Le fusil russe de la Seconde Guerre mondiale est un symbole de résilience et d'ingéniosité. Cet article explore l'histoire et l'héritage de cette arme emblématique.
Durant le conflit russo-turc de 1877 à 1878, les troupes russes sont armées en majorité de fusils Berdan à un coup alors que les Turcs disposent de fusils à répétition Winchester. Face à cette disparité, le ministère de l’armement russe décide de concevoir une arme alimentée par un chargeur de plusieurs cartouches.
En 1889, un jeune capitaine nommé Sergueï Mossine soumet son projet de fusil à 3 lignes (une vieille mesure russe, 3 lignes équivalent à 0,3 pouce ou 7,62 mm) en concurrence avec le fusil à 3,5 lignes de Léon Nagant (d’origine Belge). À la fin de la période d’essais en 1891, les divers testeurs préfèrent le fusil de Nagant.
Lors du vote de la Commission pour l’approbation du fusil, le fusil Mossine recueille 14 voix contre 10. Cependant, des officiers plus influents poussent les constructeurs à un compromis : les fusils Mosin seront utilisés avec le système d’approvisionnement de Nagant. La production commence en 1892 dans les usines des arsenaux de Toula, de Sestroretsk et d’Ijevsk.
À cause des capacités limitées de ces usines, 500 000 de ces armes sont produites à la Manufacture Nationale d’Armes de Châtellerault en France.
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Le Mosin-Nagant, souvent orthographié Mossine-Nagant en français, est un fusil militaire à répétition manuelle d'une capacité de 5 cartouches. Il a été utilisé par les forces armées de la Russie impériale, puis par l'Union soviétique et divers pays du bloc de l'Est. Entre l’adoption, en 1891 et 1910, plusieurs variantes et modifications aux fusils existants sont faites, incluant le changement des organes de visée, l’implantation d’une culasse renforcée, la suppression des doigts d’acier derrière le pontet, un nouveau canon et l’installation d’un montage à galets.
Avec l’entrée en guerre de la Russie en 1914, la production est restreinte au M1891 cavalerie et au M1891 infanterie pour une question de simplicité. Un grand nombre de Mosin-Nagant capturés par les forces allemandes et austro-hongroises ont été vues en service dans les lignes arrière du front et dans la marine allemande.
Pendant la guerre civile russe, les versions cavalerie et infanterie sont en production, quoiqu’en nombre extrêmement réduit. Après la victoire de l’Armée rouge, un département est créé en 1924 pour moderniser le fusil, qui est alors utilisé trente années supplémentaires. Cela a dirigé le développement du modèle 1891/30, basé sur la conception du modèle cavalerie original.
Les changements incluent la réintroduction d’organes de visée arrières plats, le rééchelonnement de la hausse en mètres à la place de l’antique archine sur les armes du tsar et le raccourcissement du canon de 5 mm. De plus, une nouvelle baïonnette à ressort est conçue pour ce nouveau modèle. Le fusil est conçu pour tirer avec la baïonnette déployée, ce qui augmente sa précision grâce aux vibrations harmoniques créées quand une balle est tirée.
Dans les années 1930, Le Mosin-Nagant connait une version de précision (en 1932), et est utilisé par les tireurs d’élite soviétiques pendant la seconde Guerre mondiale. Il a notamment servi pendant la bataille de Stalingrad qui a fait des snipers russes des héros comme Vassili Zaïtsev ou Roza Chanina.
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Dans les années de l’après-guerre, l’Union Soviétique arrête la production de tous les Mosin-Nagant pour les remplacer progressivement par la série des SKS et des AK. Malgré cela, le Mosin-Nagant sera encore utilisé dans le bloc de l’Est et dans le reste du monde plusieurs dizaines d’années, notamment pendant la guerre froide au Vietnam, en Corée, en Afghanistan et tout le long du rideau de fer.
