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L'implication de la Corée du Nord dans les conflits internationaux a suscité une attention considérable. Kim Jong Un a appelé son armée à « intensifier de manière constante les exercices de guerre réels dans l’objectif d’améliorer rapidement ses capacités de combat pour se préparer (de manière) parfaite à la guerre », a affirmé KCNA. Ces déclarations interviennent au moment où Séoul et Washington mènent des exercices militaires conjoints, connus sous le nom de « Bouclier de la liberté ». Ils comprennent notamment des exercices d’interception de missiles et des tirs réels. Pyongyang a qualifié ces exercices de « téméraires », menaçant les alliés d’en payer le « prix fort ».

La Corée du Nord condamne depuis longtemps les exercices militaires conjoints entre les États-Unis et la Corée du Sud, qu’elle considère comme des répétitions en vue d’une invasion. Le Nord, doté de l’arme nucléaire, a déjà procédé à des essais d’armes en réponse à des exercices conjoints de cette nature.

Déploiement des troupes nord-coréennes en Russie

Lorsque Valeri Guerassimov, le plus haut général russe, a finalement reconnu, le 26 avril 2025, la présence de troupes nord-coréennes à Koursk, les observateurs du monde entier n'ont pas été surpris. Depuis des mois, Kiev faisait état de troupes étrangères dans les rangs de l'armée russe. «Le peuple russe n'oubliera jamais l'héroïsme des forces spéciales coréennes», a déclaré dans la foulée Vladimir Poutine, mettant en scène une fraternité d'armes inébranlable. Pourtant, ces soldats, encore plus jeunes et inexpérimentés que leurs homologues russes, ont affronté les troupes ukrainiennes avec des tactiques d'un autre âge. Au-delà des sermons politiques, la réalité du front dévoile un désastre logistique et humain.

Dès l'automne 2024, lors de leur premier déploiement à Koursk en Russie, il était évident que ces combattants présentés comme des «voyageurs temporels» par le média indépendant russe The Insider n'étaient pas prêts au combat qui les attendait. Les hommes avançaient en rangs compacts, adoptant une posture droite, sans se soucier des drones ennemis ni des tirs d'artillerie au-dessus de leur tête. Mal préparés et mal équipés, ils ont encaissé près de 4.700 pertes, dont environ 600 soldats tués, selon des estimations du renseignement sud-coréen. En octobre 2024, Moscou rejetait pourtant en bloc les premières rumeurs de leur arrivée, sûrement pour ne pas révéler le non-respect des résolutions de l'ONU interdisant à la Corée du Nord de fournir tout type d'assistance militaire à l'étranger. L'ambassadeur de la Russie auprès des Nations unies, Vassili Nebenzia, parlait alors de «désinformation flagrante».

Le retour d'un Donald Trump bien plus tolérant envers la Russie à la Maison-Blanche, ainsi que des gains territoriaux majeurs dans la région de Koursk, ont changé la donne début 2025. Kim Jong-un, pour sa part, a qualifié ce déploiement de «mission sacrée», affirmant avoir «écrasé les néonazis de Kiev». À Moscou, le 9 mai, Poutine a même embrassé le colonel-général Kim Yong Bok, saluant un «haut niveau de formation spécialisée». Pourtant, sur le terrain, l'héroïsme vanté contraste avec l'équipement parfois sommaire des troupes: fusils d'assaut légers, fusils à pompe pour abattre des drones, radio et cartes en papier. Un peu léger pour des combats modernes.

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Tactiques et adaptation sur le terrain

Pressées par des pertes énormes, les unités nord-coréennes ont dû revoir leurs méthodes. Au début, elles s'alignaient en vagues d'infanterie sans protection, une réminiscence des assauts de la Première et de la Seconde Guerre mondiale. Elles ont progressivement expérimenté l'envoi de petites unités, n'hésitant pas à faire des pauses stratégiques pour se réorganiser. Des équipes de guerre électronique et du génie sont arrivées en renfort, mais leur champ d'action restait limité, faute de coordination fiable avec l'armée russe. Les incidents de tirs amis, incluant la destruction de drones russes, ont également été constatés.

