Médaillé d'argent aux Jeux olympiques de Paris, le Turc Yusuf Dikec s'est affiché avec un look en opposition à tous ses adversaires. Déjà conquis par l'aura de la tireuse sud-coréenne Yeji Kim, les réseaux sociaux ont trouvé une nouvelle coqueluche.
Médaillé d'argent ce mercredi aux Jeux olympiques de Paris avec sa partenaire turque Sevval Ilayda Tarhan lors de l'épreuve par équipe en pistolet à air comprimé à 10 mètres, Yusuf Dikec (51 ans) n'avait pas la même apparence que ses adversaires. Là où ses rivaux avaient un casque sur les oreilles et des lunettes pour mieux cibler, Yusuf Dikec est apparu sans ces deux éléments. Le Turc avait seulement ses lunettes habituelles de vue et un bouchon d'oreille, tirant les mains dans les poches. Cela ne l'a donc pas empêché d'évoluer à un très haut niveau puisqu'il était arrivé en tête des qualifications avant d'échouer avec sa partenaire face à la Serbie en finale.
Main gauche dans la poche, lunettes de vue sur le nez, un léger ventre, et le pistolet fermement tenu dans la main droite : c’est ainsi que Yusuf Dikeç s’est présenté lors de la compétition. Contrairement à ses concurrents, Dikeç ne portait ni cache-œil, ni lentilles, ni protection auditive.
À la télévision turque, l’athlète de 51 ans, ancien sous-officier de la gendarmerie et champion du monde de tir en 2011, a expliqué son choix. « Je n’ai jamais eu besoin d’équipement spécial. Mes amis et même d’autres tireurs professionnels me posent souvent des questions à ce sujet. »
« Certains ont pensé que ma main dans la poche était un signe d’arrogance. Ceux-là ne connaissent rien sur moi, ni au tir sportif », raconte-t-il en riant. « Je le fais uniquement pour tenir mon corps plus stable, pour être en équilibre. Il ne faut pas chercher plus loin », ajoute-t-il.
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Ancien officier de la gendarmerie à la retraite depuis un an, Yusuf Dikeç préfère tirer sans matériel de protection. « Comme je tire les deux yeux ouverts, je ne me sens pas à l’aise avec les lunettes de protection, les casques ou tout autre accessoire. C’est pour cela que je ne les utilise pas », explique-t-il.
Une préférence partagée par sa coéquipière, Sevval Ilayda Tarhan, qui tire aussi la main dans la poche, portant une casquette comme seul accessoire. Agée de 24 ans, elle a commencé le tir sportif à l’âge de 15 ans, rêvant de devenir policière ou militaire un jour. « Nous venons de montrer au monde qu’on peut obtenir un succès sans avoir besoin de matériel », estime-t-elle.
Pour Yusuf Dikeç, plus que la confiance en soi, sa pose symbolise l’esprit olympique. « Le fair-play, le refus du dopage et la mise à l’épreuve du talent et de l’anatomie humaine à l’état naturel font partie de l’esprit olympique. Il y a quelque chose de beau, de naturel dans ce mouvement. Les gens l’ont apprécié, ce qui me fait plaisir », affirme-t-il.
C’est aussi le résultat de 24 ans de pratique intense de tir, un sport qu’il a commencé au sein de la gendarmerie, remportant, avant les JO, de nombreux championnats du monde et d’Europe.
Le style avait fait sensation. Presque nonchalant, la main dans la poche, sans lunettes de protection ni de casque, Yusuf Dikeç avait détonné à l’épreuve de tir où tous ses concurrents sont largement équipés.
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Mieux, sa pose décontractée est même devenue un symbole de victoire. De nombreux sportifs des JO l’ont imité après avoir remporté une médaille, comme la star de la perche, le Suédois Armand Duplantis. Au moment de célébrer sa barre à 6,10 m, le Suédois s'est placé, main gauche dans la poche et main droite mimant un pistolet. Il imitait alors le tireur Yusuf Dikec, médaillé d'argent en équipes mixtes de pistolet à air comprimé à 10 m avec la Turquie, le 1er août.
Même le patron du réseau social X, Elon Musk, a partagé une vidéo de lui, vue 170 millions de fois. Des jeux vidéos ou des dessins animés le mettant en scène comme agent secret ont aussi vu le jour, le transformant en une figure symbole de nonchalance et confiance en soi.
Mais pour Yusuf Dikeç, âgée de 51 ans, le vrai succès est cette médaille olympique, une première pour la Turquie au pistolet à air à 10 mètres, qu’il a pu remporter avec sa coéquipière Sevval Ilayda Tarhan.
Dikec ne sort toutefois pas de nulle part. Cet ancien sous-officier de la gendarmerie turque a participé à des compétitions de tir depuis plus de vingts ans. Mais la médiatisation autour de Paris 2024 lui a permis de s’attirer la sympathie des internautes et de devenir, en quelques minutes, un mème sur les réseaux sociaux.