Récemment, une grande quantité de Mosin-Nagant a été retrouvée sur les marchés américains d’antiquités et de collectionneurs, car c’est aussi une arme fiable pour la chasse, assez précise et bon marché. On peut actuellement trouver des modèles standard à des prix aux environs de 80 dollars, grâce aux immenses excédents créés par les industries soviétiques pendant la seconde guerre mondiale.
Le Mosin-Nagant a été largement utilisé dans le monde entier, souvent modifié ou adapté aux besoins spécifiques de chaque pays. Voici quelques exemples :
Faut-il encore présenter la Kalachnikov AK-47 ? Connu dans le monde entier, ce fusil d’assaut emblématique venu du bloc Soviétique est tout aussi célèbre si n’est plus que son concurrent américain, l’AR-15. Aux travers de cet article, nous allons vous raconter l’histoire de l’invention de Mikhaïl Kalachnikov. L’apparition des fusils d’assaut modernes commence avec le développement du Sturmgewehr 43 par l’armée allemande en 1943. Véritable précurseur, se sera finalement la version de 1944, le Sturmgewehr 44 (StG44), qui sera déployé en masse dans la Wehrmacht.
Née en 1919, Mikhail Timofeyevich Kalashnikov, fils de paysan et bricoleur de génie autodidacte est enrôlé dans l’Armée Rouge en 1938. Il deviendra commandant de chars pendant la Seconde Guerre Mondiale mais sera grièvement blessé au combat lors de la bataille de Briansk. À la fin de l’année 1941 et le début de l’année 1942, il travaille sur la conception d’un fusil pour l’armée soviétique.
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Si ces premiers projets d’armes et de carabine semi-automatique échouent face au PPS-43 d’Alekseï Soudaïev puis face au SKS de Simonov, elles seront tout de même reconnues comme intéressantes par les autorités soviétiques. L’URSS relance le projet d’un fusil d’assaut pour son armée en 1946 au travers d’un concours. De ses prototypes AK-1 et AK-2 qu’il avait déjà présentés plus tôt (prototypes inspirés du STG44 et du fusil américain M1 Garand), après deux ans de tests, son modèle de 1947 passe en tête et il remporte finalement le concours avec ce qui sera la future AK-47. L’Armée Rouge adopte officiellement l’arme en 1949 sous la désignation « AK-47 ».
Son nom, contracte les mots russes « Avtomat Kalashnikova» en raison de ses capacités de tir automatique et de son inventeur. Bien que l’AK-47 remporte un grand succès, il est en perpétuelle évolution car des défauts continuent de subsister. À partir de 1955 d’importantes modifications sont apportées à l’arme, notamment sur le cylindre de récupération des gaz et son corps. Une nouvelle baïonnette sera également ajoutée.
Mise en service en 1961, l’AKM donnera naissance à plusieurs versions bien particulières comme l’AKMS qui possède une crosse pliante en métal et conçue pour les équipages de blindés, les parachutistes et les fantassins des BMP. La Kalachnikov RPK qui possède un bipied repliable, un canon plus long et des chargeurs de 75 coups. L’AKM connaîtra plusieurs améliorations entre 1963 et 1974. Mais l’apparition du M16 et de sa munition rapide de 5,56 x 45, poussera les Soviétiques a repenser l’AKM et sa munition lourde de 7,62 x 39 pour accroître l’aspect tactique, la portée pratique et l’emport de munitions.
Ces études déboucheront sur la 5,45 x 39 et l’AKM sera adaptée pour accepter cette nouvelle munition. Si l’Armée Rouge a voulu remplacer les fusils de Kalachnikov par la Nikonov AN-94, elle fera rapidement machine arrière en raison de l’effondrement du bloc Soviétique. Ce fait historique annonce le lancement d’une nouvelle version de l’AK-74, prénommée sobrement « AK-74M ». Cette nouvelle génération sera adoptée en 1991 comme fusil standard de l’armée russe. Elle sera ensuite déclinée en plusieurs modèles pour accepter différentes munitions.
