L'histoire des fusils d'assaut allemands est riche et complexe, marquée par des innovations significatives et un impact profond sur l'armement mondial. Des origines du Sturmgewehr 44 à l'adoption moderne du HK 416, ces armes ont joué un rôle crucial dans les conflits et les évolutions technologiques du XXe et XXIe siècles.
Mauser est un fabricant d’armes allemand fondé au XIXe siècle, réputé pour ses fusils à verrou et ses pistolets. L’histoire de Mauser commence à l’arsenal royal d’Oberndorf, fondé le 31 juillet 1811 par le roi Frédéric Ier de Wurtemberg. C’est dans cet atelier que les frères Wilhelm et Paul Mauser travaillent au milieu du XIXe siècle comme armuriers et mettent au point un nouveau fusil à répétition à culasse rotative dès 1867. Leur prototype s’inspire du fusil français Chassepot, qui avait montré sa supériorité lors de la guerre de 1870. Le Gewehr Modell 1871 (fusil Mauser 1871) est ainsi adopté par la nouvelle armée allemande unifiée, supplantant la concurrence et marquant le début du succès pour Mauser.
Fort de ce premier contrat national, Mauser se tourne aussi rapidement vers l’exportation. Les premières commandes étrangères arrivent dans les années 1880-1890 avec, par exemple, le fusil Mauser 1889 pour la Belgique, le Mauser 1890 pour l’Empire ottoman et le Mauser 1891 pour l’Argentine. Le Mauser modèle 1893, adopté par l’Espagne (calibre 7×57 mm), rencontre un succès international en étant également choisi par de nombreux pays d’Amérique latine. Lors de la guerre hispano-américaine de 1898, les troupes espagnoles équipées de fusils Mauser 1893 infligent de lourdes pertes aux forces américaines, notamment à la bataille de San Juan où 750 soldats espagnols tinrent tête à 15 000 Américains pendant plus de 12 heures. Cet événement incite les États-Unis à adopter à leur tour le système de culasse Mauser pour leur fusil Springfield M1903, moyennant le paiement de royalties à l’entreprise allemande.
À la fin du XIXe siècle, Mauser devient l’un des plus grands noms de l’armement : la Turquie, le Brésil, le Mexique, le Chili, l’Uruguay, la Chine, l’Iran, la Serbie ou encore la Suède figurent parmi les nombreux pays ayant adopté des variantes du fusil Mauser à cette époque. Paul Mauser, l’ingénieur en chef et cofondateur, décède en mai 1914 peu avant le déclenchement de la Première Guerre mondiale. Le conflit entraîne une explosion de la demande pour les fusils Mauser : le Gewehr 98 équipe massivement les troupes allemandes, tandis que des versions carabines plus courtes sont également distribuées (Karabiner 98AZ, etc.) pour les unités de cavalerie et les Sturmtruppen (troupes d’assaut). Les usines Mauser, soutenues par d’autres arsenaux allemands, produisent des centaines de milliers de fusils pour l’effort de guerre.
Vers la fin des années 30, le concepteur Hugo Schmeisser commença à travailler sur un fusil automatique qui utiliserait une cartouche de court-cas, soit avec une douille plus courte. Les essais avaient prouvé que la cartouche normale de fusil était trop puissante pour un fusil automatique, rendant l’arme trop difficile à contrôler quand on ouvrait le feu. L’utilisation de la cartouche de court-cas était donc obligatoire. L’arme fut conçue pour remplacer le fusil, le pistolet-mitrailleur et la mitrailleuse légère. Elle fut d’abord baptisée MKb 42 (MachinenKarabine 1942) lors de sa phase de développement initiale. En 1944, sa désignation fut changée pour MP 44 ; plus tard cette année là, elle fut de nouveau modifiée pour Sturmgewehr (fusil d’assaut) 44, créant ainsi une nouvelle catégorie d’arme à feu (le nom avait alors été choisi pour des raisons de propagande). Environ 500 000 Stg 44 furent livrés aux troupes allemandes combattant sur le front de l’Ouest. Ses utilisateurs en étaient très satisfaits, mais elle arriva trop tard et en trop faibles quantités pour influencer le cours de la guerre.
