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L'expression "la fleur au fusil" est intimement liée à l'esprit et au quotidien des soldats français pendant la Première Guerre mondiale. Les chants de cette époque, témoignages poignants de patriotisme, d'héroïsme, mais aussi de découragement et de colère, permettent de mieux comprendre l'origine et la signification de cette locution.

L'Enthousiasme Initial et les Fleurs du Départ

Dès les premiers jours d’août 1914, les soldats défilent dans les villes pour se rendre dans les gares, d’où des trains les emmèneront au front. Sur le parcours, une foule les acclame. Des femmes, notamment à Paris, les embrassent et leur offrent des fleurs, qui finissent accrochées au fusil ou logées dans le bout du canon.

L’expression restera pour désigner, dans tout engagement (militaire ou autre), ce qui relève de l’assurance et de la joie, mais aussi de la vantardise et de l’illusion, de la naïveté et du déni des réalités. Par extension, en oubliant le côté insouciant et en mettant l'accent sur l'enthousiasme et le courage qu'il faut pour partir aussi volontairement dans un conflit, la locution a également pris le deuxième sens plus commun aujourd'hui.

Bertrand Dicale écrit sur les musiques populaires et notamment la chanson française. Il y écrit en effet : « Dans leur riante insouciance, la plupart de mes camarades n’avaient jamais réfléchi aux horreurs de la guerre. Ils ne voyaient la bataille qu’à travers des chromos patriotiques. […] Persuadés de l’écrasante supériorité de notre artillerie et de notre aviation, nous nous représentions naïvement la campagne comme une promenade militaire, une succession rapide de victoires faciles et éclatantes.

Les Chansons, Reflets de l'Âme Française Durant la Guerre

Pendant les quatre années de la Grande Guerre, les Français ont chanté. Ce livre rassemble un florilège des chansons qu’écoutaient et fredonnaient les Français dans les tranchées, les hôpitaux, les cabarets, les écoles ou les usines. À l’occasion du centenaire de la guerre de 14-18, Bertrand Dicale a présenté pendant tout l’été 2014 sur France Info et France Bleu près de 90 chroniques sur les chansons de la Grande Guerre.

Lire aussi: Découvrez La Fleur au Fusil

  • « La Française, Chant héroïque de la Grande Guerre » de Camille Saint-Saëns
  • « Ohé! Monsieur Forain ! » que signe Aristide Bruand
  • « Rosalie » de Théodore Botrel
  • « La Madelon de la Victoire » de Maurice Chevalier

Tour à tour patriotiques, dramatiques ou satiriques, ces chansons racontent avec des mots simples la vie et les tourments quotidiens des poilus, de leurs femmes et de leurs enfants plongés dans le tourbillon d’une guerre meurtrière alors que, malgré tout, il faut vivre.

L'analyse de ces paroles, replacées dans leur contexte historique, nous donne une vision très fidèle de l'état d'esprit des Français tout au long de la guerre : l'enthousiasme patriotique du départ, avec la détermination à prendre la revanche sur 1870 ; la grandeur du Poilu face à la barbarie allemande, et la haine envers l'empereur Guillaume II ; et à partir de 1917, l'amitié franco-américaine qui donne aussi naissance à de gros succès.

Les chansons traduisent aussi le soutien des soldats à l'arrière : tous se mobilisent pour la Patrie, y compris ses anciens dissidents, et on puise même l'inspiration dans les "Credo" et autres prières, ainsi que dans la littérature (Victor Hugo notamment) et dans la musique classique. On souligne l'effort de guerre des femmes amenées à occuper les emplois des hommes mobilisés, même s'il faudra attendre la Seconde Guerre pour que les idées d'indépendance de celles-ci se concrétisent...

La Désillusion et les Épreuves de la Guerre

Il faudra du temps aux Français (et aux paroliers) pour admettre - et donc chanter - que cette guerre leur impose de terribles épreuves... "On est terré comme un renard,/On est tiré comme un canard", se lamentent les soldats, tandis qu'à l'arrière on se plaint du rationnement, et surtout des blessés et des morts qui s'accumulent...

Partis la fleur au fusil, les poilus rencontrèrent vite la mort. Cela dit, les vivats de la foule étaient surtout destinés à encourager la troupe.

Lire aussi: "La Fleur au Bout du Fusil": Analyse

"La Fleur au Fusil" dans d'Autres Contextes

Quand les portugais se soulèvent en 1974, ils choisissent la non-violence en défilant dans la rue et en portant une fleur dans le canon de leur fusil.

Lire aussi: "La Fleur au Fusil" : Récit avignonnais

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