Chaque version s’identifie par la dénotation AK-10x (le dernier chiffre faisant référence à la munition acceptée), ainsi qu’à leur fameuse teinte noire qui leur vaut le surnom de « Black Kalashnikov ». En 2012, Moscou annonce la mise à niveau et la modernisation de l’arme. En dehors de la Russie le design éponyme de l’AK-47 donna naissance à une impressionnante descendance de variantes. Mikhail Kalachnikov continuera toute sa vie à développer et améliorer son arme. Au total, plus de 150 modèles issus de l’AK-47 seront conçus.
On ne rappellera jamais assez que le célèbre fusil de Mikhaïl Kalachnikov ne doit pas grand-chose au Sturmgewehr allemand (StG 44 ou MP 44), le mécanisme des deux armes étant totalement différent. L’étude des archives russes prouve par ailleurs que d’autres ingénieurs soviétiques talonnent leurs homologues allemands sur la voie du fusil d’assaut dès 1943.
Tout d’abord intéressons-nous à l’AS‑44, conçu à la mi‑1944 par Soudaev, à qui l’Armée rouge doit déjà le pistolet-mitrailleur PPS‑43. Cette arme est chambrée pour la nouvelle munition intermédiaire (cartouche ayant une meilleure portée que la munition d’arme de poing tirée par les pistolets-mitrailleurs tout en étant moins encombrante et développant moins de recul que les munitions de fusil) mise au point l’année précédente par Alexeï Soudaev : la M43 de 7,62 x 41 mm, inspirée, elle, de la 7,92 mm kurz allemande. À l’instar du MP 44 allemand, ce fusil d’assaut utilise le même système de culasse que celui mis au point par les Tchèques sur leur fusil-mitrailleur ZB‑26 et un chargeur de 30 cartouches.
Comme tous les premiers modèles soviétiques de fusil d’assaut, l’AS‑44 est lourd - un peu plus de 5 kg - et nécessite l’emploi d’un bipied, critère d’ailleurs réclamé par l’Armée rouge. Les recherches ayant été validées par cette dernière, une petite série d’une dizaine d’exemplaires est achevée au printemps 1945, les armes arrivant trop tard pour être testées lors des combats en Europe. En revanche, elles sont livrées à temps et mises à l’épreuve au cours de l’opération « Tempête d’août » en Extrême-Orient.
Jugé trop lourd et moins précis que le fusil Mosin-Nagant, même s’il est préféré au PPSh‑41 par les fusiliers qui ont la chance de l’avoir entre les mains, l’AS‑44 voit son développement suspendu, d’autant que Soudaev tombe subitement malade en 1945 et meurt l’année suivante.
De son côté, Fedor Tokarev propose, dès le 21 novembre 1943, après à peine plus d’un mois de travail, une évolution de son AVT‑40 (version automatique du fusil semi-automatique SVT‑40) en fusil d’assaut, mais tirant lui aussi la nouvelle munition M43. L’arme peut utiliser la baïonnette du SVT‑40 et recourt à un système de tir automatique très simple reposant sur la position de la gâchette pour sélectionner le type de tir (semi- ou automatique).
Après une série d’améliorations portées à partir de décembre 1943 par Tokarev à son prototype et un développement assuré par le bureau OKB‑16 de Nudelman à Moscou, un premier exemplaire définitif de l’AT‑44 est présenté le 7 mai 1944. Toutefois, malgré sa conception proche de celle de son prédécesseur (lui aussi a recours à un bipied en bout de canon), l’arme ne franchit pas la phase des tests de juillet, puis décembre, en raison de son manque de précision et de fiabilité, et elle ne dépasse pas le stade du prototype.
Même chose pour le Korovine AK‑44, qui, lui aussi, restera un prototype, d’un genre particulier d’ailleurs, puisque vraisemblablement doté uniquement d’un mode automatique. Korovine proposera en 1945 ou 1946 (les sources divergent sur l’année) un fusil d’assaut d’un nouveau genre, l’AK‑45, adoptant la formule Bullpup - une configuration destinée à réduire la longueur totale de l’arme sans sacrifier celle du canon -, avec le chargeur positionné derrière la poignée de tir.
