ce sont aussi les Rangers qui font bouger les choses un peu plus loin sur la plage. Les hommes s’engouffrent par les brèches creusées une à une. La marine joue enfin son rôle à présent que les Allemands ont révélé leur position : destroyers britanniques et américains s’approchent dangereusement de la plage pour viser les casemates et postes d’artillerie. Ils abaissent leur canons et font mouche, enfin. Les soldats américains qui le peuvent encore quittent Omaha la sanglante pour tenter de tenir le programme de la journée et avancent sur Vierville-sur-Mer et Colleville-sur-Mer.

L'Assaut à la Pointe du Hoc

Entre les plages d’Utah et Omaha, la Pointe du Hoc est une falaise abrupte de 30 m abritant, selon les renseignements, six canons. Pointés sur Omaha, ils pouvaient causer bien des dégâts. Une unité de Rangers se voit confié la tâche de grimper à son sommet depuis la mer et de détruire cette batterie allemande. Escalader une telle rocheuse sous un feu nourri promet d’être difficile même avec le bon entraînement. Première vague : 225 hommes, suivie d’un seconde comprenant 500 autres soldats. Une autre unité doit venir en renfort mais elle se perd et se retrouve dans l’enfer d’Omaha avant d’être la clé du salut des survivants.

En attendant, 9 barges filent sur la minuscule plage de galets qui baigne les pieds de la falaise. La houle dévie leur trajectoire et le soutien attendu de ceux qui se sont déjà égarés fait défaut. Un tir nourri s’acharne sur les embarcations obligées de manœuvrer pour revenir dans la bonne direction. Coup de chance, le soutien naval se révèle ici plus efficace qu’ailleurs. Le bombardement est plutôt réussi. Néanmoins, les Allemands ne sont pas délogés et ne manquent pas de harceler les Rangers qui gagnent la plage, s’installent en contrebas et déploient leurs grappins et leurs échelles, cadeaux des pompiers de Londres, tant bien que mal.

La falaise les protège légèrement des tirs mais pas des grenades. Il y a déjà des morts et des blessés. Certains hommes ne perdent pas de temps et commencent l’ascension à la seule force de leurs mains et de leurs pieds. Parmi eux, il y a des as de la grimpe. Les espoirs de leurs camarades pèsent lourds sur leurs épaules. Les premiers arrivés au sommet sauveront les autres. Comme au Moyen Âge, ces hommes escaladent un rempart naturel protégés à son sommet de barbelés et d’ennemis armés jusqu’aux dents qui n’hésitent pas à couper des cordes. Les soldats restés au sol protègent leurs camarades de leur mieux.

Parvenus au sommet, les Rangers sautent droit dans les trous laissés par les obus alliés pour se préserver. Grenades et armes légères suffisent à dégager les lieux. En 5 minutes, le compte est bon. Il ne reste qu’à hisser les derniers grimpeurs et à saboter les canons. Mais en quelques instants, les hommes comprennent que ces 6 canons si dangereux qu’ils ont enduré pareille épreuve ne sont tout simplement pas là. Certes le bombardement a creusé de nombreux trous et causé bien des dégâts mais le fait est qu’il n’a pas détruit les canons. Car la menace est tout bonnement absente.

L’action de ce courageux groupe de Rangers n’est cependant pas vaine. La seule route partant de la Pointe du Hoc est minée et protégée par deux mitrailleuses. Les Rangers la sécurisent au prix d’autres vies et détruisent aussi une batterie bien cachée, pointée sur Utah Beach. 40 Rangers sont tombés durant l’escalade et 95 autres pendant la défense de cette position rudement atteinte.

Les Forces Britanniques et leurs Objectifs

Pour leur 6 juin 1944 en Normandie, les forces britanniques ont deux objectifs à remplir : atteindre et prendre Bayeux d’un côté, faire jonction et soutenir les unités américaines envoyées sur Omaha de l’autre. Pour les aider, le tir de barrage effectué par des navires anglais débute dès 3h du matin. Plus tardif que sa version US, l’assaut des troupes n’est lancé que vers 7h 30.

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