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On ne peut être insensible à l’histoire du film Le Vieux Fusil. C'est l'un des films marquants - et sans doute aussi controversés - du cinéma français des années 70 : Le Vieux fusil fête ce 20 août 2020 son 45ème anniversaire.

Synopsis et Contexte Historique

« Montauban, 1944. Le chirurgien Julien Dandieu y mène une vie paisible avec sa femme, Clara, et leur fille Florence. Cependant, l’invasion allemande ne peut le laisser indifférent : préférant les savoir éloignées des tourments de cette guerre, Julien demande à son ami François de les conduire à la campagne, où cette famille possède un château.

Dans le cadre d’un exercice d’appréhension critique d’une œuvre cinématographique, il est nécessaire (en particulier sur un film qui a déjà fait couler beaucoup d’encre) d’avoir à l’esprit les quelques questionnements complémentaires qui vont guider l’analyse, sous peine de n’envisager qu’un bout de la lorgnette : que raconte le film ? dans quel contexte de narration ou de production ? avec quelle approche thématique ou stylistique ?

Pascal Jardin, impressionné, décide très vite de développer un récit en s’inspirant également d’un des épisodes les plus terrifiants de ce conflit, le massacre perpétré par les SS à Oradour-sur-Glane le 10 juin 1944. Quand l’écrivain se met à concevoir son récit, c’est seulement la troisième fois que le cinéma évoque Oradour après 10 juin 1944, le court métrage de Maurice Cohen, récompensé du Prix Jean Vigo en 1962 et Le Sauveur, un long métrage signé Michel Mardore en 1971 avec Horst Buchholz.

Mais Pascal Jardin, Robert Enrico et leur coscénariste Claude Veillot décident de changer le lieu du récit et choisissent de raconter l’histoire d’un médecin qui part venger la mort de sa femme et de sa fille, sauvagement assassinées par des SS, juste après le débarquement de juin 1944.

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Ce Julien Dandieu, chirurgien, arrive à son château et découvre des scènes d’horreur qui rappellent évidemment les massacres commis à Oradour-Sur-Glane par une division blindée SS qui remontait vers la Normandie. Son réflexe face à cette situation : se venger. Il a alors pour but de tuer tous les soldats présents dans son château, quitte à le détruire. En fait, cette vengeance est désabusée, en tuant ces Allemands Julien Dandieu ne va pas vraiment en retirer quelque chose.

Les Personnages et le Casting

Par la perte de ses proches, on comprend que ce personnage est profondément gentil. Cela se voit avec le casting ; on a un Philippe Noiret au visage rond, au ventre légèrement bedonnant et aux lunettes rondes. S’il peut avoir des expressions sévères, on lui donne facilement confiance.

Pour incarner ce médecin, plusieurs noms circulent. Celui d’Yves Montand tout d’abord qui vient de terminer Le Sauvage de Jean-Paul Rappeneau. Après son refus, Lino Ventura sera immédiatement pressenti. Robert Enrico le connaît bien. Il l’a déjà dirigé à trois reprises dans Les Grandes Gueules, Les Aventuriers et Boulevard du Rhum. Mais lui aussi décline, sans que l’on sache exactement pourquoi car, à ce sujet, les explications divergent. Pour Enrico, son refus provient de sa répugnance à jouer les scènes de coup de foudre.

Dans la foulée de leur première collaboration sur Le Secret, Philippe Noiret est donc de retour devant la caméra de Robert Enrico qui pense un temps l’associer à Catherine Deneuve, sa partenaire dans La Vie de château de Jean-Paul Rappeneau et Touche pas à la femme blanche ! de Marco Ferreri. Mais le cinéaste porte finalement son choix sur Romy Schneider qu’il n’a jamais dirigée.

Mais dans cette scène - comme tout ce qu’elle fera au long de ce tournage qui se déroule entre Paris, Biarritz (la scène de la plage), Montauban -, Romy Schneider impressionne toute l’équipe par son implication totale. Plus tard, au moment où les Allemands poursuivent son personnage, la violent avant de l’achever au lance-flammes, ses cris furent même si déchirants qu’Enrico choisit de les enlever au montage final par peur que ce passage déjà difficilement regardable devienne proprement insoutenable.

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Si, en nombre de minutes, Romy Schneider est peu présente à l’écran, son personnage est pourtant le centre même du film. C’est son souvenir qui va guider le docteur dans son expédition vengeresse. A ce moment-là, le film aurait pu sombrer dans le plus grave des pathos.

