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Saint-Étienne, une ville riche d’une très grande histoire industrielle, plus spécifiquement dans la fabrication d’armes de chasse. La marque d’arme Bretton Gaucher, dont l’origine remonte à 1834, est un symbole de cette tradition.

Les débuts de Gaucher

De 1834 à 1900, peu d’informations existent, mais un catalogue de 1902 témoigne de la richesse de la gamme des produits fabriqués. En le parcourant, on y découvre déjà des carabines double-express, mais aussi des armes américaines renommées que Gaucher représentait en France.

L'ère Chapuis-Gaucher

C’est à la fin du XIXe siècle que l’on retrouve la première génération de Chapuis travaillant dans l’armurerie. À cette époque, les armuriers de Saint-Étienne recherchent des artisans capables de fournir des composants mécaniques de haute précision.

En 1968, l’entreprise rachète Chataing-Durand, spécialiste de la mécanisation des bascules, renforçant ainsi son autonomie. Les années 1980 sont marquées par le rachat de la société Gaucher, créant le groupe Chapuis-Gaucher.

La première carabine à verrou voit le jour en 1980, il s’agit du « Centaure ». Introduction d’une nouvelle technologie de gravure laser en 2006, permettant des finitions de haute précision dès les premiers modèles de la gamme. Lancement de la carabine ROLS, une innovation majeure dans le domaine des armes de chasse.

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André Gaucher : Un témoin de l'histoire

André Gaucher, né le 18 novembre 1918 à Harfleur (Normandie), est une des dernières victimes vivantes de la déportation en Ariège. En 1942, il quitte Paris pour s’installer à Mirepoix. Ce qu’André aimait particulièrement était les instants passés chez Louis Hygounet. Malgré l’occupation allemande, l’homme continuait de militer, d’aider les Républicains Espagnols.

Dans les premiers jours de janvier 1944, André Gaucher, qui travaille alors au pétrole d’Aquitaine à Tréziers, est convoqué à Lavelanet près de la gare. Mais, au petit matin, ce 29 janvier 1944, les Allemands sont là. André est arrêté par la Gestapo pour agissements subversifs. Après un passage au siège de la Gestapo à Foix, André est conduit à la prison de Saint-Michel à Toulouse.

Le 6 avril 1944, c’est dans des wagons à bestiaux que les 1489 prisonniers entameront leur voyage de trois jours et deux nuits pour Mauthausen. André Gaucher fut dirigé non loin de là, à Gusen, tandis que d'autres, plus âgés, dont Joseph Galvan, furent dirigés vers Hartheim. Peu de temps après, les prisonniers de Hartheim, dont Joseph Galvan, furent gazés. « C’est la dernière fois que quelqu’un qui le connaissait le voyait ». C’était le 8 avril 1944 à 17h.

La libération du camp de Mauthausen intervient le 5 mai 1945. Depuis plus de 50 ans, André Gaucher témoigne, fidèle au serment de Mauthausen. Il continue aujourd’hui encore à témoigner « pour que la réalité de l’univers concentrationnaire ne tombe pas dans l’oubli.

Maurice Forissier : Spécialiste de l'arme stéphanoise

Maurice Forissier est un des grands spécialistes de l'arme, et en particulier de l'arme stéphanoise. S'il n'a pas particulièrement apprécié exercer le métier en lui-même, il est passionné par l'histoire de l'arme et par toutes les techniques, l'ingéniosité fabuleuse, toutes les pratiques artisanales et les conceptions artistiques corrélatives de leur fabrication.

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En 1989, il fait entrer l'Armurerie par les grandes portes à l'Université grâce à différents diplômes obtenus, dont un titre, à Saint-Etienne, de Docteur en Cultures et Civilisations du Monde Occidental. Il écrit très régulièrement des articles dans des revues spécialisées comme "Connaissance de la Chasse" et on lui doit une dizaine d'ouvrages.