Malgré leur faible impact direct avec 15.000 combattants armés légèrement, les nord-coréens ont contribué à percer certaines lignes ukrainiennes. Cependant, c'est la supériorité de la puissance de feu russe sur les axes d'approvisionnement ukrainiens qui a véritablement scellé la victoire russe, revendiquée par Poutine, à Koursk. Le poids de Pyongyang se retrouve surtout dans le matériel et les munitions fournies à la Russie.

Fourniture de matériel et munitions

Entre septembre 2023 et mars 2025, "près de 16 000 conteneurs et des millions d’obus nord-coréens ont été acheminés vers les lignes de front par convois massifs, voie maritime puis ferroviaire". L’investigation se base sur la surveillance de transports terrestres, l’étude de rapports d’artillerie, d’images satellites et réseaux sociaux, ainsi que sur des sources militaires ukrainiennes.

"Les navires ont transporté [ces munitions] de Rajin (Corée du Nord) vers les ports russes de Vostochny et Dunai, avant qu’elles ne soient acheminées par train vers des dépôts de munitions près de l’Ukraine." La Corée du Nord a par ailleurs déployé des missiles balistiques, des systèmes d’artillerie, et des lance-roquettes. "Sans le soutien du président Kim Jong-un, le président Vladimir Poutine ne serait pas en mesure de mener sa guerre en Ukraine", résume Hugh Griffiths, un expert qui a été chargé de surveiller les sanctions contre la Corée du Nord auprès de l'ONU, entre 2014 et 2019.

Selon "une fourchette prudente" de l’OSC, Pyongyang aurait livré en tout 4 à 6 millions d’obus d’artillerie, bien plus que la production annuelle russe - estimée à 2 millions. Dans certaines unités, les fournitures nord-coréennes représenteraient jusqu’à 70 % des munitions disponibles.

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Historique de l'implication nord-coréenne dans les conflits

Cette implication est loin d'être un cas isolé dans l'histoire nord-coréenne. Entre 1966 et 1983, près de 8.000 hommes et conseillers militaires nord-coréens ont opéré en Afrique, formant des rebelles au Bénin, en Angola, en Namibie et au Mozambique. Des instructeurs ont même participé à des conflits au Vietnam et en Éthiopie. Plus récemment, ils auraient épaulé le régime de Bachar el-Assad en Syrie et construit au Liban des tunnels utilisés par le Hezbollah, témoignant d'un savoir-faire exporté bien au-delà de la péninsule coréenne.

L'arsenal nord-coréen

Le régime nord-coréen déploie un important arsenal d'artillerie et de missiles en Russie occidentale et en Ukraine orientale. Des sources russes ont confirmé que les véhicules lance-missiles Bulsae-4 nord-coréens sont actifs à Kursk. Repérés dès août, ces derniers ont été - pour la plupart - détruits en décembre. Mais les véhicules survivants ont riposté, frappant récemment une position de combat ukrainienne ainsi qu'un véhicule blindé.

Pourtant, l'impact des Bulsae-4 ne devrait pas modifier de manière décisive l'équilibre des pertes de véhicules à Kursk, qui est actuellement de 400 pour les Ukrainiens et de 550 pour les Russes. Le FM nord-coréen combine des éléments de conception d’au moins deux armes différentes : le FM tchèque 7,62×39 mm Vz. FM tchèque Vz. 52. La principale différence entre la Vz. Le FM type 73 pèse 10,6 kg à vide et mesure 1190 mm. Il peut être alimenté par un chargeur de 30 coups monté sur le dessus ou par une bande de cartouches chargée par le côté droit.

Un soldat nord-coréen tire avec un Type 73 en utilisant l’option d’alimentation par chargeur. La famille PK a été et continue d’être l’un des modèles de mitrailleuses légères (et FM) les plus populaires au monde. Les soldats coréens tirent avec des FM Type 73, dont un plaqué argent, probablement une arme donnée en récompense à une unité « méritante ». Pour les forces russes, un afflux de FM supplémentaires, en particulier ceux qui utilisent un type de munitions largement disponible, pourrait être une aubaine. Les troupes nord-coréennes sont de retour à Kursk, en Russie, et attaquent les forces ukrainiennes avec des lance-missiles Bulsae-4.