Flashbacks et Photographie

Durant la vengeance du personnage principal, ce dernier va vivre des flashbacks. Ils vont l’amener à se remémorer des souvenirs principalement de joie, de bonheur (moments en famille) ; datant d’il y a quelque années, quelques mois. Ils permettent surtout de comprendre sa relation avec sa femme, incarnée par Romy Schneider, toujours magnifique. Une histoire débutée un peu par hasard, qui ne devait être qu’une histoire d’un soir, d’une nuit. Une histoire d’amour qui s’est transformée en mariage ; sa femme, il la trouvait magnifique, imprévisible. D’un moment à l’autre, il la perd tragiquement.

Ce que je retiens du film Le Vieux Fusil, c’est aussi sa photographie poussée ; la composition des plans a un vrai sens et donne une dimension supplémentaire au film. La scène qui l’exprime le mieux est selon moi celle-ci ; attendant de tuer les soldats occupant son château, Julien Dandieu reste, dans le noir, seul et fatigué.

Thèmes et Réception

Meurtres, scènes de crimes, de viols, sur des enfants, des femmes, hommes sont au rendez-vous dans Le Vieux Fusil. Ce que l’on retient, ce sont les conséquences de ces actes qui sont terriblement dramatiques ; on les vit au travers des yeux du personnage principal.

Si le film donne une vision peut être trop manichéenne de son histoire, il raconte très bien les massacres commis par les SS remontant vers le nord de la France, voyant la défaite arriver.

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Si Le Vieux fusil reste fidèle aux thématiques du cinéma de Robert Enrico (qui va des Grandes gueules aux Aventuriers en passant par Pile ou face ou Fait d’hiver) c’est qu’il raconte l’histoire d’un type ordinaire, en apparence parfaitement équilibré, qui bascule malgré lui dans la violence et la folie.

Pourtant, Le Vieux fusil s’inscrit dans un double contexte particulier. Les années 70 sont celles où le pays commence à regarder en face son comportement pendant la Seconde Guerre mondiale et à pointer du doigt le fait que les Français ne furent pas tous des héros ou des résistants mais aussi des collabos. Le Vieux fusil sort un an après Lacombe Lucien de Louis Malle qui avait fait polémique.

Mais le film d’Enrico est aussi l’une des rares incursions françaises dans un genre qui fait alors florès aux Etats-Unis : les films de justice expéditive, popularisés par Charles Bronson (Un justicier dans la ville en 1974) et Clint Eastwood avec la saga des Inspecteur Harry.

Forcément, cette violence dérange. Une partie de la critique parle d’indécence, choquée par l’aspect insoutenable de cette chasse à l’homme que le cinéaste assume pleinement et que le public (et les professionnels) salueront de concert.

En 1975, Le Vieux fusil réunit 3 365 471 spectateurs. C’est le cinquième meilleur résultat de l’année au box-office France derrière La Tour infernale, Peur sur la ville, On a retrouvé la 7ème compagnie et Histoire d’O mais loin devant Le Sauvage, Dupont Lajoie et Sept morts sur ordonnance. Le film triomphera lors de la toute première cérémonie des César en remportant trois statuettes : meilleur film, acteur et musique (à titre posthume pour François de Roubaix, disparu peu avant). Le temps confirmera cet engouement. En 1985, Le Vieux fusil sera élu comme César… des César par la même profession.

Pour ce film, Pascal Jardin (le scénariste) et le réalisateur Robert Enrico ont puisé leur inspiration dans la tragédie qui frappa le petit village d’Ouradour‑sur‑Glane à la fin de la Seconde Guerre mondiale. La population fut massacrée par l’armée allemande, alors en pleine débâcle. Nous sommes en 1944 et Julien (Noiret) décide d’envoyer sa femme (Romy Schneider) et sa fille à la campagne, loin des turpitudes de la guerre.

Réalisé en 1975 par l’auteur des Grandes gueules, Le vieux fusil constitue l’un des films les plus tristes et éprouvants jamais réalisés sur l’horreur de la guerre. Il laissera son empreinte sur des générations de Français.

Tableau Récapitulatif des César Remportés

Année Catégorie Lauréat
1975 Meilleur Film Le Vieux Fusil
1975 Meilleur Acteur Philippe Noiret
1975 Meilleure Musique François de Roubaix (à titre posthume)
1985 César des César Le Vieux Fusil

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