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Le fusil d’assaut est conçu par les armuriers allemands du IIIe Reich entre 1938 et 1943 pour remplacer le Mauser K 98 dont la puissance de feu peine à s’imposer sur le front de l’Est. L’ingénieur Hugo Schmeisser invente une nouvelle arme hybride, entre le pistolet-mitrailleur et le fusil, qui séduit Adolf Hitler. En 1944, cet objet est rebaptisé Sturmgewehr, littéralement « fusil d’assaut ». Il correspond aux exigences de la guerre totale, où le front s’efface au profit des combats urbains qui deviennent décisifs. Mais malgré son efficacité et sa précision de tir, le Sturmgewehr sombre dans l’oubli avec la défaite nazie.
Après la défaite de 1918, le traité de Versailles impose de fortes restrictions à l’industrie allemande de l’armement. Mauser n’a plus le droit de produire des armes militaires en grande quantité. Durant les années 1920, l’entreprise survit en se consacrant partiellement à la fabrication de produits civils et d’outillage de précision (par exemple des instruments de mesure comme des micromètres). Néanmoins, Mauser continue à concevoir des armes et à honorer certains contrats étrangers en contournant les limitations du traité via des filiales ou des partenariats à l’étranger.
Avec la montée en puissance du régime nazi et le réarmement de l’Allemagne dans les années 1930, Mauser retrouve une place centrale. Le fusil Karabiner 98k, version raccourcie du Gewehr 98, est adopté en 1935 comme arme de base de la Wehrmacht. Lorsque la Seconde Guerre mondiale éclate en 1939, l’usine d’Oberndorf tourne à plein régime pour équiper les forces allemandes. Mauser produit non seulement des millions de fusils 98k, mais également d’autres armes : le pistolet semi-automatique Mauser HSc en calibre 7,65 mm (destiné aux officiers et à la police), des fusils mitrailleurs et des canons automatiques pour l’aviation (par exemple le canon de 20 mm MG 151/20). L’importance stratégique de Mauser pour l’effort de guerre allemand est telle qu’Adolf Hitler en personne exige une production massive : il ordonne que la ville d’Oberndorf fournisse 70 000 fusils Mauser par mois, objectif atteint en ayant recours à environ 5 000 travailleurs forcés venus de toute l’Europe.
Après la capitulation allemande de 1945, la ville d’Oberndorf se retrouve en zone d’occupation française. Les installations de Mauser sont en partie démantelées sur ordre des autorités françaises : une grande partie des machines-outils est saisie au titre des réparations de guerre et les archives de l’entreprise sont détruites. Dans ce contexte, trois anciens ingénieurs de Mauser - Edmund Heckler, Theodor Koch et Alex Seidel - récupèrent clandestinement certains équipements restants et fondent dès 1949 une nouvelle société d’armement : Heckler & Koch.
En effet, utilisé du désert du Mali aux rues de Paris, où il équipe les militaires de l'opération Sentinelle, le Famas - pour Fusil d'assaut de la Manufacture d'armes de Saint-Etienne - vit ses derniers jours. Dès l'année prochaine, il sera progressivement remplacé par un fusil d'assaut allemand, le HK 416, fabriqué par le groupement Heckler et Koch. Ce choix, attendu depuis quelques semaines, a été officialisé vendredi soir par la direction générale de l'armement (DGA). Pour remplacer le Famas, "une mise en concurrence à l'échelle européenne a permis de retenir cinq propositions qui ont été évaluées par la DGA, en liaison avec les armées" et "le fusil d'assaut retenu est le HK 416 F", a-t-elle indiqué dans un communiqué. "Ce fusil, au calibre Otan de 5,56 mm, possède la capacité de tirer les grenades à fusil et peut recevoir un lance-grenades de 40 mm pour augmenter sa puissance de feu", précise la DGA. Le montant du contrat, non précisé, serait de quelque 300 millions d'euros, selon la presse.
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Le fusil allemand était en concurrence avec l'ARX160 de l'italien Beretta et le MCX du germano-suisse Sig Sauer ainsi qu'avec le VHS2 du croate HS Produkt et le Scar du belge FN Herstal. Pas d'entreprises françaises sur les rangs, ont déploré ces derniers mois des tenants du patriotisme économique, Arnaud Montebourg en tête. "Comment se fait-il que le successeur du Famas, dont le nom à lui-même raisonne dans toute l'histoire de la mécanique française" soit "importé de l'étranger ?", s'était ému M. Montebourg. Mais pour M. Le Drian, il n'existait plus en France d'entreprises françaises capables de produire ce type d'armement.