L'industrie armurière à Saint-Étienne

De 250 fabricants locaux en 1950, Maurice Forissier cite une trentaine d'armuriers, fabricants, réparateurs, revendeurs et distributeurs, tous confondus en 1998 sur la région stéphanoise. Et encore, certaines entreprises ont depuis fermé boutique, d'autres se sont rapprochées (Gaucher avec Bretton, Demas et Verney-Carron), permettant de nouvelles productions (carabines expresses chez Gaucher-Bretton).

L'industrie se positionna exclusivement sur une fabrication de qualité. " On parle toujours de Manufrance mais la somme de tous ces petits artisans était bien plus importante que le personnel de Manufrance ", rappelle l'auteur, qui ajoute que "même à l'ère de l'industrialisation, l'armurerie s'est toujours nourrie de l'artisinat et de la tradition, d'où les grandes dynasties... Demas, par exemple, est un pur produit de l'artisanat, "industrialisé" par Verney-Carron...

Le quartier des armuriers

Si la mine conserve à Saint-Etienne, grâce à un chevalement et deux mamelles, des signes encore gigantesques de sa gloire passée, le souvenir des anciens petits ateliers d'armuriers, voire même du commerce de l'arme, est beaucoup plus ténu, caché dans les arrières cours, invisible même pour les autres, à l'oeil du passant qui n'est pas averti.

En réalité, deux rues seulement de ce quartier des Armuriers portent le nom d'armuriers: la rue Bouillet et la rue Jean-Claude Tissot. C'est rue Tissot et rue de L'Epreuve qu'était situé le Banc d'Epreuve, construit par Léon Lamaizière, abandonné en 1988 et démoli en 1992.

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Au n°21, au dessus de la porte, une belle sculpture en relief signée Joseph Lamberton marque l'emplacement des anciens ateliers Zavaterro, fondés en 1880 et qui fermèrent leurs portes, comme beaucoup d'autres ( Courtial, Charlin...) dans les années 1960 après avoir essaimé à Saint-Bonnet le Château.

Verney-Carron s'est "décentralisé" vers le Bvd Thiers, Gaucher a rejoint Carnot (rue Desjoyaux), Humbert est parti à Veauche. Rue Clément Forissier, les Ets Heurtier Frères ont disparu sans laisser de trace, de même que les entreprises Chavot Père et fils, Faure Henri, Diard...

Quatre ou cinq subsistent encore rue des Armuriers et s'avancent doucement vers l'âge de la retraite. "Leur spécialité est tellement complexe que les jeunes, même ceux formés à Fourneyron, ne reprennent pas les ateliers", nous dit l'historien. "Ils se tournent directement vers des fabricants comme Chapuis, Demas...

Bergeron : Une autre dynastie de l'armurerie stéphanoise

Jean Bergeron nait à Saint-Etienne le 6 décembre 1850. Armurier, il travaille d’abord au côté de son demi-frère, Jean Gaucher, avant de s’associer en novembre 1877. Sous la raison sociale de Gaucher-Bergeron Frères, ils obtiennent un grand prix à l’Exposition universelle de Paris en 1889.

Son fils, Louis Bergeron nait à Saint-Etienne le 30 avril 1881. Le 31 mars 1903, il s’associe à Vital Girodet, fabricants d’armes à Saint-Etienne. La société Bergeron L. et Girodet V. s’installe au 14 rue Chapelon à Saint-Etienne. Ils obtiennent une médaille d’argent à l’Exposition de Liège en 1905, une médaille d’or à Milan en 1906, deux diplômes d’honneur à Londres en 1908 et Bruxelles en 1910, un grand prix à Lyon en 1914.

Durant la Première Guerre mondiale, la société Bergeron-Girodet disparaît. Louis Bergeron est affecté spécial, au service des fabrications militaires à Saint-Etienne. Il sera fabricant d’armes, président de la Chambre syndicale, membre de la Chambre de commerce à partir de 1923 puis secrétaire en 1926, conseiller du commerce extérieur, conseiller municipal de Saint-Etienne en 1930. Enfin, il obtient un Grand prix à l’Exposition de Marseille en 1922.

