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Il est bien connu que pour que les plantes poussent bien, il faut qu’elles aient à disposition des éléments minéraux qu’elles puisent dans le sol. Parmi ces éléments, le plus important en terme quantitatif est l’azote, le fameux « N » du trio « NPK » (Azote, Phospore, Potassium).

L'expérience de Marcel Bouché sur l'azote et les vers de terre

Pour ce faire, je vais me baser sur une expérience menée par Marcel Bouché et qui est décrite dans son livre « des vers de terre et des hommes » (Actes Sud 2014) aux pages 200 à 203. En résumé, il a utilisé les vers de terre pour suivre l’azote dans le sol. Pour ce faire, il a nourri des vers de terre avec de l’azote 15 qui est un isotope non radioactif de l’azote très rare dans la nature - le chiffre 15 signifie que cet azote possède 7 protons et 8 neutrons dans son noyau, soit 15 nucléons, contrairement à l’azote 14 beaucoup plus commun qui lui ne possède que 7 neutrons et donc 14 nucléons au total. Cet azote 15 a donc remplacé l’azote 14 qui était présent dans les vers de terre initialement.

Les résultats de l'expérience

Les résultats sont résumés par ce schéma (schéma simplifié établi d’après celui de Bouché 2014, des vers de terre et des hommes, p. Evolution de la teneur en azote 15 dans les vers de terre, le sol et la végétation suite à la réintroduction des vers de terre dans la prairie. Eh bien dans les plantes tout simplement ! Cela veut donc dire qu’en à peine plus d’un mois, la quasi-totalité de l’azote contenu dans les vers de terre se retrouve dans les plantes ! Et ce quasiment sans être passé dans le sol, ni même les turricules !

Et on remarque ici un autre fait amusant : au début de l’expérience, la teneur en azote 15 décroît, ce qui avait dans un premier temps été attribué à une volatilisation, comme cela s’observe très communément suite à une fertilisation azoté classique. Or ici, contre toute attente, à partir du 14ème jour, la teneur totale remonte et au bout de 40 jours, la quasi-totalité de l’azote 15 initial se retrouve dans la végétation, indiquant qu’il n’y a eu aucune perte d’azote au cours de l’expérience ! L’interprétation est que c’est de l’azote qui avait été libéré par les vers de terre en profondeur, au-delà des 50 cm étudiés par l’expérience, puis de là remontés par les végétaux via leur système racinaire.

Les agronomes ont l’habitude de considérer que pour qu’une plante puisse se nourrir en azote, il faut que cet azote soit sous forme minérale dissoute (nitrates…) dans l’eau du sol. Or on voit ici, que l’azote contenu dans les vers de terre est presqu’entièrement utilisé par les plantes en 40 jours seulement.

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Cela signifie-t-il que pour avoir des cultures abondantes, il suffit d’avoir plein de vers de terre en bonne santé dans sa terre ? Cela implique-t-il que la seule action nécessaire pour la fertilisation est de prendre soin des vers de terre en réduisant le travail du sol et en leur fournissant de la matière cellulosique à manger ?

Le rôle des plantes sauvages : sentinelles de l'environnement

Il y a vingt ans à Sarajevo, les habitants assiégés ont survécu quatre années en consommant notamment 92 plantes sauvages. Mais au-delà de cette fonction nourricière, ces herbes folles jouent un rôle de sentinelles de l'environnement. Elles sont le langage du sol, elles anticipent les réactions aux changements climatiques et environnementaux.

Leur présence ou leur absence est significative des maltraitances que nous faisons subir à la planète, des déserts que nous y créons par pure ignorance. Les fleurs ne sont-elles pas alors une arme ? Un langage dynamique qui nous avertit des évolutions de la nature ?

La Fleur au Fusil de Georges Oxley : Une prise de conscience

« Plantes & Santé Qu’elle a été votre motivation d’écrire ce livre qui traite de l’importance des plantes sauvages ?Georges Oxley Après vingt-cinq ans de travail sur les sols je me suis rendu compte que nous avions dans notre corps la même vie que dans le sol. Toutes les bactéries, les champignons et les virus qui vivent dans notre tube digestif forment notre biome (aussi appelé microbiote ndlr] que nous acquérons au cours de notre vie par nos expériences et via notre environnement.

De plus, j’ai découvert le caractère bio-indicateur des plantes en travaillant avec l’ethnobotaniste Gérard Ducerf. II m’a ouvert les yeux : une plante reste en dormance dans le sol puis se réveille quand elle trouve les conditions pour lesquelles elle a évolué. C’est comme si la planète nous parlait dans un langage qu’on commence tout juste a décoder. Elle nous parle d’elle mais aussi de nous mêmes puisque nous retrouvons les bactéries du sol dans notre tube digestif. Si nous maltraitons notre terre cela va se répercuter sur notre santé. nous prenons conscience de l'intime affinité que nous entretenons avec le sol vivant et son évolution.

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