Quant à Mauser, l’entreprise elle-même renaît après-guerre sous une forme réduite. Dans les années 1950, Mauser se concentre sur la fabrication de fusils de chasse et de carabines de tir sportif, le marché militaire lui étant fermé par les Alliés au début. La société est officiellement reconstituée dans les années 1950 et présente de nouveaux fusils de chasse dans les décennies suivantes (par ex. le modèle Mauser 66 en 1965, un fusil à verrou à armement linéaire innovant). À la fin du XXe siècle, Mauser subit d’importantes restructurations. En 1994-1995, la division armement de Mauser est rachetée par le groupe allemand Rheinmetall AG, connu pour ses canons automatiques et munitions. L’entité est rebaptisée Mauser-Werke Oberndorf Waffensysteme GmbH et intègre le giron de Rheinmetall.
Parallèlement, en 1999, la branche produisant des fusils civils (chasse et tir) est séparée du reste et devient Mauser Jagdwaffen GmbH. Cette dernière est cédée au groupe Lüke & Ortmeier (maison-mère de SIG Sauer, Blaser, etc.), et continue de fabriquer des armes de chasse sous la marque Mauser.
Au cours de son histoire, Mauser a conçu et produit de nombreuses armes devenues légendaires. Les plus notables sont ses fusils à verrou de la famille Mauser 98 - qui ont défini le standard du fusil militaire au XXe siècle - ainsi que certains pistolets révolutionnaires pour leur époque.
Outre le fusil 98 et le C96, Mauser a développé d’autres armes marquantes. Le Tankgewehr M1918 a déjà été mentionné comme le premier fusil antichar de l’Histoire, capable de tirer une munition de 13 mm perforante pour tenter d’arrêter les chars alliés en 1918. Dans les années 1930-40, Mauser a produit des canons automatiques, dont le MG 151/20 (un canon de 20 mm) qui a armé de nombreux avions de la Luftwaffe durant la Seconde Guerre mondiale. Côté armes de poing, le Mauser HSc est un pistolet compact en calibre 7,65 mm, introduit en 1940 et utilisé par la Kriegsmarine et la police allemande.
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Historiquement, l’essentiel de la production Mauser s’est déroulé à l’usine d’Oberndorf am Neckar en Allemagne. Durant la Première et la Seconde Guerre mondiale, cette ville-usine vivait quasiment au rythme de Mauser, mobilisant jusqu’à 11 000 ouvriers au plus fort de l’activité industrielle. Mauser n’avait pas d’usines à l’étranger lui appartenant en propre, mais l’entreprise a souvent construit des chaînes de production sous licence dans d’autres pays.
Dès la fin du XIXe siècle, Mauser a fortement misé sur l’exportation d’armes militaires. Les fusils à verrou Mauser, grâce à leur fiabilité et leurs performances, ont été adoptés par des dizaines de pays sur tous les continents, soit par des ventes directes, soit via des licences de fabrication. On retrouvait des fusils Mauser dans les armées d’Europe (Allemagne, bien sûr, mais aussi Belgique, Espagne, Suède, Turquie, Serbie, etc.), d’Asie (Chine, Empire ottoman, Iran…), d’Afrique (l’Afrique du Sud des Boers en fit usage lors des guerres anglo-boers) et d’Amérique latine (Mexique, Chili, Argentine, Brésil, etc.).
Mauser a été un atout stratégique pour l’Allemagne lors des deux guerres mondiales, fournissant l’armement individuel standard du soldat. Durant la Seconde Guerre mondiale, l’usine Mauser était intégrée dans le complexe militaro-industriel du Troisième Reich, avec une production sous contrainte (objectifs imposés par Hitler) et le recours au travail forcé. Cette implication totale dans l’effort de guerre a fait de Mauser une cible pour les Alliés, et sa destruction en 1945 symbolise l’écroulement de la puissance industrielle allemande. À l’inverse, la renaissance partielle de Mauser après-guerre, via H&K pour les armes légères et via l’intégration à Rheinmetall pour les canons, reflète la volonté de l’Allemagne de l’Ouest de reconstituer une industrie de défense sous contrôle démocratique.
L’histoire de Mauser a aussi été marquée par les régulations internationales de l’armement. Le traité de Versailles (1919) a quasiment mis fin, pendant une décennie, à la production d’armes militaires par Mauser - poussant la firme vers des activités civiles jusqu’à ce que ces restrictions soient abolies de facto par le réarmement clandestin nazi. De même, après 1945, l’interdiction de toute activité d’armement en Allemagne a duré jusqu’en 1950, forçant Mauser à se reconvertir temporairement. Par la suite, la RFA a mis en place un cadre légal strict (loi de contrôle des armes de guerre) pour encadrer la production et l’exportation d’armes.
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