Yusuf Dikec n'est pas le seul tireur à avoir affolé les réseaux sociaux. Dimanche dernier, la Sud-Coréenne Yeji Kim a également décroché la médaille d'argent, sur l'épreuve de tir au pistolet à 10 mètres. Casquette à l'envers et habillée en noir, la femme de 31 ans semble tout droit sortie d'un film d'action.
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Concernant Yeji Kim, c'est un extrait de son record du monde qui a refait surface, datant de mai dernier. Sa réaction avec ses regards caméra tout en ayant un air assez blasé, après avoir tiré ses balles, a impressionné les internautes.
La médaillée d’argent au tir au pistolet à 10 mètres arborait l’un des styles les plus atypiques de Paris 2024. Son œil gauche était couvert d’un petit rectangle noir faisant office de cache-oeil pour lui assurer une meilleure concentration. Sur son œil droit se trouvait un cercle noir doté d’un iris mécanique capable de limiter le flou et de se focaliser sur la cible. Kim Ye-ji portait ces lunettes de tir bioniques en même temps qu’une simple casquette blanche vissée sur la tête. Son style aux allures futuristes détonnait avec l’éléphant en peluche accroché à sa ceinture, appartenant à sa fille de cinq ans.
Main gauche dans la poche, main droite sur le pistolet, c’est aussi l’attitude badass, pleine de sang-froid, de la Sud-Coréenne qui avait alimenté l’engouement du public. Le magazine Glamour s’est demandé si Kim Ye-ji était «la plus grande dure à cuire des Jeux olympiques de Paris», là où GQ la décrivait comme «sortie d’une fan-fiction cyberpunk».
Celle qui est originaire de Maepo, à 160 km au sud-est de Séoul, a déjà récolté les fruits de sa récente notoriété. Kim Ye-ji avait posé en Louis Vuitton pour le magazine de mode W Korea en août dernier, à peine deux semaines après sa médaille.
Vous les avez peut-être remarqués lors des compétitions de tir aux Jeux Olympiques de Paris 2024 : ces pistolets à air comprimé utilisés par des tireurs d’élite comme notre cher Yusuf Dikeç, la révélation de ces jeux. Mais comment fonctionnent ils exactement ? Plongeons dans le mécanisme de ces armes de précision.
Un pistolet à air comprimé n’est pas votre arme à feu classique. Contrairement aux armes à feu traditionnelles, qui utilisent de la poudre à canon pour propulser les balles, ces pistolets utilisent… de l’air ! Plus précisément, de l’air comprimé, qui est stocké dans un cylindre sous haute pression. Lorsque le tireur appuie sur la détente, une petite quantité de cet air comprimé est libérée, propulsant un plomb (souvent en calibre .177, soit 4.5 mm) à travers le canon.
Mais pourquoi de l’air comprimé ? L’utilisation de l’air permet un tir extrêmement précis. La pression est constante, ce qui garantit que chaque tir est pratiquement identique au précédent. De plus, l’absence de détonation réduit le recul, un facteur clé pour la précision à longue distance.
Au JO de Paris, les athlètes tirent à une distance de 10 mètres, une distance qui, croyez le ou non, nécessite une précision extrême. À cette distance, même un minuscule tremblement de la main peut faire la différence entre une médaille d’or et une élimination. Les pistolets utilisés par les athlètes, comme ceux de Yusuf Dikeç, sont donc réglés au millimètre près. Chaque détail compte : de la qualité du plomb à l’ajustement du mécanisme de détente.
Le tir est l'un des sports historiques des Jeux olympiques. En effet, il figurait au programme des premiers Jeux olympiques modernes, à Athènes en 1896. Depuis, il a toujours été au programme olympique, sauf lors des Jeux olympiques de Saint-Louis en 1904 et ceux d'Amsterdam en 1928. La discipline a beaucoup évolué au fil du temps.
À Paris, on aura droit aux épreuves : de pistolet à air comprimé à 10 mètres (hommes, femmes et mixte), de pistolet tir rapide à 25 mètres (hommes et femmes), de carabine à air comprimé à 10 mètres (hommes, femmes et mixte), de carabine 3 positions à 50 mètres (hommes et femmes), de fusil à chasse fosse olympique (homme et femmes) et de fusil à chasse skeet olympique (hommes, femmes et mixte).
Le tir regroupe trois types d'épreuves : celles au pistolet, celles à la carabine et celles au fusil. Les deux premières se disputent dans des stands de tir. Les athlètes doivent atteindre une cible située soit à 10 mètres, soit à 25 mètres, soit à 50 mètres (en fonction des épreuves) avec la plus grande précision possible. Les épreuves au fusil, elles, se déroulent en plein air. Le principe est un peu différent puisque les athlètes ont pour objectif de toucher des cibles projetées en l'air dans des angles et des directions variables.
Le tir se déroulera du 27 juillet au 5 août au Centre national de tir de Châteauroux (Indre).
Pays | Nombre de médailles | Or | Argent | Bronze |
---|---|---|---|---|
États-Unis | 116 | 57 | 31 | 28 |
Union soviétique | 49 | 17 | ||
Italie | 43 | 16 | ||
Suède | 57 | 15 | ||
Grande-Bretagne | 47 | 13 |
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