Gueorgui Chpaguine, père du célèbre PPSh‑41 et co‑concepteur de la mitrailleuse lourde DShK de 12,7 mm, planche quant à lui sur une conversion de son pistolet-mitrailleur en fusil d’assaut, l’arme étant également baptisée AS‑44. Signalons aussi, quoique plus anecdotique, le Bulkin AB‑44, caractéristique avec son chargeur positionné au‑dessus de la boîte de culasse à la façon du BREN britannique, ce qui en fait un prototype singulier par rapport à tous ses concurrents.
Parmi les cartouches les plus emblématiques et durables de l’histoire de l’armement, le 7,62x54 mm R occupe une place de choix. Développée à la fin du XIXᵉ siècle pour l’armée impériale russe, cette munition a traversé plus d’un siècle d’évolutions technologiques, de guerres mondiales et de changements géopolitiques.
L’histoire du 7,62x54 mm R commence en 1891, lorsque l'Empire russe cherche à moderniser son armement après l’invention de la poudre sans fumée. À cette époque, les grandes puissances militaires s'équipent de fusils à répétition modernes et la Russie impériale ne veut pas être en reste. Cette cartouche présente un calibre de 7,62 mm et une longueur totale de 54 mm. À l’origine, la cartouche utilise une ogive ronde qui était courante pour l'époque.
Pendant la Seconde Guerre mondiale, diverses variantes ont vu le jour, y compris des cartouches avec des projectiles perforants, traçants, incendiaires et à blanc, adaptées à des usages spécifiques. Une caractéristique notable de cette cartouche est l’utilisation généralisée de l’étui en acier, introduit par l’Union soviétique pour réduire les coûts de production et les besoins en matières premières stratégiques comme le laiton.
Voici une liste non exhaustive d'armes utilisant la cartouche de 7,62x54 mm R :
L’apparition du premier calibre intermédiaire en Union Soviétique, adopté sous sa première forme 7,62×41 mm M43 en 1943, puis sous sa version définitive 7,62×39 mm M43 en 1945, aboutira à la mise en service de 3 armes au lendemain de la Seconde Guerre mondiale.
Repéré dès 1918 par V.A. Degtyarev alors qu’il travaillait sur des pièces des armes conçues par V.G. Fedorov, Sergei Gavrilovich Simonov sera très rapidement associé à la conception de fusil et de carabine semi-automatique et automatique. Il présentera de nombreux prototypes à partir de 1926 et connaitra une première consécration avec l’adoption de l’AVS-36 en 1936.
C’est donc en toute logique que S.G.Simonov fera partie des personnes sollicitées pour le développement d’une carabine semi-automatique pour le tout nouveau calibre intermédiaire adopté en 1943 : la 7,62×41 mm. Parmi les autres concepteurs d’armes qui furent sollicités, on trouve V.A. Degtyarev, N.V. Rukavishnikov, F.V. Tokarev (selon Maxim Popenker), mais aussi de façon très documentée, M.T.
Ce travail, qui n’est pas « simple » à proprement parler, est cependant plus aisé dans ce sens : les contraintes mécaniques étant moindres, et le nouveau calibre étant dépourvu de bourrelet comme la 7,62×54 mm R. Ses travaux débutent vraisemblablement en 1944 et permettent de rapidement proposer une carabine qui sera testée sur le premier front Biélorusse au printemps de cette même année et par l’école d’entrainement des officiers « Vistrel » (« Выстрел », littértalement « tir »).
En conséquence, après quelques modifications qui donneront naissance à l’arme que nous connaissons, la carabine de S.G.Simonov est « validée » avant la fin de la guerre par l’Armée Rouge et sera officiellement adopté 1949. Son appellation sera « 7,62-мм Самозарядный Карабин системы Симонова образец 1945 года » (« Samozaryadny Karabin sistemy Simonova, obrazerts 1945 goda » soit « Carabine Semi-automatique système Simonov, modèle de l’année 1945).
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