Au lendemain de la Première Guerre mondiale, le tir étant devenu obligatoire dans les écoles, Bergeron développe la production de carabines. Elle représentera jusqu’à 50% de la production dans les années 1950-1970. Bergeron sera concurrencé sur ce marché en particulier par l’arrivée de "Chatin-Manuarm".

Louis Bergeron dépose plusieurs marques :« Gallia » le 24 août 1923 ; « Excel, Excelsior, Fox, Helice-excel, Hélicosport, New-hammerless, Perfect et Perfect-hélice » le 6 octobre 1928 ; « Boy-scout, Francia, Hélice-préfer et Régina » le 13 mai 1932 ; « Primexcel, Superexcel et Supérior » le 21 mars 1933 ; « Alpha, Eva, Nova, Bella et Vedette » le 14 juin 1933 ; « La scolaire préférée et Préférée » le 24 juillet 1935 ; « Excelbloc, Junior, Maxima, Meliora, Spécial rifle, Stepha et Superbloc » le 16 juillet 1937 ; « Acier comprimé ressué et trempé » au-dessus et au-dessous d’un canon d’artillerie, « Acier nickel chanteclerc » suivi d’un coq, « Inoxychrom, Novo, Petite-scolaire, Pratic, Rex et Steph » le 1er juillet 1938 ; « La francisque » le 5 mai 1942 ; un révolver le 31 octobre 1942 ; « La préférée championnat et la préférée match » le 17 avril 1948 ; « Match » le 28 juillet 1948 ; « Fédérale » le 9 juin 1949 ; « Le fédéral » le 19 juin 1952 ; « Le fusil de France » le 29 mai 1953 ; « Promotion » le 10 août 1954.

La société Bergeron est dans les premières en France à employer des pièces en micro-fusion dans la production de série de son modèle de fusil de chasse Fédéral.

Dans les années 1950, Bergeron obtient plusieurs places de choix dans les championnats de tir avec ses carabines.

Louis Bergeron est décédé à la Burbanche (Ain, France) le 28 août 1955. Sa fille Lucienne Bergeron, née à Saint-Etienne le 19 décembre 1914 épouse Philippe Maret en 1936.

En 1966, la Ste Bergeron quitte l’ancien atelier de la rue Desflaches pour s’installer à l’Etrat, dans les dépendances du « château de la Bertrandière ». L’entreprise emploie alors une cinquantaine de personnes.

Le 28 décembre 1970 la SARL Bergeron devient SRL associée à la Ste d’Achat, Production et Vente (SACHA) à Paris.

Bernard Maret nait le 12 août 1940 à Saint-Etienne (union entre Lucienne Bergeron et Philippe Maret). D’abord commercial et technicien de la Ste Bergeron, il en reprend la gérance au début de 1990. Mais face à la situation de plus en plus difficile, l’assemblée générale extraordinaire du 15 novembre 1990 décide la mise en dissolution anticipée et la liquidation de Bergeron.

Tableau récapitulatif des marques déposées par Louis Bergeron

Date de dépôt Marques
24 août 1923 Gallia
6 octobre 1928 Excel, Excelsior, Fox, Helice-excel, Hélicosport, New-hammerless, Perfect et Perfect-hélice
13 mai 1932 Boy-scout, Francia, Hélice-préfer et Régina
21 mars 1933 Primexcel, Superexcel et Supérior
14 juin 1933 Alpha, Eva, Nova, Bella et Vedette
24 juillet 1935 La scolaire préférée et Préférée
16 juillet 1937 Excelbloc, Junior, Maxima, Meliora, Spécial rifle, Stepha et Superbloc
1er juillet 1938 Acier comprimé ressué et trempé, Acier nickel chanteclerc, Inoxychrom, Novo, Petite-scolaire, Pratic, Rex et Steph
5 mai 1942 La francisque
31 octobre 1942 un révolver
17 avril 1948 La préférée championnat et la préférée match
28 juillet 1948 Match
9 juin 1949 Fédérale
19 juin 1952 Le fédéral
29 mai 1953 Le fusil de France
10 août 1954 Promotion

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