Guerre psychologique et tensions frontalières

Coups de feu, rires sinistres, hurlements fantomatiques : toutes les nuits, l'île sud-coréenne de Ganghwa est bombardée de bruits à glacer le sang par la Corée du Nord, distante de 2 kilomètres, une étrange campagne de guerre psychologique qui met les habitants sur les nerfs. Séparée de la Corée du Nord par l'estuaire du fleuve Han, au nord-ouest de Séoul, Ganghwa était jusqu'ici surtout réputée pour ses paysages de montagnes, de rizières et de petits villages.

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La Corée du Nord a commencé à émettre ces sons en riposte à la reprise, en juillet, de la diffusion par haut-parleurs de k-pop et d'informations internationales par l'armée sud-coréenne le long de la frontière. Séoul avait pris cette mesure en représailles à l'envoi par la Corée du Nord de milliers de ballons chargés d'immondices vers le Sud. Pour Park Heung-yeol, conseiller municipal de Ganghwa, "ce n'est pas de la simple propagande du régime. Cela vise vraiment à tourmenter les gens".

Une équipe de l'AFP s'est rendue à Ganghwa durant la nuit et a entendu ces bruits effroyables diffusés à tue-tête. L'inquiétant mélange de râles de mourants, de crépitements d'armes automatiques, d'explosions, de rires et hurlements obsédants et de musique sinistre commence à 23 heures. La privation de sommeil et le bruit assourdissant sont des formes de torture bien connues. Selon les experts, une exposition à plus de 60 décibels la nuit augmente le risque de troubles du sommeil. A Ganghwa, l'AFP a mesuré des bruits nord-coréens montant jusqu'à 80 décibels.

Selon des ingénieurs du son consultés par l'AFP, le bruit semble être un mélange rudimentaire de clips provenant d'une bibliothèque de sons, comme celles utilisées par les stations de radio et les chaînes de télévision. Certains émettent l'hypothèse qu'en diffusant ces bruits, la Corée du Nord cherche, en fait, à noyer la propagande sonore provenant du Sud, craignant qu'elle n'incite ses troupes à la défection. Mais pour Lee Su-yong, professeur de production audio à l'Institut Dong-Ah pour les médias et les arts, cette hypothèse ne tient pas debout, les haut-parleurs nord-coréens étant tournés vers le sud.

Nouvelles armes et exercices militaires

Après les missiles, pour maîtriser le ciel, les chars, pour dompter le sol. Le dirigeant nord-coréen va-t-en-guerre Kim Jong-un a conduit un « nouveau type de char de combat » durant des exercices militaires en Corée du Nord, au moment où les États-Unis et la Corée du Sud mènent des manœuvres conjointes, rapporte ce jeudi l’agence officielle KCNA, et alors que le secrétaire d’État américain a prévu de se rendre la semaine prochaine à Séoul.

Accompagné de son ministre de la Défense Kang Sun Nam, Kim Jong-un a supervisé les exercices militaires de soldats en tenue de camouflage. Après avoir passé en revue les équipages des chars, le dirigeant est « monté sur un nouveau type de char de combat, a saisi le levier de commande et l’a conduit lui-même », a décrit l’agence d’État, qui affirme que le leader a qualifié le char de « plus puissant au monde ».

Kim Jong-un s’est dit très satisfait de « l’excellente puissance de frappe » de ce char d’assaut récemment conçu, selon KCNA. Il a également souligné « l’importance du rôle et de la responsabilité des tankistes dans la guerre moderne », et insisté sur la « nécessité d’organiser des exercices poussés simulant une guerre réelle », selon la même source.

Tableau des principaux soutiens militaires nord-coréens à la Russie

Type de SoutienQuantité EstiméeImpact
Munitions d'artillerie4 à 6 millions d'obusAugmentation significative de la puissance de feu russe
Troupes12 000 à 15 000 soldatsRenforcement des unités d'assaut, bien que mal préparées
Missiles balistiquesNombre non spécifiéCapacité de frappe à longue portée
Véhicules lance-missiles Bulsae-4Nombre non spécifiéSoutien à l'artillerie sur le champ de bataille

Il est essentiel de surveiller de près les actions de la Corée du Nord et de comprendre l'impact de son implication dans les conflits internationaux pour maintenir la stabilité régionale et mondiale.

tags: #fusils #d'assaut #nord-coréens

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